Film – Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème dimension (1984)

« Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème dimension », titre souvent abrégé en « Buckaroo Banzaï », est une comédie américaine de science-fiction sortie en 1984 et dirigée et produite par W. D. Richter. Les prémisses du film s’appuient sur les efforts du Docteur Buckaroo Banzaï, talentueux physicien, neurochirurgien, pilote d’essaie et musicien de rock à ses heures, pour sauver le monde, en combattant une bande de mystérieuses créatures interdimensionnelles appelées Lectroïdes rouges de la planète 10. Le film est un mélange entre les genres de films d’action-aventure et de science-fiction et comprend également des éléments  de comédie, de satire et de romance.

L’histoire :

Buckaroo Banzai (Peter Weller) et son mentor, le Dr Hikita (Robert Ito), perfectionnent « l’oscillateur surpropulseur », un dispositif qui permet de passer à travers la matière solide. Banzai le teste en projetant son Jet Car à travers une montagne. En la traversant, Banzai se retrouve dans une autre dimension, et en revenant dans sa dimension normale, il découvre qu’un organisme étranger s’est attaché à sa voiture.

La nouvelle du succès de Banzai arrive jusqu’aux oreilles du Dr Emilio Lizardo (John Lithgow), qui est détenu dans le secteur fermé de l’hôpital psychiatrique de Trenton. En 1938, Lizardo et Hikita avaient déjà construit un prototype de surpropulseur, mais Lizardo l’avait testé avant qu’il ne soit prêt, et était resté coincé entre les deux dimensions. Bien que libéré, il était devenu fou. Conscient que Banzaï a réussi là où il avait échoué, Lizardo explose de colère et s’échappe de l’hôpital pour rejoindre John Bigbooty (Christopher Lloyd) qui est en fait un Lectroïde.

Banzaï et son groupe, Les Cavaliers de Hong Kong, se produisent dans une boîte de nuit lorsque Banzaï interrompt leur représentation musicale pour s’adresser à une femme dans l’assistance qui est déprimée et suicidaire, Penny Priddy (Ellen Barkin). Pendant l’interprétation d’un chanson qu’il joue pour elle, celle-ci tente de se suicider avec un pistolet, et son acte est confondu avec une tentative d’assassinat contre Banzaï. Mais Bukaro, qui découvre qu’elle est la sœur jumelle recherchée par sa défunte épouse, la fait sortir de prison. Plus tard, Banzaï organise une conférence de presse sur son expérience avec sa Jet Car, les Lectroïdes, et le spécimen de vie transdimensionnelle qu’il a prélevé en passant par la 8ème dimension. Mais des hommes étranges perturbent l’événement, enlèvent Hikita et s’emparent du surpropulseur…

Promotion compliquée pour un chef-d’œuvre du cinéma loufoque :

Fox a embauché Terry Erdmann et une équipe de publicitaires dont faisaient partie Blake Mitchell et Jim Ferguson pour promouvoir le film dans les conventions de Star Trek avec quelques extraits et des affiches gratuites de Banzaï qui sont devenus très recherchés par les fans. Le studio n’a pas tenté de vendre le film à un public « classique » avec une promotion traditionnelle, bien qu’il y ait eu des publicités dans des magazines (principalement dans Marvel Comics) et des licences connexes qui ont servi de publicité virale dans des lieux restreints. Le publiciste de studio Rosemary Lasmandmand a déclaré: « Personne ne savait comment faire avec Buckaroo Banzai. Il n’y avait aucun moyen simple d’expliquer à quiconque de quoi il s’agissait – et d’ailleurs, je ne suis pas sûr que, même si cela eut été possible, quelqu’un aurait compris ». Lithgow a déclaré: «J’ai essayé d’expliquer l’histoire aux gens et cela prenait environ une heure. Je veux dire, c’est compliqué. Mais c’est formidable. Chaque fois que je la raconte aux gens, je suis tellement excité que je fini en disant: Buckaroo Banzai, vous n’oublierez jamais quand vous l’aurez vu!  » 

Buckaroo Banzai devait initialement être diffusé le 8 juin 1984, mais finalement, cela a été retardé au 15 août. Les séances ont commencé sur 236 écrans et ont fait face à une forte concurrence avec Startrek III (également avec l’acteur de Banzaï, Christopher Lloyd), Indiana Jones et le temple Maudit et Ghostbusters. Le réalisateur estime que le film a échoué commercialement parce que son récit était trop complexe. Bien qu’il ait été rejeté à sa sortie par la plupart des critiques comme « étrange » et « incompréhensible », le film a tout de même été apprécié par un certain public amateur de ce genre. Buckaroo Banzai a depuis généré un véritable culte d’inconditionnels et a connu une bonne popularité lors de sa sortie en vidéo à domicile. Richter a déclaré: « Ce film est celui qui a engendré les réactions les plus extrêmes parmi tout ceux pour lesquels j’ai travaillé. Certains détestent et d’autres sont fans inconditionnels ».

Voir sur YouTube : « Les aventures de Buckaroo Banzaï (1984) – bande annonce ciné française » par Otto Rivers

Film – Barbarella (1968)

Barbarella est un film de science-fiction franco-italien sorti en 1968, produit par Dino De Laurentiis, et réalisé par Roger Vadim. Le tournage du film (adapté de la bande dessinée Barbarella de Jean-Claude Forest) s’est déroulé à Rome. Le film est empreint d’un érotisme qui évoque la libération sexuelle, mais aussi d’une bonne dose d’humour et d’autodérision, et il ne faut surtout pas le prendre au sérieux. Les décors sont très psychédéliques et la photographie de Claude Renoir les met en valeur. Le costumes de Barbarella, notamment celui de la scène finale, sont inspirés de l’œuvre du styliste Paco Rabanne. La scène d’ouverture où Barbarella fait un stip-tease et semble flotter dans son vaisseau spatial a été filmée alors que Jane Fonda était installée sur un énorme morceau de plexiglas avec une image de vaisseau spatial en dessous d’elle. Elle a été filmée d’en haut en donnant l’impression qu’elle est en apesanteur. Jane Fonda a affirmé avoir été en état d’ivresse pendant la quasi totalité du tournage. D’après elle, il s’agit d’un conseil de Roger Vadim pour être moins nerveuse.

L’histoire :

Au 41ème siècle, sur ordre du Président de la Terre (Claude Dauphin), la jeune astronaute Barbarella (Jane Fonda) doit retarder ses vacances sur Vénus et partir en mission pour tenter de retrouver et d’arrêter le redoutable professeur Durand Durand (Milo O’Shea), qui vient de mettre au point une arme effroyable : le rayon positronique, aussi appelé «polyrayon 4», qui met en danger l’équilibre de l’amour universel. L’homme a disparu aux environs de la planète Lithion, quelques années auparavant. Un atterrissage forcé sur Lytheion vaut à Barbarella d’être capturée par deux gamines qui la livrent à des poupées-robots. La jeune femme est sauvée par l’intervention de Mark Hand (Ugo Tognazzi), une sorte de chasseur qui a décidé de vivre loin de la ville et de ses péchés. Elle apprend en outre que Durand Durand se trouve sur la planète Sogo, sur laquelle son appareil s’écrase. L’aventurière fait connaissance avec les esclaves de la reine noire de Sogo (Anita Pallenberg), avant de tomber entre ses griffes. Elle est ensuite conduite dans le repaire de la Reine, grâce à l’aide d’un ange aveugle, Pygar (John Phillip Law), qui a réappris à voler après avoir fait l’amour avec elle. À Sogo, ville où un nouveau péché est inventé à chaque heure, elle retrouve Durand Durand, devenu le concierge de la Reine et qui s’apprête à conquérir le monde grâce à un appareil maléfique de son invention…

Voir sur YouTube : « Barbarella (1968) Trailer » par 0Lostboy0

Film – Le Baiser Papillon (1968)

Le baiser Papillon (« I Love You, Alice B. Toklas! ») est une comédie américaine sorti en 1968, avec Peter Sellers dans le rôle principal, réalisée par Hy Averback sur une musique des Harpers Bizarre. Le film s’inscrit dans la contre-culture des années 1960. Le casting comprend David Arkin, Jo Van Fleet, Leigh Taylor-Young (qui fait ses débuts au cinéma) et Paul Mazursky, le co-scénariste qui obtient ici un petit rôle de Hippie. Le titre américain se réfère à l’écrivaine Alice B. Toklas, qui en 1954, publia un livre mêlant souvenirs et recettes de cuisine sous le titre The Alice B. Toklas Cookbook. La recette la plus connue (qui lui a été soufflée par son ami l’écrivain Brion Gysin) s’appelle haschisch fudge, un mélange de fruits secs, d’épices et de cannabis, dont provient l’appellation de certaines préparations à base de cannabis et de chocolat : Alice B. Toklas brownies.

L’histoire :

L’avocat Harold Fine (Peter Sellers) envisage de se marier avec sa petite amie Joyce (Joyce Van Patten). À l’occasion des funérailles d’un vieil ami de sa mère, un certain Mr Foley, il retrouve son frère, Herbie, un hippie vivant à Venice Beach (Los Angeles). La petite amie de Herbie, une très jolie hippie adepte du Flower Power nommée Nancy, (Leigh Taylor-Young), apprécie Harold et lui cuisine des brownies hallucinogènes. Harold considère cette expérience comme une révélation et commence à renoncer au confort matérialiste de la société conservatrice dans laquelle il évolue habituellement pour explorer ce monde qui est nouveau pour lui. Il renonce à son mariage au dernier instant pour vivre avec Nancy et tente de faire un travail intérieur avec l’aide d’un gourou. En fin de compte, il découvre que le mode de vie hippie est aussi insatisfaisant que son ancien mode de vie et décide de se marier avec Joyce. Mais à la dernière minute, il la quitte à nouveau devant l’autel au moment des consentements, et fuit dans une rue de la ville en disant qu’il ne sait pas exactement où il va, mais «qu’il faut que là-bas ce soit plus beau qu’ici !».

Harold Fine ressemble beaucoup à Peter Sellers :

À la fin des années 60, Peter Sellers était au beau milieu de l’explosion d’idées créatives qui émergeaient en Grande-Bretagne. Bien qu’il ait pour habitude de garder une certaine distance avec son entourage, il avait développé des amitiés avec certains membres des Beatles, apparaissant avec Ringo Starr dans le film The Magic Christian. John Lennon avait aussi un respect particulier pour Peter Sellers puisqu’il était un des ses fans. À la fin des années 60, Peter Sellers, qui était investi dans sa propre recherche spirituelle, est devenu un hippie et a fuit la société de consommation avec George Harrison et Ravi Shankar.

Peter Sellers raconte qu’il a eu une expérience de mort imminente en 1964 à la suite d’une crise cardiaque. Il a vu la « lumière blanche » et voulait aller vers elle. Une main l’a approché, mais il a été éloigné avant de pouvoir l’atteindre. Il a indiqué qu’il savait que, au-delà de la lumière, il y avait un véritable amour et qu’il était déçu de revenir. L’expérience l’a convaincu qu’il avait vécu des vies passées et il ne craignait plus la mort. À la longue, cependant, l’expérience n’a pas résolu ses questions spirituelles, et il a lutté contre la dépression tout au long de sa vie. Cela montre que le personnage qu’il a joué dans « Le baiser Papillon » s’inspire beaucoup de l’authentique Peter Sellers – un homme frustré, enfermé dans une vie dans laquelle il ne croyait pas vraiment, mais cherchant quelque chose de plus profond qu’il ne pouvait pas définir. Il semble qu’il ait approché son idéal, sans jamais vraiment trouver la satisfaction.

Voir sur YouTube : « George Harrison Talks About Peter Sellers » par Tommy Cherry

Film – C’était demain (1979)

C’était demain (Time After Time) est un film de science-fiction américain de 1979, réalisé par Nicholas Meyer avec Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburger. C’était les débuts de Meyer dont le scénario est basé sur les prémisses du roman éponyme de Karl Alexander (qui n’était pas fini à l’époque) et sur une histoire d’Alexander et Steve Hayes. Le film évoque les aventures de l’auteur britannique H. G. Wells à la poursuite de Jack l’éventreur, après que celui-ci ait utilisé sa machine à voyager dans le temps pour échapper à la police de son époque.

L’histoire : 

En 1893 à Londres, l’écrivain populaire Herbert George Wells présente sa machine à voyager dans le temps à ses invités quelque peu médusés. Après avoir expliqué comment elle fonctionne, (sa machine est munie d’un système de sécurité, une clé sans laquelle, elle revient systématiquement à son point de départ) deux agents de police investissent la maison à la recherche de Jack l’Éventreur qui vient de sévir à proximité. Une malette contenant des gants tâchés de sang appartenant à l’un des amis de Herbert, un chirurgien nommé John Leslie Stevenson, les conduit à conclure que celui-ci pourrait être l’infâme tueur. Wells se dirige vers son laboratoire, mais la machine temporelle n’est plus là.

Stevenson s’est échappé dans l’avenir, mais comme il ne dispose pas de la clé «de non-retour», la machine revient automatiquement en 1893. Herbert l’utilise pour poursuivre Stevenson qui l’a programmé au 5 novembre 1979. Les 8 heures de décalage font que Wells ne se retrouve pas à Londres, mais à San Fransisco en 1979 dans une salle d’exposition consacrée à ses œuvres et à sa vie. L’exposition permet de dissimuler d’une façon imprévue la machine, quelque peu antique, au monde futur. Il est profondément choqué par le futur, alors qu’il s’attendait à ce qu’il soit devenu une utopie sociale éclairée, celui-ci est entaché de guerres, de crimes et de sang sur fond d’avion à réaction et de voitures polluantes.

Supposant que Stevenson aura besoin d’échanger son argent britannique contre des Dollars, Herbert recherche son passage dans différentes banques de la ville. À la Chartered Bank, il rencontre l’employé Amy Robbins, qui dit avoir dirigé Stevenson vers le Hyatt Regency hotel.

Confronté à son ami Herbert, Stevenson avoue qu’il trouve que la société moderne est agréablement violente, en déclarant : «Il y a quatre-vingts ans, j’étais un monstre. Maintenant … je suis un amateur». Herbert lui demande de revenir en 1893 pour être jugé, mais Stevenson essaie plutôt de lui voler la clé de non-retour de la machine temporelle. Leur lutte est interrompue par une femme de service et Stevenson est heurté par une voiture pendant la poursuite frénétique. Herbert l’emmène à la salle d’urgence de l’hôpital général de San Francisco et pense que Stevenson ne survivra pas à ses blessures.

Herbert se retrouve avec Amy Robbins et tombe amoureux d’elle. Stevenson qui n’est pas mort, retourne à la banque pour échanger plus d’argent. Il soupçonne que c’est Amy qui l’a dénoncé à Herbert, et il découvre où elle habite. La presse annonce de nouveaux crimes et Herbert sait qu’il s’agit de Stevenson. Celui-ci le menace de tuer Amy s’il ne lui remet pas la clé. Effrayé, Herbert doit dire la vérité à Amy. Il emporte Amy qui est très sceptique quant à sa machine, pour faire un saut de puce de trois jours dans le futur. Mais une fois sur place, elle est effrayée lorsqu’elle lit un titre de journal révélant son propre meurtre en tant que cinquième victime de l’éventreur…

Réception du film par la critique et récompenses : 

À l’époque, la critique a parlé du film comme « montrant à la fois les possibilités et les limites de la prise de libertés d’un réalisateur avec la littérature et l’histoire. Nicholas Meyer a juxtaposé habilement l’Angleterre victorienne et l’Amérique contemporaine dans une histoire intelligente et irrésistible en raison de la compétence de son casting ».

Nicholas Meyer a remporté le Saturn Award de la meilleure histoire, Mary Steenburgen celui de la meilleure actrice, et Miklós Rózsa celui de la meilleure musique. Meyer a été nominé pour le meilleur réalisateur, Malcolm McDowell pour le meilleur acteur, David Warner pour le meilleur second rôle, Sal Anthony et Yvonne Kubis pour les meilleurs costumes ;  quant au film, il a été nominé pour le meilleur film de science-fiction.

Nicholas Meyer a remporté le prix Antenne II et le Grand prix du Festival du film fantastique d’Avoriaz et il a été nominé au prix Edgar Allan Poe pour le meilleur scénario cinématographique, et au prix Hugo pour la meilleure représentation dramatique.

Voir sur YouTube : « Time After Time – C’était Demain – 1979 » par FX Vestiges

Film – Will Hunting (1997)

Ce film est une comédie dramatique américaine sortie en 1997 et réalisée par Gus Van Sant, qui met en vedette Robin Williams, Matt Damon, Ben Affleck, Minnie Driver et Stellan Skarsgård. Le scénario coécrit par Affleck et Damon raconte l’histoire de Will Hunting (joué par Damon), un jeune homme vivant dans la banlieue sud de Boston, Massachusetts. C’est un véritable génie des mathématiques ainsi qu’un prodige autodidacte, mais il cache ses talents et se contente d’un poste d’employé de ménage au célèbre Massachusetts Institute of Technology. Habitué à la violence et extrêmement fidèle à ses amis Chuckie (Ben Affleck), Morgan (Casey Affleck) et Billy (Cole Hauser), Will a jusque là repoussé les gens qui ont essayé de se rapprocher de lui en raison de son passé d’orphelin maltraité et de sa personnalité introvertie.

Après avoir résolu anonymement deux équations mathématiques extrêmement complexes écrites sur un tableau dans un couloir du campus (un exercice d’algèbre matricielle et des diagrammes de Dynkin), Will est finalement découvert par celui qui les a proposés à ses élèves, le Professeur Gerald Lambeau (Stellan Skarsgard), un mathématicien de haut vol, lauréat de la médaille Fields (le prix Nobel des mathématiciens). Mais suite à des actes de violence, Will s’est fait incarcérer. Lambeau le fait sortir de prison à condition qu’il travaille avec lui et qu’il suive une thérapie avec un de ses amis psychiatre, Sean Maguire (Robin Williams). Parallèlement, Will entame une relation avec une étudiante en médecine, la belle Skylar (Minnie Driver), qui affronte également ses propres problèmes personnels. Will doit apprendre à surmonter sa profonde peur de l’abandon (avec l’aide de Maguire) afin de parvenir à faire confiance et à aimer les gens pour qui il compte…

Will Hunting a remporté deux Oscars, le meilleur scénario original pour Affleck et Damon et le meilleur second rôle pour Williams. Ce film est superbe et très émouvant. Les dialogues sont excellents, notamment cet entretient d’embauche hallucinant dans lequel Will explique à ses recruteurs pourquoi il refuse de travailler pour eux :

Le recruteur : La question n’est pas : pourquoi travailler pour la NSA ? La question est : pourquoi pas ?
Will : Pourquoi je travaillerais pas pour la NSA ? Ça, c’est une colle. Je vais essayer d’y répondre. Disons que je travaille à la NSA et qu’on dépose un code sur mon bureau, un code réputé inviolable. Mettons que je tente ma chance et mettons que je le déchiffre. Là, je suis très content de moi parce que j’ai bien fait mon boulot mais c’était peut-être le code de l’emplacement d’une armée rebelle au Moyen Orient ou en Afrique du Nord. Et une fois qu’on a repéré le lieu, on bombarde le village où les rebelles se cachent et 1500 personnes que j’ai jamais vu, qui ne m’ont jamais rien fait sont tuées. Et les politiciens ils disent : « Envoyez les marines assurer la sécurité » parce qu’ils en ont rien à foutre. C’est pas leurs gosses qu’ils envoient se faire descendre. Comme eux, ils ont jamais été au feu parce qu’ils étaient tous planqués dans la garde nationale. C’est un pauvre môme de Boston Sud qui se prend un shrapnel dans les fesses. Et il revient pour apprendre que l’usine où il travaillait s’est exportée dans le pays d’où il vient d’arriver. Et le mec qui lui a filé le shrapnel dans le cul, c’est lui qui a son job, parce qu’il bosse pour 15 cents par jour sans pause pipi. Maintenant il comprend que la seule raison qu’il y avait de l’envoyer là-bas, c’était de mettre en place un gouvernement qui nous vendrait le pétrole pour pas cher. Et bien sûr les compagnies pétrolières exploitent le conflit qu’il y a eu pour faire monter leur prix et se faire du même coup un beau p’tit bénef’. Mais ça aide pas mon pote qui travaille pour des clous. Ils trainent un max à livrer le pétrole bien sûr. Peut-être même qu’ils vont employer un alcoolique comme capitaine, un buveur de Martini qui s’amuse à faire du slalom entre les icebergs. Jusqu’au jour où il en frappe un. Le pétrole se déverse et ça tue toute vie dans l’Atlantique Nord. Alors là, mon pote est chômeur. Il peut pas se payer de voiture et c’est à pied qu’il se cherche des jobs. Ce qui est pas marrant parce que le shrapnel qu’il a eu dans le cul lui a filé des hémorroïdes. Et puis en plus, il crève de faim parce qu’à la soupe populaire on lui propose comme plat du jour de la morue de l’Atlantique Nord avec de l’huile de moteur. Alors qu’est-ce que j’en pense ? Je vais attendre une offre meilleure. Je me dis, « putain, je ferais peut-être aussi bien de descendre mon pote, prendre son job, le filer à son pire ennemi, faire monter les prix, bombarder, tuer des bébés phoques, fumer de l’herbe, m’engager dans la Garde Nationale. Et je serais peut-être élu Président. »

Matt Damon, Will Hunting (1997), écrit par Matt Damon et Ben Affleck.

Voir sur YouTube : « Will Hunting (Good Will Hunting) – Bande Annonce » par tchernomush

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