Si j’évoque un personnage en imperméable beige tout fripé au volant d’une vieille Peugeot 403 décapotable grise (qui reste d’ailleurs toujours capotée), cette association ne manquera pas de faire naître dans votre esprit le nom du lieutenant Colombo, ce policier californien de la brigade des homicides qui bien qu’il ne paie pas de mine, apparemment maladroit et gaffeur, est en réalité vif d’esprit et d’une efficacité redoutable. C’est sûrement pour cela que Peter Folk, l’acteur qui l’incarne, a choisi une voiture en accord avec sa personnalité. Comment l’acteur et la voiture se sont-ils rencontrés. Il existe plusieurs histoires. Évoquons d’abord la version du constructeur au Lion :
” Comment ce cabriolet de la marque au Lion est-il arrivé là alors que cette version n’a jamais été vendue aux USA ? L’un des secrétaires permanent de l’Aventure Peugeot, Francis Piquera, partage la version la plus plausible de cette histoire dans un numéro du magazine La Vie de l’Auto (octobre 2015). L’acheteur du cabriolet star de la série télévisée était apparemment un cadre de l’aviation civile. Cet acheteur aurait été muté en 1962 dans un bureau d’Air France en Californie et y aurait emmené sa voiture. Arrivé sur le sol américain, cet acheteur a peut-être été séduit par une voiture américaine et aurait donc troqué sa française pour un modèle US. Son caractère bien trempé aura sûrement plu aux réalisateurs de la série afin d’appuyer la personnalité du lieutenant Columbo. Ou peut-être est-ce sa femme qui aura craqué pour la ligne cabriolet de cette Peugeot 403 J.”
Selon une autre source, Peter Falk aurait choisi la Peugeot 403 en rencontrant par hasard l’acteur français Roger Pierre qui était alors en voyage aux États-Unis au volant de sa voiture personnelle. Peter Falk eut aussitôt le coup de foudre pour cette voiture, et tint à ce que le producteur de la série la rachète aussitôt à Roger Pierre, qui rentra en France sans sa voiture.
La Série TV :
Columbo est une série télévisée policière américaine de Richard Levinson et William Link dans laquelle le rôle-titre est interprété par Peter Falk. Elle fut diffusée aux USA de février 1968 à mai 1978 sur le réseau NBC pour les 46 premiers épisodes (4 ans plus tard en France), puis de février 1989 à janvier 2003 sur NBC pour les 24 derniers épisodes (3 ans plus tard en France).
Columbo est un lieutenant de police du L.A.P.D. avec qui, comme on le dit parfois, “l’habit ne fait pas le moine”. Il chasse les criminels de la upper class cigare au bec, vêtu d’un imperméable trop ample et tout défraichi qui restera le même tout au long de la série. Il se déplace systématiquement avec sa vieille guimbarde, une Peugeot 403 théoriquement décapotable, qui fait systématiquement tâche par rapport aux modèles de luxe que possèdent les gens richissimes qu’il veut arrêter.
Le train de vie de ce fils d’immigré italien est modeste. Il joue au bowling avec sa femme, promène son Basset Hound qu’il appelle « le Chien » (une bête particulièrement têtue et fainéante), mange du chili et des hot-dogs, écoute de la musique country et des valses de Strauss. Il est toujours à la recherche de « bons plans » pour obtenir un bien ou un service à moindre coût… A l’inverse, les privilégiés sur lesquels il enquête appartiennent à la jet set : tous affichent une opulence qui n’est pas que matérielle mais également politique, culturelle ou symbolique : Ils sont auteurs de best-sellers, experts gastronomes, scientifiques éminents, officiers autoritaires, chefs d’entreprise, politiciens ambitieux, journalistes redoutés, stars d’Hollywood, vedettes du petit écran…
Contrairement aux autres séries du genre, le lieutenant n’est pas armé et le spectateur connait l’assassin dès le début de l’épisode, l’intérêt de l’intrigue consistant à découvrir de quelle façon l’enquêteur parviendra à démasquer le criminel. Pour enquêter, Columbo passe chaque jour voir son suspect pour lui poser de nouvelles questions, parfois les mêmes que la veille mais avec de nouveau éléments, évoquant souvent des anecdotes insignifiantes dans les quelles il parle de sa femme que l’on ne voit d’ailleurs jamais à l’écran. Il est tellement tenace qu’il irrite immanquablement le meurtrier qui l’avait pris, dans un premier temps pour un imbécile inorganisé, égarant souvent les objets qu’il a en sa possession et fouillant régulièrement ses poches remplies de bouts de cigares entamés et d’objets hétéroclites sans valeur. Cette attitude qui permet de mieux endormir leur vigilance porte toujours ses fruits et ne manque pas de faire jubiler le spectateur tout au long de chaque épisode.
Mais, ne nous leurrons pas, ce feuilleton est tout sauf anodin et son réalisateur n’a jamais dû voter républicain. Ainsi, la série Columbo est bien plus subversive qu’il n’y parait puisqu’elle met en scène un affrontement de classe dans lequel un modeste inspecteur parvient, en dernier ressort, à triompher d’un nabab condescendant et sans scrupule, souvent enrichi par la corruption, prêt à tuer pour garder son statut de privilégié. On est très loin du “rêve américain” donné en pâture pour tous. Et la jubilation du spectateur, qu’il soit nord-américain ou français, est d’autant plus grande que cette chute ultime paraissait improbable en regard du mépris de classe que manifestait le meurtrier envers notre fin limier modeste, inculte et mal fagoté. Le Lieutenant Columbo, malgré qu’il soit flic, les gilets jaunes doivent sûrement l’apprécier…
La Peugeot 403 :
Lorsque Peugeot présente sa 403 en 1955, cette dernière ne fait pas date comme l’avait fait la 203 en son temps sur le plan des innovations techniques. Sur le terrain commercial en revanche, c’est un bon cheval de bataille qui, bénéficie de la bonne réputation de robustesse de Peugeot. L’augmentation de cylindrée fait passer la puissance de 46 à 58 ch, ce qui est lion d’être négligeable. Le moteur est d’ailleurs sobre, souple et silencieux. La vitesse maximale frôle les 135 km/h, valeur honorable pour une 1500 de grande série des années 50. La consommation reste inférieur à 10 litres sur route. On apprécie par ailleurs la souplesse du moteur qui accepte de rouler à 20 km/h en troisième tandis que la seconde autorise des reprises à des allures proche de l’arrêt. La boîte est bien synchronisée, les freins satisfaisants et la direction précise et douce sauf à l’arrêt. La suspension est confortable et la tenue de route très supérieure à celle de sa sœur cadette. L’habitabilité est excellente pour 5 personnes.
Le cabriolet : est apparu en août 1956. Dérivé de la berline 403, le cabriolet grand luxe est la vedette du stand Peugeot au Salon de Paris d’octobre 1956. Sa ligne est l’œuvre du bureau du style de la Marque qui reprend la partie avant de la berline (dessinée par Pininfarina), modifie le pare-brise, allonge la portière, et crée une partie arrière spécifique qui, outre son élégance, permet de disposer d’un coffre généreux. L’intérieur diffère de celui du modèle de base et bénéficie d’intérieurs en cuir de couleurs sable, noir, bleu ou rouge. Cinq teintes de carrosserie dont trois teintes métallisées spécifiques sont proposées, une première à l’époque pour la Marque. Réalisés dans les ateliers de carrosseries spéciales de Peugeot à La Garenne (92) 2050 cabriolets sont produits de 1956 à juin 1961.
En septembre 1956, naissance de la familiale et de la commerciale, puis le mois suivant de la camionnette bâchée. En octobre 1959 est commercialisée une version Diesel à moteur Indenor, ce qui fera de la 403 la première voiture française Diesel de série. Cette même année apparaît la version dépouillée à moteur 7 CV de la 203. En 1962, la calandre de la 8 CV comporte des barrette horizontales comme la 404 (deux pour la 403 au lieu de 4 pour la 404). La 403 proposait en option un antivol. Il s’agissait d’un Neiman actionné par une clé de contact, le démarreur étant lancé par un bouton-poussoir en bakélite installé en bas du tableau de bord, à droite du volant.
Il a été produit 1.214.126 exemplaires de la Peugeot 403. Sa construction a été arrêtée en novembre 1966.
Caractéristiques techniques: Voir la brochure ci-dessous.
Prix du modèle en 1959 : La 403 berline Grand Luxe valait 825.000 anciens francs ; un cabriolet valait 1.370.000 anciens francs, soit respectivement 15.000 € pour la version Grand Luxe et 25.000 € pour le cabriolet compte tenu de l’inflation de 1096% sur la période.
Cote actuelle : à partir de 3000 € pour une berline ; 55.000 € pour un cabriolet.