Oldtimer – Lamborghini Espada 400 GT (1968-78)

Le succès commercial de la Lamborghini 400 GT donna des ailes et des idées bizarres à Ferrucio Lamborghini ; mais le résultat fut convainquant, l’Espada 400 GT se classant parmi les 4 places les plus rapides du monde. Elle était un peu plus longue et plus large que la 400 GT, et offrait donc un gain relatif d’espace dans l’habitacle.

Une vitrine sur roues : 

En 1967, au salon de genève, Bertone avait présenté un prototype pour le moins original et audacieux : les portières latérales de ce coupé de sport quatre places étaient en effet totalement transparentes, à l’exception d’une mince baguette transversale portant la poignée d’ouverture. Cette voiture avait pour nom Marzal 2+2 et ne devait en principe ne pas avoir de suite.

Une forme assagie : 

Et pourtant, Ferruccio Lamborghini décida de produire la Marzal de Bertone en série, mais sous une forme quelque peu assagie : la Lamborghini Espada, car tel fut son nom, ne fut pas doté des portières jugées trop futuristes. Au salon de Genève de 1968, elle fut présentée dans sa version quatre places et sa carrosserie deux portes. Plutôt qu’une banale banquette arrière, Bertone a opté pour deux sièges au dessin très proches de leurs homologues avant, séparés tout comme eux par la console centrale qui a été pour ce faire prolongée. La surface vitrée généreuse supprime toute sensation de claustration et le volume du compartiment à bagages, qui fait partie intégrante de l’habitacle, est des plus intéressants. Malgré cette habitabilité remarquable, l’Espada jouit d’une allure sportive nettement marquée. Racée, élégante, élancée et fougueuse, elle avait le moteur à l’avant (contrairement à la Countach et à l’Islero), ce qui n’était pas un mince exploit, étant donné la faible hauteur du capot et le volume occupé par le moteur V12. Elle fut produite à 1217 exemplaires.

Moteur et transmission : Moteur V12 alimenté par 6 carburateurs Weber 40 DCOE ; Cylindrée : 3 929 cm3 ; Puissance : 350 ch DIN à 7500 tr/mn ; Poids et performances : Poids à vide : 1 482 kg ; Vitesse Max : 245 km/h ; Dimensions : Longueur : 4 738 mm ; Largeur : 1 860 mm ; Hauteur : 1 185 mm.

Prix du modèle neuf en 1970 : 112.000 Francs soit 126.236 € avec 640% d’inflation sur la période.

Prix actuel :  Avant la mode des Youngtimers (il y a dix ans environ) on en trouvait encore en bon état à moins de 30.000 €. Mais les prix ont honteusement augmenté et les moins chères sont actuellement à 100.000 €. Comme quoi, cela valait le coup d’en acheter une et de la laisser dormir quelques années dans son garage…

Voir sur YouTube : « Lamborghini Espada ride » par DtRockstar1  

Album – Steely Dan – Can’t Buy a Thrill (1972)

Le Groupe : 

Steely Dan est un groupe californien formé par Walter Beker et Donald Fagen en 1972. Autour d’eux gravitent des musiciens dont le talent est souvent apprécié par d’autres formations, qui les happent à la première occasion (comme Jeff Baxter qui se retrouvera quelques années plus tard chez les Doobies Brothers). Steely Dan à produit une douzaine d’albums de grande qualité, tant musicale que littéraire.

Les débuts : 

La plupart des groupes de Rock & Roll sont au départ formés autour d’un noyau fortement soudé ; ils développent leur musique pendant des années en jouant dans les bars et les clubs attenant à leur ville natale. Steely Dan n’a jamais souscrit à cette esthétique. En tant que véhicule pour l’écriture de Walter Becker et Donald Fagen, Steely Dan a défié toutes les conventions rock & roll en intégrant tout au long de sa carrière une foultitude de pointures musicales. Becker et Fagen n’ont jamais vraiment apprécié le rock, (avec leur humour ironique et leurs paroles cryptiques, leur travail éclectique montre une certaine dette envers Bob Dylan) préférant le jazz, le pop traditionnel, le blues et le R & B. Steely Dan a créé un son sophistiqué, distinctif avec des accroches mélodiques accessibles greffées sur des harmonies complexes, et une dévotion pour les studios d’enregistrement. Avec le producteur Gary Katz, Becker et Fagen ont fait passer Steely Dan d’un groupe d’artistes débutants à un projet de studio, en recrutant des musiciens professionnels pour enregistrer leurs compositions. Bien que le groupe ne joue plus en live après 1974, la popularité de Steely Dan a continué de croître tout au long de la décennie, en même temps que leurs albums devenaient les favoris de la critiques et leurs singles les préférés des stations de radio pop. Même après la dissolution du groupe au début des années 80, leurs disques ont conservé une forte aura, comme en témoigne le succès massif de leur retour sur scène au début des années 90.

Walter Becker (basse) et Donald Fagen (voix, claviers) ont été les membres fondateurs de Steely Dan à travers sa multitudes d’incarnations. Ils se sont rencontrés à Bard College à New York en 1967 et ont commencé à jouer dans des groupes communs peu de temps après (notamment Bad Rock, qui avait pour batteur l’acteur comique Chevy Chase) qui allaient du jazz au rock progressif. Finalement, Becker et Fagen ont commencé à composer des chansons ensemble, dans l’espoir de devenir des auteurs-compositeurs professionnels. En 1970, le duo a rejoint le groupe Jay & the Americans, en jouant sous pseudonymes; Becker a choisi Gustav Mahler, tandis que Fagen utilisait Tristan Fabriani. Ils sont restés avec Jay & the Americans jusqu’à la moitié de 1971. Becker et Fagen ont ensuite essayé de faire un groupe avec Denny Dias, mais l’entreprise n’a pas réussi. Barbara Streisand a enregistré la composition de Fagen / Becker « I Mean to Shine » sur son album Barbara Joan Streisand, sorti en août 1971, et le duo a rencontré le producteur Gary Katz, qui les a embauchés comme auteurs-compositeurs pour ABC / Dunhill à Los Angeles. Katz suggéra que Becker et Fagen forment un groupe pour enregistrer leurs chansons, et Steely Dan (nom tiré d’un godemiché métallique dans le roman de William Burroughs : Le Festin nu) fut formé peu de temps après.

Les albums : 

Can’t Buy a Thrill (1972) : Les guitaristes nouvellement recrutés Denny Dias et Skunk Baxter, le batteur Jim Hodder et le claviériste David Palmer, Becker ainsi que Fagen ont officiellement formé Steely Dan dès 1972, et ils lancèrent leur premier album, Can’t Buy a Thrill, peu de temps après. Palmer et Fagen se sont partagés les voix principales sur l’album, mais les deux singles du disque – le Top Ten « Do It Again » et « Reeling in the Years » – ont été chantés par Fagen. Can’t Buy a Thrill a été un succès critique et commercial, mais sa tournée de soutient a été un désastre, entravée par un groupe mal entraîné ce qui engendra un public peu satisfait. Palmer quitte le groupe après la tournée.

Countdown to Ecstasy : sorti en 1973, a été un succès critique, mais il n’a pas réussi à générer un hit single, même si le groupe l’a soutenu par une tournée.

Pretzel Logic : Steely Dan a remplacé Hodder par Jeff Porcaro et a ajouté le claviériste / chanteur Michael McDonald avant d’enregistrer leur troisième album, Pretzel Logic. Sorti au printemps 1974, Pretzel Logic permit à Steely Dan de retrouver le Top Ten grâce au single « Rikki Do not Lose That Number ». Quand ils eurent terminé leur tournée de soutien au disque Pretzel Logic, Becker et Fagen décidèrent d’arrêter la scène et de faire de Steely Dan un groupe de studio.

Pour leur prochain album, Katy Lied, 1975, le duo a engagé une variété de musiciens de studio – incluant Dias, Porcaro, le guitariste Elliot Randall, les saxophonistes Phil Woods, le bassiste Wilton Felder, le percussionniste Victor Feldman, le claviériste Michael Omartian et le guitariste Larry Carlton.

Katy Lied fut un autre succès, tout comme en 1976 : The Royal Scam, qui a continué dans la même veine que son prédécesseur.

Sur Aja en 1977, le son de Steely Dan est devenu plus soft et jazzy, ce qui est dû à l’arrivée d’artistes jouant du jazz fusion comme Wayne Shorter, Lee Ritenour. Aja est devenu leur plus grand succès, atteignant le Top Five trois semaine après sa sortie et devenent l’un de leur premiers albums à être certifié platine. Ce disque est très important, car il marque l’aboutissement d’une démarche. Fagen et Becker sont seuls, avec des musiciens de studio. Les chansons ont une intensité dramatique plus évidente que jamais, très branchées sur la réalité du monde, comme Josie, qui explique la violence d’un teenager moyen.

Après la sortie d’Aja, ABC a été racheté par MCA Records, suite à un différend contractuel avec le label qui a retardé jusqu’en 1980 la sortie de leur prochain album. Durant la période intermédiaire, le groupe a eu un succès avec la chanson thème du film FM en 1978. Steely Dan a finalement publié Gaucho, la suite de Aja, à la fin de 1980, qui s’est transformé en hit du Top Ten. Au cours de l’été 1981, Becker et Fagen annoncèrent qu’ils se séparaient. L’année suivante, Fagen sortit son premier album solo, The Nightfly, qui est devenu un succès critique et commercial. (Sûrement un des dix meilleur album de Soft Rock jamais sorti).
Kamakiriad : Fagen n’a pas enregistré de nouvel album jusqu’en 1993, quand il se réunit avec Becker, pour produire Kamakiriad. L’album a été promu par la première tournée de Steely Dan depuis 20 ans, et alors que le disque a échoué dans les ventes, les concerts furent très populaires. En 1994, Becker sortit son premier album solo : Whack, produit par Fagen. L’année suivante, Steely Dan fit une autre tournée, et au début 2000 le duo sortit Two Against Nature, leur premier nouvel album de studio depuis deux décennies. Il a remporté le Grammy Award comme album de l’année. En 2003, Steely Dan sort Everything Must Go. Puis Fagen sort un album solo : Morph the Cat en 2006, et Becker sort Circus Money en 2008 alors que Steely Dan entreprend une nouvelle tournée.

Discographie : 

Can’t Buy a Thrill (1972)
Countdown to Ecstasy (1973)
Pretzel Logic (1974)
Katy Lied (1975)
The Royal Scam (1976)
Aja (1977)
Gaucho (1980)
Two Against Nature (2000)
Everything Must Go (2003)

Voir sur YouTube : « Steely Dan 《Do It Again》 ( original studio sound version) » par changeting ; Steely Dan : I.G.Y

https://www.youtube.com/watch?v=tgYuLsudaJQ

L’histoire des Radios Locales Privées françaises

1977, l’arrivée des Radios Libres : 

En France, dès 1977, la presse parallèle issue de la tempête révolutionnaire de mai 68 s’essouffle. Elle a tenté, en vain, de donner la parole au public le plus large possible, celui qui n’avait jamais accès aux médias institutionnels. Pour de nombreux observateurs, l’échec de cette presse de quartier, résulte de la difficulté d’écrire : « On préfère parler qu’écrire ». Les Radios libres de lutte (Radio Quinquin, Radio Lorraine Cœur d’Acier, Radio Verte,…) ont amplement conforté cette hypothèse. En revanche, la population locale s’exprimait mieux à l’antenne.

1978, les radios libres se multiplient mais la répression se renforce :

La miniaturisation du matériel et l’abaissement de son coût favorisent l’expansion des radios libres. Leur éclosion se poursuit mais de son côté, le gouvernement tente d’y faire face sur un double plan. D’une part, il envisage une décentralisation de Radio France, d’autre part, le dispositif législatif en vigueur est renforcé et aggrave les sanctions encourues pour les violeurs du monopole.

1979, les radios de lutte avec des partis et des syndicats apparaissent:

Les radios d’expression et les radios d’animation se sont constituées sans l’appui des grandes organisations politiques et syndicales. En 1979, les radios de lutte sont au premier plan. D’une part, elles sont liées à des conflits sociaux, à des luttes locales, auxquelles elles donnent une amplification. D’autre part, ces radios de lutte ne s’insurgent pas contre le monopole mais contre une certaine utilisation de ce dernier. Elles veulent à cet égard compenser le déficit informatif.

1980, Radio France décentralise ses antennes contre les radios pirates : 

Le lancement des premières stations décentralisées et thématiques de Radio-France ne parvient pas à juguler les radios libres. La répression (saisies, perquisitions et inculpations) se fait extrêmement vigoureuse. Les responsables des RLP adoptent des parades parfois rocambolesques. Radio-Ivre change de lieu d’émission tous les soirs. Pour éviter les saisies, elle va déménager, passant de toit en toit pendant deux ans. Sous l’égide de Patrick Van Troey et de Jean François Aubrac, cette radio formera une multitude d’animateurs et de futurs responsables de stations.

1981, Le régime des dérogations ne résout pas la question de financement : 

L’accession de François Mitterrand à la présidence de la république bouleverse le paysage radiophonique. Deux mois après la nomination de Georges Fillioud à la tête du ministère de la communication, plus de 70 radios émettent sur la bande FM. Les poursuites et les saisies sont ininterrompues. Un projet de loi sur la communication audiovisuelle est mis en chantier. A l’automne, l’encombrement de la FM atteint des proportions inquiétantes qui conduisent  le gouvernement à faire adopter un projet de loi d’urgence pour éviter « une anarchie à l’italienne ». Le monopole est maintenu. Un régime de dérogation confère aux radios libres un début de légalité. De leur côté, les radios libres se préoccupent essentiellement de leur financement. Loin de faire l’unanimité, la publicité sur ces ondes nouvelles déchire les fédérations de RLP, les partis politiques et la presse régionale. Le nouveau gouvernement la désapprouve d’emblée.

1982, la loi du 29 juillet et la liberté avec le monopole : 

La loi du 29 juillet 1982 met fin à un cadre juridique devenu désuet face aux nouvelles techniques de la communication. En matière de radiodiffusion locale privée, les dispositions fixées par la loi ont pour but d’éviter la constitution de réseaux de radio locales, et la mainmise des régies publicitaires sur ces nouveaux médias. Enfin, le législateur a marqué la volonté de préserver les caractéristiques originelles du mouvement des RLP en préservant les autorisations aux seules associations à but non lucratif. La Haute Autorité instituée dans le cadre de la loi est la garante de la nouvelle liberté. Elle est investie d’une double mission tutélaire et arbitrale. Du côté des radios libres, le désordre atteint son paroxysme à Paris. Partout en France, la FM est l’objet de convoitises. Les résultats des mesures d’audience étonnent les quotidiens régionaux, les annonceurs, les publicitaires, les postes périphériques… Les organisations de défense des intérêts des RLP se diversifient. Le financement par la publicité et l’exigence de professionnalisme, tournent le dos au radios locales pionnières. Ces deux grands débats divisent les fédérations.

1983, La Haute Autorité délivre des autorisations et inquiète les fraudeurs : 

La Haute Autorité et la commission Galabert examinent durant toute l’année les demandes d’autorisation des RLP. Leur nombre ne cesse de croître : 1500 dossiers ont été soumis à la Haute Autorité. 620 d’entre eux ont obtenu le feu vert officiel. Mais la Haute Autorité s’est heurtée à des observations techniques dans les grandes villes et les départements frontaliers. L’encombrement dans ces zones géographiques entretient des turbulences sur la FM. La Haute Autorité a réussi non sans mal à défaire le nœud parisien. En revanche, elle n’a pas encore délivré d’autorisations aux stations situées en région frontalière. Pour la première fois sur l’ensemble du territoire, les RLP participent à la campagne des élections municipales. Les mesures d’audience réalisées tout au long de l’année confirment l’intérêt des auditeurs  et attisent les convoitises des annonceurs, des publicitaires… Enfin, Il convient de souligner la présence de messages publicitaires, explicites ou clandestins sur la FM et cela en dépit des recommandations et des mesures proférées par la Haute Autorité et les pouvoirs publics. La publicité sur la FM obtient désormais le soutient de la plupart des RLP et même de la presse quotidienne régionale. Le nombre des demandes d’autorisations dépasse largement le nombre des fréquences disponible, notamment à Paris, dans les grandes agglomérations et dans les départements frontaliers. Cette pénurie conduit certaines radios libres à émettre illégalement. Face à cette situation, la Haute Autorité réagit vivement. Elle rappelle aux stations autorisées qu’elles doivent respecter les accords de regroupement, utiliser exclusivement leur fréquence attribuée, émettre d’un lieu convenu par TDF avec une puissance maximale de 500 watts.

1984, la publicité est autorisée sur les RLP : 

Des campagnes multiples en faveur de la publicité dominent l’actualité dans le monde des radios libres. Les RLP souhaitent qu’une pratique de fait soit légalisée. Les pouvoirs publics, soucieux de moraliser cette pratique et de créer des emplois dans ce secteur se délient de leur hostilité initiale. François Mitterrand ravive le débat à deux reprises et amorce ainsi la procédure qui aboutira au texte législatif annexé à la loi du 29 juillet 1982. Faire de la publicité n’est plus un défi, ni un délit. Les radios locales associatives qui optent pour un régime sans publicité se voient financées par un montant fixe forfaitaire de 100.000 F et une subvention de fonctionnement annuelle proportionnelle à leurs dépenses.

La fin des petites radios et la naissance des réseaux de radio FM (l’exemple NRJ) : 

NRJ est l’une des premières radios à se constituer un réseau de radios locales franchisées en France. En 1984, la diffusion par satellite est encore inexistante et chaque radio à son autonomie de programmation mais cette franchise permet de faire connaître la marque au reste du pays. Mais le 2 octobre 1985, sept stations franchisées NRJ (Nancy, Montpellier, Bordeaux, Carcassonne, Toulouse, et Grenoble) quittent soudainement le réseau pour créer le leur : le réseau Fun Radio. Cette sécession, dirigée par des cadres d’NRJ, fait prendre conscience à la direction qu’il lui faut protéger son réseau. Désormais, elle s’assurera plus efficacement de la fidélité de ses radios. De plus, elle s’intéresse de plus en plus à leur ligne éditoriale : des cadres d’NRJ parcourent le pays pour imposer petit à petit une couleur d’antenne. Vers 1986, la diffusion par satellite devient plus accessible. Les radios locales deviennent des relais du programme national, tout en conservant quelques heures de programme local chaque jour. La diffusion de la publicité à l’échelle nationale devient possible, et la qualité et l’uniformité des programmes au niveau national sont désormais assurées par le siège parisien.

Au fur et à mesure des années, l’ensemble des radios FM se professionnalise et les radios associatives pionnières disparaissent. La concurrence entre réseaux devient de plus en plus forte, et les plus gros phagocytent les plus faibles. NRJ devient elle aussi de plus en plus formatée. Le programme musical est de plus en plus dicté par les enquêtes marketing. Parallèlement à ça, NRJ connaît toujours un accroissement de son audience, à mettre en parallèle au développement spectaculaire de son réseau et à ses méthodes de communication.

NRJ a tenté de développer un groupe radiophonique dès 1987 quand elle rachète la radio parisienne Gilda FM pour créer le programme Chérie FM. En 1989, c’est le réseau Pacific FM qui est racheté. Alors que le réseau de province est repris pour diffuser Chérie FM, la fréquence parisienne de Pacific FM sert à créer une troisième radio : Rire et Chansons. Cependant, ce réseau ne pourra être véritablement développé en province qu’à partir de 1996, le CSA ayant jusque-là freiné au maximum le développement des grands groupes radiophoniques. Enfin, NRJ rachète Radio Nostalgie en 1998 ; elle a tenté de prendre possession de RMC, mais elle en fut empêché par la loi anti-concentration des médias.

La normalisation de la programmation musicale est devenue caricaturale :

Aujourd’hui, la normalisation de la programmations des radios de réseau à créé une triste uniformité musicale sur la FM qui fait regretter ces années un peu folles où les chefs de programmes et leur règles marketing n’avaient pas encore infesté les studios de radio. Ils existe de très nombreux réseaux de radio, type NRJ, Fun, RFM, Chérie ou Skyrock, qui assurent à elles seules l’essentiel des rotations (un titre peut passer quinze fois par jour sur une même antenne). Les titres sont supposés être différents en fonction de la couleur de la radio : Pour NRJ, les hits ; Skyrock, le Rap ; Fun, la Dance ; Nostalgie, les Oldies ; RTL2, la Pop-Rock (Hum…), en respectant les quotas imposés par la loi (en théorie : un minimum de 40 % de chansons d’expression française). Mais dans la pratique, les programmateurs cherchent à se rassurer en se copiant les uns les autres. Ils construisent leurs playlists non plus à l’oreille, mais en fonction d’outils marketing devenu rois : les tests. Ce n’est pas nouveau, mais leur usage s’est généralisé : les radios musicales organisent très régulièrement des sondages sur la popularité des chansons qu’elles diffusent, en faisant écouter aux personnes interrogées… sept à dix secondes de chaque titre ! Le plus souvent, ces « tests » se déroulent par téléphone — plus rarement, dans des auditoriums — ; ils sont réalisés soit par des instituts spécia­lisés, soit par les radios elles-mêmes. Concrètement, au bout du fil, le cobaye doit écouter les extraits et répondre par un « connais » ou « connais pas » ; un « j’aime » ou « j’aime pas » (avec des gradations : un peu, beaucoup, passionnément…). Les titres les moins bien classés seront susceptibles de quitter la playlist la semaine suivante ; les mieux notés auront toutes les chances d’être surdiffusés, ce qui renforcera encore leur cote dans le prochain sondage…

Un traitement de son devenu lui aussi caricatural :

Le son FM lui aussi s’est normalisé jusqu’à en devenir caricatural puisque ce dernier est traité par une kyrielle de compresseurs multibandes et d’égaliseurs. Le son déjà remasterisé des disques (donc appauvri en dynamique), passe à la moulinette de ces appareils aux mains de « sorciers du son » qui se croient fins, et au bout du compte, il ne reste que de la bouillie auditive. (J’ai déjà vu des DJs qui ne reconnaissent plus le disque original tant le son est trafiqué sur la radio!) Au bout du compte, les radios privées FM actuelles n’ont plus que 5 à 10 dB de dynamique au lieu des 50 à 70 dB disponibles à l’origine dans le studio d’enregistrement!!! Les machines ORBAN ou OMNIA (15000€ en moyenne) arrivent à recréer une « impression » de dynamique. Les synoptiques de traitements font peur à voir pour n’importe quel ingénieurs du son! Leurs calculs pragmatiques sont simples. La majorité des gens écoutent la FM dans leur auto. En voiture, le bruit relevé sur une rocade est d’environ 70/80 dB SPL et le niveau d’écoute maximum de la musique pour ne pas devenir sourd avant terme est de 90/100 dB SPL. Il faut donc réduire la dynamique du son pour ne pas jouer du bouton de volume tout le temps. Le rapport bruit ambiant/signal radio étant de 20 dB SPL, il faut faire passer un message dans une dynamique restreinte, de l’ordre de 15 à 20 dB dans le meilleur des cas (France Culture, France Musiques, Radio Classique), 10 dB pour une radio dite « généraliste » (RTL, France Inter, France Bleu, RMC Info), 5 dB parfois moins pour le reste (NRJ, Fun, Skyrock…). On nivelle donc tout encore une fois par le bas!

Quelques radios parisiennes disparues de la bande FM :

Hit FM Paris

Hit FM : Radio privée parisienne du groupe UGC créée à Paris en 1985 par Jacques SEGUELA sur l’ancienne fréquence de Radio Mégalo, la radio de Gonzague St Bris. Elle développe rapidement un réseau dans les grandes villes de province. Ses programmes sont essentiellement musicaux, entrecoupés de rubriques sur le cinéma. La radio dispose d’un système automatisé de diffusion, et ne compte que peu d’animateurs sur son antenne, notamment: Laurent WEIL (Canal +), Christine MASSON (France Inter) et Valérie ABECASSIS (Europe 2), alors jeunes débutants dans le journalisme. Malgré plusieurs campagnes de publicités (« Elle a le tympan tube »), la radio ne rencontre pas un grand succès. Europe 2, qui a perdu sa fréquence à Paris début 1987 et qui cherche à tout prix un partenaire dans cette ville stratégique, rachète le réseau à UGC, après avoir tenté de reprendre Ouï FM. En février 1988, la CNCL autorise Hit FM Paris à diffuser Europe 2 (« Hit FM programme Europe 2 »). Le réseau de province est quant à lui démantelé. Hit FM conserve 20% de programme propre à Paris, toujours tourné vers le cinéma. En 1990, Hit FM / Europe 2 reprend le nom d’une ancienne station privée, « le Poste Parisien » (« le Poste Parisien programme Europe 2 »), dont elle occupe les anciens studios aux Champs-Elysées. Europe 2 abandonne ce nom à Paris à partir de 1997. Ecoutez un extrait d’émission de Hit FM (Août 1986).

La Voix Du Lézard Paris

La voix du Lézard : Radio locale privée de Paris créée en janvier 1983. Après Radio Paris 80, Cité 96 et Cité Future, Pierre C. Bellanger crée à Paris en 1983 « La Voix du Lézard » sur 94.2. La station passe ensuite sur le 103.9, 96.1 puis 96 MHz sa fréquence parisienne actuelle. Parmi les fondateurs de La Voix du Lézard, on retrouve Jean-Pierre BARBE. Souhaitant créer un réseau d’envergure nationale, Pierre Bellanger transforme La Voix du Lézard en Skyrock en 1986 et ouvre rapidement des stations en province. L’une des premières émissions de Skyrock a porté le nom « La Voix du Lézard », en hommage à l’ancienne radio.

Pacific FM Paris

Pacific FM : Réseau national de 52 radios, créé en juillet 1986 par Claude VILLERS. Après avoir créée une Banque de programmes, Pacific FM démarre en juillet 1986 à Saint Malo, Bordeaux et Nice. Elle se développe rapidement en province mais n’obtient une fréquence à Paris qu’en 1987. Elle compte alors 15 fréquences en France. Le programme est essentiellement musical, ponctué de rubriques sur le voyage. Les radios, associées mais indépendantes, diffusent des programmes propres qu’elles échangent entre elles. La diffusion par satellite facilite ensuite ces relations. La radio ne trouve pas son public, et après un premier rachat et le départ de Claude Villers, le réseau est vendu au groupe NRJ en 1989. Elle cesse ses programmes le 31 octobre 1989. Certaines radios de province diffusent alors Chérie FM, la fréquence de Paris servant à la création de Rire et Chansons (Chérie FM était déjà présente sur le 99.9, ancienne fréquence de Gildas).

Chic FM Paris

Chic FM :  Réseau musical français fondé par le groupe Hersant en janvier 1986 par le rachat de Digitale FM. Elle commence par prendre le nom de la fréquence 88.5 puis FM Laser. Elle prendra le nom de Chic FM en se développant en réseau avec les radios abonnées à l’AFC, l’agence de presse sonore du groupe Hersant. Chic FM compte une cinquantaine de stations en 1987. Ses studios sont situés à Neuilly-sur-Seine, dans les anciens studios d’Eddy Barclay. Chic FM avait pour cible les jeunes adultes avec un format Music and News. La programmation musicale était composé à 30% de chansons françaises d’hier et d’aujourd’hui et à 70% de golds internationaux. A l’antenne, on retrouve Yolaine de la BIGNE (ex 95.2 et futur France Info). En septembre 1987, Hersant rachète FUN et décide de faire fusionner les deux réseaux sous le nom Fun Radio. Les studios de Chic FM sont repris pour la nouvelle station.

95.2 Paris

95.2 : Radio locale privée créée en février 1983 et dirigée par Benoit CLAIR et Robert NAMIAS, venus d’Europe 1. La première émission a lieu le 21 février 1983. La chanteuse Catherine RIBEIRO est la présidente de l’association « les amis de la Tour Montparnasse » gérante de la radio. Elle est née du regroupement des projets de radio: Médico Social, France lecture, Sport et et Musique et de la radio Paris FM. Alexandre MARCELLIN est le directeur des programmes. José FREJEAN est directeur technique. Europe 1 est actionnaire de Paris Fréquence Montparnasse, dont locaux et matériel ont été prêtés par la société « Fréquence Services S.A. », filiale d’Europe 1 via Société N°1 et Société Top N°1. Elle se distingue rapidement par son professionnalisme et touche beaucoup de monde, notamment grâce à son émetteur qui, situé en haut de la Tour Montparnasse, arrose tout Paris ainsi que la proche banlieue. Fin 1983, Paris Fréquence Montparnasse est rebaptisée « 95.2 ». En 1987, elle est reprise par Georges POLINSKI (responsable de Radio Nantes) et elle devient Kiss 95.2 puis Kiss FM, qui développe par ailleurs un réseau sur toute la France.

Carbone 14 Paris

Carbone 14 : Une trentaine d’années sont passées et, pour bon nombre d’anciens auditeurs, cette radio irrespectueuse, devenue mythique, continue d’incarner et de dater le meilleur de l’après-Mai 81 : une sorte de folie et de gratuité qui fait aujourd’hui cruellement défaut. Carbone 14, le film fut présenté à Cannes en mai 1983, dans la sélection « Perspectives du cinéma français », et provoqua un tollé. C’est aujourd’hui un des très rares témoignages en image sur le mouvement des radios libres.

Une radio Toulousaine disparue : 

TSF 100 Toulouse

TSF 102 : fut créée en octobre 1981 à Toulouse. Parmi les animateurs, on retrouve : Jean-François MAURY, Bernard JOURDAN et Patrick GIVANOVITCH. A cette époque, l’émetteur de 100 W (et beaucoup plus ensuite…) est implanté sur les hauteurs de Jolimont, un des quartiers de Toulouse. Elle émet sur 102 MHz jusqu’en 1985 puis sur 100 MHz jusqu’en 1988, date à laquelle elle prend une franchise NRJ. Au début des années 80, sa programmation pop-rock l’a rendue très célèbre sur la ville, surtout dans le milieu étudiant.

Une radio Tarnaise disparue :

Mod’FM Castres

Mod’FM : Fut créée fin 1984 par deux radioamateurs passionnés de technique : François PECH  et Eric GUILABERT. Parmi les animateurs on retrouve : Serge ADAMS, Stéphane CARIVENC, Olivier LASCAZE, Christophe DOUMERGUE, Thierry DEMEYER, Pascal LANCEREAU, Joël REY, Hervé HURRIAUX, Ray BANANA, Alain ANDREO, Xavier BOULANGER, LAURA, BAMBOU, Eric DAVID… Autorisée sur la fréquence 98.9 Mhz sous le nom de Castres Sud Fréquence, elle deviendra Mod’FM en 1986. Son émetteur de 500 W se situait sur un point haut proche de Castres (Peyrous Petit), ce qui lui permettait de couvrir le sud du Tarn. Elle était connue sur Castres pour sa programmation pop-rock. Comme beaucoup de radios de cette époque, elle sera reprise par un réseau national : NRJ de 1989 à 1991 puis RTL.

Photo Haut de page : Studio Mod’FM 98.9 en 1986

Voir sur YouTube : « Les radios libres à Paris en 1981 | Archive INA » ; « L’histoire des radios libres en France | Archive INA » et « Les radios libres et la publicité en 1984 | Archive INA » par Ina Société ; reconstitution d’un studio radio FM de la fin des années 80 mis en ligne par Eric.

 

Film & Livre – Le grand blond avec une chaussure noire (1972)

Le film : 

Le Grand Blond avec une chaussure noire est un film du réalisateur Yves Robert, déjà connu dans le domaine de la comédie populaire pour son long métrage à succès « Alexandre le bienheureux » sorti en 1967, dans lequel Pierre Richard avait obtenu son premier rôle notable. Ce film dont l’inoubliable générique de Vladimir Cosma est interprété à la flûte de pan par le musicien Gheorghe Zamfir, est resté au sommet du panthéon des comédies hexagonales. Il a été récompensé par l’Ours d’argent au 23e Festival international du film de Berlin en 1973. Un remake américain « The man with the Red Shoe » réalisé par Stan Dragoti, fut tourné en 1985 avec Tom Hanks comme protagoniste.

L’histoire : 

La direction des services secrets français est en guerre interne : l’actuel chef, Toulouse (Jean Rochefort) flanqué de son fidèle Perrache (Paul le Person), est mis en cause par son adjoint, le colonel Bernard Milan (Bertrand Blier) dans une affaire d’agent double. Celui-ci convoite son poste de directeur des services secret et pense utiliser cet incident pour l’écarter. Pour se protéger, et faire simultanément tomber Milan, Toulouse élabore un plan tordu : il demande à Perrache, de choisir un pigeon dans la foule de l’aéroport d’Orly et de faire croire à Milan qu’il s’agit d’un redoutable agent secret, tenu jusqu’alors anonyme. Le pigeon trouvé par Perrache est un jeune violoniste étourdi, François Perrin (Pierre Richard), choisi à l’arrivé de son vol parce qu’il portait des chaussures de couleurs dépareillées. Milan se fait prendre au « piège à con » de Toulouse. Perrin est dès lors en permanence traqué, observé et écouté à son insu par les hommes de Milan, qui se mettent à interpréter chacun de ses faits et gestes, qui sont souvent maladroits ou anodins, comme faire du vélo avec son meilleur ami Maurice (Jean Carmet) ou coucher accessoirement avec sa femme Paulette (Colette Castel). Pour corser le tout, deux agents de Toulouse, Poucet (Jean Saudray) et Chaperon (Maurice Barrier), surveillent le spectacle. Poussé à bout, Milan décide de faire intervenir son agent d’élite, Christine (Mireille Darc) une superbe blonde chargée de séduire le violoniste et de l’amener à se trahir…

Le grand blond avec une chaussure noire est (très librement) inspiré d’un livre autobiographique de Igal Shamir : « La Cinquième Corde» (1971).

Igal SHAMIR, est né à Tel-Aviv en 1938, de parents émigrés. Attiré par la musique dès l’âge de 5 ans, Igal Shamir prend des cours de musique avec un professeur d’origine russe. À 8 ans, il donne son premier concert en public. Repéré par Yehudi Menuhin, il obtient, en 1958, une bourse au conservatoire Royal de Belgique. Prix du conservatoire de Bruxelles et de Genève, il poursuit sa carrière d’interprète classique sur les scènes internationales. Dans les années 1970, il signe des enregistrements chez RCA et CBS.

Igal Shamir a aussi été pilote dans l’armée israélienne. Devenu violoniste de renommée internationale, ses succès ont fait de lui le précurseur de la musique néo-classique dans le domaine populaire.

« J’ai un jeu très personnel, très vigoureux: il y a de l’école russe mais aussi du pilote de chasse », souligne Igal Shamir. En Suisse, le jeune homme fait vite fortune dans le négoce du café et du cacao et rencontre Georges Simenon qui l’encourage à écrire. « Je lui ai dit que mon vocabulaire tournait autour de 200 mots. Alors Simenon m’a dit: « J’ai mis 40 ans pour arriver à écrire avec 200 mots, vous les avez déjà, vous avez un avantage sur moi ! »

Il arrive à Paris en 1968 sous les pavés. De rencontre en rencontre, il va devenir un familier des Pompidou. Il évolue dans le monde des affaires entre la France et la Suisse et acquiert une réputation sulfureuse. Lorsque des journalistes de Paris-Match le contactent, Shamir se dit que le seul moyen pour éviter les racontars sur sa vie de « violoniste espion », est d’écrire son autobiographie. Shamir rédige ses mémoires sous le titre « La Cinquième Corde» et trouve un éditeur. Hélas, le manuscrit est impubliable en l’état. L’éditeur confie le manuscrit, pour le rewriter, à un ex-prix Goncourt, mais le résultat n’est pas plus satisfaisant. Alors Shamir téléphone à Simenon qui l’adresse à son éditeur (Les Presses de la Cité). Ils sont d’accord à condition qu’il soit réécrit par un pro de la maison. Le livre marche, mais Shamir ne l’apprécie pas car pour lui, c’est du polar bon marché. La Paramount souhaite acheter les droits du livre «La Cinquième Corde» pour en faire un James Bond. Mais Shamir refuse de signer, au grand dam de son éditeur qui perd beaucoup d’argent. Plus tard, l’éditeur cède les droits du livre à condition que le titre soit changé. Au bout du compte, il en sort un film comique «Le Grand Blond avec une chaussure noire», expurgé de tous les souvenirs tragiques, avec Pierre Richard dans le rôle de Shamir.

Voir sur YouTube : « Le grand blond avec une chaussure noire – Bande annonce » par Gaumont

https://www.youtube.com/watch?v=8UsdFo6geb8

Film – Il était une fois la révolution (1972)

Le film :

Au Mexique, en 1913, Juan Miranda (Rod Steiger), un pilleur de diligences, s’associe avec Sean Mallory (James Coburn), un révolutionnaire irlandais ancien activiste de l’IRA et spécialiste en explosifs qui est recherché par les Britanniques. Juan tente de le convaincre de s’associer avec lui pour dévaliser la banque de Mesa Verde. Mais l’Irlandais préfère s’attaquer à une mine d’or avant de rejoindre l’armée révolutionnaire de Pancho Villa. Juan ira jusqu’à la dynamiter afin de forcer son compagnon à le suivre. Dans le train qui les conduit vers Mesa Verde, Miranda, démasqué par la police, est secouru par le docteur Villega, un partisan de Pancho Villa…

Le western Zapata :

Dès 1966, Damiano Damiani avait avec El Chuncho lancé le western Zapata, le western politique italien. Basé sur le thème de la révolution mexicaine, de l’exploitation des péons par les grands propriétaires, c’est aussi une réflexion sur l’utilisation de la violence par les masses. L’intrigue du western Zapata est souvent la même : un trésor, stock d’armes ou lingots d’or, à l’origine prévu pour financer la révolution mexicaine est convoité par des personnages aux motivations différentes qui vont essayer de s’en emparer moyennant alliances et contre-alliances motivées par l’appât du gain. Chaque personnage incarne une position politique. Il y a celui qui vient d’un pays occidental, un irlandais dans Il était une fois la révolution, un suédois dans campaneros, un américain dans El Chuncho, un polonais dans El mercenario. Il vient d’un monde riche et s’immisce dans la révolution. Il a pour alter ego le péon.

Ce film est le second volet de la trilogie des « Il était une fois… », un brillant condensé de tout ce qui fait l’explosive vigueur du cinéma de Sergio Leone. Porté par les interprétations de James Coburn et Rod Steiger, ce film est un regard désabusé sur l’action révolutionnaire. A l’origine, Leone devait uniquement produire et scénariser le film. « J’en ai assez des westerns, je suis allergique aux chevaux » avait-il déclaré après le succès de Il était une fois dans l’Ouest. Mais le réalisateur Américain Peter Bogdanovitch, mascotte du Nouvel Hollywood fut très vite écarté par le maître italien, car sa vision était trop classique ; puis ce fut au tour de Sam Peckinpah ; les acteurs, perdant patience (notamment l’intraitable Rod Steiger), ils exigèrent que Leone assure la réalisation en personne ; il céda. Son film est parfois violent, mais porté par un tandem d’acteurs fabuleux : Rod Steiger (que Leone détestait) et James Coburn (qu’il adorait). Le film fut mal accueilli par la critique, comme souvent ce fut le cas pour le cinéma de Leone. Mais il est maintenant devenu un film culte.

Adieu Zapata, bonjour les fayots :

Ce film est le chant du cygne du wester Zapata. Dès 1970, les illusions révolutionnaires tombent et font place au « western fayot » avec la série Trinita incarnée par Terence Hill qui génère malgré lui le « western fayot », où tous les mythes de l’Ouest sont désacralisés dans une optique parodique et burlesque. Dans « On l’appelle Trinita », Spencer, le shérif, est ronchon et dur, mais sa rudesse ressemble à celle d’un gros ours de BD. Terence Hill, qui incarne son frère, est un aventurier, un tireur exceptionnel qui sait se battre mais est plutôt paresseux de nature. Cette association fonctionnera à merveille puisque le tandem Spencer/Hill deviendra durant la suite des années 70, l’argument de vente d’une dizaine de westerns parodiques du même tonneau qui participeront au rayonnement de ce genre.

C’est aussi le chant du cygne de la révolution de la fin des années 60. Dans Il était une fois la révolution, Leone laisse percer sa déception au sujet de la révolution. C’est la scène culte de dispute entre Juan et Sean au sujet de la lucidité politique : Sean se trompe, la révolution sera toujours récupérée par les puissants. Un tel message choque les communistes italiens qui refusent que le film s’appelle Il était une fois la révolution. Leone le renomme ainsi Giù la testa (courbe l’échine). Aux USA, le titre devient Duck you sucker (Planque-toi connard) et, en Angleterre, A Fistful of Dynamite (Une poignée de dynamite). Seule la France garde le titre que Leone avait adopté au départ.

Voir sur YouTube : « Il était une fois la révolution (1972) bande annonce » par imineo Bandes Annonces

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