Film & Livre – Quelques Messieurs Trop Tranquilles (1973)

Le Film : 

Loubressac, un petit village du Lot, se meurt faute d’habitants. Seul le tourisme peut sauver la région de sa lente agonie. Mais entre Julien Michalon (Jean Lefebvre) le patron du café-épicerie, Arsène Cahuzac (Henri Guybet) le fossoyeur, Michel Peloux (Michel Galabru) l’instituteur, Paul Campana (Bruno Pradal) le garagiste et Adrien Perrolas (Paul Préboist) le cultivateur, les avis divergent. Et voilà qu’arrive une tribu de Hippies érotomanes avec à leur tête Charles (Charles Southwood), un américain que la châtelaine (Renée Saint-Cyr) à autorisé à bivouaquer sur son domaine, autorisation d’autant plus facilement obtenue que la comtesse veut éviter le retrour de son ancien locataire un truand juste sorti de prison prénommé Gérard (André Pousse). Jusqu’au jour où l’on assassine le régisseur de la châtelaine dont le cadavre est retrouvé dans la carrière… Les beatniks sont alors les coupables tout désignés. Pourtant Paul n’en est pas convaincu ; il entraine ses amis Julien, Arsène, Adrien et Michel sur la piste d’indices troublants. Et ce n’est pas sans danger…

Le Livre :

La nuit des grands chiens malades (1972)

Le film sorti en 1973 et réalisé par Georges Lautner, est adapté du roman La nuit des grands chiens malades”, paru en 1972. écrit par A. D. G. (Alain Dreux Gallou) qui fut, pendant une dizaine d’années, l’un des auteurs-phares de la Série noire aux éditions Gallimard. Ce roman plein d’humour et de truculence est truffé de mots en patois berrichon :

“Nous, bien sûr qu’on est berrichons, d’entre Châteauroux et Bourges, on n’a pas la grosse cote auprès des Parisiens: qu’on serait lourds, méfiants, un peu retardés pour tout dire, pleins de croyances obscures. Seulement, on a quand même la télévision, et les Hippizes, on sait ce que c’est, des jeunes qui se droguent et qui prêtent leurs femmes à tout le monde. Alors quand on les a vus débarquer, dix, douze, sans compter les gniards, et planter leur tente à la “Grand’Côte”, là, notre sang n’a fait qu’un tour”.

Le tournage :

Le tournage du film s’est déroulé dans le village de Loubressac, dans le département du Lot. Dans “Quelques Messieurs Trop Tranquilles” Georges Lautner fait un clin d’œil à l’un de ses films précédent, “Ne nous fâchons pas” : le titre du film apparaît dans un panneau tournant lors de la scène de la fusillade entre le personnage d’André Pousse et ses deux complices, et le personnage de Jean Lefebvre a dans les deux films le nom de « Michalon ». Il fait aussi un clin d’oeil aux “Tontons Flingeurs” lors des scènes de fusillade avec l’arrivée de la comtesse ou la musique faite par les stalactites. Le château de la Comtesse est le château de Belcastel, situé à 30 km de Loubressac sur la commune de Lacave, dans le département du Lot. Les obsèques de Martin ont été tournées à Carennac, village proche de Loubressac. L’épicerie buvette de Michalon existait déjà, mais le garage de Campana a été construit spécialement pour le film, sur la place du village. La scène finale du film se déroule dans les Grottes de Cougnac. Boby Lapointe devait jouer un aubergiste dans le film, mais il meurt en juillet 1972, et son personnage est retiré du scenario.

Voir sur YouTube : “Quelques messieurs trop tranquilles de Georges Lautner (1972) #MrCinéma 104” par Cinémannonce

Film – Alexandre le Bienheureux (1968)

En ces temps pré-révolutionnaires, beaucoup de gens ouvrent enfin les yeux et dénoncent l’indécence de notre système libéral qui oppresse une grande partie de la population. Pour survivre, la majorité de nos concitoyens en est réduite à faire un travail d’esclave sous-payé pour le plus grand profit d’une caste de rentiers pleins aux as. Une des pistes pour solutionner ces injustices serait d’oser envisager un authentique et décent revenu universel permettant aux “sans-dents” que nous sommes d’exprimer librement son droit à la paresse, d’autant plus que très bientôt, nos jobs rémunérées au lance-pierre seront effectués par une armée de robots bénévoles, infatigables et non syndiqués. Dans son fameux pamphlet paru en 1880, intitulé justement “Le Droit à la Paresse”, Paul Lartigue décrivait déjà les effets pernicieux du travail :

« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture… »

Le Film :

Alexandre le Bienheureux (1968)

En 1968, Yves Robert prit au mot Paul Lartigue en réalisant “Alexandre le Bienheureux”, un film jubilatoire dont le protagoniste est Alexandre (Philippe Noiret), un cultivateur bon vivant et nonchalant qui est sous l’emprise de «la Grande» (Françoise Brion), son ambitieuse et tyrannique épouse. Cette dernière possède la plus grosse ferme de l’endroit, et lui impose chaque jour une masse de travaux le laissant à bout de force. Cette dernière disparaît dans un accident de voiture, mais loin d’en être affecté, notre jeune veuf éprouve un grand soulagement et se sent libéré de son labeur : il décide alors de s’accorder un repos qu’il juge mérité, afin de prendre le temps de savourer la vie en compagnie de son espiègle Fox Terrier. Son comportement sème rapidement le trouble dans le petit village par l’exemple qu’il donne, et une partie des habitants décident de le forcer à reprendre le travail. Mais ils échouent, et Alexandre commence à faire des émules. Cependant, la jolie Agathe finit par le séduire.  Sa liberté risquerait-elle d’être compromise?

C’est avec ce film, tourné par Yves Robert dans la campagne autour des villages d’Alluyes et de Dangeau, en Eure-et-Loir, que Philippe Noiret incarne son premier rôle principal au cinéma après des années de seconds rôles, alors que c’est le véritable premier rôle au cinéma pour Pierre Richard, qui collaborera plusieurs fois avec Yves Robert.

Extraits du pamphlet “Le Droit à la Paresse” de Paul Lartigue (1880): 

« Aristote prévoyait que « si chaque outil pouvait exécuter sans sommation, ou bien de lui-même, sa fonction propre, comme les chefs-d’œuvre de Dédale se mouvaient d’eux-mêmes, ou comme les trépieds de Vulcain se mettaient spontanément à leur travail sacré ; si, par exemple, les navettes des tisserands tissaient d’elles-mêmes, le chef d’atelier n’aurait plus besoin d’aides, ni le maître d’esclaves. Le rêve d’Aristote est notre réalité. Nos machines au souffle de feu, aux membres d’acier, infatigables, à la fécondité merveilleuse, inépuisable, accomplissent docilement d’elles-mêmes leur travail sacré ; et cependant le génie des grands philosophes du capitalisme reste dominé par le préjugé du salariat, le pire des esclavages. Ils ne comprennent pas encore que la machine est le rédempteur de l’humanité, le Dieu qui rachètera l’homme des sordidæ artes et du travail salarié, le Dieu qui lui donnera des loisirs et la liberté. »

« Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l’homme, qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… »

« Pour qu’il parvienne à la conscience de sa force, il faut que le prolétariat foule aux pieds les préjugés de la morale chrétienne, économique, libre penseuse ; il faut qu’il retourne à ses instincts naturels, qu’il proclame les Droits de la Paresse, mille et mille fois plus sacrés que les phtisiques Droits de l’Homme concoctés par les avocats métaphysiques de la révolution bourgeoise ; qu’il se contraigne à ne travailler que trois heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit. » 

“Paressons en toute chose, hormis en aimant et en buvant, hormis en paressant”. 

Voir sur YouTube : “Alexandre le Bienheureux ( bande annonce )” par Yves Lemerce

Film – Milou en Mai (1990)

Mai 68. La France est paralysée par la grève. Dans sa belle bâtisse provinciale du Gers, Madame Vieuzac est victime d’une crise cardiaque. Son fils Milou convoque les membres de la famille pour un ultime hommage à la défunte. Arrive alors un cortège de tristes sires surtout préoccupés par le partage de l’héritage. Ce film qui ressemble à du Sautet pour l’ambiance, mais aussi à du Chabrol pour l’étude des mœurs bourgeoises, est à la fois simple, réaliste et captivant. Les membres de cette famille sont drôles et émouvants avec leurs failles, leurs excès et leurs mesquineries sur fond de mai 68.

L’histoire :

Milou Vieuzac (Michel Piccoli) est un grand rêveur et un épicurien oisif qui vit dans le château familial situé dans la campagne gersoise, avec sa mère, Madame Vieuzac (Paulette Dubost). Un jour, alors qu’il est sorti, celle-ci meurt soudainement d’une crise cardiaque. Les proches rappliquent, prévenus par Milou, et c’est le commencement de la réunion de famille qui doit décider des modalités de l’enterrement de la mère, que l’on va veiller alors que la révolte étudiante éclate à Paris. Il y a d’abord Camille (Miou-Miou), fille unique de Milou, qui, en l’absence de son mari reparti aussitôt, retrouve celui qui fut son amant : Daniel (François Berléand), ami et notaire des Vieuzac. Puis Claire (Dominique Blanc), fille de la sœur décédée de Milou, et Georges (Michel Duchaussoy), frère de ce dernier, accompagné de son épouse Lily (Harriet Walter).

Tous trois prennent connaissance des dernières volontés de madame Vieuzac, lues par Daniel, et notamment qu’un quart de la propriété revient à Adèle (Martine Gautier), fidèle gouvernante et maîtresse de Milou. Puis arrive Pierre-Alain (Renaud Danner), le fils de Georges, exalté par les événements qu’il vient de vivre à Paris et qui apporte la contestation au sein même de cette famille bourgeoise. Pierre-Alain a fini son voyage en auto-stop avec Grimaldi (Bruno Carette), un marchand de légumes qui s’intègre vite au groupe. Claire quand a elle papillonne entre ce dernier, Marie-Laure (Rozenn Le Tallec) qui est son amante et Pierre-Alain.

Le contexte de mai 68 n’a pas été choisi au hasard, puisque c’est l’époque où les barricades étudiantes et la grève générale du monde ouvrier avaient fait croire à une bourgeoisie repliée sur elle-même que les communistes étaient aux portes de Paris. Avec la grève générale, l’enterrement se fait plus compliqué, exacerbant les tensions. Il ne reste plus grand chose du lustre d’antan et de la fortune familiale, (même le tableau de Corot a été vendu) mais suffisamment pour que le partage des meubles et de l’argenterie s’organise sans plus de délai à côté du cadavre de la grand mère que tout le monde finit par oublier.

Mors qu’il est question d’enterrer l’aïeule dans le jardin, les pompes funèbres étant en grève, toute l’équipe se retrouve autour d’un grand pique-nique avant d’être alarmée sur le déroulement des évènements insurrectionnels du moment par Monsieur Boutelleau (Étienne Draber), un gros patron du coin qui a failli être séquestré par ses ouvriers. Paniqués, tous fuient dans les bois. Mais Adèle les retrouve avec des nouvelles rassurantes. Ils reviennent au château alors que leur crise de paranoïa retombe. Après l’enterrement, chacun repart chez lui, laissant Milou seul avec ses souvenirs.

Détails sur le film :

Ce film de Louis Malle reçut le Prix David di Donatello du meilleur réalisateur étranger en 1990 mais fut aussi nominé au prix du meilleur film étranger, lors des BAFTA Awards en 1991. Il reçut le César du meilleur second rôle féminin (Dominique Blanc) et fut nominé pour le César du meilleur acteur (Michel Piccoli), de la meilleure actrice (Miou-Miou) et du meilleur second rôle masculin (Michel Duchaussoy) en 1991.

Le message du film est sans équivoque et il met en relief notamment l’égoïsme d’une petite caste de nantis qui ne pense qu’à s’accaparer les richesses et à se servir sur la bête qui n’en peut plus. Le vieux jardinier courbé par les rhumatismes qui travaille sous le soleil pendant que la joyeuse bande joue à Colin-maillard, nous rappelle qu’autant en 1968, en 1990 et même en 2018, la lutte des classes est plus que jamais d’actualité (après “Milou en Mai”, peut-être qu’un réalisateur tournera un jour “Manu en Novembre !”). Le tournage s’est déroulé au Château du Calaoué, dans le Gers. À noter, le premier rôle au cinéma de Valérie Lemercier dans le rôle de Mme Boutelleau et l’apparition de Stéphane Paoli (voix à la radio Europe N°1) dans celui de Jacques Paoli, son propre père. Ce fut le dernier film dans lequel tourna Bruno Carette avant de décéder le 8 décembre 1989 d’une leucoencéphalite foudroyante.

Voir sur Dailymotion : “Milou en mai – Le pique-nique” par MISTERNATURAL

Film – 100.000$ au Soleil (1964)

Pour réaliser ce film d’aventure tourné sur les routes et pistes parcourant les magnifiques paysages désertiques du Maghreb, le cinéaste Henri Verneuil s’est inspiré du roman “Nous n’irons pas en Nigéria” écrit par Claude Veillot en 1962. “100.000$ au Soleil” produit par Alain Poiré, est tourné à la fois en France et au Maroc, avec un casting de rêve, à savoir Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura et Bernard Blier. Le dialoguiste Michel Audiard a mis aussi la main à la pâte, avec son sens innée de la répartie et des dialogues devenus cultes que vous pourrez retrouver un peu plus loin dans cet article. Présenté à Cannes, le film reçut des critiques négatives de la presse mais cela ne l’empêcha pas de connaître un très grand succès populaire.

L’histoire :

L’action se passe dans le sud du maroc aux frontières du Sahara dans les années 1960. Castagliano (Gert Fröbe), est le patron d’une société de transport routier aux méthodes douteuses que ses employés surnomment «la Betterave». Il engage John Steiner (Reginald Kernan), un routier «mexicain», soi-disant né à Saltillo, pour conduire sur 2000 km vers le sud un camion Berliet rouge (version du film colorisée) flambant neuf, affrété d’un mystérieux chargement d’une valeur déclarée de 100.000 dollars, direction Moussorah. Pendant une conversation téléphonique entre Castagliano et son client, on apprend qu’il a engagé Steiner la veille pour qu’il en sache le moins possible sur ce camion.

Le camion suscite la jalousie de tous les chauffeurs, mais le chargement, lui, attire uniquement la convoitise de Rocco (Jean-Paul Belmondo), conducteur expérimenté. Lors d’une soirée arrosée entre chauffeurs, ce dernier réussit à duper Steiner et à partir à sa place à l’aube au volant du Berliet ; il récupère en sortant de la ville une jeune femme, Pepa (Andréa Parisy). Sorti de ses gonds, Castagliano renvoie violemment Steiner et Ali, le mécanicien complice de la duperie, puis lance Hervé Marec (Lino Ventura), dit «le Plouc», à la poursuite de Rocco, en échange d’une prime substantielle. Castagliano refuse d’appeler la police pour cette affaire par principe mais Marec comprend que c’est plutôt en raison du contenu du camion plutôt que de ses principes.

Peu après avoir quitté l’entreprise de transport, Steiner parvient à se faire prendre à bord par Marec, en lui proposant de se relayer mutuellement pour la conduite du camion. Marec accepte et renvoie Ali qui l’accompagnait. Même si Rocco essaie de les retarder en montant contre eux les habitués du relais routier tenu par un certain Halibi (Pierre Mirat), le camion de Marec est moins chargé que le sien, et se rapproche peu à peu de sa cible. Pourtant, divers aléas de la route les retardent et envoient régulièrement le camion de Marec dans le décor : les mauvais coups de Rocco, le fech-fech… Heureusement, Mitch-Mitch (Bernard Blier), un autre camionneur au caractère goguenard, croise à chaque fois opportunément leur chemin au volant de son camion et les tire d’affaire.

Au cours de la poursuite, on découvre que c’est Pepa qui a donné l’idée à Rocco de détourner le chargement. Après le franchissement de la frontière de la république du Hijjar, à Cherfa, pour gagner une centaine de kilomètres, une patrouille de police vient contrôler l’identité des chauffeurs. Marec reste intrigué par l’hésitation du policier lorsqu’il a affaire à Steiner, et par le fait qu’ils cherchent un certain Peter Frocht, qui s’occupait du maintien de l’ordre dans l’ancien gouvernement. À partir de là, Marec comprend que Steiner, en plus d’être un chauffeur débutant et peu fiable, est aussi un mercenaire, ancien haut responsable de la dictature récemment renversée, et qui lui a enlevé tout ce qu’il avait alors. Steiner quant à lui comprend que Marec, s’il met la main sur le chargement de Rocco, n’a absolument pas l’intention de retourner chez Castigliano, et compte bien reprendre à son compte l’idée de Rocco…

Les répliques cultes écrites par Michel Audiard :

– Tu sais quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent.

– Où est-ce que t’as appris que l’argent faisait le bonheur ? T’as été élevée chez les laïcs, toi ?

– Quand un chauffeur veut un congé ou de l’augmentation, il vient me trouver, je l’écoute et… je le vire.

– Dans la vie on partage toujours la merde, jamais le pognon. Personne…

– Mais j’rêve pas, c’est l’équipe de fer. Tiens, je disais justement à Saïd: C’pauvre plouc avec les mauvais yeux qu’il a maintenant va bientôt falloir mettre des filets au bord de la route, pour pas qu’il aille se foutre dans le ravin. Et bien bravo jeunes gens !
– T’as une barre de remorquage ?
– J’ai tout ce qu’il faut, toujours. Quand tu roules devant moi j’emporte même un moteur de rechange. T’arriveras plus à me surprendre. Enfin ce coup-là on n’aura pas à creuser, c’est déjà ça. J’aime mieux qu’on t’opère en surface. Parce que, parti comme t’étais l’autre coup, en améliorant un peu, fallait amener les… les spéléologues.

– Figure-toi qu’un jour sur la piste d’Ibn Saoud j’tombe sur un p’tit ingénieur des pétroles avec sa Land Rover en rideaux. Il avait sa bonne femme avec lui, la, une grande blonde avec des yeux qui avaient l’air de rêver, puis un sourire d’enfant… Une salope, quoi.

– Réponds-moi Plouc, dis-moi la vérité.
– Quoi ?
– Est-ce que je suis une putain ?
– Ben… enfin… tu couches toujours avec tout le monde… enfin je veux dire avec les copains quoi ?
– Oui.
– Et y’en a pas un, des fois, qui t’aurait refilé de l’oseille, non ?
– Non.
– Et ben alors ! T’es notre petite Angèle. C’est tout.

Voir sur YouTube : “Cent mille dollars au soleil (1964) – Fallait amener les spéléologues” par Le Monde des Avengers

Film & Oldtimer – Le Corniaud (1965) – Cadillac Deville Convertible (1963-64)

Pour le scénario de ce film, Gérard Oury s’est inspiré de la mésaventure d’un présentateur de la télévision française, Jacques Angelvin, qui fut arrêté aux États-Unis en 1962 au volant d’une Buick Invicta provenant de France et dans laquelle plus de cinquante kilogrammes d’héroïne pure avaient été dissimulés. Lors de son arrestation, la voiture ne contenait plus la drogue et Angelvin clama d’abord son innocence en prétendant avoir été dupé. Il fut pourtant prouvé que la voiture du français avait bien servi à transporter la drogue depuis Marseille jusqu’aux États-Unis et qu’il avait touché dix mille dollars pour cela. Plaidant coupable lors de son procès, le présentateur de Paris-Club fut incarcéré pendant cinq ans. Cette arrestation est un des épisodes du démantèlement de la «French Connection».

Dès le début, Gérard Oury sait à quels acteurs il fera appel pour les deux rôles principaux : Bourvil et Louis de Funès. Les deux acteurs s’étaient déjà côtoyés dans les films Poisson d’avril (1954), Les Hussards (1955) et La Traversée de Paris (1956) et ont envie de travailler à nouveau ensemble. Tandis que Bourvil est une vedette depuis près de dix ans, Louis de Funès, lui, commence à en devenir une : il est un second rôle remarqué et apprécié du public et, lorsque Oury prépare Le Corniaud, l’acteur tourne un film dont personne n’imagine alors le succès et qui le rendra définitivement célèbre, Le Gendarme de Saint-Tropez. Côté anecdote, le cachet de Bourvil pour Le Corniaud fut trois fois plus important que celui octroyé à de Funès.

L’Histoire :

Alors qu’elle n’a parcouru que quelques dizaines de mètres sur le chemin de ses vacances estivales vers l’Italie, la 2CV du petit VRP Antoine Maréchal, se disloque, percutée en plein Paris par la Rolls Royce de Léopold Saroyan, directeur d’une maison d’import-export. D’abord de mauvaise foi, celui-ci reconnaît ses torts et offre à Maréchal la possibilité de poursuivre, tous frais compris, son voyage au volant de la superbe Cadillac Deville convertible neuve d’un de ses clients américains. Ce dernier devra ainsi conduire le véhicule de Naples à Bordeaux (où il est prévu qu’il soit embarqué pour les États-Unis).

Séduit par la proposition, Maréchal ne se doute pas que Saroyan est en réalité le parrain d’un syndicat de gangsters, et qu’il a truffé la Cadillac de produits illégaux : drogue (héroïne), or et pierres précieuses (dont le Youkounkoun, «le plus gros diamant du monde»), dont il espère bien que sa «mule» pourra assurer le transport, y compris devant les douanes. Voici donc le naïf Maréchal sur les routes d’Italie puis du Sud de la France, ignorant tout de sa précieuse cargaison, et ne remarquant pas que le malfaiteur le suit à distance pour veiller sur la marchandise, qui est également convoitée par une bande rivale menée par Mickey dit «le bègue».

Après une traversée de l’Italie marquée par de nombreux incidents, Maréchal arrive à la frontière et il va découvrir qu’il a été pris par Saroyan pour un «Corniaud». Il se vengera à sa façon lors d’une halte à Carcassonne tout en continuant d’emmener la Cadillac à Bordeaux où il découvrira la cachette du Younkounkoun…

Voir sur YouTube : “Le corniaud – La bande annonce VF” par Films Tous Publics

La Cadillac Deville (1949-2005) :

En 1949, une nouvelle carrosserie fait son apparition chez Cadillac : un coupé sans montant central, appelé «hard-top» en anglais. L’origine de cette carrosserie se trouve dans le comportement de l’épouse d’un dessinateur du bureau de style de la GM qui possède un cabriolet mais qui roule constamment avec la capote relevée et les vitres baissées. Voyant que la capote ne sert jamais, le dessinateur propose de la rendre définitivement fixe en reprenant le dessin du coupé dont il enlève le montant central entre la vitre de portière et la vitre de custode. Le dessin est adopté pour les trois marques de gamme supérieure de la GM : Oldsmobile, Buick et Cadillac. Baptisée « Holiday » chez Oldsmobile et Riviera chez Buick, le coupé hard-top prend l’appellation de Coupé DeVille chez Cadillac. Le Coupe DeVille apparaît en 1949. Il s‘agit d’une version sans montant central du « Club Coupe » de la Série 62 établi sur un empattement de 3,20 m. La mécanique est commune aux autres Cadillac ; moteur V8 de 5,4 litres et 160 ch.

Un nouveau châssis apparaît pour 1957, un châssis tubulaire en X dont l’absence de longerons latéraux permet la création des carrosseries surbaissées souhaitées par les stylistes. S’il résiste mieux à la torsion, ce châssis manque cruellement de résistance aux chocs latéraux. L’empattement est de 3,29 m. La puissance du V8 de 6 litres atteint 285 ch.

Les Cadillac de 1959 reçoivent une nouvelle carrosserie caractérisée par ses immenses ailerons arrière comportant une nacelle pour les feux et leur calandre en miroir. Les berlines se dédoublent avec une carrosserie à six glaces latérales et une autre à quatre glaces latérales et lunette arrière panoramique. Le moteur est réalésé à 6,4 litres ; il développe 325 ch. L’empattement est légèrement allongé à 3,30 m.

Des lignes plus tendues apparaissent dès 1962 :

Après les ailes de chauve-souris qu’exhibaient les modèles 1959, les ailerons des Cadillac commencèrent à se résorber avec le début des années soixante. C’est que Harley Earl, le Cecil B. de Mille de l’automobile américaine avait pris sa retraite. Son successeur était William Mitchell : il avait moins la passion des accessoires spectaculaires, et préférait les lignes nettes, anguleuses, avec des arrêtes vives et des formes bien définies. Évidemment la transition demanderait plusieurs années. Mais dès 1962, l’évolution était visible sur tous les modèles Cadillac. On remarquait une prédominance des horizontales avec des ailes pratiquement rectilignes. Les ailerons étaient encore présents. Ils s’achevaient en pointe plus offensive que jamais, mais ne s’élevaient qu’à une hauteur modeste. Un autre aileron, plus discret encore, soulignait la base des ailes. L’ensemble marquait une certaine tension crispée, bien éloignée de la flamboyante exubérance de naguère.

Les Cadillac sont donc entièrement redessinées pour 1961 (sauf la Série 75). Tout en conservant leur châssis en X, revenu à 3,29 m d’empattement, et leur moteur de 325 ch, elles reprennent les lignes générales des Eldorado Brougham précédentes. Elles se caractérisent par le pare-brise qui n’est plus panoramique mais dont les montants adoptent un dessin à double courbure, ainsi que par les « skegs », ces ailerons situés en bas de caisse qui filent à l’horizontale du passage de roue avant jusqu’aux pare-chocs arrière.

Cadillac Deville (1963-64) (Sixième génération) : En cinq générations, les Deville ont bien changé. Les modèles de 1963 se différencient de ceux de la cinquième génération en adoptant une nouvelle carrosserie plus longue sur le même châssis de 3,29 m d’empattement, mais aux lignes plus nettes, avec des flancs lisses, avec des ailerons moins hauts et avec des montants de pare-brise droits. Les ailes avant sont allongées, la calandre s’étend jusque sous les phares avec une pointe en avant plus prononcée. Sous le capot, le moteur est entièrement nouveau. conservant une cylindrée de 6,4 litres, il est plus léger de 23 kg grâce à un vilebrequin plus léger mais plus robuste. Il est accouplé à la boîte de vitesses automatique Hydra-Matic. Les modèles DeVille se distinguent toujours par l’inscription de leur type en lettre cursives à l’extrémité des ailes arrière. Ils peuvent recevoir un toit recouvert de vinyle en option.

Un léger restylage est effectué pour 1964. La calandre est désormais scindée en deux par une large barre horizontale peinte dans le ton de la carrosserie, et la grille déborde sur les côtés jusqu’aux passages de roue. Les ailerons diminuent encore. Le moteur est réalésé à 7 litres et il développe 340 ch. Désormais, seule l’inscription DeVille en lettres cursives figure sur les ailes arrière. Le 8 juillet 1964, l’usine Cadillac est fermée pour l’extension des chaînes de montage et le réoutillage nécessaire à la production des nouveaux modèles. Elle ouvre de nouveau le 24 août 1964, prête à produire les nouveaux modèles de 1965.

Prix du modèle neuf en 1965 : 5500$

Cote actuelle : 26.000€

Caractéristiques Techniques : Voir Brochure ci-dessous

error: Content is protected !!