Livre & Film – Club Dumas (1993) & La Neuvième Porte (1999)

“Club Dumas” est un roman écrit par Arturo Pérez-Reverte, édité en 1993 chez Lattès puis, en Livre de Poche (No 7656). La trame du livre se déroule dans un monde de libraires antiquaires, faisant écho à son précédent ouvrage de 1990, “Le Tableau du Maître Flamand”.

L’histoire suit les aventures d’un libraire, Lucas Corso, engagé pour authentifier un manuscrit rare d’Alexandre Dumas, père. On y retrouve deux personnages de ce célèbre roman à travers Milady, sous les traits de Liana Telfer, et Rochefort, sous l’apparence d’un garde-du-corps balafré. Puis l’enquête de Corso l’amène à chercher deux exemplaires d’un livre rare (fictif) connu sous le nom de De Umbrarum Regni Novem Portis (Des neuf portes du royaume des ombres). Corso rencontre une foule de personnages intrigants au cours de son voyage d’investigation, y compris des adorateurs du diable, des bibliophiles obsédés et une femme fatale hypnotiquement séduisante. Les voyages de Corso le mènent à Madrid (Espagne), Sintra (Portugal), Paris (France) et Tolède (Espagne).

Club Dumas regorge de détails allant des habitudes de travail d’Alexandre Dumas à la façon dont on pourrait forger un texte du XVIIe siècle, en passant par un aperçu de la démonologie.

En 1998, The Club Dumas a été nominé pour le Anthony Award du meilleur roman, le Macavity Award du meilleur roman et le World Fantasy Award du meilleur roman.

Arturo Pérez-Reverte – Club Dumas (1993)

Les personnages principaux du livre :

Aristide Torchia : né en 1620, est l’auteur fictif d’un ouvrage ésotérique imaginé par Arturo Pérez-Reverte. Il fut apprenti à Leyde sous la famille Elzevir. De retour à Venise, il publie de petits ouvrages sur des thèmes philosophiques et ésotériques. En 1666, Torchia publie De Umbrarum Regni Novem Portis (Les neuf portes du royaume des ombres), basé sur le Delomelanicon, un travail prétendument écrit par Lucifer et qui permettrait au lecteur d’invoquer des démons. L’Inquisition a condamné Torchia pour magie et sorcellerie et l’a brûlé sur le bûcher en 1667.

Lucas Corso : Ce chasseur de livres de 45 ans, sans aucun scrupule, amateur de gin néerlandais parcourt l’Europe pour dénicher des éditions rares demandées par les libraires. C’est aussi un grand connaisseur de littérature populaire et un amateur de l’épopée napoléonienne, à laquelle son arrière-arrière-grand-oncle a participé en tant que grenadier puis consul en Espagne, Le monde du livre prend une dimension trop importante chez lui à tel point qu’il arrive à confondre monde réel et monde littéraire fictif.

Irene Adler : Ce personnage énigmatique (tiré de l’univers de Conan Doyle dans Sherlock Holmes) accompagne Corso tout au long de son périple, elle sera aussi son amante. On la retrouvera dans le film de Polanski sous les traits d’Emmanuelle Seigner. Elle apparaît en étudiante avec son sac de livres lors d’une conférence donné par Balkan dans un café. Elle a environ vingt ans, une “allure de garçon” et des “yeux verts presque transparents”. Non seulement elle porte le nom de l’aventurière de Sherlock Holmes, mais son passeport porte comme adresse le 223B Baker Street. Elle est un lien entre les deux univers du roman populaire et de l’ésotérisme. Grande lectrice, elle lit les Trois Mousquetaires, mais aussi de la littérature fantastique : Melmoth ou l’Homme errant et surtout Le Diable amoureux de Jacques Cazotte, dont elle semble être la réincarnation du personnage “diabolique” de Biondetta. Elle est experte en combat à mains nues, elle dit avoir appris le truc en perdant contre un ange.

Boris Balkan : Narrateur et protagoniste de l’histoire n’intervient que dans trois chapitres, pour décrire ses rencontres avec Corso. C’est un traducteur, critique littéraire et spécialiste de littérature populaire du XIXe siècle (“mon domaine est le feuilleton”), dont il est intarissable. Sa dernière intervention donnera le sens de l’ intrigue. Il est l’ “ombre de Richelieu” .

Victor Fargas : Propriétaire déchu d’une des plus prestigieuses bibliothèque d’Europe. Bibliomane, il vit dans le dénuement dans une quinta (ferme) à l’abandon proche de Sintra, au Portugal. Il est forcé pour vivre de vendre certains de ses ouvrages. il possède un des trois exemplaires des Neufs Portes . Après la visite de Corso, il meurt assassiné.

Varo Borja : Libraire ultra spécialisé (“cinquante livres en catalogue”) et “millionnaire”, il vit dans l’opulence à Tolède. Il se passionne pour la démonologie dont il possède une riche collection d’ouvrages anciens. Il demande à Corso de vérifier que son exemplaire des Neufs Portes est authentique (seul l’un des trois existants l’est d’après une interprétation de l’imprimeur Torchia et il est persuadé que le sien est faux). Son nom évoque la famille Borja/Borgia, qui comme lui avait des liens avec l’occultisme et qui a inspiré à Alexandre Dumas deux de ses ouvrages.

Les frères Pedro et Paolo Ceniza : Restaurateurs de livres anciens dans le vieux Madrid, conseillers techniques de Corso. ils possèdent les savoir-faire pour rendre à l’identique des vieux ouvrages, et on les soupçonne d’être aussi des faussaires très habiles. Ils ont eu entre leurs mains l’exemplaire des Neufs Portes, avant qu’il ne soit acquis par Vargas. L’auteur rend hommage aux frères Raso de la Papelería y Encuadernación de Madrid qu’il a fréquentée dans les années 1970.

Extraits du livre :

“Corso était un mercenaire de la bibliophilie, un chasseur de livres à gages. Ce qui veut dire doigts sales et parole facile, bons réflexes, de la patience et beaucoup de chance. Sans oublier une mémoire prodigieuse, capable de se souvenir dans quel coin poussiéreux d’une échoppe de bouquiniste sommeille ce volume sur lequel on le paiera une fortune. Sa clientèle était restreinte, mais choisie : une vingtaine de libraires de Milan, Paris, Londres, Barcelone ou Lausanne, de ceux qui ne vendent que sur catalogue, investissent à coup sûr et de tiennent jamais plus d’une cinquantaine de titres à la fois ; aristocrates de l’incunable pour qui parchemin au lieu de vélin ou trois centimètres de plus de marge se comptent en milliers de dollars.”

“C’est curieux. En littérature, il existe des personnages de fiction doués d’une identité propre, connus de millions de personnes qui n’ont pas lu les livres où ils apparaissent. L’Angleterre en a trois : Sherlock Holmes, Roméo et Robinson. En Espagne, deux : don Quichotte et don Juan. En France : d’Artagnan.”

“Tu es mort, comme tes livres. Tu n’as jamais aimé personne, Corso.” 

Le Film :

Roman Polanski – La Neuvième porte (1999)

La Neuvième Porte est un excellent thriller sorti en 1999, réalisé, produit et co-écrit par Roman Polanski. Cette coproduction internationale entre les États-Unis, le Portugal, la France et l’Espagne est librement inspirée du roman que je viens d’évoquer. L’intrigue consiste à authentifier un livre rare et ancien qui contient prétendument un secret magique pour invoquer Lucifer. La première projection eut lieu à Saint-Sébastien, en Espagne, le 25 août 1999, un mois avant le 47e Festival international du film qui s’y déroule. Bien qu’échec critique et commercial en Amérique du Nord, où les journalistes l’ont comparé défavorablement au film fantastique de Polanski Rosemary’s Baby (1968), La Neuvième Porte a tout de même été un succès populaire en Europe, notamment en France où la critique l’a injustement brocardé. Il a rapporté un montant brut mondial de 58,4 millions de dollars contre un budget de 38 millions de dollars.

Polanski suit l’intrigue de base du livre dans les deux premiers tiers du film, la finale étant considérablement modifiée. La part belle est donnée à l’enquête sur l’ouvrage sulfureux d’Aristide Torchia. Les rôles de plusieurs personnages diminuent, s’étendent, fusionnent, s’échangent ou disparaissent complètement, et l’une des intrigues secondaires les plus importantes du roman – la connexion Dumas – est entièrement supprimée. Au fil des évènements, Lucifer, le prétendu auteur du livre, exerce une emprise croissante sur Dean Corso (Johnny Deep). Les neuf gravures illustrant les trois seuls exemplaires de l’ouvrage signées alternativement Aristide Torchia ou Lucifer) représentent en fait les consignes à suivre à la lettre pour pouvoir entrer au Royaume des Ombres. Dean Corso les respecte sans même s’en apercevoir, c’est la raison pour laquelle il réussit là où d’autres ont échoué. C’est là une nouvelle lecture à faire lorsqu’on revoit ce film, qui est trop dense pour être bien appréhendé au premier visionnage.

Une autre lecture du film peut-être faite, plus satirique celle-là, (dans la même veine que le célèbre “bal des Vampires”, mais un ton en dessous) les cultes sectaires et sataniques étant tournés en dérisions à de nombreuses reprises, notamment lors des scènes tournées aux château de Ferrières et de Puivert en présence de Balkan (Frank Langella). Elles n’ont pas convaincu le public, peut-être parce-que le personnage de Corso interprété brillamment par Johnny Deep y est un peu austère, conforme au roman. Mais l’ambiance de ce tournage fut pour lui loin d’être l’enfer puisqu’il y rencontra Vanessa Paradis (sa future compagne) dans le hall de l’Hôtel Costes à Paris, comme il le racontera à la BBC en 2011 : “Elle portait une robe dos-nu et j’ai vu ce dos et ce cou et quand elle s’est retournée j’ai vu ces yeux”.

Voir sur YouTube : “La neuvième porte film complet français par “SNAP netfix-officiel.

Film & Oldtimer – Goldfinger (1965) – Aston Martin DB5 (1963-65)

La voiture truffée de gadgets présentée par Q à 007 dans le film Goldfinger est une Aston Martin DB5. Elle possède, entre autres, des vitres pare-balles, un blindage amovible sort du coffre, elle peut modifier ses plaques minéralogiques (Anglaises, Françaises ou Suisses), les feux arrières dissimulent un réservoir pulvérisant de l’huile et (ou) une réserve de clous qui peuvent être lâchés sur la route pour stopper ses poursuivants. Elle est équipée d’un radar, un destructeur de pneu est caché dans les moyeux des jantes à rayon et le siège passager est éjectable. Enfin, une mitrailleuse à canon court est cachée derrière les feux de position avant gauche et droite

Trois exemplaires de ce bel objet furent construits par l’usine Aston Martin et participèrent à une campagne publicitaire pour le film qui, si elle augmenta sûrement le nombre de spectateurs de ce dernier, accrut de façon tout aussi certaine les ventes de la DB5, en particulier aux USA où l’on est pas trop regardant sur le bon goût des méthodes publicitaires.

Sean Connery, le premier 007 :

En 1961, alors que le quotidien “Daily Express” cherche (en vain) par un concours, le visage de celui qui pourrait idéalement interpréter le héros d’un film d’aventures d’un nouveau genre, un des producteur de ce film, A.R. Broccoli, remarque Sean Connery dans une production de Walt Disney “Darby O’Gill et les Farfadets” et le convoque. Pour l’occasion, Sean ne fait aucun effort particulier. Il ne porte pas la cravate, répond de manière distraite et refuse de faire des essais. Qu’à cela ne tienne! La différence avec les autres postulants est évidente. Le “je-ne-sais-quoi” de gentil mais animal, l’allure caractéristique mais toujours britannique correspondent au mieux à ce dont les producteurs rêvent pour incarner le héros de Ian Fleming dans le film “James Bond 007 contre Dr. No”. Le succès de la série ne se démentira pas puisque 4 ans plus tard, Sean Connery interprète toujours l’espion dans le troisième opus sorti en 1965 : Goldfinger.

Goldfinger : 

Affiche de Goldfinger

James Bond a pour mission d’enquêter sur les activités suspectes du Milliardaire Auric Goldfinger (Gert Frobe). L’agent secret commence par séduire  Jill Masterson (Shirley Eaton), la maîtresse du milliardaire. En représailles, celle-ci meurt, le corps entièrement peint en or. Mêlant ses sentiments personnels et son enquête, James Bond suit Goldfinger jusqu’en Suisse. Cette filature l’amène un soir devant les usines Auric où il rencontre  Tilly Masterson (Tanya Mallet), venue là pour venger sa soeur. Surpris par des gardes, ils prennet la fuite, durant laquelle Tilly est tuée par Oddjob (Harold Sakata), le garde du corps asiatique de Goldfinger, dont l’arme de prédilection est un chapeau aux bords d’acier.

Prisonnier de Goldfinger, 007 est emmené par Pussy Galore (Honor Blackman), pilote personnelle du milliardaire, dans son bureau aux Etats-Unis. Goldfinger lui dévoile alors son incroyable projet “Grand Schlem” : attaquer Fort Knox pour y placer une bombe atomique qui rendra l’or radio-actif et permettra ainsi à Goldfinger de spéculer…

Anecdodes du film :

Fort Knox, où est censé se dérouler toute la séquence finale du film, a été recréé à l’identique (la taille y compris) en studio, car il était impossible de tourner sur le site pour des raisons de sécurité. Ce décor énorme devint à l’époque le plus cher jamais construit. Mais Goldfinger entra dans le Guinness Book pour avoir récupéré sa mise (3 millions de dollars) en un temps record de deux semaines.

La tradition selon laquelle le thème introductif des James bond devient une chanson pop est lancée avec Goldfinger. Ici, le thème de John Barry, chanté par Shirley Bassey, fut un succès dans les charts américains. Dans le générique d’ouverture, ce sont des extraits des trois premiers James Bond qui sont projetés sur le corps peint en or de Margaret Nolan.

Aston Martin DB5 (1963-65) : 

Publicité d’époque Aston Martin DB5

Les débuts d’un modèle entièrement original ne sont jamais faciles pour une petite firme comme Aston Martin. La nouvelle DB4 arrivée en 1958 n’échappa guère aux maladies de jeunesse. Pour son malheur, son lancement avait coïncidé avec l’ouverture de la première autoroute anglaise. Ces problèmes furent progressivement corrigés et au début des années 60, la DB4 était devenue un modèle fiable. Pour marquer ce nouveau départ, Aston Martin présenta en 1963 la DB5, qui n’est qu’une DB4 au point équipée d’un moteur 4 litres (celui des Lagonda).

Un moteur réalésé :

La DB5 a marqué son époque en associant une robe élégante et une puissante mécanique, un six-cylindres en ligne de 4 litres. La principale différence entre la DB4 et sa remplaçante la DB5 se situe au niveau du moteur. Ce dernier, un six-cylindres en ligne double arbre, est en effet porté à une cylindrée de 4 litres contre les 3,7 litres de la DB4. Cette nouvelle configuration moteur lui confère ainsi près de 282 ch à 5500 tr/min pour être propulsée à une vitesse maximale de 230 km/h. Son couple atteint les 390 Nm à 3850 tr/min. La DB5 effectue ainsi le 0 à 100 km/h en 8,1 s.

La mécanique de la DB5 s’équipe d’une boîte de vitesses ZF à cinq rapports, qui remplace l’ancienne transmission «David Brown» à quatre vitesses. Il semble que cette nouvelle boîte soit bien plus avantageuse que la précédente. Une boîte automatique «Borg-Warner» à trois vitesses est également disponible.

Carrossée par un italien : 

Don Hayter esquisse la ligne générale de la voiture qui est revue par Frederico Formenti responsable de la mise en forme de la DB4 chez Carrozzeria Touring. Extérieurement, la DB5 se signalait par ses phares recouverts d’un carénage transparent qui était jusque là le privilège de la BB4 Vantage. Proposée en coupé et cabriolet, la DB5 affiche les traits stylistiques des Aston Martin actuelles et passées, à savoir la flèche chromée sur les flancs avant, mais également la calandre en «T retourné». Ce dernier trait est d’ailleurs le plus visible et caractéristique de la marque. Sa ligne n’est pas nouvelle, étant donné qu’elle reprend celle de la DB4 Vantage.

13 exemplaires sortis en version “break de chasse” :

La DB5 étant quelque peu exigüe, David Brown décide de se construire un break personnel pour transporter ses équipements de chasse et ses chiens. Contre toute attente, les clients trouvent ce break attirant, si bien que pour répondre à la demande, Aston Martin confiera au carrosier Harold Radford la réalisation d’une série très limitée de 12 autres DB5 break.

La DB5 a été construite à 1018 exemplaires de juillet 1963 à septembre 1965. C’est un des modèles les plus recherchés par les amateurs d’Aston Martin.

Caractéristiques Techniques :

Moteur : 6 cylindres en ligne 12S ; 2 arbres à cames en tête ; Cylindrée : 3996 cm3 ; Puissance maximale : 282 ch à 5500 tr/min.
Transmission : Propulsion. Boîte de vitesse 4 rapports puis ZF 5 rapports.
Poids et performances : 1465 kg ; Vitesse maximale :230 km/h ; Accélération : 0 à 100 km/h en 7,5 s.
Consommation mixte : 15 l/100 km.
Châssis & Carrosserie : Coupé, roadster cabriolet, break de chasse.
Suspensions : Triangles superposés (avant) : pont rigide, ressorts hélicoïdaux (arrière).
Freins : Quatre disques.
Dimensions : Longueur : 4570 mm ; Largeur : 1680 mm ; Hauteur : 1380 mm ; Empattement : 2490 mm.

Cote du modèle : à partir de 650.000 €.

Film – La Situation est Grave… Mais pas Désespérée ! (1976)

L’histoire :

En ce jour du réveillon de noël, dans leur superbe propriété, Sophie de Valrude (Maria Pacôme) et Bertrand Duvernois (Jean Lefebvre) attendent l’arrivée du secrétaire d’état à la culture Pierre Mazard (Michel Serrault). Bertrand, qui est promoteur immobilier, veut essayer d’obtenir une dérogation permettant la construction d’une tour de quarante étages à Paris. Cette rencontre devant se faire dans la plus grande discrétion, le ministre n’hésite pas à profiter de l’occasion pour venir au rendez-vous en compagnie de sa jeune secrétaire et maîtresse (Catherine Serre). Naturellement, tout va partir en vrille, et les précautions prises pour respecter l’incognito de l’homme politique vont se voir rapidement réduite à néant. Non seulement la voiture du ministre est accidentée, mais au moment de son arrivée, un dangereux criminel en fuite à la suite d’un hold-up choisit de se cacher dans le parc du château et provoque la mobilisation de la brigade anti-gang. L’inspecteur Landrin (Daniel Prévost) fait irruption dans la propriété et commence ses recherches.

La situation s’embrouille encore plus quand Philippe de Valrude (Gabriel Cattand), l’ancien mari de Sophie porté disparu en Amazonie, est de retour dans ses pénates suite à une longue amnésie. De même, rien ne s’arrange quand Florence (Colette Teissèdre), la très jalouse femme du ministre, survient sur les lieux. Enfin, pour couronner le tout, un homme mystérieux s’en vient mourir sous le divan du salon de Sophie. Devant le “fantôme” de son ancien patron Philippe de Valrude, qui soucieux de ne pas effrayer sa femme par son retour impromptu, se cache dans les placards, et un cadavre ambulant que chacun dissimule du mieux qu’il peut afin d’éviter un scandale, Annie, la bonne de Sophie (Cécile Vassort) passe son temps à s’évanouir, ce qui force Pierre Mazard à jouer les médecins, dans l’espoir de préserver son incognito compromis. L’inspecteur Landrin découvrira finalement le corps de son chef, le commissaire Lebreton (Gaston Meunier) qu’il a lui-même tué par méprise. La situation est vraiment grave… Mais la suite prouvera qu’elle n’est pas désespérée.

Le film : 

La Situation est Grave… Mais pas Désespérée !

Cette comédie hilarante réalisée par Jacques Besnard est menée tambour battant par un quatuor de talent : Jean Lefebvre, Michel Serrault, Maria Pacôme et Daniel Prévost. Le scénario est tiré d’une pièce de Pierre Germont et les dialogues sont de Jean Amadou. Les scènes ayant lieu dans la propriété ont été tournées au château de Nandy, en Seine-et-Marne, devant la porte et dans le parc du Château de Rueil à Seraincourt, dans le Val-d’Oise ainsi que dans la chapelle de ce château. Le film a fait 600.000 entrées en France.

Voir sur Dailymotion : “La situation est grave mais pas désespèrée” par Laurent Cleret

Film & Livre – Fantomas (1964-67)

Fantomas est connu pour son adaptation au cinéma réalisée par André Hunebelle, premier opus d’une trilogie mettant en scène le trio Jean Marais, Louis de Funès et Mylène Demongeot. Mais il faut savoir que ce personnage est très librement inspiré d’une saga de trente-deux titres écrits par Pierre Souvestre et Marcel Allain qui, un siècle plus tard, garde toute sa vitalité inventive et jubilatoire. Et le mystère engendré par ce criminel demeure l’un des plus fascinants qui soient, digne des figures les plus troublantes de la littérature contemporaine. Fantômas inspira aussi cinq adaptations cinématographiques réalisées par Louis Feuillade entre 1913 et 1914, ainsi qu’une mini-série franco-allemande en quatre épisodes de 90 minutes, créée par Bernard Revon, réalisée en 1979 par Claude Chabrol et Juan Luis Buñuel et diffusée en 1980 sur Antenne 2.

La saga en roman (1910-1911) :

Fantômas est un personnage de fiction français créé en 1910-1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain. La silhouette encagoulée du maître du crime devient une figure emblématique de la littérature populaire de la Belle Époque et du serial français à la suite de la diffusion des trente-deux romans des deux coauteurs (1911-1913) et des adaptations cinématographiques réalisées par Louis Feuillade (voir ci-dessous le film muet : “Fantomas – A l’ombre de la guillotine (1913)”. La saga connaît un succès public et suscite l’enthousiasme de grands écrivains et artistes.

Interrompue par la mort de Pierre Souvestre et le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la série est reprise par le seul Marcel Allain après-guerre. Fantômas demeure un des feuilletons les plus marquants de la littérature populaire en France, bien que le personnage-titre s’inscrive dans la tradition des génies du crime incarnés par Rocambole (et le mentor de ce dernier, Sir Williams), le colonel Bozzo-Corona (“parrain” de la société secrète criminelle des Habits noirs imaginée par Paul Féval), Zigomar (criminel masqué créé par Léon Sazie), Erik, le Fantôme de l’Opéran de Gaston Leroux et l’Arsène Lupin de Maurice Leblanc, moins terrifiant mais non dénué d’ombres. Pierre Souvestre et Marcel Allain qui écrivent des roman-feuilletons depuis 1909, cosignent entre 1911 et 1913 Fantômas, une série de trente-deux volumes à 65 centimes, l’éditeur Arthème Fayard leur imposant par contrat l’écriture d’un roman par mois.

Selon Marcel Allain, à cause du rythme de production exigé par Arthème Fayard, les volumes du roman ont été initialement dictés par lui et Pierre Souvestre à l’aide d’un dictaphone, puis saisis la nuit par des dactylos. Par ce procédé, Fantômas impose un style débridé (qui évoquera aux surréalistes l’écriture automatique) ainsi que des intrigues sombres et tortueuses construites autour des crimes de son (anti)héros à l’imagination sans limite, intrigues animées par des courses poursuites échevelées qui font appel à toutes les ressources de la technologie (automobile, train, paquebot – et même fusée dans les années 1960) et baignées dans une atmosphère poético-fantastique.

Fantômas ressuscite par ailleurs, pour les lecteurs contemporains, la société de la Belle Époque et notamment un Paris disparu, dans la lignée des feuilletonistes du XIXe siècle (Eugène Sue notamment), les apaches succédant aux mohicans d’Alexandre Dumas dans la jungle urbaine européenne. L’insaisissable bandit, l’«armée du crimen» dont il dispose ainsi que ses adversaires font également de brèves échappées en Afrique et en Amérique, jusque dans l’espace dans le dernier épisode rédigé par Marcel Allain seul. Pierre Souvestre et Marcel Allain collectionnent ainsi les faits divers qui émaillent la presse française mais aussi anglo-saxonne, participant à la psychose d’insécurité relayée par cette presse.

Le triomphe du bandit masqué fut immédiat : Blaise Cendrars écrit dans la revue d’Apollinaire Les Soirées de Paris : «Fantômas, c’est l’Énéide des temps modernes». Apollinaire, Max Jacob, Blaise Cendrars, Robert Desnos, Jean Cocteau et les surréalistes célébrèrent à l’envi le criminel en cagoule et collants noirs (l’uniforme de la plupart de ses mauvais coup nocturnes) ou masqué d’un loup noir, en frac et haut de forme, enjambant Paris en brandissant un couteau ensanglanté (la célèbre couverture de l’édition originale du premier volume, souvent reprise et elle-même inspirée par une publicité pour des pilules).

La Trilogie d’André Hunebelle (1964-1967) : 

Fantomas (1964)

Fantômas est davantage connu aujourd’hui dans l’imaginaire populaire par le biais des comédies d’aventures avec Louis de Funès et Jean Marais. Cependant, le masque bleu et les gadgets technologiques (dont la Citroën DS volante) du bandit, le Juve hystérique et maladroit et le Fandor ambigu (pour cause puisque le même acteur – Jean Marais – interprète à la fois le criminel et son irréductible ennemi, le journaliste Fandor) de cette trilogie cinématographique n’entretiennent aucun rapport avec la saga littéraire de Pierre Souvestre et Marcel Allain, le seul élément fidèle demeurant la propension au déguisement des personnages principaux.

Reprenant les personnages principaux (Fantômas, le journaliste Fandor, le commissaire Juve, Hélène et Lady Beltham) de l’œuvre, Hunebelle et Jean Halain son fils et scénariste proposent dans la trilogie un Fantômas d’un genre nouveau. On retrouve bien l’inquiétant criminel aux mille visages mais le climat macabre est escamoté au profit d’un mélange de fantaisie, d’humour et d’action. La formule du Fantômas selon Hunebelle comprend l’action (Jean Marais), le rire (Louis de Funès), le charme (Mylène Demongeot) et la menace (Raymond Pellegrin la voix inquiétante de Fantômas) le tout imprégné de références à la culture «pop» française des années 1960 et notamment les premiers James Bond au cinéma, la DS, le fourgon HY, la science-fiction, la Terrasse Martini sur les Champs-Élysées, la télévision, etc…

Même si plus de 50 ans séparent la parution du premier roman de cette adaptation, Marcel Allain, un des deux pères de Fantômas, a pu découvrir la trilogie. Dans la préface de Sur la piste de Fantômas, Mylène Demongeot écrit : «Je me souviens avoir rencontré Marcel Allain au moment où il achevait la lecture du scénario… Il n’était pas content du tout ! Mais, après le grand succès du film, il semble qu’il se soit résigné, et, finalement, il a été satisfait de voir son Fantômas revivre de cette façon-là.» Toutefois, certains aspects des films ont passablement irrité Allain, comme la cour que fait Fantômas à Hélène dans les deux premières aventures (dans les romans, Fantômas est le père d’Hélène) ou le frère que l’on donne à Hélène dans Fantômas se déchaîne.

Les acteurs : 

Le Juve incarné par Louis de Funès dans les trois films est loin du Juve de Souvestre et Allain. Dans les romans, le policier est un calculateur qui établit des plans extraordinaires et qui possède une étonnante puissance de déduction à la Sherlock Holmes. Le Juve de Hunebelle est très différent, râleur et gaffeur, et l’interprétation trépidante de de Funès, génial dans Fantômas contre Scotland Yard selon Jean Tulard dans son Dictionnaire du cinéma, entraîne la trilogie vers le comique. De plus, entre le premier et le dernier Fantômas, de Funès accumulant les succès avait changé de stature et Michel Wyn, le réalisateur de la seconde équipe sur Fantômas contre Scotland Yard confie : «Le rôle de Jean Marais était escamoté au profit des pitreries de de Funès, au fur et à mesure des films. Marais éprouvait une certaine amertume, il dépassait les cinquante ans et avait du mal à effectuer les cascades.»  Mylène Demongeot l’a déclaré à différentes reprises : « Le génie comique de Louis de Funès faisait de l’ombre à Jean Marais. De Funès ne pouvait pas faire autrement, Marais l’a mal pris. On le sent dans le troisième épisode. Après, la question des salaires a définitivement réglé le problème. »

Un 4e script, Fantômas à Moscou (dans lequel Fandor apprend qu’il est le véritable fils de Fantômas) était cependant dans les tiroirs pour parer à toute éventualité (cette information avait été lâchée par Jean Marais à France-Soir le soir de la première du film).

Voir sur YouTube : “Fantomas 1” par Marc Rambo

Voir sur Vimeo : Film muet : “Fantomas – A l’ombre de la guillotine (1913)” par George Morbedadze

Film – Les Saisons du Plaisir (1988)

Couple de centenaires récemment mariés, Charles et Emmanuelle Van Bert (Charles Vanel et Denise Grey) ont l’intention d’abandonner la direction de leur entreprise de parfumerie pour prendre une retraite bien méritée. Comme chaque année, ils organisent dans leur château le congrès des parfumeurs qui diffusent leurs produits, réunissant cadres et employés. Ils veulent à l’issue de ce symposium annoncer le nom de leur successeur. Mais Charles entend garder le secret jusqu’à l’ultime minute. Un à un, les invités débarquent dans leur villa après avoir fait, pour la plupart le parcours dans un train d’une autre époque. Ils sont accueillis par Garibaldi (Jean Abeillé), le gendre mutilé (et quelque peu dérangé) des centenaires, mais aussi le mari de leur fille Jacqueline (Jacqueline Maillan), et par leurs petits-enfants, Hélène (Fanny Cottençon) et Jacques (Jean-Pierre Bacri), lequel ne manque pas une occasion d’utiliser sa caméra. Seuls Bernard Germain (Jean Poiret) sorte de requin vaniteux attiré par les nymphettes et son épouse, Marthe (Eva Darlan), ont choisi de voyager dans une superbe voiture de sport, accompagnés par Damien (Jean-Claude Romer), leur inséparable homme de loi. Mais il y a eu des fuites et déjà les intrigues commencent tandis que chacun se laisse aller à sa fantaisie.

Il n’y a pas que Bernard et Jacques qui sont en lisses pour la succession, il y a aussi Paul (Jean-Luc Bideau), baffreur boulimique, dont la femme, Jeanne (Bernadette Lafont), obsédée et frustrée, chaperonne leur fille de vingt ans ; Daniel Daniel (Darry Cowl), venu avec son nouveau petit ami, ainsi que Gus (Roland Blanche), le seul dont les gros billets ne peuvent tout acheter. Qui sera le successeur? Tout se complique lorsqu’une alerte éclate à la centrale nucléaire voisine. Les deux gardiens délégués au château (Richard Bohringer et Jean Menez) ont à peine le temps de visionner quelques cassettes pornographiques avec Bernadette (Stéphane Audran) et Dominique (Sylvie Joly), nymphomanes sur le retour, qu’on apprend la disparition de Jacqueline, qui, privée de son minitel rose par Emmanuelle, veut se suicider. Deux jeunes participants au Congrès, Sophie (Sophie Moyse) et Thierry (Hervé Pauchon), la sauvent. A eux l’entreprise, décide Charles. Mais ils refusent et s’en vont. Déjà, Charles, Emmanuelle et Jacqueline sont partis. Au château, on continue à comploter, sans se méfier du nuage noir qui vient tout droit de la centrale…

Cette excellente comédie érotique quelque peu débridée réalisée par Jean-Pierre Mocky est interprétée par une pléiade de grands acteurs français peu occupés à préserver leur image grâce au lâcher prise dont ils font preuve en se laissant emporter par le scénario quelque peu provocateur écrit par Mocky lui-même et Patrick Rambaud. Le film a été tourné au Château de Lavagnac et à Montagnac (Hérault). C’est le dernier rôle au cinéma pour Charles Vanel, l’avant-dernier rôle pour Denise Grey et le deuxième rôle pour Judith Godrèche.

Voir sur YouTube : “Les saisons du plaisir – Bande-annonce” par Arthur Moloko et Les Saisons Du Plaisir . Extrait .Jacqueline Maillan par Gilbert Denis

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