Parmi les voitures tout-chemin dérivées de modèles de série, la Méhari dont le châssis était emprunté à la Dyane 6 (d’où son nom de série : Dyane 6 Méhari 2-+2) fut sûrement la plus célèbre. Son nom évoque les “Maharis”, nom arabe qui signifie dromadaire. La Méhari, c’est d’abord Roland Paulze d’Ivoy de La Poype, industriel pionnier de la plasturgie et fondateur du Marineland d’Antibes en 1970. Professionnel du plastique, il rêve de l’appliquer dans tous les domaines, et s’intéresse à l’automobile. Vers 1967, il a l’idée de créer un kit de carrosserie en plastique en prenant pour base le châssis d’une Renault 4L. Finalement, un an plus tard, il partira de la plateforme et du moteur d’une 2CV Citroën fourgonnette. Le lancement de la Méhari le 11 mai 1968 en grande pompe sur le golf de Deauville passa inaperçu en raison des événements de Mai 68.
La Méhari est une voiture pour les loisirs, le plein-air et les balades en famille. En rabattant la banquette arrière (optionnelle), elle se transforme en une deux-places pour un usage utilitaire. Le modèle quatre-places coûtait environ 5 à 10 % de plus, comme les versions avec installation électrique 24 volts ou quatre roues motrices proposées plus tard. La Méhari à deux places se plaçait en concurrente de certaines petites fourgonnettes.
La Citroën Méhari est basée sur le châssis plate-forme de la Dyane et est équipée du moteur Citroën de 602 cm3 qui équipait à sa sortie la Dyane 6 et la 2cv fourgonnette. Les pièces composant la voiture, à part la carrosserie et la bâche, proviennent pour l’essentiel d’autres modèles de la marque : volant de 2 CV, roues, phares, essuie-glace, frein à main de Dyane, feux arrière de fourgon Type H. La suspension est à ressorts longitudinaux sous caisse, amortisseurs à friction et batteurs à inertie les premières années, puis avec amortisseurs télescopiques.
La carrosserie en ABS emboutie à chaud et teintée dans la masse, peut reprendre sa forme initiale après un léger choc et les rayures restent discrètes. Elle est soutenue par deux cadres métalliques en treillis tubulaires boulonnés à la plate-forme, un pour la partie avant et un second pour la partie arrière.
La première série 1968-1969 ne sera fabriquée qu’une seule année. En effet, pour les modèles 1970, la carrosserie est légèrement modifiée. Les clignoteurs arrière latéraux type 2 CV sont supprimés et remplacés par des feux Type H reportés sur la face arrière. En 1979, un combiné à deux cadrans issu de la Citroën LN prend place sur la planche de bord et la puissance du moteur passe de 26 ch DIN à 29 ch DIN grâce à un carburateur double-corps. En 1979, apparaît la Méhari 4 × 4 qui, à l’origine, est produite pour l’armée qui va d’ailleurs en acquérir une centaine d’exemplaires au départ. Pour 1986, la gamme incorpore la Méhari Azur à la carrosserie blanche et bleue. Après s’être élevé à 144.953 exemplaires, la production de Méhari s’arrêta en 1987.
Caractéristiques Techniques :
Moteur : Citroën bicylindre à plat refroidi par air ; Position du moteur Longitudinale avant. Cylindrée : 602 cm3. Puissance : 29 ch DIN à 5750 tr/min. Transmission : Traction AV. Boîte de vitesses : Manuelle à 4 rapports. Poids et performances : Poids à vide 570 kg / 4 × 4 : 715 kg ; Vitesse maximale 100 km/h ; Accélération 0 à 100 km/h en 44 s. Châssis – Carrosserie : Carrosserie(s) Pick-up avec pare-brise rabattable Dimensions : Longueur : 3520 mm ; Largeur : 1530 mm ; Hauteur : 1640 mm ; Empattement : 2370 mm.
Prix du modèle neuf en 1970 : Dyane 6 Méhari 2-+2 : 8980 Francs soit 11.166 Euros avec 715% d’inflation cumulée sur la période.
Rares sont les villes qui ont été bâties en privilégiant avant tout le bien-être humain. Au moyen-âge, les architectes et les maîtres d’œuvres se préoccupaient avant tout de la sécurité en lovant les habitations à l’intérieur de remparts les protégeant des envahisseurs, telle la fameuse cité de Carcassonne qui sera restaurée bien plus tard, sous le second empire, par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Sous Napoléon III, Paris aussi se refit une beauté grâce à Georges Eugène Haussmann qui construisit d’élégants bâtiments équipés du confort moderne (destinés cependant aux gens aisés) bordant de longues et larges avenues qu’il perça dans les insalubres bâtisses rescapées du moyen-âge.
Au milieu du XXième siècle arrivèrent les grands ensembles marqués par un urbanisme de barres et de tours inspiré des préceptes de l’architecture moderne permettant certes un large accès au confort moderne pour les gens modestes mais mal conçus car loin des commerces, loin des transports, exempts d’insonorisation ou de vie de quartier, propices à la ghettoïsation.
Le fait de mettre le monde dans l’homme et non le contraire demande à l’architecte moderne de devenir philosophe et ce n’est pas facile, même de nos jours. Certains s’y sont essayés avec plus ou moins de succès dans les années 60 notamment en France. Jean Balladur, bâtisseurs des célèbres immeubles pyramidaux de la station balnéaire de La Grande Motte disait : «L’architecture, on le voit, joue à La Grande Motte son rôle naturel d’organisation et de protection pratique de la vie de ses habitants, tout en leur apportant le système enrichissant des formes contemporaines du béton, associées à une symbolique qui parle à leur âme autant qu’à leur cœur».
Cependant, pour Auroville, les instigateurs de la plus extrême des visions de la cité du futur ne sont pas des architectes mais des philosophes spiritualistes, certes épaulés par l’architecte Roger Anger.
Auroville (La Cité du New Age) :
“Les villes aussi se croient l’œuvre de l’esprit ou du hasard, mais ni l’un ni l’autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs. Tu ne jouis pas d’une ville à cause de ses sept ou soixante-dix-sept merveilles, mais de la réponse qu’elle apporte à l’une de tes questions.” répond Marco Polo à Kublai Khan dans son dialogue imaginé par Italo Calvino. Cet extrait du roman “Les Villes Invisibles”, résume à lui seul la raison d’être d’Auroville, cette ville expérimentale située à une dizaine de kilomètres au nord de Pondichéry dans l’État du Tamil Nadu en Inde et qui a pour vocation d’être, selon les termes de sa conceptrice, «le lieu d’une vie communautaire universelle, où hommes et femmes de tous pays apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de tous les crédos, orientations politiques et nationalités».
Dès 1965, Roger Anger (qui fut aussi l’architecte des trois tours de l’île verte à Grenoble) conçut le plan d’Auroville qu’il nomma la « Galaxie », où quatre zones, constituées de grands bâtiments futuristes, s’enroulent autour du temple et de ses jardins en formant un cercle parfait. Auroville fut créée dans la pratique en 1968 par Mirra Alfassa (Mirra Richard), plus connue sous le nom de la Mère et compagne spirituelle du philosophe indien Sri Aurobindo, fondateur d’un ashram à Pondichery. « La Mère » est décédée en 1973. Un demi-siècle plus tard, si des bâtiments administratifs et des habitations sont sortis de terre, ils sont pour la plupart de taille modeste. Pour les voyageurs de passage à Auroville, la plupart des constructions sont presque invisibles, cachées par une végétation touffue plantée par les Aurovilliens.
La cité compte aujourd’hui 80 installations et près de 2400 personnes, venues de 49 nations et engagées dans des activités diverses comme le reboisement, l’agriculture organique, les services médicaux, le développement du village, etc… À présent, le tout est géré par la fondation Auroville. Au centre d’Auroville, se trouve la zone de la Paix, laquelle abrite le Matrimandir et ses jardins, l’amphithéâtre contenant l’Urne de l’Humanité (dans laquelle se trouve mélangée un peu de terre de 124 pays différents) et un lac censé créer une ambiance de calme et réapprovisionner la nappe phréatique. Le Matrimandir est un dôme culminant à 29 mètres recouvert de 1415 disques dorés qui abrite une salle de méditation futuriste en marbre blanc, éclairée par un globe en cristal massif de 70 cm pesant environ une tonne qui fut coulé en 1987 chez chez Chotts à Mayence et livré une fois poli à Auroville par l’entreprise allemande Zeiss en 1991 pour une somme de 230.000 Marks.
Quatre zones s’ordonnent autour de cette zone centrale :
La zone culturelle située à l’est de la zone centrale qui est vouée aux activités éducatives, artistiques, culturelles et sportives. Les activités culturelles incluent des programmes de théâtre, de musique de danse. L’institut international Sri Aurobindo de recherche éducative coordonne le système entier de l’éducation à Auroville. En plus d’héberger un festival de cinéma qui se déroule deux fois par an, les Auroviliens et les visiteurs ont, durant toute l’année, un accès gratuit à une multitude d’activités et de représentations culturelles : cinéma, théâtre, musique, danse, chorale, lectures de poésie, expositions, présentations PowerPoint, conférences, etc… L’énergie créative qui caractérise Auroville est aussi fondatrice du climat encourageant diverses formes d’expression esthétique, notamment les festivals artistiques d’Auroville et les expositions qui sont aussi largement accueillies en Inde.
La zone internationale située à l’ouest de la zone de la Paix, destinée à accueillir des pavillons nationaux et culturels, regroupés par continents. Elle ressemble à un campus cosmopolite, un lieu de rencontre pour des compatriotes.
La zone industrielle située au nord de la zone de la Paix, qui sert à abriter les industries vertes, les centres de formation, l’artisanat, et les services administratifs de la ville. Cette section gère des unités de production pour Auroville, qui aspire à être une ville financièrement indépendante. Elle sponsorise plusieurs industries, telles des unités de traitement alimentaire et des entreprises d’embouteillage, de boulangerie, de fabrication de saumure, de vêtements, d’assemblage de composants électroniques, etc…
La zone résidentielle au sud de la zone de la Paix qui est réservée à l’habitat sur 45 % de sa superficie et à la verdure sur 55 %. Elle inclut des structures qui vont des huttes à des maisons individuelles et des appartements. Tous les biens immobiliers (terrains, maisons, puits) sont la propriété de la fondation Auroville, la propriété privée étant interdite. Pour devenir l’occupant d’une maison existante, il faut faire don à la fondation du montant équivalent à la valeur de la maison et il en est de même pour bâtir une maison.
Autour de ces quatre zones périphériques s’étend une ceinture verte de 1,25 km de rayon, regroupant fermes biologiques, laiteries, vergers, forêt, habitat protégé pour la faune. Elle est censée fournir bois de construction, nourriture, remèdes, et servir de lieu de détente et de poumon vert.
La Cuisine Solaire est la plus importante cuisine collective de la communauté d’Auroville. Elle a été terminée en décembre 1997. Depuis lors, elle sert les déjeuners dans un grand réfectoire et elle envoie également des repas à différents endroits, écoles et particuliers. Elle tire son nom du grand concentrateur solaire sur le toit, qui fournit une partie de la vapeur de cuisson chaque jour ensoleillé de l’année. L’autre partie de la vapeur nécessaire est fournie par une chaudière au diesel.
Les résidents d’Auroville ont créé quelques infrastructures de base (routes, eau, électricité, télécommunications, y compris un réseau de communication électronique). Plusieurs endroits offrent le Wifi gratuit à Auroville, de même qu’une dizaine maisons d’hôtes.
Certains ont perdus leurs illusions sur l’utopie originelle d’Auroville. La communauté devait fonctionner sans argent, mais elle a dû se résoudre à en introduire pour des raisons pratiques, les habitants s’autofinançant pour la plupart par un métier (l’hébergement des invités, la fabrication d’encens, de produits bio, bougies, poteries, bijoux, vêtements, que l’on peut acheter dans les boutiques d’Auroville et de Pondichéry, mais aussi au-delà des frontières de l’Inde. Un tiers des bénéfices revient à la communauté), une rente ou une pension. L’intégration des populations tamoules présentes sur le site n’est pas non plus un modèle de réussite sociale sachant qu’ils sont payés au tarif de base local (c’est à dire 80€ par mois environ…). Cependant la critique est aisée mais l’art difficile et l’on ne peut nier qu’Auroville est le seul projet d’urbanisme alternatif cohérent qui ait vu le jour et soit resté viable depuis la fin des années 60.
Voir sur YouTube : Auroville, “la ville dont la Terre a besoin” par Guillaume Estivie
Slab City (La Cité du squat) :
Si Auroville est une vraie cité conçue par un architecte urbaniste investi dans une démarche philosophique, Slab city est plutôt un campement permanent situé en plein désert près de Salton Sea, dans le sud-est de la Californie, servant de port d’attache à des marginaux qui cherchent un dernier espace de liberté et de gratuité dans un pays ultra-libéral ou bien, le temps de la saison d’hiver, à des snowbirds (boomers en mal d’aventure désertant le froid du nord au volant de leur camping-car de luxe).
L’histoire du lieu : Avant l’entrée officielle des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le Corps des Marines des États-Unis prit la décision d’implanter un terrain d’entraînement pour les unités d’artillerie antiaérienne dans une zone accessible aux avions décollant des porte-avions près de San Diego. Pour créer la base d’entraînement, 255 ha furent adjugés à l’armée. Le gouvernement nomma la base en hommage au brigadier général du Corps des Marines Robert Henry Dunlap. Une fois la construction du camp Dunlap terminée, il fut mis en service le 15 octobre 1942. Le camp disposait de bâtiments, d’eau, de routes et de collectes d’eaux usées pleinement fonctionnels. La base a été utilisée pendant trois ans pendant la guerre. En 1949, les opérations militaires au Camp Dunlap furent considérablement réduites, mais une équipe limitée resta sur place jusqu’à ce que la base soit démantelée. En 1956, la tâche de démolition s’acheva, mais les dalles bétonnées furent laissées intactes.
La zone qui est maintenant connue sous le nom de Slab City (Slab signifie dalle en Anglais) était jadis le lieu d’entraînement d’artillerie pour le camp. Il a d’abord été squatté par quelques vétérans qui y avaient travaillé, suivis plus tard par des marginaux vivant de l’aide sociale et enfin par des camping-caristes à la recherche d’emplacements de camping gratuits à l’extérieur de Palm Springs. Les résidents actuels se désignent eux-mêmes comme des Slabbies tandis que les touristes sont appelés Normies.
La popularité de Slab City a augmenté après la publication d’un article dans Trailer Life et RV Magazine vers 1984 et par la suite en 2007, par Sean Penn qui dans un passage du film “Into The Wild”, fait évoluer son héros dans la cité notamment lors d’une visite de Salvation Montain. Le site ne comporte aucune règle et il n’y a pas de taxe pour le parking. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de toilettes et autres services publics de la sorte. De nombreux campeurs utilisent des centrales ou des panneaux solaires pour produire de l’électricité. L’alimentation peut être trouvée dans la petite ville proche de Niland à cinq kilomètres au Sud-Ouest et où les enfants des résidents vont à l’école.
Réalisations artistiques et scéniques :
Salvation Mountain : Située directement à l’Est de l’autoroute 111, l’entrée de Slab City est facilement reconnaissable grâce à l’installation artistique de Salvation Mountain, une petite colline d’une quinzaine de mètres couverte de peintures et de versets de la Bible, un projet du résident Leonard Knight, décédé le 10 février 2014 à l’âge de 82 ans. Une nécrologie de Knight a déclaré qu’il “a passé près de 30 ans à construire la montagne colorée. Construite en adobe (brique mêlée de paille) et en béton couverts de peinture au latex, Knight travaillait sur la montagne toute la journée, tous les jours. Il dormait au pied de la montagne à l’arrière d’un camionnette, sans électricité ni eau courante “. En 2002, la Montagne du Salut a été nommée trésor national d’art par le Congrès.
East Jesus : est une installation artistique expérimentale, durable et habitable située dans Slab City. Il n’y a pas de connotation religieuse dans le nom de Est Jésus (c’est plutôt un langage familier pour une œuvre au milieu de nulle part et en apparence, totalement futile). L’installation hors réseau fonctionne sans services publics municipaux. Début 2007, Charlie Russell quitta son emploi dans l’industrie de la technologie, emballa toutes ses affaires dans un conteneur qu’il expédia à Slab City, dans un coin jonché de déchets, où il a commença à entourer ses deux voitures de sculptures. Russell, souvent appelé Container Charlie, a nommé ce site East Jesus. Il est décédé en mai 2011 et son œuvre est protégée par l’association de Frank Redford qui gère les expos des artistes itinérant qui s’y posent ainsi que les visites gratuites. Au fil des années, East Jesus est devenu un lieu unique où les artistes peuvent s’exprimer de manières non conventionnelles, voire radicales. C’est un endroit pour vivre et travailler loin des traditionnelles galeries, des musées et du monde de l’art contemporain institutionnalisé. L’art ici ne nécessite pas l’approbation d’un critique, et n’est pas non plus fait avec l’intention d’être vendu.
The Range : est une discothèque en plein air avec scène, lumières, amplificateurs et haut-parleurs, équipée de canapés en lambeaux et de vieilles chaises pour s’asseoir. Tous les samedis soirs, vers le crépuscule, les habitants et les visiteurs se rencontrent pour un spectacle mettant en vedette des musiciens résidents permanents et toute autre personne souhaitant monter sur scène et se produire. Le lieu est géré par William Ammon, ancien résident, connu sous le nom de “Builder Bill”.
Un article du magazine Smithsonian en octobre 2018 qualifiait la communauté de “paradis des squatteurs” que les habitants considèrent comme “l’un des derniers endroits libres d’Amérique”. L’article disait à propos de la population: «Il y a clairement des gens là-bas qui ne veulent pas être trouvés, ils veulent disparaitre du système, et le désert offre ce genre d’opportunité.»
Voir sur YouTube : Les campeurs sauvages de slab city par Corentin Mullender et Into the Wild-Salvation Mountain Scene par gse3
Bombay Beach (La Cité post-apocalyptique) :
Dans les années 1940 et 1950, avant d’être détruite par la mer de Salton, Bombay Beach était censée être un terrain de jeu pour les riches vacanciers. Elle fut conçue pour être la version californienne de la Côte d’Azur, et des célébrités telles que Frank Sinatra, les Beach Boys et Bing Crosby l’aurait fréquenté pour y pratiquer la navigation de plaisance, le ski nautique et la pêche. La région attirait un demi-million de touristes annuellement, rivalisant avec le parc national de Yosemite.
Mais une série d’inondations causées par les tempêtes tropicales des années 1970 engendra un ruissellement d’eau chargée des pesticides traitant les cultures environnantes qui s’accumulèrent dans ce lac fermé soumis à une forte évaporation pendant l’été. La pollution et l’augmentation de salinité entraînèrent d’importantes morts d’oiseaux et de poissons. De nombreux résidents autour de la mer de Salton, y compris ceux de Bombay Beach, déménagèrent en raison de l’odeur du poisson en décomposition et de la peur des problèmes de santé liés à la pollution et des inondations répétées.
Ceux qui restèrent étaient soit trop pauvres pour déménager, soit trop attachés à l’histoire de la région pour partir. En septembre 2019, un rapport de l’Institut du Pacifique signalait que dix ans plus tôt, “il y avait quelque 100 millions de poissons dans la mer. Aujourd’hui, plus de 97 pour cent de ces poissons ont disparu.”
La zone ne s’est jamais remise. Les quelques résidents restants vivent aujourd’hui dans des caravanes, où ils se cachent du soleil brûlant. La plupart des quelques habitants utilisent des voiturettes de golf pour se déplacer, car la station-service la plus proche se trouve à 32 km à Niland. Il n’y a que deux magasins dans la ville, dont l’un est un dépanneur, et l’hôpital le plus proche est à plus de 45 minutes à Brawley. Le bar et restaurant Ski Inn est le seul établissement de restauration et de boisson de la ville. Le “Bombay Beach Drive-In” est une installation artistique composée de vieilles voitures abandonnées dans un cinéma drive-in. Un visiteur en 2019 a écrit qu’il y avait de nombreuses «maisons et roulottes depuis longtemps abandonnées» et que de nombreux bâtiments étaient «des façades sans fenêtre recouvertes de graffitis, entourées de meubles cassés et de gravats».
Le statut de «ville fantôme habitée» de Bombay Beach a attiré de nombreux photographes, cinéastes, explorateurs urbains et touristes, au point que les habitants ont tendance à demander aux visiteurs s’ils sont des cinéastes qui sont là pour tourner un documentaire. La communauté organise la Biennale de Bombay Beach chaque printemps depuis 2016, invitant “des artistes, des universitaires, des écrivains et des cinéastes à créer des œuvres, à donner des conférences et à mettre en scène des événements”.
Voir sur YouTube : Bombay Beach CA Rediscovered par DesertUSA
Les Écodomes SuperAdobe : l’écocité du futur?
Inventé par l’architecte iranien Nader Khalili, l’écodome en Superadobe est une construction durable rapide à édifier pour un prix modique, adaptable à tous pays quelques soit les climats. On peut l’auto-construire en petit groupe de 6 à 10 personnes après avoir suivi une rapide formation pratique ; la construction d’une structure de 100 m2 prend 2 à 3 mois, puis à cela il faut ajouter une à deux semaines de délai pour la première couche d’enduit et le second œuvre (plomberie, électricité, pose des portes et fenêtres,…), et encore une à deux semaines pour les 2ème et 3ème couches d’enduit à plusieurs mois d’intervalle. L’écodome est relativement isotherme, il résiste aux ouragans, aux séismes, aux inondations et aux incendies et il s’inscrit dans une démarche respectueuse de l’environnement.
La Technique : Les écodomes sont constitués de sacs empilés remplis de gravats et de terre locale. Les sacs sont maintenus par des fils de fer barbelés. La terre sèche avec le temps. Il suffit de recouvrir le tout pour protéger les sacs des rayons ultra-violets. Un écodome ne coûte que 10.000 dollars. La technique Superadobe de construction rapide pour les maisons (et des bâtiments publics) est un formidable espoir pour les zones dévastées mais il peut être utilisé également comme résidence familiale.
Le concepteur de l’écodome superadobe : Nader Khalili, reçoit sa formation en philosophie et en architecture en Iran, en Turquie et aux États-Unis. En 1970, il obtient une licence de l’État de Californie et exerce la profession d’architecte aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Khalili s’est fait connaître par l’application du système Geltaftan Earth-and-Fire, connu sous le nom de “Ceramic Houses”, et par la technique de construction Earthbag appelée “SuperAdobe”. Ses conceptions s’inspirent fortement de celles des maisons arides traditionnelles en Iran, son pays natal. En 1984, il développe son système Super Adobe, en réponse à un appel de la NASA pour la conception d’établissements humains sur la Lune et sur Mars. Le projet garde un caractère totalement théorique jusqu’à la Guerre Iran-Irak, au cours de laquelle des réfugiés sont envoyés en Iran. C’est alors que Khalili s’associe au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et met ses recherches au service des abris d’urgence.
En 1991, il fonde à Hesperia le California Institute of Earth Art and Architecture (Cal-Earth) où il enseigne sa technique de construction Super Adobe. Une promenade autour du campus est une promenade à travers l’évolution historique de la technologie de construction SuperAdobe. Les conceptions de bâtiments vont d’un petit abri d’urgence pour une personne qui peut être construit en une journée afin de créer un village d’hébergement temporaire, à une maison tout confort équipée de 3 chambres et d’un garage pour 2 voitures, tous construits selon les mêmes principes. Alors que certaines des structures sur place sont entièrement finies, d’autres font partie du processus de recherche et développement en cours. Les successeurs de Nader Khalili (décédé en 2008 à l’âge de 72 ans) étudient la performance de la structure en réponse aux conditions climatiques et aux événements sismiques. Ces structures sont des ébauches, mais sont extrêmement informatives. La leçon première que les étudiants apprennent à Hespéria est que la force de la géométrie de la voûte reste inégalée à ce jour!
On peut se demander pourquoi une structure possédant de telles qualités ne s’est pas plus répandue, surtout à notre époque où le développement durable s’érige en nouvelle religion. D’ailleurs les gens intéressés par l’écodome dans le but d’en faire leur résidence principale se rendent vite compte qu’il n’est pas très populaire auprès des services d’urbanisme de notre pays en raison des normes d’isolation et d’esthétique en vigueur (pour respecter la norme RT 2012, et la nouvelle RE 2020, il faut ajouter une fibre isolante dans les enduits ; certains PLU exigent des des toits inclinés à 45 degrés, etc…). Mais en y réfléchissant bien, on subodore une autre explication à ce manque d’intérêt : Une maison individuelle en superadobe peut être construite à moindre coût (45.000 euros environ terrain compris…). On peut penser qu’un tel projet, s’il se généralisait au bénéfice des plus modestes, ne serait pas du goût de l’état qui rentrerait beaucoup moins de taxes. Pensons aussi aux entreprises du bâtiments qui se retrouveraient amputées d’une grosse partie de leurs revenus. Avec la forte diminution du montant du crédit immobilier et de sa durée de remboursement (pour ceux qui ne s’autofinanceraient pas), les banquiers pleureraient sur leurs pertes. Bref, ces belles maisons économiques en superadobe ont un défaut majeur pour notre système économique ultralibéral : elles permettent de faire de belles économies à ceux qui les construisent, mais peu de bénéfices à ceux qui voudraient les vendre et en faire un business…
François
Voir sur YouTube : Sustainable Architecture: Hesperia’s Superadobes par KCETSoCalConnected
Photo entête d’article : Le Matrimandir – Auroville – Inde
Le 5 octobre 1961, la nouvelle berline Simca 1000, le projet “S”, est dévoilé au Salon de Paris, prélude à un succès qui se traduisit par plus de 2 millions d’exemplaires vendus. Dès sa conception, des variantes avaient été envisagées, notamment un coupé de grand luxe à tendances sportives, destiné à concurrencer les Renault Floride. Le carrossier italien Bertone proposa un joli coupé ressemblant au NSU Printz Sport, en plus étoffé. Le coupé 1000 fit son apparition au Slalon de Genève de 1962. Les qualités de la mécanique de base, exploitée également par Carlo Abarth, appelaient à des développements de la formule du coupé sport. En 1964, le nouveau président de Simca, Georges Hereil, ne repoussait pas l’idée d’un sevice compétition officiel. Certains amateurs obtenaient d’ailleurs de bon résultats avec le coupé 1000 modifié. Reprenant sa caisse de base, Bertone étudia le coupé 1200 S, plus effilé et habillé d’une calandre masquant le radiateur, l’air sortant par des ouïes de capot avant.
La direction de Simca équipe la voiture du moteur Poissy qui équipera également la future Simca 1100, un 1204 cm3 développant 82 ch grâce à ses deux carburateurs double corps et autorisant une vitesse de 170 km/h. Avec ce nouveau moteur, sa tenue de route améliorée et une finition luxueuse, le 1200 S atteignait 175 km/h à Montlhéry. Les deux premiers coupés furent remis à Marcel Dassaults et à Maurice Trintignant.
En 1970, la puissance augmente légèrement, pour arriver à 85 ch et la vitesse touche presque les 179 km/h. La 1200S termine sa carrière en 1971 sans être remplacée. Pour cela, il faut attendre 1973 et la Bagheera, fabriquée par Simca-Chrysler, en collaboration avec Matra.
Au total, presque 25.000 exemplaires de carrosseries nues sont produits dans les ateliers Bertone, dans la banlieue de Turin, et qui rejoignent, par train, l’usine Simca de Poissy pour y recevoir la partie mécanique. Mais la 1200 S ne sera produite qu’à 14.400 exemplaires, entre 1967 et 1971, sans jamais avoir réussi à séduire la clientèle visée par ses concepteurs dotant plus que sa carrière sportive est compromise par la Simca CG, née en 1966 et les Rallye 2, moins chères qui allaient faire les beaux jours du Simca Racing Team.
Caractéristiques Techniques :
Moteur : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes ; porte-à-faux AR ; 2 carburateurs double corps Solex 35 PHH 5. Cylindrée : 1204 cm3 ; Puissance maxi (ch à tr/mn) : 85 à 6200 ; Couple maxi (Nm à tr/mn) : 105 à 4500. Transmission : AR ; Boîte de vitesses 4 rapports. Poids et dimensions : 890 Kg ; Longueur : 3,92 m ; Largeur : 1,52 m ; Hauteur : 1,25 m ; Empattement : 2,23 m. Performances : Vitesse maxi : 178 km/h.
Prix du modèle neuf en 1968 : 14.400 F soit 18.797 € avec 756% d’inflation sur la période.
Si j’évoque un personnage en imperméable beige tout fripé au volant d’une vieille Peugeot 403 décapotable grise (qui reste d’ailleurs toujours capotée), cette association ne manquera pas de faire naître dans votre esprit le nom du lieutenant Colombo, ce policier californien de la brigade des homicides qui bien qu’il ne paie pas de mine, apparemment maladroit et gaffeur, est en réalité vif d’esprit et d’une efficacité redoutable. C’est sûrement pour cela que Peter Folk, l’acteur qui l’incarne, a choisi une voiture en accord avec sa personnalité. Comment l’acteur et la voiture se sont-ils rencontrés. Il existe plusieurs histoires. Évoquons d’abord la version du constructeur au Lion :
” Comment ce cabriolet de la marque au Lion est-il arrivé là alors que cette version n’a jamais été vendue aux USA ? L’un des secrétaires permanent de l’Aventure Peugeot, Francis Piquera, partage la version la plus plausible de cette histoire dans un numéro du magazine La Vie de l’Auto (octobre 2015). L’acheteur du cabriolet star de la série télévisée était apparemment un cadre de l’aviation civile. Cet acheteur aurait été muté en 1962 dans un bureau d’Air France en Californie et y aurait emmené sa voiture. Arrivé sur le sol américain, cet acheteur a peut-être été séduit par une voiture américaine et aurait donc troqué sa française pour un modèle US. Son caractère bien trempé aura sûrement plu aux réalisateurs de la série afin d’appuyer la personnalité du lieutenant Columbo. Ou peut-être est-ce sa femme qui aura craqué pour la ligne cabriolet de cette Peugeot 403 J.”
Selon une autre source, Peter Falk aurait choisi la Peugeot 403 en rencontrant par hasard l’acteur français Roger Pierre qui était alors en voyage aux États-Unis au volant de sa voiture personnelle. Peter Falk eut aussitôt le coup de foudre pour cette voiture, et tint à ce que le producteur de la série la rachète aussitôt à Roger Pierre, qui rentra en France sans sa voiture.
La Série TV :
Columbo est une série télévisée policière américaine de Richard Levinson et William Link dans laquelle le rôle-titre est interprété par Peter Falk. Elle fut diffusée aux USA de février 1968 à mai 1978 sur le réseau NBC pour les 46 premiers épisodes (4 ans plus tard en France), puis de février 1989 à janvier 2003 sur NBC pour les 24 derniers épisodes (3 ans plus tard en France).
Columbo est un lieutenant de police du L.A.P.D. avec qui, comme on le dit parfois, “l’habit ne fait pas le moine”. Il chasse les criminels de la upper class cigare au bec, vêtu d’un imperméable trop ample et tout défraichi qui restera le même tout au long de la série. Il se déplace systématiquement avec sa vieille guimbarde, une Peugeot 403 théoriquement décapotable, qui fait systématiquement tâche par rapport aux modèles de luxe que possèdent les gens richissimes qu’il veut arrêter.
Le train de vie de ce fils d’immigré italien est modeste. Il joue au bowling avec sa femme, promène son Basset Hound qu’il appelle « le Chien » (une bête particulièrement têtue et fainéante), mange du chili et des hot-dogs, écoute de la musique country et des valses de Strauss. Il est toujours à la recherche de « bons plans » pour obtenir un bien ou un service à moindre coût… A l’inverse, les privilégiés sur lesquels il enquête appartiennent à la jet set : tous affichent une opulence qui n’est pas que matérielle mais également politique, culturelle ou symbolique : Ils sont auteurs de best-sellers, experts gastronomes, scientifiques éminents, officiers autoritaires, chefs d’entreprise, politiciens ambitieux, journalistes redoutés, stars d’Hollywood, vedettes du petit écran…
Contrairement aux autres séries du genre, le lieutenant n’est pas armé et le spectateur connait l’assassin dès le début de l’épisode, l’intérêt de l’intrigue consistant à découvrir de quelle façon l’enquêteur parviendra à démasquer le criminel. Pour enquêter, Columbo passe chaque jour voir son suspect pour lui poser de nouvelles questions, parfois les mêmes que la veille mais avec de nouveau éléments, évoquant souvent des anecdotes insignifiantes dans les quelles il parle de sa femme que l’on ne voit d’ailleurs jamais à l’écran. Il est tellement tenace qu’il irrite immanquablement le meurtrier qui l’avait pris, dans un premier temps pour un imbécile inorganisé, égarant souvent les objets qu’il a en sa possession et fouillant régulièrement ses poches remplies de bouts de cigares entamés et d’objets hétéroclites sans valeur. Cette attitude qui permet de mieux endormir leur vigilance porte toujours ses fruits et ne manque pas de faire jubiler le spectateur tout au long de chaque épisode.
Mais, ne nous leurrons pas, ce feuilleton est tout sauf anodin et son réalisateur n’a jamais dû voter républicain. Ainsi, la série Columbo est bien plus subversive qu’il n’y parait puisqu’elle met en scène un affrontement de classe dans lequel un modeste inspecteur parvient, en dernier ressort, à triompher d’un nabab condescendant et sans scrupule, souvent enrichi par la corruption, prêt à tuer pour garder son statut de privilégié. On est très loin du “rêve américain” donné en pâture pour tous. Et la jubilation du spectateur, qu’il soit nord-américain ou français, est d’autant plus grande que cette chute ultime paraissait improbable en regard du mépris de classe que manifestait le meurtrier envers notre fin limier modeste, inculte et mal fagoté. Le Lieutenant Columbo, malgré qu’il soit flic, les gilets jaunes doivent sûrement l’apprécier…
La Peugeot 403 :
Lorsque Peugeot présente sa 403 en 1955, cette dernière ne fait pas date comme l’avait fait la 203 en son temps sur le plan des innovations techniques. Sur le terrain commercial en revanche, c’est un bon cheval de bataille qui, bénéficie de la bonne réputation de robustesse de Peugeot. L’augmentation de cylindrée fait passer la puissance de 46 à 58 ch, ce qui est lion d’être négligeable. Le moteur est d’ailleurs sobre, souple et silencieux. La vitesse maximale frôle les 135 km/h, valeur honorable pour une 1500 de grande série des années 50. La consommation reste inférieur à 10 litres sur route. On apprécie par ailleurs la souplesse du moteur qui accepte de rouler à 20 km/h en troisième tandis que la seconde autorise des reprises à des allures proche de l’arrêt. La boîte est bien synchronisée, les freins satisfaisants et la direction précise et douce sauf à l’arrêt. La suspension est confortable et la tenue de route très supérieure à celle de sa sœur cadette. L’habitabilité est excellente pour 5 personnes.
Le cabriolet : est apparu en août 1956. Dérivé de la berline 403, le cabriolet grand luxe est la vedette du stand Peugeot au Salon de Paris d’octobre 1956. Sa ligne est l’œuvre du bureau du style de la Marque qui reprend la partie avant de la berline (dessinée par Pininfarina), modifie le pare-brise, allonge la portière, et crée une partie arrière spécifique qui, outre son élégance, permet de disposer d’un coffre généreux. L’intérieur diffère de celui du modèle de base et bénéficie d’intérieurs en cuir de couleurs sable, noir, bleu ou rouge. Cinq teintes de carrosserie dont trois teintes métallisées spécifiques sont proposées, une première à l’époque pour la Marque. Réalisés dans les ateliers de carrosseries spéciales de Peugeot à La Garenne (92) 2050 cabriolets sont produits de 1956 à juin 1961.
En septembre 1956, naissance de la familiale et de la commerciale, puis le mois suivant de la camionnette bâchée. En octobre 1959 est commercialisée une version Diesel à moteur Indenor, ce qui fera de la 403 la première voiture française Diesel de série. Cette même année apparaît la version dépouillée à moteur 7 CV de la 203. En 1962, la calandre de la 8 CV comporte des barrette horizontales comme la 404 (deux pour la 403 au lieu de 4 pour la 404). La 403 proposait en option un antivol. Il s’agissait d’un Neiman actionné par une clé de contact, le démarreur étant lancé par un bouton-poussoir en bakélite installé en bas du tableau de bord, à droite du volant.
Il a été produit 1.214.126 exemplaires de la Peugeot 403. Sa construction a été arrêtée en novembre 1966.
Caractéristiques techniques: Voir la brochure ci-dessous.
Prix du modèle en 1959 : La 403 berline Grand Luxe valait 825.000 anciens francs ; un cabriolet valait 1.370.000 anciens francs, soit respectivement 15.000 € pour la version Grand Luxe et 25.000 € pour le cabriolet compte tenu de l’inflation de 1096% sur la période.
Cote actuelle : à partir de 3000 € pour une berline ; 55.000 € pour un cabriolet.
En ces temps pré-révolutionnaires, beaucoup de gens ouvrent enfin les yeux et dénoncent l’indécence de notre système libéral qui oppresse une grande partie de la population. Pour survivre, la majorité de nos concitoyens en est réduite à faire un travail d’esclave sous-payé pour le plus grand profit d’une caste de rentiers pleins aux as. Une des pistes pour solutionner ces injustices serait d’oser envisager un authentique et décent revenu universel permettant aux “sans-dents” que nous sommes d’exprimer librement son droit à la paresse, d’autant plus que très bientôt, nos jobs rémunérées au lance-pierre seront effectués par une armée de robots bénévoles, infatigables et non syndiqués. Dans son fameux pamphlet paru en 1880, intitulé justement “Le Droit à la Paresse”, Paul Lartigue décrivait déjà les effets pernicieux du travail :
« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture… »
Le Film :
En 1968, Yves Robert prit au mot Paul Lartigue en réalisant “Alexandre le Bienheureux”, un film jubilatoire dont le protagoniste est Alexandre (Philippe Noiret), un cultivateur bon vivant et nonchalant qui est sous l’emprise de «la Grande» (Françoise Brion), son ambitieuse et tyrannique épouse. Cette dernière possède la plus grosse ferme de l’endroit, et lui impose chaque jour une masse de travaux le laissant à bout de force. Cette dernière disparaît dans un accident de voiture, mais loin d’en être affecté, notre jeune veuf éprouve un grand soulagement et se sent libéré de son labeur : il décide alors de s’accorder un repos qu’il juge mérité, afin de prendre le temps de savourer la vie en compagnie de son espiègle Fox Terrier. Son comportement sème rapidement le trouble dans le petit village par l’exemple qu’il donne, et une partie des habitants décident de le forcer à reprendre le travail. Mais ils échouent, et Alexandre commence à faire des émules. Cependant, la jolie Agathe finit par le séduire. Sa liberté risquerait-elle d’être compromise?
C’est avec ce film, tourné par Yves Robert dans la campagne autour des villages d’Alluyes et de Dangeau, en Eure-et-Loir, que Philippe Noiret incarne son premier rôle principal au cinéma après des années de seconds rôles, alors que c’est le véritable premier rôle au cinéma pour Pierre Richard, qui collaborera plusieurs fois avec Yves Robert.
Extraits du pamphlet “Le Droit à la Paresse” de Paul Lartigue (1880):
« Aristote prévoyait que « si chaque outil pouvait exécuter sans sommation, ou bien de lui-même, sa fonction propre, comme les chefs-d’œuvre de Dédale se mouvaient d’eux-mêmes, ou comme les trépieds de Vulcain se mettaient spontanément à leur travail sacré ; si, par exemple, les navettes des tisserands tissaient d’elles-mêmes, le chef d’atelier n’aurait plus besoin d’aides, ni le maître d’esclaves. Le rêve d’Aristote est notre réalité. Nos machines au souffle de feu, aux membres d’acier, infatigables, à la fécondité merveilleuse, inépuisable, accomplissent docilement d’elles-mêmes leur travail sacré ; et cependant le génie des grands philosophes du capitalisme reste dominé par le préjugé du salariat, le pire des esclavages. Ils ne comprennent pas encore que la machine est le rédempteur de l’humanité, le Dieu qui rachètera l’homme des sordidæ artes et du travail salarié, le Dieu qui lui donnera des loisirs et la liberté. »
« Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l’homme, qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… »
« Pour qu’il parvienne à la conscience de sa force, il faut que le prolétariat foule aux pieds les préjugés de la morale chrétienne, économique, libre penseuse ; il faut qu’il retourne à ses instincts naturels, qu’il proclame les Droits de la Paresse, mille et mille fois plus sacrés que les phtisiques Droits de l’Homme concoctés par les avocats métaphysiques de la révolution bourgeoise ; qu’il se contraigne à ne travailler que trois heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit. »
“Paressons en toute chose, hormis en aimant et en buvant, hormis en paressant”.
Voir sur YouTube : “Alexandre le Bienheureux ( bande annonce )” par Yves Lemerce