Série TV – The X-Files fête ses 30 ans (1993-2002)

La série : Aux frontières du réel (The X-Files) est une série télévisée américaine de science-fiction en 218 épisodes de 43 minutes, réalisée par Chris Carter et diffusée entre le 10 septembre 1993 et le 21 mars 2018 sur le réseau Fox.

La série décrit les différentes enquêtes des agents spéciaux du FBI Fox Mulder et Dana Scully sur des dossiers classés X (X-Files), des affaires non résolues impliquant des phénomènes paranormaux, et la quête de Mulder visant à retrouver sa sœur, Samantha Mulder, disparue dans de mystérieuses circonstances lorsqu’elle était plus jeune.

La série est dans un premier temps diffusée entre septembre 1993 et mai 2002, avec la diffusion de neuf saisons pour un total de 202 épisodes. En parallèle, l’univers de la série s’étend, avec notamment le film The X-Files : “Fight the Future” en 1998 qui se déroule entre les cinquième et sixième saisons, une série dérivée diffusée en 2001 qui est centrée sur le trio The Lone Gunmen, ainsi que divers livres, comics et jeux vidéo. En 2008, un second film sort au cinéma, “The X-Files: I Want to Believe”. En 2016, la série fait son retour avec la diffusion d’une dixième saison, qui sera suivie en 2018 par une onzième.

Les sources d’inspirations :

Si vous suivez la programmation des séries TV actuelles dans le domaine du policier, du fantastique et de la SF, vous constaterez que nombre d’entre elles vivent dans l’ombre de X-Files. Cette série est une de ces perles rares qui semble coexister à la fois avec l’époque de sa diffusion et l’instant présent. Au-delà de toute raison, elle est intemporelle. Si nous voulons comprendre comment et pourquoi X-Files a pu transcender, contre toute attente, toutes les séries précédentes et influencer celles qui les ont suivies, nous devons examiner les séries qui ont inspiré le réalisateur Chris Carter.

Dossiers Brûlants (Kolchak: The Night Stalker) (1972-75) :

En effet, le créateur de X-Files, Chris Carter, a souvent souligné que cette série d’une seule saison de 20 épisodes sur un journaliste chasseur de monstres avait une énorme influence sur sa série.

Carl Kolchak, un Journaliste à Las Vegas puis à Seattle et enfin à Chicago, traque la nuit les phénomènes surnaturels et affronte des créatures monstrueuses noctambules (sorciers, robots, zombies, vampires, loup-garous, extraterrestres, fantômes, lézard géant, et même le véritable Jack l’Éventreur).

Ici, le réalisateur Jeffrey Grant Rice a trouvé un format grâce auquel l’horreur à la télévision devient très efficace, bien avant l’arrivée des X-Files : En effet le héro ne meurt pas, car s’il le faisait, nous pourrions arrêter de regarder la série, par contre les autres personnages de l’épisode peuvent être tués sans problème dans ces conditions plus ou moins atroces. C’est ainsi que bien que notre héro s’en sorte à tous les coups, l’horreur peut exister en marge de la série et Koltchak peut continuer à vivre, accablé par l’horreur existentielle que tout n’est pas ce qu’il parait être, que des choses nous sont cachées et que le rythme de la vie quotidienne porte en lui quelque chose d’indicible et de brutal. Vu à travers les yeux de Koltchak lui-même, la série se transforme en drame policier, avec des affaires à résoudre et parfois même une certaine routine dans le travail. Dans X-Files aussi, nos deux héros connaissent des secrets mais personne veut les croire.

Voir sur YouTube : Kolchak The Night Stalker 1972 par Boo Davis

Twin Peaks (1990-1991) :

Cette série américaine créée par Mark Frost et David Lynch raconte l’enquête de l’agent spécial du FBI Dale Cooper, interprété par Kyle MacLachlan, sur le meurtre d’une jeune lycéenne, Laura Palmer (Sheryl Lee), dans la ville fictive de Twin Peaks, située à la frontière entre les États-Unis et le Canada. Cette série très novatrice pour l’époque comportait parfois certaines séquences particulièrement effrayantes. Mais l’élément que X-Files a le plus emprunté à Twin Peaks n’était pas son lieu de tournage ou ses sentiments d’horreur. Il s’agissait plutôt d’une volonté de prendre son temps avec le look d’une série et de trouver une esthétique visuelle originale pour raconter ses histoires. Les frayeurs ressenties dans X-Files proviennent souvent du fait de regarder un lieu ou un objet du quotidien d’une manière originale de façon à se demander quelle obscurité peut s’y cacher, tout comme Twin Peaks  déstabilisait la réalité en transformant un petit drame urbain en logique de cauchemar.

Les X-Files, qui clôturaient calmement et soigneusement une nouvelle affaire chaque semaine étaient certes très différents structurellement des Twin Peaks plus ouverts et intentionnellement obtus. Mais les deux se ressemblaient tout de même sur l’esthétique et sur le fond. D’ailleurs, David Duchovni  joue un petit rôle travesti en femme dans le 11ème épisode de la deuxième saison, où il incarnait Dennis Bryson, un agent de la DEA, vieille connaissance de Dale Cooper venue enquêter sur une accusation qui lierait ce dernier à un gros trafic de drogue dans la région.

Voir sur YouTube : Twin Peaks – Original 1990 network promos & previews par Cinema Garmonbozia

X-Files a contribué à inventer la télévision moderne :

Les drames policiers actuels ne sont généralement que des X-Files qui ont abandonné leurs éléments surnaturels, devenant souvent des séries agréablement ringardes, obsédées par la science et mettant en scène des geeks de laboratoire résolvant des crimes en trouvant des preuves ADN. L’esthétique de The X-Files a élargi la notion de ce dont la télévision était visuellement capable. Les X-Files ont repris tout ce que Twin Peaks avait fait et ont prouvé que d’autres séries pouvaient également le faire. Il n’était pas nécessaire d’avoir un réalisateur hollywoodien de renom comme David Lynch pour réaliser des séquences cinématographiques aussi pointues. Il suffisait de prévoir du temps et de la recherche pour que ces séquences comptent.

Les dispositifs de narration sérialisés utilisés par The X-Files ont aussi souvent été copiés par de nombreux drames de genre grâce à une oscillation entre contes individuels et aventures en série. La série critiquait aussi parfois la politique étrangère américaine. Bien que The X-Files n’ait pas été la première série à se demander si les efforts américains pour gagner la guerre froide valaient bon nombre des actes parfois discutable du pays au cours de cette période, c’était de loin celle l’ayant fait avec le plus d’efficacité lors de sa diffusion. Mulder et Scully étaient peut-être des fonctionnaires du gouvernement, mais dans leurs enquêtes ils révèlent souvent à quel point le gouvernement américain se comporte de manière horrible.

Enfin, The X-Files a intégré avec plusieurs décennies d’avance, la paranoïa moderne qui regorge de théories du complot popularisées par internet, évoquant nombre de sectes et d’étranges secrets cachés perpétrés par le gouvernement, de sociétés obscures tout cela laissant le vague soupçon, jamais prouvé, selon lequel nos gouvernements sont secrètement de connivence avec des entités mystérieuses pour nuire activement à sa population. X-Files a prédit si habilement cette réalité paranoïaque dans laquelle nous vivons tous en ce moment que lors de son retour pour ses saisons suivantes en 2016 et 2018, il semblait parfois que la fiction avait été dépassée par la réalité…

Voir sur YouTube : L’histoire de X-FILES par The Reg.

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