Film & Livre – Le grand blond avec une chaussure noire (1972)

Le film : 

Le Grand Blond avec une chaussure noire est un film du réalisateur Yves Robert, déjà connu dans le domaine de la comédie populaire pour son long métrage à succès “Alexandre le bienheureux” sorti en 1967, dans lequel Pierre Richard avait obtenu son premier rôle notable. Ce film dont l’inoubliable générique de Vladimir Cosma est interprété à la flûte de pan par le musicien Gheorghe Zamfir, est resté au sommet du panthéon des comédies hexagonales. Il a été récompensé par l’Ours d’argent au 23e Festival international du film de Berlin en 1973. Un remake américain “The man with the Red Shoe” réalisé par Stan Dragoti, fut tourné en 1985 avec Tom Hanks comme protagoniste.

L’histoire : 

La direction des services secrets français est en guerre interne : l’actuel chef, Toulouse (Jean Rochefort) flanqué de son fidèle Perrache (Paul le Person), est mis en cause par son adjoint, le colonel Bernard Milan (Bertrand Blier) dans une affaire d’agent double. Celui-ci convoite son poste de directeur des services secret et pense utiliser cet incident pour l’écarter. Pour se protéger, et faire simultanément tomber Milan, Toulouse élabore un plan tordu : il demande à Perrache, de choisir un pigeon dans la foule de l’aéroport d’Orly et de faire croire à Milan qu’il s’agit d’un redoutable agent secret, tenu jusqu’alors anonyme. Le pigeon trouvé par Perrache est un jeune violoniste étourdi, François Perrin (Pierre Richard), choisi à l’arrivé de son vol parce qu’il portait des chaussures de couleurs dépareillées. Milan se fait prendre au “piège à con” de Toulouse. Perrin est dès lors en permanence traqué, observé et écouté à son insu par les hommes de Milan, qui se mettent à interpréter chacun de ses faits et gestes, qui sont souvent maladroits ou anodins, comme faire du vélo avec son meilleur ami Maurice (Jean Carmet) ou coucher accessoirement avec sa femme Paulette (Colette Castel). Pour corser le tout, deux agents de Toulouse, Poucet (Jean Saudray) et Chaperon (Maurice Barrier), surveillent le spectacle. Poussé à bout, Milan décide de faire intervenir son agent d’élite, Christine (Mireille Darc) une superbe blonde chargée de séduire le violoniste et de l’amener à se trahir…

Le grand blond avec une chaussure noire est (très librement) inspiré d’un livre autobiographique de Igal Shamir : « La Cinquième Corde» (1971).

Igal SHAMIR, est né à Tel-Aviv en 1938, de parents émigrés. Attiré par la musique dès l’âge de 5 ans, Igal Shamir prend des cours de musique avec un professeur d’origine russe. À 8 ans, il donne son premier concert en public. Repéré par Yehudi Menuhin, il obtient, en 1958, une bourse au conservatoire Royal de Belgique. Prix du conservatoire de Bruxelles et de Genève, il poursuit sa carrière d’interprète classique sur les scènes internationales. Dans les années 1970, il signe des enregistrements chez RCA et CBS.

Igal Shamir a aussi été pilote dans l’armée israélienne. Devenu violoniste de renommée internationale, ses succès ont fait de lui le précurseur de la musique néo-classique dans le domaine populaire.

“J’ai un jeu très personnel, très vigoureux: il y a de l’école russe mais aussi du pilote de chasse”, souligne Igal Shamir. En Suisse, le jeune homme fait vite fortune dans le négoce du café et du cacao et rencontre Georges Simenon qui l’encourage à écrire. “Je lui ai dit que mon vocabulaire tournait autour de 200 mots. Alors Simenon m’a dit: “J’ai mis 40 ans pour arriver à écrire avec 200 mots, vous les avez déjà, vous avez un avantage sur moi !”

Il arrive à Paris en 1968 sous les pavés. De rencontre en rencontre, il va devenir un familier des Pompidou. Il évolue dans le monde des affaires entre la France et la Suisse et acquiert une réputation sulfureuse. Lorsque des journalistes de Paris-Match le contactent, Shamir se dit que le seul moyen pour éviter les racontars sur sa vie de “violoniste espion”, est d’écrire son autobiographie. Shamir rédige ses mémoires sous le titre « La Cinquième Corde» et trouve un éditeur. Hélas, le manuscrit est impubliable en l’état. L’éditeur confie le manuscrit, pour le rewriter, à un ex-prix Goncourt, mais le résultat n’est pas plus satisfaisant. Alors Shamir téléphone à Simenon qui l’adresse à son éditeur (Les Presses de la Cité). Ils sont d’accord à condition qu’il soit réécrit par un pro de la maison. Le livre marche, mais Shamir ne l’apprécie pas car pour lui, c’est du polar bon marché. La Paramount souhaite acheter les droits du livre «La Cinquième Corde» pour en faire un James Bond. Mais Shamir refuse de signer, au grand dam de son éditeur qui perd beaucoup d’argent. Plus tard, l’éditeur cède les droits du livre à condition que le titre soit changé. Au bout du compte, il en sort un film comique «Le Grand Blond avec une chaussure noire», expurgé de tous les souvenirs tragiques, avec Pierre Richard dans le rôle de Shamir.

Voir sur YouTube : “Le grand blond avec une chaussure noire – Bande annonce” par Gaumont

https://www.youtube.com/watch?v=8UsdFo6geb8

Livre SF – Neil Gaiman – Neverwhere (1996)

Richard Mayhew est un jeune homme d’origine écossaise, vivant à Londres. Il a une fiancée, Jessica, un emploi dont il se satisfait (bien que ce soit un modeste emploi de bureau), et des amis. Puis, une nuit, il trébuche sur une fille ensanglantée sur le trottoir. Il s’arrête pour l’aider et la vie qu’il connaît disparaît comme une volute de fumée dans l’épais brouillard anglais.

Quelques heures plus tard, la fille est partie elle aussi. Et le matin suivant Richard Mayhew a été effacé de son monde. Ses cartes bancaires ne fonctionnent plus, les chauffeurs de taxi ne s’arrêtent pas pour lui, son propriétaire loue son appartement à des étrangers. Il est devenu invisible et est inexplicablement bloqué dans un Londres d’ombres et de ténèbres, une ville de monstres et de saints, de meurtriers et d’anges, qui est consignée dans un labyrinthe souterrain de canaux, d’égouts et de stations de métro abandonnées. Richard est tombé dans les fissures de la réalité et a atterri dans cet ailleurs qu’est Neverwhere.

Si vous êtes un fan de trains, d’histoire ou de Londres, alors ce livre est certainement pour vous. Gaiman y montre une capacité de recherche étrange assorti avec son style d’écriture inimitable. Nous prenons peu à peu connaissance de l’existence d’une masse de gares souterraines, et d’un groupe de personnes qui vivent à l’insu du Londres d’en haut dans un monde souterrain, peuplé d’êtres aussi étranges que fantastiques comme les Parle-aux-rats et les Lamias.

C’est le lieu de vie de Porte (Door), la mystérieuse fille que Richard a sauvée dans le Londres du dessus. C’est un personnage rempli de noblesse et de puissance dans ce royaume obscur, éclairé par des bougies ; elle est en mission pour découvrir la cause du massacre de sa famille et, ce faisant, préserver cet étrange Royaume des enfers des êtres malveillants qui veulent le détruire. Richard Mayhew ne pouvant aller nulle part ailleurs, doit maintenant rejoindre l’entourage de Lady Door (le marquis de Carabas, et le garde du corps Hunter) dans leur quête déterminée mais peut-être fatale.

Ce voyage redoutable – à travers des anachronismes bizarres, des incongruités dangereuses et dans les coins poussiéreux du temps figé – est le dernier espoir de Richard, sa dernière chance de retour vers un monde «réel» qui devient de moins en moins tangible minute après minute.

Neverwhere a tout d’abord été une série télévisée anglaise de six épisodes écrite par Neil Gaiman et diffusée sur la BBC en 1996, puis un roman dont il a lui-même fait l’adaptation, paru en 1996. Ce roman est un des premiers livres de Fantasy Urbaine traduit en France.

Si vous avez aimé le côté obscur des romans de Jack Finney ou de Peter Straub ou les films sombres de Clive Barker, vous obtiendrez encore quelque chose qui est loin de ce qu’a écrit ici Neil Gaiman. C’est un magistral premier roman au pouvoir sombrement hypnotique, et l’un des roman les plus captivant que j’ai eu l’occasion de lire.

À la fin du livre, vous aurez couru toute la gamme des émotions en vous identifiant à Richard et même si vous êtes un peu frustré avec lui au début, peu à peu, son courage naissant finit par briller de tout ses feux.

Un peu de mythologie, un peu de fantaisie, un peu de drame urbain et beaucoup de Londres fait que ce livre est un must qui doit être lu. Inutile d’avoir vu la série TV pour en profiter ; il est bon par lui-même.

Livre SF – William Gibson – Neuromancien (Hugo du meilleur roman 1985)

William Gibson (écrivain de S.F. né le 17 mars 1948) n’a jamais eu l’intention de devenir le leader d’un mouvement. Mais avec la publication de Neuromancien en 1984, on lui a imposé ce rôle. Si vous lisiez de la S.F. dans les années quatre-vingt, alors vous avez entendu parler du cyberpunk. Il y avait alors dans l’air le sentiment – activement encouragé par la plupart des écrivains qui étaient participants – qu’un nouveau mouvement était à portée de plume et que la SF allait enfin subir sa première révolution littéraire significative depuis la Nouvelle Vague qui avait frappé à la fin des Années soixante. Gibson est un peu impliqué dans cette exagération dans la mesure ou le battage autour de sa modeste personne a galvanisé le mouvement.

Le Cyberpunk est antérieur à la publication du roman de plusieurs années. Déjà, le film Blade Runner, inspiré d’un roman de 1968 écrit par Philip K. Dick, et tourné en 1982, établissait une esthétique similaire qui a inspiré Gibson dans son roman. Mais Neuromancien a été le coup de départ du mouvement cyberpunk. Il a d’ailleurs remporté à la fois le Hugo et le prix Nebula (ainsi que le prix Philip K. Dick). Gibson a inventé le mot «cyberpunk» plus tôt, mais Neuromancien est le roman qui l’a entérinée dans le lexique populaire.

Si plus de 20 ans plus tard, la capacité de Neuromancien à nous étonner a légèrement diminué, cela reste encore une histoire divertissante à lire, un roman intemporel et élégant; ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il ait remporté autant de récompenses. Il est vrai aussi que cette histoire a ouvert la voie et influencé des auteurs comme Charlie Stross, Greg Egan, et tous ceux qui ont contribué à rafraîchir la S.F. dure des Années 90.

Neuromancien est une œuvre prédictive dans la mesure où elle met en avant la notion de l’avenir de l’information dans laquelle les multinationales plutôt que les gouvernements dirigent le spectacle du monde. Certes l’internet d’aujourd’hui n’est pas le cyberespace de Gibson, mais les inventions actuelles et future permettront aisément à très brève échéance de s’immerger dans une réalité virtuelle digne du cyberespace.

L’histoire : 

Le protagoniste de Neuromancien est un ancien hacker nommé Henry Dorsett Case, dont le système nerveux a été détruit avec une toxine pour l’empêcher de continuer à pirater. Comme presque tout le monde (même ceux qui n’ont jamais lu le livre) en est probablement conscient, la seule interface informatique qui est utilisée dans Neuromancer est un implant cérébral, et l’interface de Case à été détruite. L’histoire commence lorsque, dans les bidonvilles de la ville de Chiba,  Armitage, un homme mystérieux au passé trouble, et Molly, une redoutable mercenaire, lui proposent de lui redonner accès au Cyberespace et lui offrent un accord : on le guérit en échange de ses services en tant que pirate. L’objectif de son employeur semble impliquer une I.A. appelé Wintermute, appartenant à la famille de Tessier-Ashpool propriétaire d’une énorme multinationale.  En fait, il doit en pénétrer le système informatique avec l’aide du mystérieux Muetdhiver et de sa partenaire Molly, une mercenaire cybernétiquement modifiée. Partout où l’accès au réseau est piratable, le Neuromancien s’en sert pour infiltrer les souvenirs de son interlocuteur, apparaissant toujours sous la forme d’une personne connue de lui, alors que le Muetdhiver s’en sert pour assassiner des membres de la Police de Turing (une unité régulant les I.A.)

L’intrigue est l’une des forces de Neuromancien. C’est un livre court et rapide avec beaucoup d’action tendue, des personnages dangereux, des alliances risquées. L’évocation du pouvoir indécent des entreprises, de la nature des I.A. et de l’informatique future sont développés sans ralentir l’action.  Au début de Neuromancien, Dorsett renonce à la vie et entre dans une spirale autodestructrice pour des raisons compréhensibles, mais presque jamais il ne trouve de force intérieur pour sortir de sa tourmente émotionnelle afin d’obtenir une seconde chance. Il est implacablement entraîné par des forces extérieures: une guérison, le retrait menacé de la guérison, le danger physique, et la manipulation des autres personnages. Rien ne vient de l’intérieur et c’est une des caractéristique du livre. Son destin lui échappe totalement.

Neuromancien est célèbre pour ses descriptions, en grande partie parce qu’il montre un avenir laid, répugnant et dangereux (parfois pas si éloigné du notre…). Il n’est peut-être pas aussi révolutionnaire qu’on l’a dit, mais Gibson a fait un excellent travail dans sa description sans fard des bidonvilles et de la vie de la rue d’un monde avec une meilleure technologie certes, mais pas plus d’espoir et si peu d’humanité.

Livre SF – Christopher Priest – Le Monde Inverti (1974)

Christopher Priest est un écrivain de science-fiction anglais agé de 73 ans. Nombre de ses romans ont obtenu une distinction honorifique, mais le plus célèbre d’entre eux qui reçut deux récompenses (le British Science Fiction Association award en 1974, et le Hugo award en 1975) est sans aucun doute “Le monde inverti”.

Ce roman de S.F. est profondément troublant, et les seuls livres qui se rapprochent du délire imaginatif de Christopher Priest sont ceux de Philip K. Dick lorsqu’il est au meilleur de sa forme. Mais là où les intuitions ludiques de Dick sont véhiculées dans un langage parfois négligé, Priest est majestueux, parfois même froid et extrêmement précis dans son métier de conteur. Le ton et le cadre sont semblables à ce que vous attendez d’un roman de S.F. dans lequel le monde entier tourne autour de la quête du héros.

Il n’est pas facile d’imaginer une ville comme celle du roman de Christopher Priest, “Le monde inverti”.  Ici, nous avons une ville entourée de murs élevés et une population ignorant que la mégalopole entière repose et se déplace sur des rails, tirée lentement par un treuil géant afin de résister à un champ de gravité écrasant. Priest, dès la première phrase du roman, nous plonge dans une étrange nouvelle réalité:

“J’avais atteint l’âge de six cent cinquante miles”.

Le narrateur, Helward Mann, est apprenti dans un système de guilde qui maintient cette ville en mouvement.

La guilde organise un mariage pour Helward, mais avant qu’il puisse rendre visite à sa femme, ils le prennent à l’extérieur de la “Cité de la Terre” pour la première fois. Il est étourdi à la vue du soleil. On lui avait toujours enseigné qu’il était rond, mais il apparaît maintenant différemment, en forme de soucoupe de lumière irisée aux pôles avec deux spires incandescentes sur les côtés. Helward a peu de temps pour méditer sur cette découverte car il commence son apprentissage.

Nous suivons la formation de Helward dans sa Guilde des topographes du futur, et apprenons progressivement que la “Cité de la Terre”, comme on la nomme, traverse des rivières, des gouffres et de larges étendues depuis 200 ans. Avant cela, un vague événement apocalyptique appelé “Le Crash” a changé la vie sur la planète. Alors que diverses guildes se concentrent sur le déplacement de la ville, sa population est protégée de la vérité et se concentre sur l’éducation des enfants et la création d’aliments synthétiques.

Bien avant que des considérations philosophiques ne se posent, l’histoire de Priest est fascinante pour une raison pratique et fondamentale: comment, en effet, déplacer une ville? Une grande partie de la première moitié du livre est consacrée à décrire ce processus extraordinaire qui suggère des travaux de titans tels que la construction des pyramides ou la pose de chemins de fer Transcontinentaux. Ici, Helward décrit une visite guidée par son professeur:

“Au bout du nord de la ville, il y avait cinq câbles qui se trouvaient sur le sol, à côté des pistes, et qui disparaissaient du champ de vision derrière la crête. […] Les câbles ont été tendus et les cales ont été creusées, il m’a emmené aux emplacements et m’a montré comment les poutres d’acier étaient enterrées profondément dans le sol pour fournir un ancrage assez solide pour les câbles.”

Ensuite, le treuil tire la ville sur environ deux miles. Puis, les rails et le treuil doivent être déplacés à nouveau vers l’avant. Helward réalise bientôt que la ville se déplace toujours vers le nord, que les gens de la guilde appellent “l’avenir”, et loin du sud, qu’ils appellent “passé”, essayant d’atteindre un point qu’ils appellent l’optimum, un emplacement toujours en avance sur la ville, une ligne d’arrivée en mouvement que la ville en fait n’atteint jamais mais continue de poursuivre. Chaque guilde joue un rôle dans cette lutte sans fin. La Guilde de la Traction traverse la ville en avant le long des voies ; la Guilde du troc achète du travail et emprunte des femmes aux indigènes ignorants (les femmes de la ville sont mystérieusement incapables d’avoir des enfants) ; les bâtisseurs de ponts arrangent le passage à travers les fleuves et les ravins ; et les géomètres du futur s’aventurent vers le nord afin que les navigateurs puissent planifier l’itinéraire de la ville. Ils reviennent de l’avenir curieusement âgés.

La guilde d’Helward l’envoie vers le passé pour escorter trois jeunes femmes jusqu’à leur ville d’origine où elles ont été «empruntés» pour la reproduction. C’est là que nous apprenons finalement pourquoi la ville doit continuer à bouger…

«Le monde inverti» nous rappelle ces vieilles histoires sur la création du monde que l’on retrouve dans presque toutes les traditions mythologiques antiques. Vous savez, ces images primitives de la Terre imaginée comme une petite île entourée d’océan, reposant sur le dos d’une tortue (selon une histoire iroquoise), flottant sur une goutte d’eau, ou posée au creux de la main d’une divinité.

Dans ces ces visions mythiques du monde, la vie humaine occupe un espace délicat et petit, menacé de tous côtés par les forces titanesques de la nature indomptée. Ces légendes reflétaient les efforts ininterrompus de nos ancêtres pour comprendre notre place dans l’univers, et dans “Le monde inverti”, Priest nous révèle ce mythe à nouveau, le plaçant dans un avenir où l’histoire et toutes les chroniques anciennes ont été effacées pour les citoyens de la “Cité de la Terre”. Ce livre nous montre une communauté plongée dans l’ignorance, essayant de comprendre sa place et son devenir. Vous terminez ce roman en appréciant les efforts de notre culture pour protéger ses souvenirs collectifs et en vous inquiétant également du fait que tout ce qui est tenu pour acquis peut facilement être perdu lorsqu’on est confronté à la réalité.

Livre SF – Dan Simmons – Les cantos d’Hypérion (1989-90)

Dan Simmons :

Né à East Peoria, en 1948, Dan Simmons est diplômé du Collège Wabash et est devenu enseignant après avoir obtenu une maîtrise de l’Université de Washington à Saint-Louis, en 1971. Pendant les dix années suivantes, Simmons a travaillé dans le domaine de l’éducation, aidant à développer un programme d’avant garde. En même temps, il écrit des nouvelles et les soumet à divers magazines. Au début des années quatre-vingt, Simmons confit à sa femme que s’il ne reçoit pas d’encouragement à la conférence des écrivains de Denver, il cessera d’essayer de devenir écrivain professionnel et consacrera plus de temps à sa carrière d’enseignant. Lors de la conférence, le légendaire écrivain Harlan Ellison le choisi dans un atelier d’écriture et lui dit qu’il lui faut continuer de tenter sa chance, que son écriture montre un vrai talent. Hellison le pousse à s’inscrire au concours pour écrivains débutants de Twilight Zone Magazine où la nouvelle de Dan Simmons “Le Styx coule à l’envers” remporte le premier prix ; à partir de ce moment, il se consacre pleinement à l’écriture. Trois ans plus tard, son premier roman, Song of Kali (Tor, 1990), remporte un World Fantasy Award.

Hyperion aborde des thèmes importants tels que la religion, la mythologie, la résurrection, l’amour, la trahison et la mort. Hyperion mélange plusieurs sous-genres populaires de SF – tels Le space opéra, le cyberpunk, l’histoire alternative – et peut servir de porte d’entrée littéraire du genre pour quelqu’un qui n’est pas familier avec la SF en général. Acclamé par la critique, “les Cantos d’Hyperion” ont contribué à l’aura du genre SF, même pour ceux qui n’avaient jamais eu beaucoup d’intérêt pour elle.

Le livre :

En 2862, Sur Hypérion, le port spatial offre un spectacle de fin du monde. Des millions d’habitants s’entassent derrière les grilles, certains que le gritche va venir les prendre. Ils veulent fuir. Mais l’Hégémonie ne veut rien savoir. Une guerre s’annonce et les routes du ciel doivent être dégagées. Les tombeaux du temps sont sur le point de s’ouvrir. Sept pèlerins y sont envoyés par la sainte Église du Gritch. Mais ils n’y comprennent rien, et ne se connaissent même pas! Au cours du long voyage qui les emmène vers les tombeaux, tous racontent leur histoire. Lénar Hoyt, le prêtre Jésuite, qui porte incrusté dans la poitrine un mystérieux cruciforme ; Fedmahn Kassad, le soldat, à la recherche d’une femme ; Sol Weintraub, le lettré, dont la fille régresse physiquement et va bientôt disparaître ; Martin Silénus, le poète, qui raconte la lente agonie de l’ancienne terre ; Brawne Lamia, la détective, qui est tombée amoureuse du cybride de John Keats ; Le consul de l’Hégémonie, qui semble avoir quelque chose à cacher ; quant au templier Het Masteen, il sera assassiné avant la fin du voyage. Tous ont rencontré le Gritch, ce mystérieux gardien des tombeaux du temps. Un monstre fabuleux, une machine à tuer, un ange exterminateur, ou le dieu du mal ? Nul ne sait… Après une entrée remarquable dans le domaine du fantastique (L’Échiquier du mal), Dan Simmons ouvre avec ce roman le gigantesque cycle des Cantos d’Hypérion. Un space opéra magistral qui couvre treize siècles d’histoire, truffé d’inventions et traversé du début à la fin par une formidable réflexion sur l’âme humaine et la transcendance du mal. Une œuvre majeure.

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