En 1985, le Projet Everest fut l’apothéose des plus belles réalisations de JBL et obtint un succès remarquable. Cette enceinte était une réussite visuelle et sonore, digne héritière des célèbres JBL Hartsfield et Paragon, ainsi que l’aboutissement d’un projet censé être “le sommet absolu de toutes les innovations technologiques, matérielles et techniques disponibles dans le domaine de l’art et de la science de l’audio à cette époque”.
L’Everest fut conçue par Bruce Scrogin, alors président de JBL International. Après la fin de la production du modèle JBL Paragon en 1983, le manager s’était rendu compte qu’il restait de la demande pour une enceinte de prestige. Cette demande provenait presque exclusivement du Japon où résident les plus exigeants (et fortunés) des audiophiles. Il fut donc décidé de donner une suite à la Paragon qui ciblait déjà ce marché. Le développement du projet fut entrepris par Bruce Srogin qui pris sa tête, Greg Timbers s’occupa de l’ingénierie et Dan Ashcraft du design industriel. Pour fournir des informations sur les exigences uniques du marché japonais, Keizo Yamanaka, un critique audio japonais réputé, fut embauché comme consultant par JBL dans les domaines acoustiques et cosmétiques.
Le projet :
La conception de l’Everest subit une évolution assez poussée avant d’arriver à sa configuration finale. A l’origine, le concept était de développer une “super L300” avec un caractère sonore similaire. Le système serait conçu autour d’un nouveau concept acoustique appelé «Directivité définie» (le DD dans DD55000). Ce concept mis au point par Don Keele pour la 4660, permettait à une personne marchant sur une ligne horizontale entre les haut-parleurs d’être exposée à un niveau sonore constant.
Le premier prototype qui fut développé en 1984 avait une configuration à quatre voies. De nombreux problèmes existaient dans ce prototype liés à l’intégration des quatre transducteurs. Il fut décidé de simplifier la conception du modèle pour aboutir à ce qui serait fondamentalement un modèle à deux voies. Un super tweeter serait ajouté plus tard pour fournir une extension dans les octaves les plus élevés. Par conséquent, la configuration finale se transforma en un système à trois voies.
Les Haut-Parleurs :
Le haut-parleur de grave sélectionné pour l’Everest fut le transducteur professionnel E145 (150-4H en version grand public). Il fut choisi parce que c’était à l’époque, le haut-parleur de basse le plus “rapide” de l’inventaire de JBL. Bien qu’initialement conçu comme un haut-parleur pour guitare de basse, il est remarquablement plat bien que doté d’une topologie de bobine mobile suspendue qui maintient l’action du piston sur toute sa plage grâce à un cône profond et droit. Le moteur magnétique est surdimensionné par rapport aux autres haut-parleurs JBL de 15 pouces, et il en résulte une réponse des graves très efficace de 100 dB/1w/1m.
Normalement, la réponse dans les basses du E145 est considérée comme étant quelque peu limitée, mais étant donné que ce dernier chargeait un caisson suffisamment volumineux, il pouvait fournir de vraies basses profondes. C’était la raison du volume impressionnant de cette enceinte. La section basse a été conçue pour un volume interne de 2,4 mètres cubes. Initialement, il était prévu que le volume derrière le pavillon médium puisse être utilisé dans le cadre du caisson de grave. Cependant, la trompe en fibre de verre n’était pas suffisamment rigide pour empêcher les résonances de la contre-pression. En fin de compte, cette partie de l’enceinte fut cloisonnée ce qui augmenta l’encombrement de l’Everest (Poids en kg : 145, H.L.P. en cm : 141x92x51).
L’Everest utilise une compression de 1 pouce (la 2425H) fixée au pavillon asymétrique (modèle 2346) pour les médiums-aigus. Un haut-parleur d’un pouce a été choisi, le pavillon d’origine équipant aussi le modèle 4660 ayant été conçu pour cet haut-parleur. Une compression de deux pouces aurait pu fournir une meilleure réponse, mais la gorge plus grande aurait présenté des problèmes de contrôle du modèle. Un tweeter 2405 fut ajouté pour une meilleure réponse dans le spectre extrême de la haute fréquence.
Une écoute sur mesure pour les japonais :
L’ensemble du système avait une empreinte sonore spécifique visant à séduire le marché japonais, c’est à dire, une réponse dans les graves légèrement atténuée dans l’octave la plus basse alors que normalement, on s’attend à ce que, sur des réalisations très haut de gamme, les basses restent linéaires (la pente est bien visible sur la brochure technique ci-dessous). Ce n’est pas censé être une caractéristique euphonique, mais plutôt convenir à l’ergonomie des salles d’écoute japonaises typiques. Leurs plus petites pièces, par rapport à l’Amérique du Nord, ont tendance à favoriser les graves. Donc, gare aux mauvaises surprises si l’enceinte est mal placée dans une trop grande pièce, impliquant une possible sensation d’anémie dans l’extrême grave…
Une réussite primée :
Dan Ashcraft de Ashcraft Designs, avec la contribution de Bruce Scrogin et Keizo Yamanaka, donna une magnifique cosmétique à l’Everest qui est particulièrement réussie. Cette première commande de JBL fut une épreuve par le feu qu’il réussit admirablement. C’était une conception très compliquée car l’objectif était de rendre ce système massif visuellement moins imposant. L’utilisation inventive de faces inclinées a volontairement masqué la profondeur de ce système. Le woofer a été légèrement incliné pour “tricher” sur la directivité des basses fréquences et le super tweeter a été délibérément orienté pour viser la position d’écoute centrale en raison de sa directivité.
L’Everest eût un succès immédiat. Le magazine japonais Stereo Sound lui donna le titre prestigieux de “Produit de l’année” en 1985. Il n’y a pas eu de cycle de production prédéterminé, mais on pense qu’environ 500 paires ont été produites régulièrement jusqu’à l’introduction de la JBL K2 en 1989. Cependant, il resta encore possible de commander l’Everest jusqu’en 1991. L’enceinte fut vendue essentiellement au Japon, marché pour lequel elle était destinée, mais un nombre honorable de modèles furent écoulés aux USA et en Europe, notamment en France.
Prix du modèle neuf en 1986 (l’unité) : 4995 $
Prix d’occasion : entre 7000 € et 10.000 € la paire.
En cette période qui n’est pas très rose pour les discothèques, les disco-mobiles et l’événementiel en général, j’ai pensé qu’il serait sympa de rendre un hommage rétro à ces acteurs importants de nos soirées juvéniles en évoquant l’équipement qui nous permettait de nous trémousser tous les weekend au rythme de la musique pop, funk, disco et plus tard techno selon ses goûts. À cette époque heureuse ou l’on pouvait encore siroter quelques cocktails au milieu de la piste de danse tout en fumant une cigarette, le DJ passait la soirée à “pousser des disques” enchaînés au bon tempo tout en déclamant au micro des phrases enthousiastes à la Yannick Chevalier visant à chauffer l’ambiance jusqu’au bout de la nuit. Puisque je me suis déjà longuement attardé sur les tables de mixages (Freevox DJ Club,Tables de mixage des années 80 Partie 1, Partie 2), les tourne-disques et les magnétophones de cette époque, je vais évoquer dans cet article la partie sonorisation.
La sonorisation des discothèques & des disco-mobiles :
Des années 70 aux années 80, les discothèques étaient équipées de système où l’amplification et les enceintes acoustiques se trouvaient séparées (enceintes passives). L’amplification était simple, double ou triple, selon l’importance du système audio et le volume de l’établissement. La mono-amplification faisait intervenir un seul amplificateur de classe AB ou B dont la puissance variait entre 200 et 400 watts, laquelle était délivrée dans une paire d’enceintes à haut rendement (100 db/1w/1m) équipées d’un filtrage passif deux ou trois voies filtrées à 12 db/octave. La multi-amplification, plus sophistiquée, comprenait un filtre électronique dit actif, qui découpait la bande passante de la musique en deux ou trois plages de fréquences (grave, médiums, aigus) filtrées chacune selon une pente allant de 18 à 24 db/octave. Cela évitait de s’encombrer de selfs, condensateurs et résistances devenues énormes donc coûteuses à ces puissances élevées et surtout d’avoir une dynamique bien meilleure. Deux ou trois amplis stéréo allant de 200 watts en classe AB pour les médiums aigus à 700 watts ou même 1000 watts en classe H pour les graves, alimentaient chaque pavillon de l’enceinte : les caisson à évents bass reflex pour les HP graves et bas médiums et des pavillons exponentiels ou des trompes pour les compressions médium aigus et aigus. Leur rendement évoluait en général entre 97 et 102 db/1w/1m.
Les grosses discothèques des années 80 étaient généralement équipées d’un système à tri-amplification, souvent des enceintes à pavillons JBL, Altec, Metler Audio, HH Electronic ou ALS Pro structurées selon un empilement en “château” dépassant souvent les 2 mètres de hauteur et alimentés par une baie d’ampli Crown Microtech MT 1000, HH Electronic Mos Fet V800, Dynacord PAA 1200, Amix H 2700S ou EMB CS 2 à travers un filtre actif SCV ou Dynacord. Les clubs les plus modestes sonorisaient avec des JBL (les célèbres Cabaret 4612, les MI 632 et à la fin des années 80 les M350), des Bose 802 ou des Dynacord E153 S Alimentées par des amplis Urei 6690, Bose 1802, Ramsa WP 9201 ou Dynacord PAA 800 .
À partir des années 90 sont apparues les enceintes professionnelles amplifiées (dites actives), alimentées directement par le signal stéréo symétrique depuis la sortie de la table de mixage. Pour les gros systèmes avec renfort de basse, l’amplificateur se trouvait niché dans le caisson de grave, généralement pourvu d’un HP de 38 ou 45 cm alimenté à travers un filtre passif. Une double prise symétrique alimentait alors les deux satellites droite et gauches pourvus d’une compression pour les aigus et d’un grave médium de 30 cm.
Dans les années 90, rien ne change pour les gros clubs qui fonctionnent pour la plupart avec des enceintes passives à pavillons, si ce n’est la miniaturisation des amplis grâce à la classe D et ses dérivées qui diminue leur poids et augmente leur rendement (Crown K2). Par contre les boîtes de taille plus modeste et les disco-mobiles professionnelles optent peu à peu pour des enceintes compactes amplifiées bien plus pratiques (qui d’ailleurs se sont de nos jours généralisés un peu partout à l’exception près que les amplis embarqués fonctionnent en classe D, ce qui augmente leur compacité et diminue le poids de façon drastique). On retiendra les fleurons que furent les JBL EON 15, Electro-Voice SX300A, DAS DS 115A et Yorkville NX 750P.
Deux paires d’enceintes passives compactes qui ont marqué cette époque :
Bose 802 (1980-Toujours en vente) :
On ne peut pas parler de sonorisation sans évoquer la mythique Bose 802 qui est au monde professionnel de l’animation ce qu’est la Bose 901 à la haute fidélité. Elle était présente partout dans le domaine de l’animation des années 80 et c’est le cas encore de nos jours avec la version IV qui a toujours autant de succès. L’enceinte est légère (14 kg), solide, compacte et puissante (240 W avec des pointes à 480 W). L’angle de diffusion est important grâce à la conception de montage des huit haut-parleurs large bande de 11,34cm, montés symétriquement en paires verticales sur une face avant à facettes “Articulated Array”. La Bose 802 fut une des première à disposer d’un dispositif de montage polemount adapté aux trépieds standardisés de sono. De plus, elle était équipée d’un couvercle pour le transport.
Les haut-parleurs sont caractérisés par une faible impédance et une bonne endurance. Leur équipage mobile (membrane, enroulement et spider) est conçu pour durer dans des environnements agressifs.
La sensibilité de l’enceinte est assez basse pour de la sono (91 db), mais cela ne nuit pas au niveau sonore maximum qui s’élève tout de même à 123 dB! L’esthétique est particulièrement réussie et a été mainte fois copiée sans cependant lui équivaloir. La 802, c’est aussi un son caractéristique (chaud et doux dans les médiums qui sont mis en avant sans agressivité) qui peut devenir spectaculaire lorsqu’elle est équipée du processeur dédié réglé correctement et d’un caisson de basse adapté (502). Sa notoriété est aussi due au fait qu’elle n’est pas agressive dans les aigus et qu’elle accroche très peu dans les médiums aigus (pas de compression, pas de larsen). Il faut noter que les nouvelles Bose sont équipées de HP en Kevlar (matière quasiment indestructible utilisée pour les gilets pare-balle…).
Prix des Bose 802 en 1984 : 8330 F
Prix d’occasion : entre 400 et 600 € selon l’état et la série.
JBL M330 & M350 (1991-98) :
Les JBL série M furent sûrement les enceintes de sonorisation professionnelle les plus appréciés des années 90. On les voyait partout que ce soit dans les discothèques, les bars de nuit branchés ou les disco-mobiles bien équipées. Elles avaient tout pour elles : une relative compacité, un poids certes élevé mais encore compatible avec la transportabilité, une restitution sonore proche de la haute fidélité (Bande Passante : 45 Hz – 18 kHz) grâce à une compression haut de gamme 2216H (présente aussi sur les Control 12 SR) et un boomer performant qui pouvait être au choix un 222-8 (30cm) ou un 252-8 (38cm). Le rendement de l’enceinte était compatible avec sa fonction (99 db) puisque avec un ampli de 350 watts, elle pouvait atteindre un niveau sonore théorique de 124 db…
Esthétiquement, l’enceinte était superbe avec sa grille intégrale nervurée protégeant les haut-parleurs et son caisson profilé au design trapézoïdal novateur. Elle était aussi bien pratique avec son embase normalisée qui permettait de la jucher sur un trépied en sonorisation mobile. Une version encore plus haut de gamme dédiée aux auditoriums existait cette fois en version trois voies, équipée d’un M202A dans les aigus et d’un médium M209-8 de 20 cm, le grave de 38 cm restant inchangé. La BP s’améliorait alors à 35 Hz-22 kHz, se qui est exceptionnel pour de la sonorisation.
Prix des enceintes en 1991 : 9000 F pour les M330 et 12.000F pour les M350.
Prix d’occasion : entre 400 et 600 € selon l’état.
Amplificateurs sono des années 80 :
Dans les années 80, les discothèques étaient de grandes dispensatrices de watts et la limite sonore actuelle imposée des 102 db étaient allègrement franchies (dans le genre 115 db avec des pointes à 120…). Autant vous dire que le matos devait assurer et de nombreux patrons de boîtes optaient pour la sécurité du matériel en cas de surcharge. Les HH Electronic Mos Fet, Amcron et Dynacord avaient la réputation d’être increvables, en plus de dispenser un son d’une qualité irréprochable. Les amplis de cette époque pesaient très lourd (la partie alimentation générant déjà la moitié du poids), et possédaient une ventilation pulsée des plus efficace. Les Dynacord PAA800 et PAA1200 étaient particulièrement appréciés car ils possédaient une compression déconnectable incorporée ne travaillant qu’en cas de surmodulation non linéaire, dont l’intervention était inaudible et sans influence néfaste sur la dynamique. Ainsi les enceintes acoustiques étaient systématiquement protégées de toute surcharge permanente qui aurait entraîné une destruction des compressions d’aigu. Je connais un patron dont le night club est équipé d’amplis Dynacord PAA 800 acquis en 1985. Ils fonctionnent toujours et ne sont jamais tombé en panne en 40 ans d’exploitation!
Prix des modèles neufs en 1985 : Crown MT 1000 : 17.000 F ; Dynacord PAA880 : 14.860 F ; Dynacord PAA1200 : 22.800 F ; Bose 1802 : 17.200 F ; Amix H2700S : 24.600 F ; Ramsa WP9201 : 12.400 F.
Prix d’occasion : entre 200 et 600 € selon l’état.
Enceintes amplifiées des années 90 :
JBL Eon 15 (1995-2008) :
À sa sortie, au milieu des années 90, la JBL Eon Power 15 fit sensation avec ses formes inhabituelles permises par le moulage de la caisse en PVC. Ce modèle était résolument Hight Tech avec sa face avant en aluminium moulé intégrant les transducteurs, pas seulement le pavillon de la compression (modèle 2118H) comme il est d’usage, mais l’ensemble du 38 cm. Ce dernier utilise la structure Differential Drive, mise au point par JBL, avec un aimant Néodyme ce qui explique en partie le faible poids de l’enceinte. L’enceinte est équipée de poignées de transport et d’une embase pour pied intégrées dans sa structure.
L’écoute montre un excellent équilibre global avec un grave soutenu qui accepte bien les corrections. Un petit creux dans les médiums permet une petite douceur garante d’une absence d’agressivité dans cette gamme de fréquence difficile à reproduire. Puissance 130 W dans les graves et 50 W dans les aigus. BP : 50-20.000 Hz. Poids : 18 Kg.
Prix du modèle neuf en 1998 : 6500 F
Prix d’occasion : environ 400 € en bon état.
Electro-Voice SX300A : 1995-2008 :
D’une taille réduite et d’un poids raisonnable (22,8 kg), La SX300 présente une forme trapézoïdale classique et des proportions agréables. La caisse en PVC comprend de nombreux points de fixation et une embase pour pied. De conception générale assez classique avec un 30 cm pour le bas du spectre et, pour l’aigu, une compression 1 pouce (modèle DH 2010A) associée à un pavillon à directivité constante moulé directement dans la face avant. L’ouverture de 65°, aussi bien en horizontal qu’en vertical est une caractéristique rare dans sa catégorie qui lui permet d’être “arrayable”, c’est à dire utilisable en plusieurs exemplaires dans un cluster.
Les résultats de mesure sont excellents avec cependant un certain décalage entre le grave et l’aigu qui est mis en avant. En effet, la compression est très généreuse dans le haut du spectre aigu (elle dépasse allègrement les 20 Khz) ce qui est rare en sono. L’écoute offre des voix bien dégraissées avec une excellente définition. Reste que les modulations difficiles doivent être surveillées sous peine de devenir aisément agressives. Auquel cas une correction de tonalité sera la bien venue. La SX 300 est un peu limitée dans le bas du spectre à cause de son boomer de 30 cm, mais le processeur XP200A peut en optimiser le fonctionnement. Un caisson de grave peut aussi être ajouté.
Prix du modèle neuf en 1998 : 9045 F
Prix d’occasion : environ 400 € en bon état.
Crédit photo tête de page : Catalogue JBL Pro – JBL M Series
Si vous aimez écouter la musique dans de bonnes conditions, c’est à dire à l’ancienne, sur une chaîne Hifi équipée d’un ampli honorable faisant donc un certain poids, vous vous êtes sûrement déjà posé la question : tubes ou transistors? Personnellement, celui que j’utilise actuellement est un ampli à transistors qui a plus de 25 années au compteur, ce qui est le minimum pour qu’il soit qualifié de vintage. C’est un Denon POA 2800 équipé de nombreuses caractéristiques audiophiles parmi lesquelles une alimentation surdimensionnée doublée d’un radiateur conséquent lui faisant avoisiner les 20 kilos. Sur ces quinze dernières années, j’ai aussi écouté mes disques préférés sur un autre ampli à transistors : le Technics SE-A 2000, et sur deux amplis intégrés à lampes : un V.A.L. Audio VR110 et un TAC 834. J’ai gardé chaque ampli suffisamment longtemps pour me faire une idée quant à ses avantages et ses inconvénients respectifs et je vais dans cet article partager cette expérience avec vous.
Entre 1984 et 2000, j’ai écouté de nombreuses installations haut de gamme dans des magasins spécialisés toulousains, et j’ai constaté (très subjectivement) que les amplis qui donnaient le son le plus agréable à mes oreilles n’étaient pas forcément les plus chers, bien qu’ils aient tous deux points communs : ils étaient lourds et ils chauffaient. Les spécimens en question étaient soit des amplis à tubes, soit des amplis à transistors fonctionnant en classe A. Le tube chauffe pour des raisons intrinsèques, notamment à cause du filament dont la dissipation thermique s’effectue par rayonnement mais aussi et surtout dans les tubes de puissance, à cause du nécessaire refroidissement de l’anode qui est très sollicitée à fort débit. Le transistor polarisé en classe A chauffe pour d’autres raisons : il est toujours en conduction. Ainsi, il amplifie tout le signal d’entrée, limitant ainsi les distorsions sur le signal de sortie mais chauffant énormément puisque toujours au maximum de sa puissance dégageant une chaleur qui doit être dissipée par un radiateur adéquat. On signalera au passage que le tube à les mêmes possibilités d’utilisation de classes d’amplification que le transistor, mais qu’il est le plus souvent utilisé en classe AB ou B, classes les plus rentables et les moins énergivores.
Au milieu des années 80, je n’avais pas les moyens de m’offrir de tels appareils, j’ai donc choisi de monter un ampli classe A en achetant les composants et je me suis adressé pour cela à la célèbre “Maison de l’Audiophile” qui m’a procuré un kit inspiré du plan de Jean Hiraga paru dans l’audiophile n°10. Jean-Pierre Voiturier, un ami audiophile de l’époque, m’a proposé de réaliser une version vitaminée grâce à une alimentation modifiée et un étage final différent fait d’un darlington inversé composé de 2N3773 et 2N6609 appairés d’usine. La préamplification était confiée à des tubes, plus exactement des ECC83 selon un schéma de Jean Hiraga publié dans l’Audiophile n°21. Connecté à un kit d’enceintes Focal 300 DB, la fermeté des basses était superbe, la chaleur de la retranscription musicale dans les médiums était telle que j’avais l’impression d’écouter du très haut de gamme à tubes. Quant aux aigus, ils étaient magnifiés par les tweeters Focal T120FC. Je me suis malheureusement séparé de ce merveilleux système d’écoute (qui m’avait coûté moins de 5000 Francs) à la fin des années 80.
L’ampli Hiraga Classe A :
Les goûts et les sons :
En écoute audiophile, certains trouvent que les amplis à tubes électroniques permettent d’obtenir une qualité de son supérieure aux systèmes à transistors bipolaires. D’autres affirment par contre qu’ils ne sont qu’une fantaisie néo-rétro et qu’ils n’apportent rien de plus que les transistors sinon une meilleure contribution au réchauffement climatique. On objectera toutefois à ces critiques que tout guitariste (électrique) qui se respecte joue sur du matériel à lampes (en général 20 watts suffiront là où 100 watts seront nécessaires avec du transistor) et que la plupart des ingénieurs du son “réchauffent” la voix de leurs artistes avec ce même matos à papa. Il semblerait donc que l’efficacité de ce composant électronique suranné ne soit pas un mythe, d’autant plus qu’il génère de la distorsion harmonique paire agréable à nos oreilles sur la bande de fréquence très sensible des médiums, alors que cette dernière est martyrisée par les transistors lors des écrêtages, faisant foisonner ainsi la distorsion harmonique impaire, qui est des plus déplaisante.
Alors pourquoi opter pour du transistor plutôt que pour du tube ?
– Parce-que le haut de gamme à transistor est bien moins cher : Je prends comme exemple mes amplis à transistors de marque : d’abord le Denon POA 2800 acquis pour 400 € au détour d’un Cash Converter alors que son prix d’origine était de 1400 € en 1995. Plus tôt, j’avais acquis un Technics SE-A 2000 pour 300 € sur ebay alors que son prix neuf était de 1500 € en 1995 et un duo Ampli/préampli Technics SU/SE9200 à 300 € alors que leur prix neuf en 1979 était de 6000 Francs.
Pour les amplis à tubes vintage, c’est différent puisque le prix des modèles de firmes réputées a toujours été rédhibitoire. En 1995, le ticket d’entrée pour acquérir un ampli à tubes de marque neuf s’élevait à 20.000/30.000 Francs pour du Jadis, de l’Audio Research ou du Luxman, et au double pour du Conrad Johnson ou du McIntosh. Leur tarif est toujours resté élevé en occasion (au moins 2000 € pour un intégré Jadis DA-30, 3000 € pour un duo ampli/préampli Audio Research LS8/CA-50 ou pour un duo Luxman CL32/MQ360).
Pour apprécier le son des tubes, il a donc fallu que je me rabatte sur des marques chinoises moins chères, mais dont la fiabilité était plus aléatoire. Mon premier ampli à lampe fut un V.A.L Audio VR110 acheté d’occasion 300 € à un ami qui l’avait payé 5500 Francs en 1997 chez Magma. Puis, un Vincent T.A.C. 834 commandé neuf en promotion chez une enseigne spécialisée allemande pour 990 € au lieu de 1990 €.
– Parce-que le transistor, c’est du “Plug and Play” sans aucun entretient : Un ampli à tube, c’est esthétique, mais ce n’est pas si simple à utiliser. Il a des précautions d’usages comme : ne jamais l’allumer avec une modulation en entrée sans l’avoir connecté à des enceintes acoustiques sous peine de destruction des transfos de sortie, le faire chauffer quelques minutes avant de l’utiliser, changer les tubes de puissance toutes les 3000 heures d’écoutes, ne pas oublier de règler le bias à la valeur constructeur après ce changement, bien choisir la paire d’enceintes qui va fonctionner avec lui sous peine de grosse déception. Les tubes sont fragiles et chers, gare au transport et gare au lumbago quand le poids de l’appareil dépasse les 30 kilos…
– Parce-que vous gagnerez parfois de l’argent à la revente : Si vos finances vous permettent d’acheter une modèle d’occasion transistorisé d’une marque réputé, vous pourrez même faire un bénéfice s’il y a revente ultérieurement car la Hifi de marque et de qualité prend souvent de la valeur avec les années. Prenez l’ampli Technics SE-A 2000. Négocié à 300 € il y a 15 ans, je l’ai revendu 700 € sur ebay il y a 7 ans. Il est maintenant introuvable à moins de 1000 € !
Par contre, en ce qui concerne les amplis à tubes haut de gamme, un bénéfice ne sera pas forcement au rendez-vous et pour en faire un, il faudra être patient. Pour le bas de gamme, soyez déjà heureux d’arriver à le revendre car ces amplis (la plupart construits en Chine entre 1995 et 2005) ne cotent pas lourd. Lorsque j’ai revendu le V.A.L. Audio cinq ans après son achat d’occasion, je n’ai fait aucun bénéfice sachant que son premier acquéreur me l’avait vendu au tiers de son prix d’achat. Quant à son grand frère le T.A.C 834 que j’ai acquis neuf à la moitié de son prix en 2007, j’ai fait une perte sèche de 990 € puisqu’il a rendu l’âme quelques jours après la fin de sa garantie…
– Parce-qu’un jour, le tube ne sera plus à la mode : Si par le passé, le progrès techniques était plutôt un bon argument de vente, maintenant c’est plutôt le contraire, du moins dans le domaine de la Hifi : Au milieu des années 60, lorsque les transistors remplacèrent les tubes, on évoqua leurs avantages en terme de coût, de rendement, de puissance, de courbe de réponse, de dynamique, de distorsion, de consommation, de poids, d’encombrement… Au début des années 80, lorsque le CD apparut on évoqua ses avantages par rapport au vinyl en terme de dynamique, de définition, de souffle, de diaphonie, d’encombrement, d’absence de craquement, de linéarité de défilement… Mais actuellement, tout s’est inversé, la distorsion revient à la mode, les craquements du disque aussi. Cependant les modes changent, et peut-être qu’un jour le tube redeviendra ringard au profit du transistor comme ce fut le cas dans les années 70 tout comme le vinyle pourrait à nouveau être mis de côté au profit du CD à l’image de ce qui se passa dans les années 90.
Denon POA 2800 :
Cet ampli de puissance développant 200 watts est supposé fonctionner en Classe A, mais en fait, “l’Optical Class A” développée par Denon fait référence à un circuit de polarisation variable qui se modifie à mesure que l’intensité du signal augmente, maintenant ainsi l’ampli en classe A pour des demandes inférieures à une vingtaine de watts et cela sans aucune distorsion dans les aigus, ce qui est parfois le cas en classe AB à faible volume. L’alimentation comporte quatre condensateurs de filtrage totalisant 72.000 μF de capacité et un transfo torique surdimensionné fournissant aisément l’énergie nécessaire. Les refroidisseurs occupent toute la profondeur du boîtier. Le poids total est de 18 kg.
À l’écoute, branché sur un préampli Rotel et des enceintes de monitoring JBL, la scène sonore est très texturée, étonnante de dynamique, rivalisant avec des réalisation bien plus prestigieuses. Le médium est chaud, les basses puissantes, les aigus ciselés. Bref, je suis toujours très satisfait de cet appareil et il me faudrait payer bien plus cher pour monter en gamme.
Technics SE-A 2000 :
Ici, pour obtenir le même effet que Denon et ainsi garder le bénéfice auditif d’une classe A maintenue jusqu’à l’écrêtage, Technics a associé un amplificateur de tension à un amplificateur de courant dont les sorties respectives sont reliées via un pont de résistances, l’amplificateurs de tension pilotant l’amplificateur de courant. Ce n’est bien sûr pas une vraie classe A, mais en dessous de 10 watts de puissance, c’est quasiment similaire, la puissance maximale étant de 120 Watts. On a donc les bénéfice de la classe A et de la classe AB sans leurs inconvénients respectifs. L’alimentation est d’une qualité impressionnante : 2 transfos en double C imprégnés et blindés, 48.000 μF de capacités Hight End pour le filtrage, des radiateurs conséquents, pour un poids totalisant 21 kilos.
À l’écoute, branché sur un préampli Technics et des enceintes de monitoring JBL, Les basses sont excellentes mais moins maîtrisées que sur le Denon qui les reproduit avec une fermeté sans pareille. Les médiums manquent de chaleur et de définition et les aigus sont honnêtes sans être exceptionnels. J’ai revendu cet ampli car il m’a un peu déçu. J’attendais beaucoup plus des légendaires amplis de puissance Technics, j’ai cependant gardé un SE-9200 que je trouve de bien meilleure qualité malgré ses 40 ans d’âge.
V.A.L Audio VR110 :
Belle réalisation pour cet intégré à tubes, esthétiquement du moins. Grosse alimentation, deux transfos de sortie, 4 tubes de préamplification 6N3, 4 pentodes EL34 en amplification. Puissance 40 Watts, poids 21 kg.
À L’écoute sur des JMLab Opal 49 TI, le grave manque un peu de consistance mais est excellent pour du tube, le médium est chaud et très agréable, les aigus sont présents mais manquent de définition. L’ampli était mal tubé d’origine (Les tubes chinois qui l’équipaient émettaient des craquements au bout de moins d’un millier d’heures d’écoute!). Je les ai avantageusement remplacés par des Svletana appairés, puis j’ai réglé le bias, ce qui a transfiguré le son, surtout dans les aigus. Par contre l’allumage manquait cruellement d’un préchauffage des filaments antérieur de 30 secondes à l’application de la haute tension, ce qui à la longue détériore les tubes. Il manquait aussi un préampli phono car lorsqu’on achète un ampli à tubes, c’est surtout pour profiter de ses vinyles. Je l’ai revendu, mais j’admet que c’était un ampli attachant d’une puissance largement suffisante sur des enceintes à haut rendement.
Vincent T.A.C. 834 :
Superbe réalisation tout en chrome et alu brossé noir pesant 25 kilos. Cet intégré à tubes fait appel à deux triodes 12AX7 et 12AU7 pour la préamplification et à 8 pentodes EL34 montées en double push-pull pour l’étage final. On évoque 100 Watts de puissance, ce qui est énorme pour du tube, mais en fait, il faut plutôt tabler sur 90 Watts maximum, mais ce n’est qu’anecdotique tant la puissance est déjà élevée. Pas de préampli phono mais c’est normal puisqu’en 2000, les platines disques n’avaient plus la cote…
À l’écoute sur des JBL de monitoring, le grave est étonnant de présence mais bien maîtrisé sur les boomers de 12 pouces, les médiums sont chauds et enthousiasmants sans être envahissants, les aigus sont ciselés, bien meilleurs que sur le V.A.L. Audio. J’ai vraiment adoré cet ampli qui est unique par son esthétique et sa qualité de son et je l’aurais toujours s’il ne m’avait pas traîtreusement lâché dans un fracas assourdissant et un nuage de fumée âcre.
Cela avait mal commencé entre nous deux puisque une double-triode 12AX7 s’était auto-détruite dès le premier allumage, le jour même où je l’ai reçu. Je n’avais pas fait jouer la garantie car il me fallait renvoyer l’appareil à mes frais en Allemagne. La somme était astronomique tant l’ampli était lourd et je ne parle pas un mot d’allemand. J’ai donc changé le tube défectueux contre un clone de meilleure qualité. L’appareil a démarré sans broncher. Un an plus tard, le condensateur de déparasitage soudé aux bornes de l’interrupteur marche/arrêt a prit feu. Plus de peur que de mal : de la fumée et un claquement violent. Je l’ai remplacé illico par le même disponible dans ma banque personnelle de composants électroniques.
Mais, un an plus tard, mon T.A.C. 834 a définitivement rendu l’âme : détonation à l’allumage avec option fumigène. Bilan de l’opération : circuit imprimé partiellement carbonisé sur la voie droite. L’appareil n’étant plus sous garantie, j’ai recherché la panne. Verdict : le transfo d’alimentation (qui soit dit en passant n’avait même pas été imprégné sous vide) était en court circuit, (je m’en doutais un peu car j’entendais déjà depuis un certain temps une sorte de coup de bélier à chaque allumage de l’appareil) et quelques composants du circuit imprimé la voie droite étaient HS. L’appareil a vaqué pendant quelques années sur une étagère du garage pour finalement être démonté. J’ai donné les 12 tubes à un ami audiophile et flanqué le reste à la décharge, sniff…
Je pense que les concepteurs auraient dû équiper cet ampli d’un préchauffage des filaments antérieur de 30 secondes à l’application de la haute tension lors de l’allumage, et si possible, d’un réglage de bias commutable avec manomètre intégré sur la façade afin de pouvoir contrôler la dérive de polarisation des tubes de puissance, surtout dans cette configuration où on a affaire à un double push-pull de pentodes. Cayin le fait sur ses amplis et c’est une excellente idée. Alors, pour une cinquantaine d’euros de plus Vincent aurait pu l’imiter, ce n’est pas du luxe, même sur du bas de gamme…
Conclusion :
Il vous faudra beaucoup d’oreille pour faire la différence entre le son d’un bon ampli à transistor fonctionnant en classe A et celui d’un ampli à tubes, surtout à faible puissance et sur des enceintes à haut rendement. Personnellement, je pense que la part de subjectivité dans l’écoute du son est telle que l’irrationnel prend obligatoirement le dessus. Le tube rougeoie dans l’obscurité, on a presque l’impression qu’il prend vie comme les braises le font dans l’âtre et cela influence notre perception auditive. Certes, en déco, la lampe est bien plus sympa que le transistor qui est peu démonstratif, bien caché derrière son radiateur. Mais, vu la différence de prix, le jeu en vaut-il la chandelle? Franchement, si ce n’est qu’une question pragmatique de porte-monnaie et de subjectivité auditive, entre 300 € et 2000 € le choix est vite fait.
Cependant, si malgré le gros écart de prix vous optez pour un ampli à tubes, achetez une marque réputée, de préférence américaine, japonaise ou européenne ou à la rigueur une marque chinoise reconnue comme Cayin.
Bien que la mode du vintage fasse monter régulièrement leur prix, vous pouvez encore faire de bonnes affaires sur les amplis transistorisés de plus de 25 ans, mais ce sera difficilement le cas pour des amplis à tubes de qualité des années 80 à 90 qu’il faudra payer un minimum de 2000 € pour éviter de se faire… entuber.
Comme je l’évoquais le mois dernier dans mon article sur la cassette audio, le disque microsillon, plus couramment nommé vinyle, retrouve lui aussi les bonnes grâces du public, tout du moins, d’une catégorie de personnes qui sont nostalgiques de cette façon plus tactile et bien plus sensuelle d’écouter la musique, préférant le fun néo-rétro d’une platine tourne-disque à la vulgaire mise à disposition immatérielle d’un mp3 via le son étriqué de son smartphone. Déjà, avec l’apparition du compact disc en 1980, la miniaturisation avait débuté en divisant par trois la taille de ce support musical et de sa pochette illustrative. Par contre, le prix lui s’était retrouvé multiplié par trois, ce qui ne fut pas du goût des plus modestes… 50 Francs pour un 33 tours contre 150 Francs pour un CD en 1982, la fourchette des prix avait finit par se resserrer (70 contre 120 Francs en 1989), et puis finalement, le vinyle avait quasiment disparu dans les années 90 avec un CD à 100 Francs qui devinrent 15 euros en 2001. Puis, à partir de 2010, les supports physiques permettant la restitution de la musique commencèrent à disparaître et le plaisir de trifouiller dans son encombrante collection de disque aussi.
Un peu d’histoire : N’en déplaise à Thomas Edison qui déposa le brevet du phonographe le 19 décembre 1877, la description précise et détaillée d’un dispositif susceptible d’enregistrer et de reproduire les phénomènes perçus par l’ouïe est faite peu de temps avant par notre Charles Cross national, le 30 avril de la même année. Survolons les balbutiements et l’évolution de cet appareil entièrement mécanique (le Phonographe à cylindre de Thomas Edison qui devint le Gramophone à disque d’Émile Berliner) pour évoquer directement l’âge adulte de ce procédé d’enregistrement et de restitution sonore, à savoir le disque microsillon stéréo et le tourne disque électrique dont l’utilisation se généralisa dans les années 60.
Évoquons d’abord la fabrication du disque. Au départ, les deux signaux de la stéréo sont fournis par le master enregistré sur une bande magnétique dans un studio.
La gravure d’un disque original en stéréo : Le micro-sillon se fait grâce au graveur électrodynamique qui opère avec un burin en diamant chauffé à l’aide d’une petite bobine parcourue par un courant électrique continu. La gravure est faite sur un disque matrice (en aluminium recouvert de vernis acétate ou bien en cuivre, selon la méthode utilisée). Le sillon est modulé latéralement et verticalement par codage : on additionne le signal gauche au signal droite en latéral et on retranche le signal gauche au signal droite en vertical, ce qui permettra de retrouver les deux signaux par somme et différence des signaux latéraux et verticaux lors de la lecture. Lors du Cutting, où l’on vient graver les sillons sur la matrice, les fréquences aiguës sont renforcées alors que les graves sont atténuées selon la courbe RIAA. La courbe RIAA (Recording Industry Association of America) est une norme, un correcteur qui définit les variations d’amplitudes et qui a été mis en place pour standardiser la gravure afin qu’elle soit lisible sur tout type de préamplificateur de tourne disque (Voir l’explication en pied de page).
La duplication des disques : Un disque original n’est pas utilisé pour la lecture : il sert uniquement pour fabriquer d’autres disques (ceux distribués dans le commerce). Il existe deux méthodes de duplication.
La méthode traditionnelle (années 60 à 80) : le lacquer : Ici, le support est un disque verni constitué d’un flan épais d’un millimètre, généralement en aluminium, recouvert sur ses deux faces d’une laque cellulosique qui constitue le milieu d’enregistrement. Le disque verni original est d’abord métallisé pour être rendu conducteur. Cela est obtenu par un trempage dans un bain de cyanure d’argent suivi d’une réduction chimique à l’aide de glucose : il est ainsi recouvert d’une pellicule d’argent. Il sert d’électrode dans un bain électrochimique. Par galvanoplastie, il est alors possible de déposer une couche de nickel qui, après séparation, constituera un disque en relief ou “père”. Celui-ci est ensuite utilisable pour réaliser de la même façon une “mère” qui reproduit le disque original et ensuite, de nouveau, une matrice en relief nommée stamper. Elle est en nickel chromé ; elle constitue une surface dure qui est soudée sur un flan épais en cuivre, ce qui confère une grande rigidité à l’ensemble. Le stamper est alors monté sur une presse et sert au moulage à chaud des disques en matière plastique à base de polychlorure de vinyle. Chaque matrice “empreinte” dite stamper produite par galvanisation peut servir pour le pressage de 1000 à 1500 disques. Au delà de cette quantité, un nouveau stamper est produit à partir la matrice “mère”.
La méthode la plus récente (années 80) : le DMM (Direct Metal Mastering) : Elle est plus rapide et plus économique que la méthode traditionnelle car l’étape de galvanisation est réduite. En effet, les stampers sont réalisées directement à partir d’un disque master en cuivre qui est très résistant. La gravure se fait à l’aide d’un stylet chauffant muni d’un burin en diamant qui trace le micro-sillon hélicoïdal. Cependant le gain est plus bas que sur lacquer et la qualité est moindre.
La gravure directe : Retour aux sources, ici la matrice du disque est comme son nom l’indique, gravée directement pendant l’exécution musicale, comme au bon vieux temps des cylindres et des premiers 78 tours. Pas de magnétophone donc pas de souffle de bande ni de distorsions dues aux divers mixages, plus de limiteurs ou de compresseurs, de manipulations iconoclastes ou de rotations de phase. Mais il y a des difficultés techniques notamment du fait que chaque face doit être gravée de la première à la dernière note d’un seul jet sans faire de raccord sous peine d’avoir à tout recommencer. Le technicien doit régler lui-même le pas du sillon lorsqu’il réclame un pas plus large alors que sur une gravure normale, cette opération est automatique grâce à un détecteur qui prévoit les fortissimos quelques secondes à l’avance. De plus, les musiciens ont un stress important puisque l’erreur n’est pas permise… Mais le résultat est bluffant et ravit les oreilles des audiophiles les plus blasés (Notamment les enregistrements Teldec faits avec des têtes de gravure Neumann SX 68). Ces disques gravés dans les années 70 avaient une dynamique époustouflante pour du vinyle ; déjà rares à leur sortie, ils sont maintenant très recherchés et donc très chers.
La lecture d’un disque : Le disque moulé acheté dans le commerce est placé sur le tourne-disque qui tourne à la même vitesse que lors de l’enregistrement. Il est lu à l’aide d’une tête de lecture munie d’une pointe en diamant. Les mouvements alternatifs de la pointe se transmettent à l’équipage mobile de la tête qui est un transducteur et une tension électrique est ensuite recueillie aux bornes de la tête, puis amplifiée grâce au préampli Phono RIAA et à l’ampli pour finalement être transformée en signaux acoustiques à l’aide d’un haut-parleur.
Le disque vinyle microsillon existe en LP : 33 tours (album complet), en 45 tours (Single) et en 12′ (Maxi Single 45 tours parfois 33 tours). Les derniers 33 tours de grande production furent diffusés en 1991, et les derniers 45 tours en 1993.
Les avantages et les inconvénients du disque vinyle : Ils ont déjà été en partie évoqués dans l’article précédant traitant de la cassette audio. Les inconvénients par rapport au CD sont pléthoriques : le pleurage et le scintillement (variation de la vitesse de lecture) sont élevés sur les TD bas de gamme et le rumble (bruits du mécanisme d’entrainement) aussi, le bruit liés à une mauvaise masse (ronflette) est parfois perceptibles pendant l’écoute entre deux pistes, le rapport signal sur bruit (souffle) et la dynamique sont médiocres (entre 50 et 70 db maximum à comparer aux 90 db du CD), la diaphonie (séparation de la stéréo) est catastrophique (35 db maximum à comparer au 90 db du CD), il y a des craquements dus à l’usure du sillon, le stylet est à changer régulièrement, l’électricité statique agglomère la poussière dans les microsillons, la distorsion du signal original (surtout dans les aigus) est souvent pénible, la vitesse de démarrage est lente, le support est sensible aux rayures, on a l’obligation de changer de face pour écouter l’album en entier, le pressage n’est pas forcément réussi et souvent le son est criard (stamper en fin de vie)… Quant aux avantages, comme pour la bande magnétique, ils sont subjectifs et inhérents aux défauts de l’analogique mais ils sont aussi liés à l’indigence des enregistrements actuels puisque la dynamique potentielle du numérique est sabotée par les réglages de compression du signal lors de l’enregistrement du master, ce qui paradoxalement rend les vieux enregistrements plus écoutables. Bref, on aime surtout le vinyle pour ses nombreux défauts, d’ailleurs certains rappeurs sont devenus masochistes au point de rajouter du souffle, de la distorsion et des craquements sur leurs enregistrement numériques…
Faut-il acheter des disques vinyles neufs ? Franchement, le son des pressages vinyles actuels est souvent mauvais, aussi vaut-il mieux récupérer un pressage d’époque. Là où des maisons de disques sérieuses devraient récupérer les masters originaux effectués en analogique, la plupart se contentent de repiquer le son à partir de fichiers .wav ou même parfois directement des cd du commerce qui ont été remasterisés. On a donc les désavantages du CD et du vinyle cumulés ce qui est stupide. Alors entre la réédition d’un disque microsillon à 30 euros (parfois plus) et son homologue plus vieux de trente ans à 2 euros trouvé aux puces ou sur le Bon Coin, le choix est vite fait. Quant aux sorties récentes, entre la version numérique ou vinyle, préférez systématiquement la première, puisque plus aucun studio ne mixe en analogique.
Le disque HD, l’avenir du vinyl ? Projet de la société Autrichienne Rebeat Innovation, les vinyles haute définition qui seront compatibles avec les platines déjà existantes, auraient pour particularité de pouvoir stocker plus de musique que sur un vinyle classique, avec un volume sonore plus élevé et une meilleure qualité audio globale. Pour parvenir à ce résultat, Rebeat Innovation va utiliser une nouvelle technologie de gravure. Elle commencera d’abord par convertir les enregistrements audio en «carte topographique 3D». Puis un laser se chargera de graver cette carte sur le stamper. Une innovation à suivre de près…
Technique Audio : La norme d’équalisation phono RIAA, acronyme de la Recording Industry Association of America :
Sur un disque vinyle, le sillon gravé (à partir d’un enregistrement sur bande magnétique) contient une reproduction mécanique du son enregistré, qui lors de l’écoute d’un disque vinyle est restituée par la pointe de lecture (le diamant) équipant la cellule de la platine disque. Elle effectue des mouvements variant à la fois latéralement et verticalement en fonction de ces reliefs. Lors de l’enregistrement d’un disque vinyle, le signal n’est pas gravé tel quel, mais subit une égalisation. Si on gravait le disque sans correction RIAA, les reliefs larges correspondant aux sons les plus graves seraient trop larges pour tenir dans le sillon, tandis que les reliefs les plus fins correspondant aux sons les plus aigus seraient si fins que leur reproduction par la cellule serait noyée dans le bruit de fond du vinyle, et que l’on ne les entendrait plus. On augmente donc progressivement le niveau des sons aigus pour que leur relief dans le sillon soit plus important et on atténue les basses fréquences pour que leur modulation rentre dans la place disponible. Par la suite, avant d’être reproduit, ce signal doit être ré-égalisé en sens inverse pour être suffisamment fidèle. La courbe résultante doit être horizontale.
Quelques grandes marques de platines tourne-disque :
Thorens : Thorens a commencé son activité en tant que fabricant de boite à musique puis de gramophones et de tourne-disques. La célèbre marque de platine suisse fut l’une des premières, au début du 20ème siècle, à proposer des platines tourne-disque à moteur électrique. Sa platine vinyle TD 150, développée à partir de 1965 est l’un de ses modèles les plus populaire. Sa construction sert de base aux modèles TD 125, TD 126, TD 127 et TD 160, produites jusque dans les années 1990.
Catalogue Thorens 1986 :
Dual : En 1907 deux frères allemands, Josef et Christian Steidinger, fondent à Sankt Georgen en Forêt-Noire l’entreprise Steidinger Frères, Mécanique de précision. Mais de nombreux désaccords mettront un terme à leur association, de sorte qu’en 1911 Christian Steidinger dirige seul avec quelques employés l’entreprise qui produira des composants de gramophone puis le mécanisme à ressort complet. Son nom actuel, Dual, vient d’une invention de l’ingénieur Emil Knecht commercialisée en 1927 ; un mécanisme double d’entraînement du disque combinant un moteur électrique et un moteur à ressort. Ce dispositif permettait d’utiliser l’appareil n’importe où. Dans les années 1930 les gramophones entièrement électriques apparaîtront grâce à l’ingénieur Hermann Papst, préfigurant les futurs tourne-disques. Dual introduira également sur le marché des lecteurs de cassette audio et vidéo, des lecteurs de disque laser, des amplis et autres appareils Hi-Fi jusque dans les années 1990. En 1993 la production des platines est cédée à Alfred Fehrenbacher GmbH et DGC GmbH, qui assemblent encore les tourne-disques à l’usine originelle de Sankt Georgen. Propriété du Coréen Namsung Electronics depuis 2002, son nouveau siège se trouve en Floride sous la désignation Dual Electronics, nom commercial de la filiale américaine Namsung America Inc.
Catalogue Dual 1987 :
Technics : La firme fut originellement créée pour représenter le segment haut de gamme des équipements audio chez Matsushita. De nombreux produits étaient commercialisés, tels que des tourne-disques, des amplificateurs, des tuners, des enregistreurs cassettes et des lecteurs CD. Depuis 2002, la plupart de ces produits sont commercialisés sous la marque Panasonic. Seuls les équipements de DJ et les pianos électriques sont encore commercialisés sous la marque Technics. La réputation de la marque est en partie due à un modèle de tourne-disques sorti en 1978 et à nouveau commercialisée : la SL-1200 MK2, qui équipe de nombreuses discothèques à travers le monde. La production de Technics, arrêtée en 2010, reprend en 2014 pour les enceintes et amplificateurs, et en 2015 pour les platines haut de gamme, où ses concurrents japonais Sony et Pioneer ont prospéré en son absence.
François
Catalogue Technics 1981 :
Platines tourne-disque professionnelles utilisées en Radio et en discothèque dans les années 80 : Amix, Technics, Dynacord, Barthe, Celestion, Dual, Lenco, Citronic, BE Broadcast.
Tout comme le disque vinyle, la cassette audio revient à la mode, et les lecteurs qui lui sont adaptés commencent à nouveau à équiper les appareils audio grand public (à la nuance près que contrairement à l’époque, ils y côtoient les prises USB et les systèmes bluetooth). On peut à nouveau trouver des cassettes vierges à un coût très raisonnable dans beaucoup d’enseignes spécialisées et depuis quelques années, certains artistes en vogue sortent à nouveau leurs albums dans ce format. Si l’on rajoute le fait que de nombreux albums originaux parus avant 1992 ne sont pas sortis sur CD et ne sont donc disponibles qu’en format LP 33 tours, 45 tours ou cassette, avec la nostalgie des années 80 et le retour en force du vintage, on comprend mieux la nouvelle popularité de cet objet qui est si familier aux seniors et qui parait si sympathiquement désuet aux plus jeunes.
Un peu d’histoire :
On ne peut pas évoquer la cassette audio sans parler de la firme Philips qui l’introduisit au début des années 60. Si ce fut un succès qui perdura plus de 30 ans, ce fut loin d’être le cas pour deux autres de ses inventions (le standard V2000 pour les cassettes vidéos qui fut supplantées par le VHS commercialisé par JVC, puis le DCC pour la cassette numérique qui fut mis hors jeu par le MD de Sony). Mais Philips prit sa revanche en 1983 avec l’invention du Compact Disc qui reste encore un standard de nos jours.
Le succès de la cassette perdura jusqu’à l’apparition des disques compacts enregistrables à la fin des années 80 dont l’utilisation se généralisa dix ans plus tard autant en audio qu’en informatique. Jusqu’à 1983 et l’apparition du disque compact audio, les enregistrements commerciaux étaient diffusés sous forme de disques microsillons et de cassettes dites minicassettes. La cassette fut aussi à la base du succès mondial du Walkman, le mini-lecteur de cassette portable commercialisé en 1979 par SONY. La minicassette a perduré bien au-delà de l’apparition du CD, en particulier aux États-Unis. À partir de 1983, leur vente ont largement dépassé celles des disques vinyles, car les appareils portables (entre autre les boombox) et l’autoradio offraient à la cassette des domaines d’utilisation privilégiés.
Les inconvénients de la cassette :
Cependant, il ne faut pas oublier que le ruban magnétique de la cassette comporte certains défauts, liés en premier lieu à son étroitesse et à sa vitesse de défilement insuffisante, désavantages rédhibitoires pour les professionnels qui lui préférèrent les bandes magnétiques et les lecteurs de cartouche. Ainsi, là où un magnétophone à bande Revox B77 défilant à 19 cm/seconde affichait un enregistrement couvrant les 20-20.000 Hz à 0 db avec une dynamique de 70 db et un rapport signal bruit de 65 db sans aucun réducteur de bruit, un Nakamichi BX-300 défilant à 4,75 cm/seconde (pourtant haut de gamme) ne parvenait à la même bande passante qu’à -20 db, le signal n’étant plus qu’un pale 50-15.000 Hz à 0 db même avec le dolby C enclenché. La même qualité de rapport signal-bruit ne se retrouvait quant à elle qu’avec le traitement au Dolby. Quant à la dynamique, bien que globalement conservée à l’enregistrement sur un magnétophone à bande, elle s’élevait péniblement à 35 db sur une cassette, ce qui est des plus médiocre. Côté restitution sonore, la platine disque s’en sortait mieux à l’époque, puisqu’elle restait dans la fourchette des 20-20.000 Hz à 0 db. Le rapport signal sur bruit était lui aussi bien meilleur (environ 70 db), mais la dynamique s’effondrait souvent à des valeurs de l’ordre de 45 db (50 db pour des gravures directe), ce qui n’est pas très glorieux.
La diaphonie (l’interférence d’une piste sur l’autre en stéréo) d’un enregistrement sur cassette est aussi très mauvaise. Si pour le CD elle est inaudible (supérieure à 80 db) et excellente pour un magnétophone à bande (70 db), elle devient catastrophique pour un vinyle ou une cassette (de l’ordre de 35 db…).
Enfin, parmi les autres inconvénients inhérent à ce mode de restitution sonore, on peut signaler les problèmes de distorsions liés au pleurage et au scintillement, le défilement défectueux qui piégeaient parfois les bandes magnétiques dans le système d’entraînement de la platine, et les dépôts d’oxydes sur les têtes de lecture, notamment avec les cassettes normales à l’oxyde de Fer, compromettant la qualité des aigus.
Alors, avec tant de défauts qui sont rédhibitoires pour un audiophile, pourquoi de plus en plus de gens reviennent aux cassettes audio? Effet de mode? Fascination pour le vintage et le “c’était mieux avant?” Nous allons voir qu’il existe d’autres raisons légitimes qui peuvent amener intuitivement le consommateur à revenir vers ce matériel en apparence dépassé.
Les avantages de la cassette :
Hormis son côté rétro des plus sympathique, la minicassette à de nombreuse qualités qui s’avèrent être en fait des “défauts agréables” à l’oreille.
La distorsion harmonique paire : Ainsi, les avantages de l’analogique sur le numérique sont liés notamment à la présence d’un niveau d’harmonique paires élevé (H2, H4,…), plutôt agréables à l’ouïe. Elles font que le son semble “agréablement distordu”, contrairement au numérique où il est totalement neutre mais parfois trop sec, notamment sur les enregistrements DDD ou les variation de dynamique sont fidèles à la réalité. Jusque là, tout va bien pour le numérique. Mais l’électronique à transistor et surtout les enceintes acoustiques ne peuvent pas toujours suivre cette dynamique très élevée, faisant naître la distorsion impaire et ses harmoniques (H3, H5...) très désagréables à l’oreille, surtout dans les médiums (fréquences de la voix humaine). Les amateurs de distorsion paire, adeptes notoire d’ampli à tubes, ne peuvent qu’être conquis par ce défaut inhérent à l’analogique qui dans ce cas se transforme en qualité pour leurs oreilles.
L’impossibilité de délivrer un signal supérieur à 0 db sans distorsion : Les enregistrements sur cassettes ont la particularité de saturer au delà de 0 décibel sur l’échelle du vu-mètre (quand les leds rouges s’allument) et le respect de cette règle est une très bonne chose pour nos oreilles. Par contre, ce n’est pas le cas pour les enregistrements digitaux – sur support CD ou dématérialisés en format compressé (MP3, AAC) ou lossless (WAV, FLAC) – qui peuvent outrepasser cette limite bien au delà de +10 db selon le bon vouloir de l’ingénieur du son, générant ainsi de la distorsion impaire dans les amplis bon marché commercialisés de nos jours.
La qualité désastreuse des enregistrement actuels : un logiciel des plus simples, tel Audacity, peut vous permettre de constater que la dynamique d’un enregistrement gravé sur un CD du commerce postérieur à 2000 n’est que de 35 db, parfois moins, alors que potentiellement, un enregistrement digital peut aller au delà de 80 db. De même, le niveau sonore moyen d’un enregistrement actuel va de 98 à 105 db, parce que pour faire un son “puchy” qui passe bien sur un autoradio en plein embouteillage, on mixe au taquet et on rattrape la catastrophe en traitant le signal avec des compresseurs multibandes. Résultat des courses, impossible de monter la chaîne hifi à trop haut niveau sonore comme sur les vieux enregistrements sous peine d’indigestion de soupe sonore. Dans ces conditions, n’importe quel enregistrement d’époque (ou le standard de niveau sonore était de 89 db soit 10 db plus bas) restitué par une cassette peut paraître plus dynamique que le dernier disque de Lady Gaga (et d’ailleurs souvent l’est…). Mais que l’on ne se méprenne pas, rien ne remplacera jamais la splendide dynamique d’un album CD des années 80 écouté sur une bonne chaîne Hifi, car, si on le compare au même enregistrement sur support cassette ou même vinyle, la restitution sonore est autrement plus dynamique, exempte de souffle, de diaphonie, bref, de distorsion…
La qualité désastreuse des enregistrement actuels : visionnez cette vidéo YouTube intitulée la guerre du loudness (en anglais).
Détails techniques sur les cassettes et leurs lecteurs :
La durée d’une cassette va de 60 minutes à 120 minutes, bien que cette durée maximale soit peu recommandée car elle fragilise le mécanisme d’entrainement de la bande magnétique.
Afin d’améliorer les performances, les fabricants ont utilisé diverses formules pour la bande magnétique contenue dans les cassettes. D’abord furent commercialisées les cassettes normales à l’ oxyde de fer (FE2O3) couvrant les fréquences de 50 Hz à 15 kHz à -20 db. Par la suite, vinrent celles au dioxyde de Chrome (CRO2) dans les années 70 et puis les Ferrichromes (FeCr) à la fin des années 70. Elles couvrent les fréquences de 30 Hz à 17 kHz. Enfin, au début des années 80, arrivèrent les bandes Métal (M) couvrant de 20 Hz à 20 kHz. Les magnétocassettes ont d’abord été équipés de quatre touches correspondant aux quatre types de cassette puis un codage mécanique par encoches au dos de la cassette a été adopté permettant aux appareils disposant de ce système d’adopter automatiquement les réglages adaptés à la cassette introduite dans leur mécanisme (autobias).
Il existe, selon l’année de production de la platine cassette et son niveau de gamme, divers Dolby, qui visent à limiter le souffle inhérent au bandes magnétiques. Les plus connus sont les Doby A, B, C, S et HXPro.
Le Dolby A : fut le le premier système de réduction du bruit présenté en 1965. Il était destiné à être utilisé dans les studios d’enregistrement professionnels, où il est devenu monnaie courante et a été largement accepté, tout comme l’enregistrement multipiste est devenu la norme. Le signal d’entrée est divisé en bandes de fréquences par quatre filtres avec des pentes de 12 dB par octave, avec des fréquences de coupure (points de réduction de 3 dB) comme suit: passe-bas à 80 Hz; bande passante de 80 Hz à 3 kHz; une passe-haut de 3 kHz; et un autre passe-haut à 9 kHz. (La division en deux bandes passe-haut permet une plus grande réduction du bruit dans les fréquences les plus hautes.) Ce Dolby permet d’obtenir une réduction de bruit d’environ 10 dB pouvant atteindre 15 dB à 15 kHz. Le Dolby A a également été utilisé comme méthode de réduction du bruit optique dans les images animées.
Le Dolby B : a été développé après le Dolby A et présenté en 1968 sous la forme d’un système à bande unique offrant une réduction du bruit d’environ 9 dB, principalement pour les cassettes. Il était beaucoup plus simple que le Dolby A et donc beaucoup moins coûteux à implémenter dans les produits grand public. Les enregistrements Dolby B peuvent être lus sur un équipement ne disposant pas de décodeur Dolby B, tels que les lecteurs de cassettes portables et de voiture peu onéreux de l’époque. Sans la désaccentuation du décodeur, le son sera perçu comme plus brillant à mesure que les hautes fréquences sont accentuées, ce qui peut être utilisé pour compenser une réponse haute fréquence “terne” dans un équipement peu coûteux. À partir du milieu des années 1970, le Dolby B est devenu la norme sur les cassettes de musique préenregistrées sur le marché.
Le Dolby C : fut introduit en 1980. Il offre une réduction du bruit d’environ 15 dB. Il est construit en combinant l’effet de deux systèmes Dolby B avec une extension à des fréquences plus basses. Les enregistrements résultants sonnent beaucoup moins bien lorsqu’ils sont lus sur un appareil ne disposant pas de la réduction du bruit Dolby C. Une partie de cette distorsion peut être atténuée en utilisant le Dolby B lors de la lecture. Le Dolby C est apparu pour la première fois sur des platines cassette haut de gamme dans les années 1980.
Le Dolby S : fut introduit en 1989. Il était prévu que le Dolby S devienne la norme sur les cassettes de musique commerciales préenregistrées, à peu près de la même manière que Dolby B dans les années 1970, mais il a été commercialisé trop tard alors que la cassette compacte était remplacée par le Compact Disc en tant que format de musique dominant du marché de masse. Dolby Labs affirmait que la plupart des gens n’arrivaient pas à différencier le son d’un CD d’une cassette encodée en Dolby S… Le Dolby S est surtout apparu sur les équipements audio haut de gamme et n’a jamais été largement utilisé. Il résiste mieux aux problèmes de lecture causés par le bruit du mécanisme de transport de bande que le Dolby C. De même, le Dolby S aurait également une compatibilité de lecture avec le Dolby B en ce sens qu’un enregistrement Dolby S pourrait être lu sur un ancien appareil Dolby B avec un certain bénéfice auditif. Le Dolby S permet une réduction du bruit de 10 dB à basses fréquences et une réduction de bruit allant jusqu’à 24 dB à des fréquences élevées.
Le Dolby HX-Pro : a été inventé en 1980 et breveté en 1981 par Jørgen Selmer Jensen de Bang & Olufsen. La bande magnétique est intrinsèquement non linéaire en raison de l’hystérésis du matériau magnétique. Lorsqu’un signal analogique est enregistré sur une bande magnétique, sa reproduction est déformée en raison de cette non-linéarité. Dans le HX-Pro Pour remédier à cela, un signal haute fréquence, appelé polarisation, est mélangé au signal enregistré, qui ajuste l’enveloppe du signal et le rend plus linéaire. Si le signal audio contient un enregistrement haute fréquence de forte dynamique, tels des cymbales, il y a saturation. Mais Dolby HX Pro réduit automatiquement le signal de polarisation en présence de puissants signaux haute fréquence, ce qui permet d’enregistrer à un niveau de signal supérieur, d’où son nom: HX = Headroom eXtension. Le HX-Pro ne s’applique que pendant l’enregistrement ; le rapport signal/bruit amélioré est disponible quelle que soit la platine à cassette sur laquelle la bande est lue. Le HX-Pro n’est donc pas un système de réduction du bruit au même titre que Dolby A, B, C & S, bien que cela aide à améliorer la précision de suivi du codage/décodage de la réduction du bruit en réduisant la non-linéarité des performances de la bande. Certaines maisons de disques ont sorti des cassettes préenregistrées HX-Pro à la fin des années 80 et au début des années 90.
Quelques grandes marques de platines cassette :
Trois firmes ressortent du lot, essentiellement Nakamichi, Revox et Teac, les deux dernières étant plus connues pour leurs magnétophones à bande. Mais d’autre marques plus généralistes parmi lesquelles Marantz, Technics, Yamaha, Luxman, Onkyo et Akaï notamment, commercialisaient elles aussi des appareils d’exception.
Nakamichi : fut fondé par Etsuro Nakamichi en 1948 sous le nom de Nakamichi Research Corporation Ltd. à Tokyo, au Japon. La firme était spécialisée dans la fabrication de radios portables, de bras de lecture, de haut-parleurs et d’équipements de communication. L’entreprise fut ensuite dirigée par le frère cadet du fondateur, Niro Nakamichi. Au départ consacré à la recherche en optique, Nakamichi est ensuite devenue connue en tant que fabricant de produits audio de qualité. Bien que ses platines à cassettes soient particulièrement réputées, la société est également connue pour ses innovations audio, telles que des lecteurs de disques à centrage automatique, des enregistreurs DAT haut de gamme et des changeurs de CD ultra-compacts à chargement par fente.
Dans les années 1950, Nakamichi mit au point l’un des premiers magnétophones à bande du Japon sous la marque Magic Tone. En 1957, elle développa et fabriqua ses propres têtes pour magnétophone et lança le Fidela Deck Plate équipé de trois têtes. Fort de son expérience dans la fabrication de têtes et d’équipements à bande magnétique, la société commença à fabriquer des platines à bandes pour un certain nombre de fabricants étrangers, notamment Harman Kardon, Advent, Fisher, ELAC, Concord, Ampex et Motorola.
À partir de 1973, Nakamichi commença à vendre des magnétophones à cassettes stéréo de haute qualité qui tiraient parti de l’abandon du magnétophone à bande par le marché de masse. Les Nakamichi 1000 et 700, construits au milieu des années 1970, comportaient trois têtes, un entraînement à deux cabestans réduisant les pleurages et scintillement, et une réduction du bruit Dolby-B permettant d’améliorer le rapport signal sur bruit. Le double entraînement du cabestan assurait un bon contact entre la tête et la bande supérieur, éliminant essentiellement la dépendance vis-à-vis des coussinets de pression à ressort problématiques intégrés aux logements de cassette. (Les modèles suivants ont été équipés d’élévateurs à tampon de pression qui ont encore amélioré la stabilité du déplacement de la bande et réduit l’usure de la tête.) Les caractéristiques haut de gamme de ces modèles comprennent un réglage de l’azimutage de la tête d’enregistrement et un étalonnage du Dolby. Le prix de vente au détail relativement élevé des modèles 1000 et 700 incita Nakamichi à proposer des modèles à deux têtes moins onéreux, tels que les modèles Nakamichi 500 et 600.
Nakamichi (catalogue 1987) :
Revox : Willi Studer, inventeur et fondateur de la société internationale Studer/Revox, crée la société “Willi Studer, fabrication d’appareils électroniques” à Herisau, en Suisse. En plus de développer et de fabriquer des oscillographes à haute tension, la jeune société se tourne rapidement vers le développement de magnétophones, initialement commercialisés sous le nom de Dynavox. Avec le Revox T26, Willi Studer lance son premier magnétophone sous sa propre marque. L’appareil est une évolution du Dynavox et sa qualité est si excellente qu’il est bientôt utilisé par les professionnels de la radiodiffusion.
En 1952, Willi Studer présente son premier magnétophone destiné aux studios professionnels, le Studer A27. Deux gammes de produits et deux marques sont créées en même temps que la dénomination. Par la suite, le nom de Studer est utilisé pour la gamme destinée aux studios professionnels alors que Revox devient la marque absolue des amateurs de musique.
En 1960, permettant un enregistrement sur deux ou quatre pistes, le Revox D36 est le premier magnétophone stéréo à être commercialisé. Grâce à un amplificateur entièrement redéveloppé et destiné tant à l’enregistrement qu’à la lecture, cet appareil permet pour la première fois à l’amateur et au musicien occasionnel d’enregistrer en stéréo et avec une qualité exceptionnelle à l’aide de deux microphones.
En 1967, le légendaire album des Beatles “Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band”, unanimement considéré comme l’album pop le plus novateur de sa génération, est enregistré avec le Studer J37 aux studios Abbey Road de Londres. La société Studer-Revox est, durant des décennies, le leader incontesté en termes de technologie de studios.
En 1970, presque 20 ans de savoir-faire en termes de développement et une grande expérience de la technologie des studios se retrouvent dans la plus célèbre gamme de magnétophones, le Revox A77. Viendrons ensuite les fameux B77 MK2 qui furent très utilisés en radio pour le montage sur bande des jingles et des publicités.
Revox (catalogue 1987) :
Teac : TEAC Corporation est une société d’électronique haut de gamme d’origine japonaise qui fut fondée en 1953, sous le nom Tokyo Electro Acoustic Company. La gamme TEAC concerne l’audio grand public et TASCAM, le domaine professionnel. La marque commercialise également des périphériques informatiques et du matériel pour les industries médicale et aéronautique. Les magnétos à bandes TEAC autoreverses (X 1000R ET X 2000R) et les platines cassettes TASCAM étaient très plébiscités par les radios locales des années 80, respectivement pour la programmation nocturne en diffusion 24H/24 et la diffusion des jingles et des publicités en renfort des Revox B77.
Dans la production la plus récente de cette firme, on distinguera deux superbes appareils commercialisés à la fin des années 90, les V 6030S et V 8030S équipés d’un Dolby S, qui concurrencèrent avec bonheur les meilleurs derniers modèles de Nakamichi.
Magnétophones à bande et à cassette Teac (catalogue 1985) :
Investir dans une platine cassette d’occasion :
Vous l’aurez compris, la cassette revient à la mode mais elle n’est pas un parangon de vertus dans le domaine de la haute fidélité. Si cependant, vous persistez dans la démarche nostalgique d’acquérir une platine cassette d’occasion à un prix abordable, optez pour des marques réputées pour leur robustesse comme Teac, Marantz, Yamaha, Luxman ou Technics et pour des appareils postérieurs à 1990. Si vous disposez d’une somme plus confortable pour cet achat, vous pouvez investir dans un Nakamichi qui est la “Rolls” du magnétocassette. Personnellement, je vous déconseille d’investir dans une platine cassette trop ancienne, surtout lorsqu’il s’agit de Nakamichi. En effet, les pièces détachées de cette marque ne se trouvent plus et les électroniciens maîtrisant la maintenance de ces appareils vintage très pointus se font denrée rare… Vous ferez mieux de vous rabattre sur des modèles postérieurs à 1987 (voir ci-dessus le catalogue de la célèbre marque). Leur prix varie selon les modèles entre 200 et 1500 euros.
Mais pour moins de 100 euros, vous pourrez acquérir une platine cassette des années 90 équipée d’un Dolby HXPro (50 euros si elle est équipée de deux têtes de lecture, plus de 100 euros pour une trois têtes (monitoring possible à l’enregistrement). En double cassette auto-reverse, vous trouverez des modèles entre 40 et 100 euros. Certes la qualité sera moindre, mais pour le même prix vous aurez deux lecteurs et ce sera ainsi plus facile d’animer vos soirées néo-rétro…
Quant aux magnétophones à bande, ils sont très beaux et en général de qualité (Revox, Teac, Akaï, Tendberg), mais n’importe quel enregistreur numérique actuel fera mieux et cela sans aucun souffle. Alors à part vouloir monter un studio vintage ou bien l’exposer telle une sculpture pour décorer votre salon (si Madame est d’accord ce qui est peu probable), il vaudra mieux les éviter d’autant plus qu’ils sont chers, peu pratiques, souvent fragiles et toujours encombrants. Enfin, tout comme les platines cassettes, leur maintenance devient problématique car le savoir faire se perd et les pièces détachées (hormis les courroies) deviennent introuvables à part de cannibaliser au autre appareil en panne.
François
Magnétophones à cassette Marantz (catalogue 1982) :
Magnétophones à bande et à cassette Technics (catalogue 1982) :
Magnétophones à cassette Yamaha (catalogue 1997) :
Magnétophones à cassette Onkyo (catalogue 1997) :
Magnétophones à bande et à cassette Akaï (catalogue 1975) :
Radio-cassettes et auto-radios des années 1978 à 2000 :