Hifi Vintage – Amplificateurs prestigieux des années 80 – Partie 2

Voici donc la deuxième partie de l’article consacré aux amplificateurs de puissance haut de gamme des années 80. Ici, je vais évoquer quatre belles électroniques que l’on pouvait écouter il y a presque quarante ans dans les auditoriums des enseignes spécialisées les plus prestigieuses de la capitale ou des principales villes de province (en l’occurrence Toulouse). Il s’agit des Marantz SM1000 (1982), Onkyo M-5090 (1983), Sansui B-2101 (1986) et Yamaha M-80 (1984).

Marantz SM 1000 & Préampli SC 1000 (1982) :

Marantz SM 1000 & Préampli SC 1000

Tout d’abord, contextualisons la marque Marantz en ce début des années 80 : un authentique pionnier américain de l’audio (perdu au milieu de toutes ces productions audio nippones) en train de cesser ses activités au USA. Avec le SM1000, nous avons la toute dernière unité entièrement conçue par Michael Custer (responsable de la division ingénierie de Marantz-Superscope et promoteur des célèbres séries Esotec à partir de la fin des années 70 jusqu’au début des années 80) aux États-Unis. Le SM 1000 a cependant été construit au Japon alors que Philips était sur le point d’acheter presque la moitié des parts de Marantz à Superscope. Le SM 1000 représente donc la fin de l’excellente section USA du Marantz originel qui  nous fit tant rêver dans les années 70…

À l’extérieur de ce monstre de 43 kg au châssis bâti comme un tank (mais raffiné grâce à la célèbre dorure “champagne” propre au manufacturier) on trouve sur sa face avant de magnifiques vumètres logarithmiques bleus surdimensionnés et à sa base, une petite trappe occupant toute la largeur du rack permettant de masquer les commutateurs de sortie ce qui préserve l’aspect massif et minimaliste de la bête. Sur la face arrière, des entrées préampli symétriques (selon un brochage propre à Marantz) et asymétriques ainsi que 12 borniers acceptant des câbles de sortie de forte section pour les enceintes acoustiques.

À l’intérieur, deux transformateurs “cut-core” de 800 VA, quatre condensateurs de 20.500 µF/125 V ainsi qu’un dissipateur de chaleur tunnel équipé de son ventilateur à faible bruit “inspiré” de la technique NASA. Les premier et deuxième étages du SM 1000 sont des amplis différentiels push-pull à double transistors ; les deux étages sont couplés à un amplificateur tampon émetteur-suiveur. L’étage final produit 2x 400W sous 8 Ohm avec pas moins de 36 transistors de puissance bipolaires appairés (des NEC 2SD555/2SB600 de 200W chacun) pilotés par 12 drivers connectés en parallèle selon un montage Darlington “Super Linear”.

J’ai eu la chance de l’écouter driver une paire d’enceintes JBL Everest en combo avec le préampli SC1000 qui lui est dédié. Ces enceintes taillées pour le marché japonais qui ne brillent pas vraiment par leur exubérance en infrabasses semblaient transfigurées tant l’extrême grave était ferme et présent et les compressions à aucun moment ne saturaient ni sur les passages aigus difficiles ni sur les médiums les plus complexes qui restaient intelligibles et chauds. C’est sûrement un des meilleurs ampli de puissance qu’ai jamais sorti Marantz.

Prix d’occasion : entre 4000 et 5000 euros le combo SM 1000/SC 1000.

Onkyo Integra M-5090 & Préampli P-3090 (1983) :

Onkyo Integra M-5090 & Préampli P-3090

Encore une belle réalisation d’Onkyo avec cet excellent amplificateur de puissance dépassant les 30 kg!

À l’extérieur, sur la façade avant, deux grands Vumètres rétroéclairés en vert du plus bel effet. Une trappe cache les potentiomètres de réglages de chaque voie et les commutateurs d’enceintes. Face arrière, des borniers pour connecter deux paires d’enceintes et une entrée préampli asymétrique cinch. Les côtés sont ajourés d’une plaque en bois précieux.

À l’intérieur, quatre condensateurs 30.000 µF/90 V, deux énormes transfos blindés et un système de refroidissement sur les côtés. Concernant l’électronique de puissance, nous trouvons un sextuple push-pull de transistors MOSFET Sanken 2SC2773/2SA1169 permettant à l’ampli de délivrer plus de 200 W sous 8 Ohms ! Il est équipé du système W Super Servo équivalant à une alimentation 100 fois plus grande, sachant qu’elle était déjà surdimensionnée. Autant dire que même dans les conditions d’écoute les plus extrêmes, les basses n’ont qu’à bien se tenir.

L’amplification du 5090 fonctionnait selon un système de polarisation glissante personnalisé qui évitait les commutations constantes de la classe B détériorant le signal et prenait le meilleur de la polarisation en classe A équipant la plupart des amplis haut de gamme de l’époque. Ce système de pilotage servo très avancé du pré-pilote détectait les différences de température entre chaque transistor de sortie, la stabilité de la polarisation et la stabilité de boucle de rétroaction.

À près de 4700 $, le combo P-3090/M-5090 était clairement orienté dans le haut de gamme mais il s’est néanmoins très bien vendu, notamment au Japon. En fonction de son année de production (de 1982 à 1986) et de son pays d’exportation, l’appareil fut labellisé Onkyo M-509, M-5090 ou M-200.

On peut le trouver d’occasion à partir de 2500$. Comptez 1500$ pour le préampli.

 Sansui B-2101 & Préampli C-2101 (1986) :

Sansui B-2101 & Préampli C-2101

Au tout début, Sansui était un simple fabricant de transformateurs. Puis la firme commença à fabriquer des amplificateurs et des tuners. De la fin des années 1950 au début des années 1960, Sansui développa une solide réputation audiophile de classe mondiale, d’abord dans le tube avec le SM-88 au Japon, puis les AU-70 et AU-111, avant de passer à l’amplification à transistors au silicium avec le AU-777 en 1967.

Le B-2101 est un ampli de puissance de 200 W RMS par canal équipé de la technologie X-Balanced. En bref et selon la notice que vous pourrez parcourir dans les documents joints, la sortie de l’amplificateur est électriquement équivalente à un transformateur mais contrairement à ce dernier, elle peut fournir une réponse en fréquence très étendue allant du courant continue à plusieurs centaines de kilohertz, tout cela en gardant une distorsion harmonique très basse et une capacité de puissance très élevée.

L’ampli de puissance est sobre, tout de noir vêtu. À noter l’apparition du barre graph stéréo à mémoire de crète conformément à la mode des années 80. Dans les entrailles de la bête on trouve 16 transistors de puissance fixés sur des radiateurs peigne, une alimentation conséquente (un seul solide transfo torique blindé mais quand même deux capa de 10.000 µF pour chaque voie). La qualité est un peu “cheap” pour du haut de gamme, mais très largement supérieure aux standards de la hifi de l’époque tirées par le bas par les premières délocalisations des manufacturiers audio vers la chine, profit oblige.

Une version upgradée (baptisée B-2101L) sortit en 1985. Elle pesait 10 kg de plus (soit 36 kg) et contenait des composants audiophiles.

Prix d’occasion : à partir de 1500 $ pour la paire ampli & préampli.

Yamaha M-80 & Préampli C-80 (1984) :

Yamaha M-80

Le M-80 est un ampli bien construit, assez puissant avec ses 200 Watts pour piloter des enceintes à faible gain (par exemple 86db/1w/1m sur les panneaux électrostatiques Magnepan, Martin Logan, Quad…), et dont le design est très en phase avec les années 80 (barregraph à led rouges se détachant sur une façade alu toute de noir vêtu). La classe A automatique permet à l’ampli de fonctionner pendant ses premiers watts en classe A et effectue une transition imperceptible vers la classe AB vers 10 watts, quand plus de puissance est nécessaire. Le M-80 et le C-80 utilisent tous deux ce que Yamaha appelle des circuits “Zero Distortion Rule”, apparemment une combinaison de techniques de rétroaction et d’anticipation qui, en théorie, peuvent réduire la distorsion à zéro.

Pour la partie amplification de puissance, 4 paires de transistors Sanken 2SA1169/2SC2773 pouvant dissiper chacun 150 Watts sont montées sur des dissipateurs surdimensionnés. L’alimentation dédiée est monstrueuse puisque nous avons deux énormes transfos blindés imprégnés de résine sous vide et pas moins de 80.000 µF de filtrage pour chaque voie réparti en 4 capacités électrochimiques de haute qualité…

L’attention portée aux détails du combo ampli/préampli est impressionnante. Chaque connecteur de signal est plaqué or, tout comme les fiches du câble blindé double fourni avec le C-80 pour la connexion au M-80. Toutes les commandes fonctionnent avec douceur et précision et pas de bruit de fond.

Le préampli C-80 sonne bien alors autant le décrire sommairement. Il dispose d’un Loudness réglable grâce à un double potentiomètre concentrique intégré dans le bouton de volume. Ce circuit (maudit par tout audiophile dogmatique qui se respecte) rempli ici parfaitement sa fonction à partir de niveaux très très bas. Les commandes de tonalité paramétriques du C-80 sont capables de correction de fréquence dépassant de loin la capacité des commandes de tonalité conventionnelles d’autres marques Hifi. Chacun (graves et aigus) dispose de trois réglages : la fréquence centrale (variable en continu sur une plage de 31,5 Hz à 800 Hz pour le contrôle des graves, et de 800 Hz à 20.000 Hz pour les aigus), le niveau (amplification ou atténuation sur une plage de ± 12 dB !!! ce qui approche presque la correction de certaines tables de mixage sono, avec une position centrale à réponse plate), le réglage de la largeur de bande passante, qui fait varier la largeur de la partie affectée du spectre audio. Comme pour le volume et le loudness, ces deux derniers réglages évoqués sont intégrés dans une même commande concentrique.

Yamaha C-80, correction de tonalité paramétrique.

On trouve ce combo Yamaha pour pas cher, et il marche super bien. Ce n’est pas du très haut de gamme comme le Marantz SM-1000, mais on en a pour son argent. Que les audiophiles allergiques à la correction de tonalité se rassurent, en position flat sélectionnable sur la façade du préampli, cette dernière est totalement inopérante et on peut alors profiter du “natural sound” de la firme avec une courbe de réponse linéaire.

Prix d’occasion : 700 $ pour l’ampli et idem pour le préampli.

Série TV – Les Enquêtes du Commissaire Maigret (1967-90)

Georges Simenon apprécia l’interprétation de son célèbre Maigret par l’acteur Jean Richard. Comme il le déclara au micro du présentateur d’une émission d’actualité de 1967, lors de la sortie du premier épisode : “Ce qui m’importe le plus dans les acteurs qui jouent Maigret, c’est leur poids. Je ne parle pas de leur volume, on peut avoir beaucoup de poids et être tout maigre, je parle de leur présence, il faut un acteur avec beaucoup de densité car lorsque Maigret dit à un de ses prévenus de s’assoir, il faut que ce dernier soit pris de trac en entendant ça, même s’il le dit très gentiment. Je pense que Jean Richard a l’épaisseur et la subtilité du personnage”.

“Les Enquêtes du commissaire Maigret” est une série télévisée française en 88 épisodes, dont 18 en noir et blanc, d’une durée de 90 minutes en moyenne, créée par Claude Barma et Jacques Rémy d’après l’œuvre de Georges Simenon. C’est la première adaptation française pour la télévision. Elle a été diffusée entre 1967 et 1990 sur la première chaîne puis sur Antenne 2.

Cette série met en scène les enquêtes du célèbre commissaire fumeur de pipe. Les épisodes sont filmés dans des décors contemporains de la période de tournage contrairement aux Maigret interprétés par Bruno Cremer, filmés, eux, en décor «années 50». Cela permet de voir les changements de la société française entre la fin des années 60 et le début des années 90, en même temps que blanchissent les cheveux de Jean Richard.

En février 1967, juste avant le tournage du premier épisode, une rencontre entre Jean Richard et Georges Simenon fut organisée dans le domicile suisse de ce dernier, à Epalinges. En voyant Jean Richard, Georges Simenon s’écria : « Bravo ! vous tenez votre pipe comme quelqu’un qui a l’habitude. Ce n’est pas comme Gabin, on voyait à quinze mètres que ce n’était pas un vrai fumeur de pipe ! La vôtre est pourtant mal équilibrée, elle ne vous va pas très bien. Tenez, je vous offre ces deux-là. Ce seront les pipes de Maigret. Vous savez qu’il doit toujours en avoir deux sur lui. » Et il ajouta « J’espère qu’on va vous trouver une petite Mme Maigret bien dodue. Attention ! Il est tendre avec sa femme, Maigret. Mais il ne l’embrasse pas, il lui donne simplement une petite tape sur les fesses.»

Voir sur YouTube : Jean Richard “La petite claque sur les fesses de Maigret” par Archive INA et Jean Richard “Comment je suis devenu Maigret” par Archive INA

Hifi Vintage – Amplificateurs prestigieux des années 80 – Partie 1

Chers lecteurs et lectrices du blog, auditrices et auditeurs de la radio, je vous souhaite tout d’abord une excellente année 2022 qui d’après une éminente numérologue sera l’année de l’amour… C’est pour ma part ce que je souhaite à tout le monde bien que j’ai des doutes quant à la véracité de ses prédictions. Un camarade féru d’histoire et amateur d’argot m’a d’ailleurs assuré qu’il fallait se méfier du chiffre 22. En me disant cela, il évoqua Charles Virmaître qui y fit allusion en 1894 dans son “Dictionnaire d’argot fin-de-siècle” : Vingt-deux : couteau. “Jouer la vingt-deux : donner des coups de couteau.”

Après avoir évoqué quelques amplis haut de gamme des années 70 et 90, je me devais d’écrire quelques articles sur les plus belles électroniques d’amplification de puissance audio des années 80, âge d’or de la haute-fidélité japonaise. Je ne vais parler que de celles dont le son a laissé une empreinte indélébile dans ma mémoire auditive à l’occasion d’une écoute dans un auditorium commercial ou privé : mon choix sera donc très subjectif. Il s’agit de l’Accuphase P80 (1988), du Technics SE-A3 MK2 (1983), du Denon POA 3000 (1986), du Luxman Duo Beta M-05 (1984), du Marantz SM1000 (1982), du Onkyo M-5060 (1983), du Sansui B-2101 (1986) et du Yamaha M-80 (1984). Huit appareils (7 de marques japonaises et un de marque New-Yorkaise) dont je vais vous parler en deux articles. Commençons en beauté avec la superbe marque Accuphase.

Accuphase : (initialement connu sous le nom de Kensonic Laboratory, Inc.) est un fabricant japonais d’équipements audio haut de gamme basé à Yokohama, fondé par l’ancien ingénieur de Kenwood Jiro Kasuga à la fin de 1972. Kasuga embaucha des ingénieurs d’autres marques de premier plan (Marantz, Luxman) et lança Kensonic, avec Kenwood comme copropriétaire. Jusqu’au milieu des années 1990, Kenwood possédait toujours une partie de Kensonic. Il semble que les ingénieurs d’Accuphase aient pu participer à l’ingénierie des dernières séries haut de gamme de Kenwood (L-A1, L-D1 et LVD-Z1). Alors que Kenwood a désormais abandonné toute activité audio haut de gamme, Kensonic continue avec la marque Accuphase.

Les produits Accuphase sont bien considérés par les amateurs d’audio haut de gamme. Ils sont facilement identifiables par leurs grandes plaques frontales de couleur champagne et leurs grands doubles vu-mètres analogiques.

Accuphase explique le nom de la marque comme suit : “Le nom Accuphase a été adapté en prenant le préfixe ACCU du mot “précis”, et en le combinant avec PHASE qui est un facteur le plus important dans la technologie audio … c’est un nom de marque très approprié pour décrire nos produits qui représentent pleinement ceci mais aussi d’autres caractéristiques importantes, qui pénètrent dans les profondeurs abyssales de la technologie audio”.

Accuphase P800 (1987) & préampli Accuphase C200V :

Accuphase P-800 (1988)

Sur beaucoup d’amplificateurs de puissance, plus la puissance délivrée est élevée, plus la fidélité dans la reproduction des signaux de faible intensité est faible. Le P-800 qui a été développé avec une technologie mise au point par Accuphase est un amplificateur de puissance exceptionnel à cet égard car il peut produire indifféremment un panel de puissance allant de quelques dixièmes de watts à 600 watts sous 4 ohms en gardant la même qualité haute fidélité exempte de distorsion. Il utilise deux unités de puissance en configuration pontée (construction totalement équilibrée avec deux unités d’alimentation séparées pour une qualité sonore ultime mais un poids total de presque 50 kg tout de même…) formant un amplificateur totalement équilibré où la technologie originale d’Accuphase est utilisée partout, dans le but d’améliorer la qualité, en particulier à des niveaux de signal faibles grâce à un étage d’entrée push-pull différentiel Cascode particulièrement pointu.

L’autre problème traité efficacement par cet ampli est lié à l’impédance des haut-parleurs du marché qui varie considérablement, allant d’environ 2 ohms jusqu’à parfois 16 ohms. Avec un amplificateur à couplage direct, piloter une plage d’impédance aussi large avec une égale efficacité est presque impossible. Un étage de sortie conçu pour des performances optimales sous 2 ohms délivrera moins de puissance sous 8 à 16 ohms. A l’inverse, les performances d’un amplificateur optimisé pour environ 4 à 8 ohms s’en ressentent à 2 ohms et il ne sera pas capable de piloter des charges de 1 ohms.
Le P-800 intègre une conception spéciale pour faire face à une large gamme d’impédances de charge. La tension appliquée depuis ses dispositifs de sortie peut être commutée à une valeur inférieure, pour fournir la capacité de courant élevée requise par les charges à faible impédance. Il en résulte une puissance garantie vraiment étonnante de 600 watts sous 1 ohm et de 400 watts sous 2 ohms, avec une qualité sonore intacte. Pour obtenir des performances aussi étonnantes, l’étage de sortie de chaque bloc d’alimentation utilise deux ensembles de sept paires de transistors montés en push pull parallèle fonctionnant en large bande avec une dissipation de puissance maximale de 130 watts chacun. Cela équivaut à 14 paires ou 28 transistors par unité, totalisant une dissipation de puissance maximale de 3,6 kilowatts ! Ces chiffres vraiment étonnants témoignent de l’approche de conception sans limites du P-800.

L’écoute en auditorium de cet ampli alimenté par un préampli C200V de la même marque fut effectuée sur des enceintes Jean-Marie Reynaud Diapason. Le son m’avait marqué par son impressionnante ouverture, ses aigus précis, ses médiums agréables et naturels, chaleureux, exempts de distorsions, et ses graves profonds pourvus d’une dynamique vertigineuse et à toute épreuve.

Bref, cette électronique séduisante mérite encore sa réputation d’ampli très haut de gamme, en Classe AB certes, mais très stylée.

Prix d’occasion : à partir de 4000 Euros.

Technics SE-A3 MK2 & préampli SU-A4 MK2 (1983-89) :

Technics SE-A3 MK2 & SU-A4 MK2

C’est un superbe ampli qui fut la riposte de Technics dans le haut de gamme aux autres marques tendances de l’époque. L’ampli est bien conçu, avec une superbe alimentation et un étage de puissance fiable, ce qui ne fut pas le cas de son prédécesseur le SE-A3 MK1 (première version) qui, bien qu’il ait quasiment la même esthétique, fit une carrière éclair de seulement de 1980 à 1981 en raison de ses problèmes techniques. Le hic pour ce dernier résidait dans le disfonctionnement chronique de ses transistors de puissance Technics DLPT OD503A-P dont la maintenance faillit faire craquer le SAV de la marque. Le problème était qu’au début des années 1980, la production de transistors de puissance bipolaires appairés était à l’âge de pierre par rapport à aujourd’hui.

Cependant, que ceux qui possèdent cet appareil (encore fonctionnel ou bien en panne, cas le plus probable) se rassurent, trouver des transistors appairés de substitution fiables est simple (par exemple le Toshiba 2SA1987 et son complémentaire le 2SC5359) et l’appareil ainsi modifié fonctionnera très bien à condition de respecter l’ordre de brochage des nouveaux transistors qui ne correspond pas à celui des DLPT.

Mais revenons à notre ampli dans sa version fiabilisée par Technics, la version MK2. Contrairement au MK1 supposé fonctionner en classe A, ce dernier utilise un système breveté par Technics basé sur un microcontrôleur actif qui gère la polarisation du transistor de sortie en fonction de la température et de la charge du signal (Computer Drive) permettant une classe “New AA” qui est en fait une classe AB déguisée. Mais ne soyons pas mauvaise langue, le système semble faire le job sur ce modèle, contrairement aux amplis moins onéreux de la marque qui par la suite en furent aussi équipés.

Peu importe le type de voiture de sport convoitée, quelles que soient les nombreuses spécifications attrayantes de la voiture, la seule chose qui impressionne tout le monde est la vitesse de pointe de l’engin… C’est un peu pareil avec les amplificateurs de puissance stéréo haut de gamme, la spécification équivalente à la vitesse étant la puissance de sortie RMS par canal : Ici, la dernière graduation du compteur passe de 200 W pour le MK1 à 300 W pour le MK2, ce qui est nettement plus sexy…

Côté esthétique, le regard de l’auditeur est magnétisé par les deux superbes VU-mètres de puissance qui couvrent quasiment toute la façade du SE-A3MK2. Côté électronique, l’appareil ne démérite pas puisque l’étage de sortie est un Darlington à 4 étages donnant à ce monstre une capacité de gestion de puissance instantanée de 1600 watts par canal sur une charge pouvant varier de 4 à 8 Ohms grâce à l’utilisation d’un circuit de détection d’impédance (ce qui aurait été impossible sur la version MK1 avec ses transistors fragiles et parfois défaillants). Même à cette puissance incroyable, le SE-A3MK2 garde des niveaux de distorsion harmonique et d’intermodulation  incroyablement bas, qui peuvent faire honte à tout ampli équivalent moderne. Bien que le célèbre et encore plus rare Technics SE-A1 puisse pousser jusqu’à 350 watts RMS par canal en classe A, le Technics SE-A3MK2 est resté l’un des amplificateur de puissance haut de gamme les plus élégant et sophistiqué de la marque nippone jusqu’à ce jour. Utilisant comme la version MK1 une conception monobloc double avec des transformateurs de puissance séparés et deux impressionnants condensateurs de 22000 µF calibrés à 105 Volt pour chaque canal, le SE-A3MK2 est bâti comme un tank et pèse 39 kg !

Le Technics SE-A3 MK2 sonne bien et magnétise tous les regards de par l’aspect unique de ses VU-mètres. C’est sûrement le meilleur des Technics après le SE-A1. Qualitativement, on est bien au dessus des modèles qui suivirent fonctionnant aussi en “New AA” ou plus tard en “AA”. Fallait-il encore pouvoir y mettre le prix…

Prix à sa sortie en 1983 : 2900 $ et 1400 $ pour le préampli.

Prix actuel : à partir de 5000 $ pour l’ampli seul, souvent plus…

Denon POA 3000 (1979-83) & PRA-2000A :

Denon POA-3000

Le Denon POA-3000, sortit au pays du soleil levant au début des années 80 en plein âge d’or du matériel audio haute-fidélité japonais. Il fut édité en trois versions : le POA-3000 (1979-83) (180W, fonctionnant avec un push pull polarisé en Classe A Denon). Le POA-3000Z (1982-86) (250W fonctionnant en Classe AB) et le POA-3000RG (1988)(250W, fonctionnant en classe AB et équipé de sorties symétriques).

Le POA-3000 est doté du Class A “real bias circuit” inventé par Denon qui permet une excellente linéarité du signal à seulement 20 % du coût énergétique d’un circuit de classe A conventionnel. A l’intérieur de la bête, la source d’alimentation pour les étages de sortie se compose d’un énorme transformateur toroïdal de 1000VA alimentant le côté droit et gauche, et d’un filtrage de capacités électrolytique totalisant 100.000 µF, ce qui est considérable et permet une énorme réserve d’énergie. Les transistors de puissance sont refroidis par 4 radiateurs surdimensionnés. Ils sont protégés par un circuit rapide qui sert aussi de retard à l’allumage pour éviter le fameux “clock” dans les boomers à chaque activation ou extinction de l’appareil. Quand il y a une anomalie, la LED de protection intégrée sur le panneau avant clignote. (On notera que cette caractéristique haut de gamme est présentes sur tout les appareils analysés ici).

À l’écoute d’un POA-3000Z branché sur un préampli PRA-2000A et des enceintes JBL Century L100, la scène sonore est très définie, étonnante de dynamique. Le médium est chaud, les basses puissantes, les aigus ciselés. Un son enthousiasmant.

Prix d’occasion : 2000 $

Luxman Duo Beta M-05 & Préampli C-05 (1984)  :

Luxman M-05 (1984)

Le Luxman M-05, appareil relativement gros et lourd (40 kg) pour un ampli de 105 W par canal, est essentiellement constitué de deux amplificateurs mono sur un seul châssis alimentés chacun par son propre transformateur toroïdal. Les commandes sont doublées en façade. Le circuit de classe A utilise la conception exclusive Duo-Beta/S de Luxman, une approche de circuit qui présente une rétroaction négative minimale et une large bande passante. Le châssis unique est solidement construit avec un cadre en profilés d’aluminium. Les grands dissipateurs thermiques internes sont refroidis par des ventilateurs à plusieurs vitesses qui peuvent être désactivés provisoirement mais pas définitivement. Le câblage OFC, les compartiments d’isolation recouverts de cuivre, les matériaux non magnétiques et les techniques de mise à la terre en étoile sont tous revendiqués par le fabricant pour améliorer les performances. L’étage de sortie est assemblé manuellement. La façade couleur champagne et dorée sur les bords est du plus bel effet avec ses larges VU-mètres en verre biseauté.

Drivé par un préampli C-05 écouté sur des Cabasses Brigantin V, Le M-05 a des aigus exemplaires, et de très beaux médiums. Le timbre global est étendu. Le son est propre, peu fatigant pour l’auditeur. Les graves et les médiums sont très neutres et discrets. À la première écoute, les basses semblent manquer, mais l’amplificateur produit des basses profondes lorsque la musique l’exige. Assez neutre mais sans concession.

Prix d’occasion : 2000 Euros

 

Hifi Vintage – Enceintes haut de gamme des années 70 – Partie 2

Comme promis, voici donc la suite de l’article consacré aux enceintes haut de gamme des années vintage. Les six autres marques dont je vais parler maintenant sont : Bose, Kenwood, Marantz, Sansui, Tannoy et Technics. La marque Bose est réputée pour son modèle prémium (la 901) qui n’a cessé d’évoluer depuis sa création, en 1969, jusqu’à nos jours. Je n’en reparlerai pas ici puisque je l’ai déjà évoquée sur EchoRetro dans un article qui lui fut entièrement consacré que vous pourrez lire (si ce n’est déjà fait) en cliquant ici.

Kenwood KL-7090 (1973) :

Kenwood KL-7090 (1973)

Kenwood est une entreprise japonaise d’électronique grand public fondée en 1947 par Kasuga Nirou, et spécialisée dans le matériel de radiocommunication, les autoradios et la hi-fi. La firme nipone fusionna en 2008 avec JVC pour former la holding JVC KENWOOD Corporation. (NB : Il existe une société britanique homonyme présente sur le marché de l’électroménager, il s’agit de Kenwood Appliances appartenant au groupe italien Delonghi qui n’a strictement rien à voir avec la firme que j’évoque ici).

En 1973, le haut de gamme de la marque dans le domaine des enceintes acoustiques était le modèle KL-7090. C’était un modèle assez compliqué dans sa conception puisqu’il était équipé d’un superbe filtre 5 bandes pour 6 haut-parleurs! Le plus gros transducteur étant un boomer de 38 cm dédié à la restitution des basses. En remontant dans le spectre audio, le son est confié à un HP bas médium de 12 cm de diamètres couvrant de 800 hz à 2 Khz, à un HP à pavillon pour les médium de 2 Khz à 5 Khz, puis à deux HP à pavillon multicellulaire plus petits montés en parallèle de 5 à 10 Khz et enfin à un HP équipé d’une grille de diffraction pour les extrêmes aigus. La 7090 n’est pas exempte de défauts, sûrement liés à la complexité du filtre et la distorsion d’intermodulation qu’il induit. On notera deux crêtes autour de 2 et 8 khz et une baisse de sensibilité dans l’extrême grave (en dessous de 80 hz) et dans l’extrême aigu (10 khz) malgré la présence d’un transducteur bien calibré pour la reproduction de chacune de ces fréquences. L’écoute reste cependant très agréable malgré ce manque de linéarité. On notera la présence d’un réglage de tonalité à quatre crans et d’une superbe grille acoustique que les fans de HP 15′ enlèveront avantageusement pour contempler la bête…

Prix en 1973 : 599$

Prix actuel d’occasion : entre 600 et 800$

Marantz HD-88 (1975) :

Marantz HD-88 (1975)

Cette enceinte haut de gamme de Marantz fut conçue par Ed May, ancien ingénieur de JBL. Elle était équipée de 3 voies et 5 transducteurs : Un boomer de 30 cm à cône épais moulé sous pression, un HP médium lui aussi moulé sous pression “gaufré” de 12 cm avec un énorme aimant, monté dans un compartiment cloisonné pour éliminer toute coloration par le grave. Un tweeter à dôme radial à film polyester linéaire de 4 cm et deux super tweeters à dôme radial à film polyester linéaire de 3  cm. On dispose en face avant de trois potentiomètres réglables soit sur la position linéaire : “Lab Flat”, ou bien sur une position optimisée par Marantz pour l’écoute en living room dite “Room Eq”. Chaque réglage agit respectivement sur les médiums, les aigus ou les super aigus.  A noter la présence d’un plug de réglage des extrêmes graves nommé “Vari-Q Bass”. Ce plug renforce les basses de 3 db entre 50 et 100 hz et les diminue d’autant entre 20 et 50 hz.

La puissance nominale maximale est de 300 watts et la sensibilité de 90 db/1w/1m, ce qui est honnête pour l’époque. Ces grosses enceintes de Marantz ont la capacité de reproduire un son à volume élevé avec une précision cristalline. Des basses ultra-rapides, précises et claires, des médiums très détaillés et des aigus très propres sans stridence ni sur-coloration tout cela sans distorsion audible.

Une paire de SD88 se négocie entre 600 et 800 euros selon l’état. Avant de les acheter d’occasion, il faudra vérifier que les transducteurs sont bien d’origine, surtout les boomers dont les suspensions s’abîment avec le temps…

Sansui SPX-8000 (1978) :

Sansui SPX-8000 (1978)

Une enceinte peu commune : pensez donc, une 4 voies de 6 HPs ayant une sensibilité de 98 db/1w/1m, pourvue d’un boomer de 40,6 cm (16 pouces, ce n’est pas courant!), de deux médiums de 13 cm, d’un tweeter équipé d’un pavillon 15,4×5 cm montée verticalement et de deux super-tweeters de 4,5 cm, le tout dans une caisse de 44,9×66,7×28 cm dépassant à peine 20 kg! La face avant est équipée d’un sélecteur de trois ambiances sonores (Soft, Natural et Clear).

L’écoute est surprenante par la qualité de texture de chaque registre sonore. Les mauvaises langues diront qu’elle manque de basse mais c’est faux! J’ai été étonné par leur son, alors que je visitais un troc Toulousain qui en était équipé pour sonoriser son magasin, à la fin des années 90. Le son était tellement exceptionnel que j’ai demandé au patron s’il ne les vendait pas. Il m’a répondu qu’il les avait depuis 20 ans et qu’il comptait bien les garder 20 ans de plus. Je pense d’ailleurs qu’il les possède encore… Esthétiquement, elles ressemblent un peu aux Kenwood KL-7090, surtout sans les grilles acoustiques. Elle sont très rares, surtout avec une caisse en bon état pourvue des HP d’origine. Si vous avez la chance d’en dégoter, 600 $ serait un bon prix en provenance des USA, mais elle peuvent monter plus haut, parfois jusqu’à 1000 Euros depuis l’Allemagne.

Tannoy Arden (1976) :

Tannoy Arden (1976)

Sorties au milieu des années 70, les Tannoy Arden se présentent dans un boitier en bois assez imposant d’une contenance de 240 litres (99x66x37cm). Le  Haut-parleur est un 15 pouces concentrique Tannoy HPD 385A équipé d’un aimant alnico et d’une compression 2″ pour le tweeter. L’originalité du procédé réside dans le fait que la membrane du boomer prolonge la courbe d’expansion du pavillon d’aigu. Ces derniers sont réglable grâce à deux potentiomètres depuis la face avant : le HP coaxial est filtré comme une deux voies sur la fréquence de 1 khz. Le premier potar gère le “Roll Of” et affecte la courbe de réponse des aigus au delà de 5 khz en la diminuant selon trois paliers de -5 db chacun. L’autre agit sur sur l’entièreté des aigus soit en les bonifiant de 1 à 2 db soit en faisant le contraire. La neutralité peut-être gardée en sélectionnant le cran “Level”.

Le rendement de l’enceinte est plutôt sympathique pour l’époque (90db). L’écoute est très agréable puisque grâce au HP coaxial, la continuité entre grave, médium et aigu est optimisée et exempte d’important accident dans la courbe de réponse ; de même, le son émanant depuis un cercle de 38 cm, il est plus cohérant que sur une enceinte normale, sans nuire aucunement à la spatialisation. Le grave est sobre et rapide, la compression 2″ est un peu trop généreuse dans le médium, mais ce dernier sera avantageusement calmé grâce aux réglages disponibles. Les aigus sont ciselés et cohérents. Les Tannoy Arden ne nécessitent pas de super-tweeters, à moins que vous soyez équipés de super-oreilles sensibles au delà de 20 khz!

Une paire en bon état se négocie à partir de 2000 Euros, mais Tannoy commercialise des répliques neuves (les Tannoy Legacy Arden) pour 7800 Euros.

Technics SB-10000 (1978) :

Technics SB-10000 (1978)

Finissons dans la démesure avec ces monstres de 140 kg que Technics utilisait souvent lors de démos pour ses séminaires annuels. Des dimension conséquentes (1115 x 1200 x 705mm), 3 voies, 200 Watts, 95 db/1w/1m, le ton est donné d’emblé. L’esthétique elle aussi est étonnante pour l’époque et rappelle un peu ce qui se faisait en discothèque bien que les lignes de la belle soient beaucoup plus sexy. Le développement de la SB-10000 a été lancé et affiné selon un système imparable : les éprouver en live pour pouvoir comparer en direct le message original et celui qui est reproduit.

Les Haut-parleurs :

Le EAS-35HD04SA : Derrière le plus petit pavillon, en haut du château se trouve un tweeter de 3,5 cm en Bore ; son diaphragme est moulé d’une seule pièce, bords compris, pour de meilleures caractéristiques transitoires. Selon Technics, le bore est le métal qui a la meilleure vitesse de conduction du son. Bien que les propres graphiques de réponse de Technics montrent une forte baisse après 22 kHz, la réponse en fréquence s’étendrait jusqu’à 36 kHz…

Le EAS-10HM03-N : Le haut-parleur médium est un 10 cm monté lui aussi sur pavillon ; une partie de la gorge de dispersion est incluse dans la structure du conducteur pour augmenter la stabilité mécanique ; la forme de la corne permet une dispersion verticale du son sur 150°. Une prise de phase verticale divise partiellement le pavillon en deux, faisant environ un tiers de la profondeur de la courbe exponentielle.

Le EAS-46PL01S : Le boomer est un 46cm placé dans un coffret bass reflex constituée de parois de 3 cm d’épaisseur avec de multiples renforts à l’intérieur, c’est à dire un amortissement en mousse complété d’un revêtement en caoutchouc butyle, même sur le dessus des vis.

Les pavillons sont en aluminium moulé sous pression recouvert de caoutchouc butyle afin de ne pas trop interagir avec les vibrations et les résonances engendrées par les HPs. Le filtre passif peut se déconnecter pour permettre une tri-amplification, les connexions étant situées en haut de l’enceinte, juste derrière la section du pavillon médian ; il est constitué de bobines à faible perte et condensateurs haut de gamme à film métallique. Les trois haut-parleurs ont apparemment été développés spécifiquement pour le SB-10000.

Quand on les trouve, et ce n’est pas fréquent, c’est aux U.S.A. ou au Japon, et il faudra s’alléger à minima de 6500$ pour les acquérir, sans compter le port, et les frais de douane…

Hifi Vintage – Enceintes haut de gamme des années 70 – Partie 1

Dans la chaîne d’éléments qui permet la bonne restitution du son, il en est un qui est décisif tant par la nécessaire qualité de ses composants que par sa disposition opportunément appropriée à la pièce d’écoute : il s’agit bien sûr de l’enceinte acoustique. Les années 60 furent importante dans la Haute Fidélité car elles virent apparaître les plus belles réalisations techniques, notamment dans le domaine des transducteurs hors norme. Cet “âge d’or” atteignit son apogée au milieu des années 60 grâce à la firme américaine Electro-Voice qui réalisa la célèbre Patrician 800 connue pour la taille démesurée de son Haut parleur de grave (76 cm de diamètre!) (Voir l’article ci-dessous). Cependant, alors que les années 70 pointaient le bout du nez, de grandes firmes manufacturant du matériel audio à plus grande échelle popularisèrent la hifi haut de gamme en la rendant plus abordable. Nous allons évoquer ici sur plusieurs articles les plus emblématiques telles Electro-Voice, Altec, B&W, Intinity, JBL, Tannoy, Bose, marques réputées pour leurs enceintes acoustiques, mais aussi Kenwood, Marantz, Sansui et Technics qui sont plus généralistes.

Illustration tête de page : JBL Paragon.

Ci-dessous : Article sur l’EV Patrician 800, écrit par Patrick Vercher extrait de la revue L’Audiophile N°4  (Avril-Mai 1989).

Un peu de technique :

Tout d’abord, quelques explications techniques sur les haut-parleurs et leur agencement dans l’enceinte. Le haut-parleur est un transducteur électroacoustique conçu pour engendrer des ondes sonores dans un espace déterminé. Les haut-parleurs sont la plupart du temps électrodynamiques (l’élément vibrant se réduit à un conducteur enroulé pour constituer une bobine qui est maintenue dans l’entrefer d’un circuit magnétique). Ils peuvent être aussi électrostatiques (l’élément vibrant est une armature mobile de condensateur), piezoélectriques (les vibrations d’un cristal piezoélectrique, soumis à une différence de potentiel alternative correspondant aux sons à reproduire sont transmises à une membrane) ou encore à ruban (c’est un haut parleur électrodynamique dont le conducteur est un ruban plat tendu dans un champ magnétique transversal qui vibre lorsqu’il est traversé par le courant de modulation). On notera que le HP piezoélectrique est peu utilisé en hifi et que le HP à ruban n’est utilisé que dans les aigus, sur des systèmes haut de gamme.

Pour obtenir une reproduction fidèle des signaux sonores, il est possible de grouper plusieurs haut-parleurs caractérisés par des fréquences différentes. Ainsi, un ou plusieurs HP électrodynamiques de diamètres différents, qui permettent de reproduire fidèlement les sons graves et les médiums, peuvent être associés à plusieurs HP pour sons aigus. Des filtres composés de self, condensateurs et résistances sont alors prévus pour séparer les signaux électriques qui doivent parvenir aux différent HP (en filtrage passif, la pente de filtrage va de 6 db/octave à 18 db/octave). L’alignement de plusieurs haut-parleurs dans une enceinte acoustique permet d’obtenir une ensemble directif. Pour éviter le rayonnement par la partie arrière et le risque d’interférence avec le son rayonné par la face avant, les HP sont placés dans une enceinte acoustique de forme plus ou moins complexe. Certaines enceintes sont totalement fermées et un tapissage intérieur absorbant permet de supprimer l’onde arrière (enceintes closes). L’onde arrière peut aussi être partiellement utilisée par une ouverture ou un évent (enceintes bass reflex). L’évent peut se prolonger en conduit accordé interne, parfois replié en labyrinthe complexe pour diminuer l’encombrement. Il est également possible d’utiliser le volume d’air contenu dans l’enceinte pour réaliser un couplage pneumatique entre le haut-parleur et un radiateur passif placé dans le même plan frontal.

Une bonne enceinte acoustique doit avoir une courbe de réponse linéaire (50 à 20.000 hz dans un range de +/- 3 db), une bonne sensibilité (minimum 90 db/1w/1m). Elle doit être dotée d’un boomer conséquent (minimum 20 cm, 30 cm ou même 38 cm recommandé). La puissance maximale admissible doit être au minimum égale à celle de l’amplificateur qui la drive.

Altec : Je ne vais pas évoquer ici la fameuse Model 19 puisque je l’ai déjà fait par le passé, mais la Seventeen (Model 17) qui se trouvait juste en dessous dans la gamme.

Altec Model 17 (1978) :

Dotée de la dernière version de haut-parleurs équipant les moniteurs de studio Altec 604 déjà largement éprouvée, le modèle Seventeen offrait à l’auditeur une qualité d’écoute audiophile. Le système de haut-parleurs des Seventeen comprend un tandem composé d’un haut-parleur de graves de 38 cm et d’un driver équipé d’un pavillon monté de manière coaxiale ; leur combinaison est calculée pour produire des basses solide, des médiums transparents et une réponse scintillante dans les hautes fréquences, l’ensemble étant quasiment linéaire de 30 Hz à 20 kHz.

Ce système d’aigus est le résultat de recherches avancées sur les matériaux et les techniques de production qui ont permis de développer un nouvel ensemble de diaphragme léger pour les hautes fréquences audio. De plus, le format coaxial des HP offre une source de son unique pour toutes les fréquences, ce qui se traduit par le nec plus ultra en termes de mise en phase précise et d’imagerie stéréo. Le filtre passif des Seventeen comprend un passe-bas de 12 dB/octave et un passe-haut de 18 dB/octave qui ajoute à la réponse améliorée une augmentation de la capacité de puissance du système tout en limitant la distorsion à un niveau minimum dans les médiums.

Développé spécifiquement pour les applications professionnelles de monitoring de studio, le coffret des Seventeen est rigidifié et renforcé pour fonctionner comme une seule cavité inerte. Le volume interne est d’environ 250 litres et l’évent est réglé pour une qualité tonale optimale. Le boitier est finement ouvragée en chêne de qualité poncé à la main avec des huiles naturelles pures. La grille acoustique amovible est parée de tissu acoustique marron cacao, encadrée de chêne massif.

Prix d’occasion : à partir de 5000$

Bower & Wilkins 802F (1979) :

Depuis sa création en 1966, Bowers and Wilkins s’est révélé être l’un des grands fabricants d’enceintes innovants de Grande-Bretagne. La firme est rapidement devenue célèbre pour ses produits technologiquement intéressants, repoussant les frontières du design. Cette créativité s’est cristallisée en 1970 avec l’avènement de la DM70. Arborant un certain nombre d’idées radicales : nous étions en présence de deux enceintes en une, un caisson pour les basses équipé d’un woofer de 300 mm à déflecteurs infinis, le second élément étant un panneau électrostatique incurvé à 11 segments. Cela plaça la barre très haut pour ce qui devait être le vaisseau amiral le plus important de l’entreprise à ses débuts – la 801 sortie en 1978.

Lors de son lancement à la fin des années soixante-dix, la 801 remporta les éloges de la presse hi-fi mondiale, et bientôt les studios Abbey Road l’adoptèrent comme moniteur de musique classique de choix. La légende de la série B&W 800 était née, mais le problème auquel l’entreprise était alors confrontée était de savoir comment étendre la franchise en bas de gamme.

Le 802 fut la réponse ; alors que le 801 était déjà bien trop volumineuse pour de nombreuses salles d’écoute britanniques, le 802 fut rendue plus compacte et plus adapté aux salons domestiques. Pour cette raison, la société proposa un modèle qui semble de nos jours tout à fait banal, mais qui selon les normes des années soixante-dix était sérieusement radical. La 802 avait une empreinte au sol inférieure de moitié de celle de la 801. Selon les normes de l’époque, le 802 était inhabituellement étroite, bien plus que les enceintes dont la grande largeur était la norme à l’époque. Cela lança la tendance pour les enceintes colonne, encore très populaires aujourd’hui.

Prix d’occasion : à partir de 4500$

Infinity Quantum Line Souce (1977) : 

En 1969, Arnie Nudell et John Ulrick fondèrent la firme Infinity Systems dédiée aux enceintes acoustiques de prestige. Leur premier produit était un système triple constitué de deux panneaux électrostatique et d’un caisson de grave. Il ne fit pas l’unanimité mais il fit l’objet d’un article dans la célèbre revue Stereophile. Par la suite, la démarche d’Arnie Nudell (qui travaillait à une nouvelle génération de haut-parleurs) bifurqua vers un nouvel HP signé Quantum Line Source (ce surnom découle de sa formation de physicien nucléaire).

La QLS était révolutionnaire. Il s’agit d’un système à 4 voies composé d’un boomer à double bobine 12″ Watkins, d’un  bas-médium 5″, de 6 haut-parleurs haut-médium à dôme convexe, de 8 tweeters planaires magnétiques et d’un tweeter sur la face arrière. Ce nouveau modèle utilisait le woofer Watkins, équipé de bobines acoustiques doubles pour éliminer l’augmentation d’impédance typique des HP graves (lorsque l’impédance d’un haut-parleur augmente à la résonance, sa capacité à utiliser la puissance de l’amplificateur diminue). Les Watkins utilisaient un agencement de filtre intelligent qui dirigeait la puissance de l’ampli vers l’une des deux bobines d’impédance différentes en fonction de la fréquence, lissant ainsi la courbe d’impédance présentée à l’amplificateur.

Les Infinity QLS ont de belles qualités (les graves sont tendues et propres, les médiums sont ouverts et les aigues sont scintillants à souhait). Mais elles ont aussi des défauts : leur poids très élevé, une sensibilité très basse (81 db/1w/1m !!!) qui oblige à utiliser à minima un à deux amplificateurs de 200 W sous 4 Ω (en effet elles peuvent fonctionner en biamplification). De son côté, infinity recommande un ampli de 500 W/4Ω pour bien les piloter !!! Cependant, elles restent un très bel investissement qui séduit encore de nombreux audiophiles.

Prix d’occasion : à partir de 3500$

JBL Paragon (1957-1982) :

La JBL D44000 Paragon est une enceinte stéréo monobloc créé par JBL en 1957 et dont la production a cessé en 1983, date à laquelle elle a été remplacé par la gamme “Everest“. Son cycle de production était le plus long de tous les haut-parleurs JBL. À son lancement, le Paragon était l’enceinte domestique la plus chère du marché (1830$ en 1957…).

Conçu par Arnold Wolf à partir d’un concept élaboré par Richard Ranger, la Parangon mesure près de 2,7 m de long et nécessite plus d’une centaine d’heures de travail à la main effectuée par une équipe d’artisans qualifiés. Ressemblant moins à un haut-parleur conventionnel qu’à un buffet élégant, ce fut un produit phare pour l’entreprise, qui était prisé par les nantis et les célébrités. Avec une production totale estimée à environ 1000 unités, ce modèle est encore aujourd’hui très recherché par les collectionneurs.

Le colonel Richard R. Ranger, un pionnier du son stéréophonique dans l’industrie cinématographique, conceptualisa la solution au problème de la reproduction du son stéréo pour tous et pas seulement pour l’auditeur central. Il conçut un système où le son des haut-parleurs serait réfléchi contre des surfaces incurvées (panneaux de bois) à l’intérieur d’une armoire pour créer une image stéréo large et uniforme qui resterait stable dans n’importe quel endroit de la pièce d’écoute. Ranger développa ainsi le système de réfraction radiale JBL-Ranger pour la reproduction stéréophonique.

Le son de la Paragon est décrit comme possédant une incroyable dynamique à haut niveau, rythmé sans aucun signe de distorsion fatigante et avec une séparation impressionnante des instruments. Il y existe des rumeurs selon lesquelles Frank Sinatra et Dean Martin auraient acquis trois Paragon chacun – une pour chacun des canaux gauche, central et droit – avec lesquels ils écoutaient leurs enregistrements audio à partir des masters.

Prix d’occasion : à partir de 25.000$

Ci-dessous : Article sur la JBL Paragon, écrit par Patrick Vercher extrait de la revue L’Audiophile N°10 (Mai 1990).

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