L’âge d’or de la cassette audio (1970-95)

Tout comme le disque vinyle, la cassette audio revient à la mode, et les lecteurs qui lui sont adaptés commencent à nouveau à équiper les appareils audio grand public (à la nuance près que contrairement à l’époque, ils y côtoient les prises USB et les systèmes bluetooth). On peut à nouveau trouver des cassettes vierges à un coût très raisonnable dans beaucoup d’enseignes spécialisées et depuis quelques années, certains artistes en vogue sortent à nouveau leurs albums dans ce format. Si l’on rajoute le fait que de nombreux albums originaux parus avant 1992 ne sont pas sortis sur CD et ne sont donc disponibles qu’en format LP 33 tours, 45 tours ou cassette, avec la nostalgie des années 80 et le retour en force du vintage, on comprend mieux la nouvelle popularité de cet objet qui est si familier aux seniors et qui parait si sympathiquement désuet aux plus jeunes.

Un peu d’histoire :

On ne peut pas évoquer la cassette audio sans parler de la firme Philips qui l’introduisit au début des années 60. Si ce fut un succès qui perdura plus de 30 ans, ce fut  loin d’être le cas pour deux autres de ses inventions (le standard V2000 pour les cassettes vidéos qui fut supplantées par le VHS commercialisé par JVC, puis le DCC pour la cassette numérique qui fut mis hors jeu par le MD de Sony). Mais Philips prit sa revanche en 1983 avec l’invention du Compact Disc qui reste encore un standard de nos jours.

Le succès de la cassette perdura jusqu’à l’apparition des disques compacts enregistrables à la fin des années 80 dont l’utilisation se généralisa dix ans plus tard autant en audio qu’en informatique. Jusqu’à 1983 et l’apparition du disque compact audio, les enregistrements commerciaux étaient diffusés sous forme de disques microsillons et de cassettes dites minicassettes. La cassette fut aussi à la base du succès mondial du Walkman, le mini-lecteur de cassette portable commercialisé en 1979 par SONY. La minicassette a perduré bien au-delà de l’apparition du CD, en particulier aux États-Unis. À partir de 1983, leur vente ont largement dépassé celles des disques vinyles, car les appareils portables (entre autre les boombox) et l’autoradio offraient à la cassette des domaines d’utilisation privilégiés.

Les inconvénients de la cassette :

Cependant, il ne faut pas oublier que le ruban magnétique de la cassette comporte certains défauts, liés en premier lieu à son étroitesse et à sa vitesse de défilement insuffisante, désavantages rédhibitoires pour les professionnels qui lui préférèrent les bandes magnétiques et les lecteurs de cartouche. Ainsi, là où un magnétophone à bande Revox B77 défilant à 19 cm/seconde affichait un enregistrement couvrant les 20-20.000 Hz à 0 db avec une dynamique de 70 db et un rapport signal bruit de 65 db sans aucun réducteur de bruit, un Nakamichi BX-300 défilant à 4,75 cm/seconde (pourtant haut de gamme) ne parvenait à la même bande passante qu’à -20 db, le signal n’étant plus qu’un pale 50-15.000 Hz à 0 db même avec le dolby C enclenché. La même qualité de rapport signal-bruit ne se retrouvait quant à elle qu’avec le traitement au Dolby. Quant à la dynamique, bien que globalement conservée à l’enregistrement sur un magnétophone à bande, elle s’élevait péniblement à 35 db sur une cassette, ce qui est des plus médiocre. Côté restitution sonore, la platine disque s’en sortait mieux à l’époque, puisqu’elle restait dans la fourchette des 20-20.000 Hz à 0 db. Le rapport signal sur bruit était lui aussi bien meilleur (environ 70 db), mais la dynamique s’effondrait souvent à des valeurs de l’ordre de 45 db (50 db pour des gravures directe), ce qui n’est pas très glorieux.

La diaphonie (l’interférence d’une piste sur l’autre en stéréo) d’un enregistrement sur cassette est aussi très mauvaise. Si pour le CD elle est inaudible (supérieure à 80 db) et excellente pour un magnétophone à bande (70 db), elle devient catastrophique pour un vinyle ou une cassette (de l’ordre de 35 db…).

Enfin, parmi les autres inconvénients inhérent à ce mode de restitution sonore, on peut signaler les problèmes de distorsions liés au pleurage et au scintillement, le défilement défectueux qui piégeaient parfois les bandes magnétiques dans le système d’entraînement de la platine, et les dépôts d’oxydes sur les têtes de lecture, notamment avec les cassettes normales à l’oxyde de Fer, compromettant la qualité des aigus.

Alors, avec tant de défauts qui sont rédhibitoires pour un audiophile, pourquoi de plus en plus de gens reviennent aux cassettes audio? Effet de mode? Fascination pour le vintage et le « c’était mieux avant? » Nous allons voir qu’il existe d’autres raisons légitimes qui peuvent amener intuitivement le consommateur à revenir vers ce matériel en apparence dépassé.

Les avantages de la cassette :

Hormis son côté rétro des plus sympathique, la minicassette à de nombreuse qualités qui s’avèrent être en fait des « défauts agréables » à l’oreille.

La distorsion harmonique paire  : Ainsi, les avantages de l’analogique sur le numérique sont liés notamment à la présence d’un niveau d’harmonique paires élevé (H2, H4,…), plutôt agréables à l’ouïe. Elles font que le son semble « agréablement distordu », contrairement au numérique où il est totalement neutre mais parfois trop sec, notamment sur les enregistrements DDD ou les variation de dynamique sont fidèles à la réalité. Jusque là, tout va bien pour le numérique. Mais l’électronique à transistor et surtout les enceintes acoustiques ne peuvent pas toujours suivre cette dynamique très élevée, faisant naître la distorsion impaire et ses harmoniques (H3, H5...) très désagréables à l’oreille, surtout dans les médiums (fréquences de la voix humaine). Les amateurs de distorsion paire, adeptes notoire d’ampli à tubes, ne peuvent qu’être conquis par ce défaut inhérent à l’analogique qui dans ce cas se transforme en qualité pour leurs oreilles.

L’impossibilité de délivrer un signal supérieur à 0 db sans distorsion : Les enregistrements sur cassettes ont la particularité de saturer au delà de 0 décibel sur l’échelle du vu-mètre (quand les leds rouges s’allument) et le respect de cette règle est une très bonne chose pour nos oreilles. Par contre, ce n’est pas le cas pour les enregistrements digitaux – sur support CD ou dématérialisés en format compressé (MP3, AAC) ou lossless (WAV, FLAC) – qui peuvent outrepasser cette limite bien au delà de +10 db selon le bon vouloir de l’ingénieur du son, générant ainsi de la distorsion impaire dans les amplis bon marché commercialisés de nos jours.

La qualité désastreuse des enregistrement actuels : un logiciel des plus simples, tel Audacity, peut vous permettre de constater que la dynamique d’un enregistrement gravé sur un CD du commerce postérieur à 2000 n’est que de 35 db, parfois moins, alors que potentiellement, un enregistrement digital peut aller au delà de 80 db. De même, le niveau sonore moyen d’un enregistrement actuel va de 98 à 105 db, parce que pour faire un son « puchy » qui passe bien sur un autoradio en plein embouteillage, on mixe au taquet et on rattrape la catastrophe en traitant le signal avec des compresseurs multibandes. Résultat des courses, impossible de monter la chaîne hifi à trop haut niveau sonore comme sur les vieux enregistrements sous peine d’indigestion de soupe sonore. Dans ces conditions, n’importe quel enregistrement d’époque (ou le standard de niveau sonore était de 89 db soit 10 db plus bas) restitué par une cassette peut paraître plus dynamique que le dernier disque de Lady Gaga (et d’ailleurs souvent l’est…). Mais que l’on ne se méprenne pas, rien ne remplacera jamais la splendide dynamique d’un album CD des années 80 écouté sur une bonne chaîne Hifi, car, si on le compare au même enregistrement sur support cassette ou même vinyle, la restitution sonore est autrement plus dynamique, exempte de souffle, de diaphonie, bref, de distorsion…

La qualité désastreuse des enregistrement actuels : visionnez cette vidéo YouTube intitulée la guerre du loudness (en anglais).

Détails techniques sur les cassettes et leurs lecteurs : 

La durée d’une cassette va de 60 minutes à 120 minutes, bien que cette durée maximale soit peu recommandée car elle fragilise le mécanisme d’entrainement de la bande magnétique.

Afin d’améliorer les performances, les fabricants ont utilisé diverses formules pour la bande magnétique contenue dans les cassettes. D’abord furent commercialisées les cassettes normales à l’ oxyde de fer  (FE2O3) couvrant les fréquences de 50 Hz à 15 kHz à -20 db. Par la suite, vinrent celles au dioxyde de Chrome (CRO2) dans les années 70 et puis les Ferrichromes (FeCr) à la fin des années 70. Elles couvrent les fréquences de 30 Hz à 17 kHz. Enfin, au début des années 80, arrivèrent les bandes Métal (M) couvrant de 20 Hz à 20 kHz. Les magnétocassettes ont d’abord été équipés de quatre touches correspondant aux quatre types de cassette puis un codage mécanique par encoches au dos de la cassette a été adopté permettant aux appareils disposant de ce système d’adopter automatiquement les réglages adaptés à la cassette introduite dans leur mécanisme (autobias).

Il existe, selon l’année de production de la platine cassette et son niveau de gamme, divers Dolby, qui visent à limiter le souffle inhérent au bandes magnétiques. Les plus connus sont les Doby A, B, C, S  et HXPro.

Le Dolby A : fut le le premier système de réduction du bruit présenté en 1965. Il était destiné à être utilisé dans les studios d’enregistrement professionnels, où il est devenu monnaie courante et a été largement accepté, tout comme l’enregistrement multipiste est devenu la norme. Le signal d’entrée est divisé en bandes de fréquences par quatre filtres avec des pentes de 12 dB par octave, avec des fréquences de coupure (points de réduction de 3 dB) comme suit: passe-bas à 80 Hz; bande passante de 80 Hz à 3 kHz; une passe-haut de 3 kHz; et un autre passe-haut à 9 kHz. (La division en deux bandes passe-haut permet une plus grande réduction du bruit dans les fréquences les plus hautes.) Ce Dolby permet d’obtenir une réduction de bruit d’environ 10 dB pouvant atteindre 15 dB à 15 kHz. Le Dolby A a également été utilisé comme méthode de réduction du bruit optique dans les images animées.

Le Dolby B : a été développé après le Dolby A et présenté en 1968 sous la forme d’un système à bande unique offrant une réduction du bruit d’environ 9 dB, principalement pour les cassettes. Il était beaucoup plus simple que le Dolby A et donc beaucoup moins coûteux à implémenter dans les produits grand public. Les enregistrements Dolby B peuvent être lus sur un équipement ne disposant pas de décodeur Dolby B, tels que les lecteurs de cassettes portables et de voiture peu onéreux de l’époque. Sans la désaccentuation du décodeur, le son sera perçu comme plus brillant à mesure que les hautes fréquences sont accentuées, ce qui peut être utilisé pour compenser une réponse haute fréquence « terne » dans un équipement peu coûteux. À partir du milieu des années 1970, le Dolby B est devenu la norme sur les cassettes de musique préenregistrées sur le marché.

Le Dolby C : fut introduit en 1980. Il offre une réduction du bruit d’environ 15 dB.  Il est construit en combinant l’effet de deux systèmes Dolby B avec une extension à des fréquences plus basses. Les enregistrements résultants sonnent beaucoup moins bien lorsqu’ils sont lus sur un appareil ne disposant pas de la réduction du bruit Dolby C. Une partie de cette distorsion peut être atténuée en utilisant le Dolby B lors de la lecture. Le Dolby C est apparu pour la première fois sur des platines cassette haut de gamme dans les années 1980.  

Le Dolby S : fut introduit en 1989. Il était prévu que le Dolby S devienne la norme sur les cassettes de musique commerciales préenregistrées, à peu près de la même manière que Dolby B dans les années 1970, mais il a été commercialisé trop tard alors que la cassette compacte était remplacée par le Compact Disc en tant que format de musique dominant du marché de masse. Dolby Labs affirmait que la plupart des gens n’arrivaient pas à différencier le son d’un CD d’une cassette encodée en Dolby S… Le Dolby S est surtout apparu sur les équipements audio haut de gamme et n’a jamais été largement utilisé. Il résiste mieux aux problèmes de lecture causés par le bruit du mécanisme de transport de bande que le Dolby C. De même, le Dolby S aurait également une compatibilité de lecture avec le Dolby B en ce sens qu’un enregistrement Dolby S pourrait être lu sur un ancien appareil Dolby B avec un certain bénéfice auditif. Le Dolby S permet une réduction du bruit de 10 dB à basses fréquences et une réduction de bruit allant jusqu’à 24 dB à des fréquences élevées.

Le Dolby HX-Pro : a été inventé en 1980 et breveté en 1981 par Jørgen Selmer Jensen de Bang & Olufsen. La bande magnétique est intrinsèquement non linéaire en raison de l’hystérésis du matériau magnétique. Lorsqu’un signal analogique est enregistré sur une bande magnétique, sa reproduction est déformée en raison de cette non-linéarité. Dans le HX-Pro Pour remédier à cela, un signal haute fréquence, appelé polarisation, est mélangé au signal enregistré, qui ajuste l’enveloppe du signal et le rend plus linéaire. Si le signal audio contient un enregistrement haute fréquence de forte dynamique, tels des cymbales, il y a saturation. Mais Dolby HX Pro réduit automatiquement le signal de polarisation en présence de puissants signaux haute fréquence, ce qui permet d’enregistrer à un niveau de signal supérieur, d’où son nom: HX = Headroom eXtension. Le HX-Pro ne s’applique que pendant l’enregistrement ; le rapport signal/bruit amélioré est disponible quelle que soit la platine à cassette sur laquelle la bande est lue. Le HX-Pro n’est donc pas un système de réduction du bruit au même titre que Dolby A, B, C & S, bien que cela aide à améliorer la précision de suivi du codage/décodage de la réduction du bruit en réduisant la non-linéarité des performances de la bande. Certaines maisons de disques ont sorti des cassettes préenregistrées HX-Pro à la fin des années 80 et au début des années 90.

Quelques grandes marques de platines cassette :

Trois firmes ressortent du lot, essentiellement Nakamichi, Revox et Teac, les deux dernières  étant plus connues pour leurs magnétophones à bande. Mais d’autre marques plus généralistes parmi lesquelles Marantz, Technics, Yamaha, Luxman, Onkyo et Akaï notamment, commercialisaient elles aussi des appareils d’exception.

Nakamichi : fut fondé par Etsuro Nakamichi en 1948 sous le nom de Nakamichi Research Corporation Ltd. à Tokyo, au Japon. La firme était spécialisée dans la fabrication de radios portables, de bras de lecture, de haut-parleurs et d’équipements de communication. L’entreprise fut ensuite dirigée par le frère cadet du fondateur, Niro Nakamichi. Au départ consacré à la recherche en optique, Nakamichi est ensuite devenue connue en tant que fabricant de produits audio de qualité. Bien que ses platines à cassettes soient particulièrement réputées, la société est également connue pour ses innovations audio, telles que des lecteurs de disques à centrage automatique, des enregistreurs DAT haut de gamme et des changeurs de CD ultra-compacts à chargement par fente.

Dans les années 1950, Nakamichi mit au point l’un des premiers magnétophones à bande du Japon sous la marque Magic Tone. En 1957, elle développa et fabriqua ses propres têtes pour magnétophone et lança le Fidela Deck Plate équipé de trois têtes. Fort de son expérience dans la fabrication de têtes et d’équipements à bande magnétique, la société commença à fabriquer des platines à bandes pour un certain nombre de fabricants étrangers, notamment Harman Kardon, Advent, Fisher, ELAC, Concord, Ampex et Motorola.

À partir de 1973, Nakamichi commença à vendre des magnétophones à cassettes stéréo de haute qualité qui tiraient parti de l’abandon du magnétophone à bande par le marché de masse. Les Nakamichi 1000 et 700, construits au milieu des années 1970, comportaient trois têtes, un entraînement à deux cabestans réduisant les pleurages et scintillement, et une réduction du bruit Dolby-B permettant d’améliorer le rapport signal sur bruit. Le double entraînement du cabestan assurait un bon contact entre la tête et la bande supérieur, éliminant essentiellement la dépendance vis-à-vis des coussinets de pression à ressort problématiques intégrés aux logements de cassette. (Les modèles suivants ont été équipés d’élévateurs à tampon de pression qui ont encore amélioré la stabilité du déplacement de la bande et réduit l’usure de la tête.) Les caractéristiques haut de gamme de ces modèles comprennent un réglage de l’azimutage de la tête d’enregistrement et un étalonnage du Dolby. Le prix de vente au détail relativement élevé des modèles 1000 et 700 incita Nakamichi à proposer des modèles à deux têtes moins onéreux, tels que les modèles Nakamichi 500 et 600.

Nakamichi (catalogue 1987) :

Revox : Willi Studer, inventeur et fondateur de la société internationale Studer/Revox, crée la société “Willi Studer, fabrication d’appareils électroniques” à Herisau, en Suisse. En plus de développer et de fabriquer des oscillographes à haute tension, la jeune société se tourne rapidement vers le développement de magnétophones, initialement commercialisés sous le nom de Dynavox. Avec le Revox T26, Willi Studer lance son premier magnétophone sous sa propre marque. L’appareil est une évolution du Dynavox et sa qualité est si excellente qu’il est bientôt utilisé par les professionnels de la radiodiffusion.

En 1952, Willi Studer présente son premier magnétophone destiné aux studios professionnels, le Studer A27. Deux gammes de produits et deux marques sont créées en même temps que la dénomination. Par la suite, le nom de Studer est utilisé pour la gamme destinée aux studios professionnels alors que Revox devient la marque absolue des amateurs de musique.

En 1960, permettant un enregistrement sur deux ou quatre pistes, le Revox D36 est le premier magnétophone stéréo à être commercialisé. Grâce à un amplificateur entièrement redéveloppé et destiné tant à l’enregistrement qu’à la lecture, cet appareil permet pour la première fois à l’amateur et au musicien occasionnel d’enregistrer en stéréo et avec une qualité exceptionnelle à l’aide de deux microphones.

En 1967, le légendaire album des Beatles “Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band”, unanimement considéré comme l’album pop le plus novateur de sa génération, est enregistré avec le Studer J37 aux studios Abbey Road de Londres. La société Studer-Revox est, durant des décennies, le leader incontesté en termes de technologie de studios.

En 1970, presque 20 ans de savoir-faire en termes de développement et une grande expérience de la technologie des studios se retrouvent dans la plus célèbre gamme de magnétophones, le Revox A77. Viendrons ensuite les fameux B77 MK2 qui furent très utilisés en radio pour le montage sur bande des jingles et des publicités.

Revox (catalogue 1987) :

Teac : TEAC Corporation est une société d’électronique haut de gamme d’origine japonaise qui fut fondée en 1953, sous le nom Tokyo Electro Acoustic Company. La gamme TEAC concerne l’audio grand public et TASCAM, le domaine professionnel. La marque commercialise également des périphériques informatiques et du matériel pour les industries médicale et aéronautique. Les magnétos à bandes TEAC autoreverses (X 1000R ET X 2000R) et les platines cassettes TASCAM étaient très plébiscités par les radios locales des années 80, respectivement pour la programmation nocturne en diffusion 24H/24 et la diffusion des jingles et des publicités en renfort des Revox B77.

Dans la production la plus récente de cette firme, on distinguera deux superbes appareils commercialisés à la fin des années 90, les V 6030S et V 8030S équipés d’un Dolby S, qui concurrencèrent avec bonheur les meilleurs derniers modèles de Nakamichi.

TEAC V 8030S

Magnétophones à bande et à cassette Teac (catalogue 1985) :

Investir dans une platine cassette d’occasion :

Vous l’aurez compris, la cassette revient à la mode mais elle n’est pas un parangon de vertus dans le domaine de la haute fidélité. Si cependant, vous persistez dans la démarche nostalgique d’acquérir une platine cassette d’occasion à un prix abordable, optez pour des marques réputées pour leur robustesse comme Teac, Marantz, Yamaha, Luxman ou Technics et pour des appareils postérieurs à 1990. Si vous disposez d’une somme plus confortable pour cet achat, vous pouvez investir dans un Nakamichi qui est la « Rolls » du magnétocassette. Personnellement, je vous déconseille d’investir dans une platine cassette trop ancienne, surtout lorsqu’il s’agit de Nakamichi. En effet, les pièces détachées de cette marque ne se trouvent plus et les électroniciens maîtrisant la maintenance de ces appareils vintage très pointus se font denrée rare… Vous ferez mieux de vous rabattre sur des modèles postérieurs à 1987 (voir ci-dessus le catalogue de la célèbre marque). Leur prix varie selon les modèles entre 200 et 1500 euros.

Mais pour moins de 100 euros, vous pourrez acquérir une platine cassette des années 90 équipée d’un Dolby HXPro (50 euros si elle est équipée de deux têtes de lecture, plus de 100 euros pour une trois têtes (monitoring possible à l’enregistrement). En double cassette auto-reverse, vous trouverez des modèles entre 40 et 100 euros. Certes la qualité sera moindre, mais pour le même prix vous aurez deux lecteurs et ce sera ainsi plus facile d’animer vos soirées néo-rétro…

Quant aux magnétophones à bande, ils sont très beaux et en général de qualité (Revox, Teac, Akaï, Tendberg), mais n’importe quel enregistreur numérique actuel fera mieux et cela sans aucun souffle. Alors à part vouloir monter un studio vintage ou bien l’exposer telle une sculpture pour décorer votre salon (si Madame est d’accord ce qui est peu probable), il vaudra mieux les éviter d’autant plus qu’ils sont chers, peu pratiques, souvent fragiles et toujours encombrants. Enfin, tout comme les platines cassettes, leur maintenance devient problématique car le savoir faire se perd et les pièces détachées (hormis les courroies) deviennent introuvables à part de cannibaliser au autre appareil en panne.

François

Magnétophones à cassette Marantz (catalogue 1982) :

Magnétophones à bande et à cassette Technics (catalogue 1982) :

Magnétophones à cassette Yamaha (catalogue 1997) :

Magnétophones à cassette Onkyo (catalogue 1997) :

Magnétophones à bande et à cassette Akaï (catalogue 1975) :

Radio-cassettes et auto-radios des années 1978 à 2000 :

L’âge d’or du camping

Implicitement, le camping évoque pour nous plusieurs modes d’hébergement nomades, à savoir, la tente (transportée dans un sac à dos ou dans le coffre de l’auto selon sa dimension et son poids), la caravane (tractée par une voiture) ou le camping-car (autonome mais aussi plus cher), le lieu de destination étant la plupart du temps un terrain de camping (hormis pour le camping-car qui est autosuffisant comme l’évoque si bien l’image d’illustration ci-dessus). Il en existe bien évidemment un quatrième qui est le mobil-home, très en vogue depuis le début des années 90, mais je n’en parlerai pas ici, puisque contrairement à ce qu’implique son nom, il est rarement déplacé par son propriétaire (étant donné sa quasi interdiction sur un terrain autre qu’un camping) et jamais par son locataire.

Dans cet article sur le camping, après un peu d’historique sur ce thème qui fleure bon les vacances, je vais évoquer à travers plusieurs publicités et catalogues d’époque, quelques produits de fabricants de tentes (Jamet), de caravanes (Hobby, Star) et de camping-car (VW Camper, Hymer), tous très réputés entre 1960 et 1985. On notera qu’à part Star, toutes ces marques existent encore.

Les terrains de camping, un peu d’histoire  :

Depuis son essor au début des trente glorieuses (1946) jusqu’à nos jour, le camping n’a cessé d’évoluer et d’être règlementé, au point qu’il se décline actuellement sous de nombreuses versions allant du camping municipal des plus basique et bon marché, au camping de luxe 5 étoiles hors de prix, en passant par le camping rétro équipé de caravanes des années 70-80 et le « glamping », remplaçant les tentes par de véritables loges de luxe. Actuellement, le camping se sédentarise de plus en plus et plus de 20% des emplacements de camping sont dédiés à la location à l’année.

L’origine du mot camping est souvent présentée comme venant de l’anglais (les premiers campeurs et voyageurs français se référant au modèle britannique en parlant de « camping site ») mais il vient du latin campus, champ et d’une expression qui apparaît au 19ème siècle, « faire campos », désignant l’arrêt de la scolarité pour que les enfants aillent à la campagne accomplir les travaux agricoles (moissons en été). Le mot camping apparaît pour la première fois en 1903 dans le quotidien sportif « L’Auto » qui mentionne les campements sportifs des Anglais qui se regroupent dans la première association de camping de l’histoire, l’Association of Cycle Campers fondée à Londres en 1875.

Doyen des clubs de camping, le Camping club français (CCF) est fondé le 15 mars 1910. Après la Première Guerre mondiale, le camping se structure à travers deux systèmes :

– Des grandes organisations, comme le Touring Club de France ou le Groupement des Campeurs Universitaires (association laïque créée par des militants de la Mutuelle assurance automobile des instituteurs de France, fonctionnant sur le mode de l’autogestion), publient des livres recensant les lieux de séjour pour les campeurs, puis achètent et réalisent des aires de repos.
– Le scoutisme dont l’esprit paramilitaire s’estompe.

Avec l’apparition des congés d’été (premiers congés payés en 1936 en France), se développe le camping en famille. En 1938, une dizaine d’associations françaises se fédèrent en créant l’Union française des associations de camping. À la suite d’une plainte d’hôteliers du Var (contexte de concurrence entre hôtellerie et campings) contre des campeurs en 1937, un « Code du camping » est écrit en 1939 mais ne sera formalisé que dans les années 1950 (licence de camping, police d’assurance contre incendie, etc.)

Le camping entre dans une «pratique de masse» à partir des Trente Glorieuses : les campeurs désormais motorisés partent en famille et utilisent de plus en plus de grandes tentes souvent difficiles à transporter en se déplaçant en train ou par vélo. La destination est liée soit à un retour en famille, soit plus largement vers les plages françaises. Dans les années 1960, les terrains de camping existants se trouvent impuissants pour absorber cette masse de campeurs. De nombreux arrêtés préfectoraux sont édictés pour des questions de salubrité et de sécurité publique afin de limiter la création de campings privés avec des concessions renouvelables. Le premier décret sur le camping paraît en France le 7 février 1959. Il permet de limiter le camping sauvage, notamment sur les côtes. La plupart des campeurs se rendent alors dans les terrains de camping se multipliant ou achètent une parcelle privée. C’est à ce moment précis que se crée la pratique du camping-caravaning sur parcelles privées. C’est en 1961 que la première édition du Guide Fédéral des Terrains voit le jour : la brochure «Règlementation, aménagement et exploitation des terrains de camping» fait dès lors l’objet d’actualisations régulières, condition indispensable pour les nouveaux gestionnaires.

Les années 1970, 1980 et 1990 voient le développement des terrains de camping dans lesquels le gérant édicte son propre règlement, ce qui permet de faire «tomber» les barrières sociales. Elles voient aussi le déclin de la caravane au profit du camping-car et du mobile home, puis des habitats sédentarisés, chalets et bungalows, à partir des années 2000. Cette progression continue du camping va de pair avec une segmentation de plus en plus fine des terrains de camping selon leur mode de gestion (gestion communale, gérance, gestionnaire-propriétaire), leur «concept» : terrain avec caravanes de collections, yourtes, tipis, roulottes, cabanes perchées, camping écolo-chic ou glamping…

Les étoiles :

L’attribution d’étoiles n’est pas obligatoire et se fait sur demande de contrôle à l’organisme Atout France. Cette attribution reste valable pendant 5 ans avant de nécessiter une réévaluation et se fait en fonction de plusieurs critères : La surface des emplacements (70 m² pour 1 ou 2 étoiles, 80 m² pour les 3, 4, ou 5 étoiles). Les 1 et 2 étoiles doivent obligatoirement posséder un accueil avec une présence de jour et des sanitaires équipés de cabines individuelles. Un 3 étoiles doit comporter une permanence 24/24 assurée dans deux langues dont l’anglais, une aire de jeux pour enfants, un accès internet dans les espaces communs, un service de ventes de boissons, etc). Le 4 étoiles doit proposer en plus un accueil en deux langues étrangères, un site internet et des supports d’information en deux langues étrangères dont l’anglais, la possibilité de ravitaillement sur place ou à proximité. Enfin, au sommet de la pyramide le 5 étoiles se caractérise notamment par trois langues étrangères à l’accueil dont l’anglais, la possibilité de réserver en ligne 24h/24, un espace de baignade obligatoire (plan d’eau ou piscine), des sanitaires chauffés. S’ajoutent à cela des services optionnels comme un espace bien être avec massage, animateur dans la salle de remise en forme, alimentation, restaurant, soirée organisées, etc.

Les tentes : 

Tente La Redoute 1982

De par la mobilité, le faible encombrement et le faible coût de ce logement, les tentes sont depuis le début du 20ème siècle un moyen prisé pour se loger sur son lieu de vacances, en particulier pour les personnes dont le salaire ne permet pas un séjour en hôtel ou qui souhaitent être plus proches de la nature. L’apparition des congés payés en France, couplé à l’essor de l’automobile a permis de démocratiser cet objet. Cette tendance aura pour conséquence l’apparition de lieux aménagés proposés à la location pour s’établir : les terrains de camping. Progressivement, des réglementations et des normes seront progressivement mises en vigueur jusqu’à atteindre leur paroxysme de nos jours.

Jamet : fondée à Grenoble en 1929 par le champion de ski André Jamet et dont la croissance forte coïncide avec les Trente Glorieuses, fabrique des matériels de sports et loisirs qui bénéficie de l’émergence et du développement de nouvelles pratiques sportives, des mutations des usages du territoire et de la création de nouveaux marchés. C’est grâce à la mobilité des loisirs comme norme sociale et par la mise au point de fibres artificielles nouvelles, que l’entreprise s’impose progressivement sur le marché de l’équipement de loisirs (tentes, matériel de camping surtout) avant de devenir leader européen de la caravane pliante.

Les caravanes :

Pub caravane Star années 70

Le mot « caravane » est originaire de la Perse (qayravãn) et désignait une file de chameaux ou de dromadaires circulant dans le désert, guidée par des nomades. Plus récemment, son ancêtre est la roulotte hippomobile, habitat nomade clos sur roues pouvant abriter une famille et un métier, utilisée de la fin du 19ème siècle jusqu’au milieu du siècle dernier par des itinérants tels que les tsiganes, forains, circaciens, cylindreurs, bergers. Il s’agissait traditionnellement d’un outil de voyage autant que de vie. Les roulottes ont cédé la place aux caravanes tractées par des automobiles.

Il existe différents types de caravanes, les plus courantes ont un ou deux essieux. En Europe de nombreux constructeurs proposent des modèles aux plans et à l’ameublement variés. Le pays qui compte le plus de constructeurs est l’Allemagne (notamment Dethleffs, Hobby, Hymer, Bürstner, Fendt, Knaus, Tabbert, etc). Les pays scandinaves (Kabe, Polar ou Solifer) fabriquent plutôt des caravanes possédant deux essieux et surtout bien isolées, ce qui veut dire aussi plus chères. Quant aux caravanes françaises encore commercialisés (Sterckeman, Caravelair ou La Mancelle), ce sont des caravanes légères et bon marché, seule La Mancelle est en haut de gamme et c’est une des seules semi-artisanale dont les modèles peuvent être largement personnalisés (les trois marques appartiennent au groupe Trigano).

Star : La société anonyme Bois et matériaux a compté près de 300 salariés à son apogée, dans les années 1970. Elle fabriquait les caravanes «Star». Près d’une trentaine par jour. « Pourquoi ne se lancerait-on pas dans la construction de caravanes ? » Cette idée, lancée en 1957 par André Biré et partagée par Louis Barboni, son beau-frère, est à l’origine de la création de la société anonyme Bois et matériaux (Sabem). L’activité se développe et atteint son essor dans les années 1970, avec un effectif de près de 300 salariés…Et la sortie d’une trentaine de caravanes par jour. D’extension en extension, la surface totale du site atteindra 8 ha. Entre 1975 et 1980, Louis Barboni et son équipe lancent le procédé de construction de maisons en kit Star Bloc. Puis innovent à nouveau en créant un atelier de fabrication de camping-cars qui sera décentralisé à Quintin. Un plan social est mis en place en 1979. Il sera suivi d’un dépôt de bilan en 1984. Un groupe de cadres et quelques salariés reprennent l’activité camping-cars qu’ils vont développer à Saint-Brandan, sous la marque Autostar.

Hobby : commercialise des caravanes depuis 1967. Harald Strewski son fondateur est un ingénieur naval. En 1982, Hobby est dans le peloton de tête des constructeurs de caravanes . L’activité  camping-car commence en 1984. Depuis 1998, Fendt fait partie de l’entreprise HOBBY.

Les caravanes pliantes :

Jamet modèle Tana

Les Caravane pliantes à toile de tente : Ce sont des caravanes qui se déplient pour former une vaste tente ; tous les éléments amovibles sont assemblés par rapport à la remorque. L’avantage est de disposer d’un espace important sous toile.

Les Caravanes pliantes rigides : Elles ont le même aspect plié que les précédentes. Une fois dépliées, l’assemblage de panneaux rigides les fait plus ressembler à des caravanes traditionnelles. Elles sont plus économiques que les caravanes en ce qui concerne la consommation de carburant et passent en classe 1 sur les autoroutes à péages françaises. Les modèles d’un poids total en charge (PTAC) inférieur à 500 kg ne nécessitent pas de carte grise ni d’assurance spécifiques et se tractent avec un simple permis B en portant le numéro d’immatriculation du véhicule tracteur. Elles peuvent être dépliées en quelques minutes par une seule personne et ne nécessitent pas un garage spacieux car elles peuvent être stockées sur le côté grâce à des chariots de remisage. Il est possible d’y ajouter une galerie pour transporter des bagages, bicyclettes, etc.

Les Camping-cars : 

1972 VW Camper

Le terme de «camping-car» désigne un véhicule habitable. En France, l’utilisation du terme « camping-car » est attestée depuis 1974. Dans les pays anglo-saxons on préfère le terme «motorhome». Au Québec, on utilise également le terme «autocaravane». Dès le début du xxe siècle, des constructeurs indépendants fabriquent en exemplaire unique des remorques auto-portées permettant le couchage, la restauration et la toilette. Il s’agit encore d’un objet de luxe : les modèles «Carling-home» de Charles Louvet coûtent quasiment le prix d’une maison de l’époque, et certaines remorques font plus de dix mètres de long. En 1920, les premiers inventeurs ont l’idée de combiner automobile et camping, en faisant subir des modifications à leur voiture pour qu’elle devienne au gré des arrêts une cantine améliorée souvent par des évolutions apportées à la partie «coffre» du véhicule.

Cette première utilisation d’engins faits sur mesure dure relativement longtemps puisqu’il faut attendre les années 1970 et le début du déclin des caravanes pour voir émerger des constructeurs professionnels capables de proposer aux ménages français des gammes élargies, notamment les camping-cars à capucine. À partir des années 1980, le camping-car commence sa démocratisation, notamment grâce à la possibilité offerte à un certain nombre de vacanciers de louer des camping-cars pour des séjours plutôt que de devoir les acheter.

Il existe plusieurs types de camping-cars : les fourgons aménagés (style combis), les capucines, les profilés, les intégraux, les cellules amovibles et les camions aménagés. Si la plupart de ces véhicules se conduisent avec un simple permis de conduire de catégorie B (tourisme), il existe des camping-cars «poids-lourds» de plus de 3,5 tonnes.

VW Camper : est une ancienne famille de modèles de camping-car dérivée du fourgon Volkswagen Combi, développée en Allemagne des années 1950 à 2003 par Volkswagen principalement en partenariat avec Westfalia-Werke. Le constructeur Volkswagen et des équipementiers allemands, tel Westfalia, mais aussi pour des raisons économiques, des Anglo-Saxons, ont dès 1951, apporté une solution innovante, dans l’aménagement des premiers fourgons en camping-car. Volkswagen veut concevoir, dans un volume réduit, un lieu de vie pour deux, voire quatre personnes, ce qui correspond à une famille standard, avec un véhicule d’encombrement minimum, se fondant dans le parc automobile urbain, sans dépasser les cotes limitantes d’accès habituelles.

Différentes versions apparaissent au fil des années, proposées par les allemands Westfalia, Reimo, Carthago et Delher, ou les britanniques Devon et dernièrement Doubleback. Ce sont les Séries : T1 : 1953-1967. Les Séries T2 Westfalia : T2a 1967-1972 et T2b 1967-1979. Les série T3 Delher 1979-1991. Les Delher Camper Van T4 (Maxi van, Profi T4, Optima) : 1991-1998 et les autres séries T4 : 1998-2003. Les Séries T5 : 2003-2015. Les Séries T6 : toujours produite.

Hymer : Conformément au souhait de ses parents, le jeune ingénieur Erwin Hymer commença à travailler en 1956 dans l’atelier de réparation de son père Alfons à Bad Waldsee en Haute-Souabe. Un an plus tard, il construisit la première caravane en collaboration avec Erich Bachem. Ce fut le début d’une nouvelle époque. L’année 1971 fut marquée par un événement décisif : le premier camping-car de la marque HYMER vit le jour. Une étape majeure dans la longue histoire de l’entreprise.

 

Hifi Vintage – Amplificateurs prestigieux des années 90

Lorsque nous évoquons la Hifi vintage, nous parlons rarement de modèles des années 90, surtout dans le domaine de l’amplification de puissance. Peut-être parce-que durant ces années là, les marques de matériel audio les plus populaires délocalisèrent leur production en Chine afin de baisser leurs coûts. Malheureusement, la qualité sonore chuta aussi, et la plupart des amplificateurs audio qu’ils soient intégrés ou de puissance, baissèrent en dynamique et en agrément d’écoute, au point que la généralisation du Compact Disc et l’augmentation de la dynamique du signal audio qui s’en suivit en fut gâchée. On ne passe pas des 30 db du signal analogique du disque vinyl aux 70 db du signal digital d’un CD audio sans s’assurer que l’électronique suive. Mais les alimentations restèrent anémiques et la qualité des composants baissa, ce qui donna souvent des résultats catastrophiques et entacha la réputation des modèles les plus haut de gamme de firmes qui avaient gagné leur réputation en démocratisant la Hifi dans les années 70-80.

Vous pensez peut-être que le problème est maintenant résolu, dans la mesure où les amplis actuels de bas et milieu de gamme fonctionnant en classe D restituent mieux la dynamique du son (écart entre le niveau d’apparition du souffle et de celui de la saturation) que ceux de gamme équivalente fonctionnant en classe B en 1990. Ce n’est malheureusement pas le cas puisque les enregistrement digitaux actuels sont mixés à des niveaux sonores totalement insensés : en 1985, la valeur moyenne du signal enregistré était normalisée à 89 db SPL environ ; elle est passée à 95 db en 2000 et actuellement elle flirte parfois avec les 105 db, transformant le message original en une bouillie auditive écrêtée en quasi-permanence. Il est d’ailleurs très facile de le constater en analysant ses fichiers audio en fonction des années grâce à un logiciel informatique tel que Audacity. Sur les tubes récents, tout est « dans le rouge ». À de tels niveaux sonores, les crêtes du signal doivent être drastiquement compressées pour éviter toute saturation audible. Et plus le message sonore est enregistré à un niveau moyen élevé, plus il doit être compressé, sa dynamique diminuant d’autant. C’est une des raisons pour lesquelles de vieux enregistrements en pressage vinyle paraissent plus définis que leur version actuelle en compact disc dite « remasterisée ». On s’en convaincra en comparant le son du disque vinyl des Pink Floyd « The Wall » pressé en 1980 avec une édition actuelle en CD. Mais laissons cette digression de côté, et revenons à nos moutons, ou plutôt à nos amplis, audiophiles ceux-là…

Dieu merci, des marques prestigieuses de matériel haute fidélité ont gardé des critères de qualité élevés dans les années 90. J’en ai retenu trois parmi une bonne dizaine et je vais évoquer ici pour chacune d’elles l’un des modèles phares qu’ils commercialisèrent à l’époque. D’abord chez Accuphase et Onkyo Integra, deux marques japonaises qui réalisent encore de nos jour des électroniques haut de gamme à transistors ; ensuite chez Jadis, une marque française basée dans l’Aude qui œuvre avec talent et succès depuis 1983 dans l’électronique à tubes en gardant la même qualité de production prémium depuis ses débuts.

Ampli Accuphase P-450 (1997) : 

Accuphase P-450 et son préampli C-265

L’amplificateur de puissance stéréo P-450 reflète le savoir-faire étendu d’Accuphase dans la construction d’amplificateurs haut de gamme. Dans cet ampli, toutes les pièces et tous les composants des circuits ont été soigneusement sélectionnés pour garantir des performances électriques et sonores optimales.

Pour une reproduction fidèle de la musique, un amplificateur de puissance doit pouvoir fournir une énergie suffisante quelles que soient les conditions de charge. Cela nécessite une section d’alimentation à basse impédance conçue avec une marge de performance importante. Le P-450 excelle à cet égard grâce à un énorme transformateur toroïdal « Super Ring » de 660 VA associé à deux volumineux condensateurs de filtrage haut de gamme de 47.000 µF/80 V chacuns. Au niveau de l’étage de sortie, les transistors haute puissance sont utilisés dans une configuration push-pull à 4 éléments en parallèles. Ils sont conçus pour une dissipation de collecteur de 150 watts et un courant de collecteur de 15 ampères. Cela garantit une dissipation thermique efficace et une capacité de sortie impressionnante de l’ordre de 400 watts par canal en deux ohms, de 300 watts par canal en quatre ohms et de 200 watts en huit ohms. Les énormes dissipateurs de chaleur en aluminium moulés sous pression des deux côtés de l’amplificateur sont non seulement impressionnants, mais ils sont également essentiels pour assurer des performances stables.

L’amplificateur peut facilement piloter des charges de haut-parleurs réactifs à basse impédance, même difficiles à driver. Un commutateur permet le fonctionnement en mode ponté. Il transforme le P-450 en un amplificateur mono offrant une puissance de sortie encore plus élevée. Les entrées sont câblées au choix en symétrique (XLR) ou asymétrique (Cinch). Enfin, un cuivre haute pureté est utilisé pour le câblage interne. Le P-450 va ici encore plus loin en fournissant une dorure, non seulement sur les cartes des circuits imprimés, mais également pour les masses, les bornes des condensateurs, les prises d’entrée et les bornes de haut-parleur. Les pièces fréquemment utilisées, telles que les prises d’entrée, sont recouvertes d’une plaquage de qualité professionnelle 10 fois plus épaisse que la normale, pour une fiabilité optimale.

Le circuit d’amplification du P-450 repose sur le principe de rétroaction de courant Accuphase, qui a suscité un vif succès dans le monde entier. Ce circuit combine d’excellentes qualités sonores avec une stabilité de fonctionnement extraordinaire et d’excellentes caractéristiques de réponse en fréquence. Il ne nécessite qu’une compensation de phase minimale dans la plage des hautes fréquences et la réponse n’est pas affectée par le gain. La contre réaction (qui renvoie une partie du signal de sortie à l’entrée) peut être maintenu de manière souhaitable à un niveau bas, ce qui entraîne une réponse transitoire considérablement améliorée. Étant donné que l’impédance au point de retour de courant est très faible, il n’y a presque pas de déphasage.

À l’écoute, le son du P-450 est puissant et dynamique, tout en étant subtil et absolument fidèle à la source musicale.

Prix d’occasion : 4000 € environ pour l’ampli et 2400 € pour le préampli C-265.

Ampli Onkyo Integra M-5590 (1991-92) :

Onkyo Integra M-5590 et son préampli P-3390

Le précurseur de ce magnifique amplificateur de puissance est sans conteste le M-5090 associé au préampli M-200, cependant, on le retrouve ici dans une version quelque peu allégée puisque, là où le M-5090 pesait 31 kilos, le M5590 en fait 8 de moins.

Les entrailles de la bête sont donc sujettes à une cure d’amaigrissement. Ce qui ne veut pas dire que la qualité est moindre puisqu’il comporte tout de même deux transformateurs classique avec blindage en cuivre et huit capacités électrolytiques Nichicon faisant 10.000 µF/90 V chacune soit 40.000µF par voie. Elles ne sont pas haut de gamme et sur-dimensionnées (de type co38) comme dans l’Accuphase, mais elle remplissent correctement leur rôle de filtrage et de stockage d’énergie, ce qui est après tout l’essentiel.

La face avant est occupée par deux VU-mètres géants à aiguille, des commutateurs de sortie des paires d’enceintes éventuellement connectées (A, B ou A et B) et deux potentiomètres pour le réglage du volume. Il est donc possible de régler le volume directement au niveau de l’étage final sans préampli ou, si ce dernier est connecté, en sélectionnant à l’arrière le mode direct. Lorsque l’amplificateur est allumé, les ampoules des VU-mètres diffusent un rétro éclairage de teinte rouge et, une fois les relais activés, il vire au vert. Un effet visuel des plus sympathique.

Bien que le M-5590 ne soit pas comparable au M-5090, c’est un bon ampli à tous égards. Très équilibré et extrêmement dynamique. Le préampli joue un rôle crucial dans la chaine audio et le P-3390 qui lui est associé est de bonne qualité à l’écoute.

Prix d’occasion : 1200 € environ pour l’ampli et 800 € pour le préampli P-3390.

Ampli Jadis Defy 7 (1993) :

Posséder un amplificateur à tubes de 100 watts peut paraitre excessif, du moins s’il alimente une paire d’enceintes munies de moteurs à pavillons dont le rendement est élevé, comme des Klipsch par exemple qui s’associent à merveille avec le son chaud restitué par les lampes. Mais l’écoute du Delphy 7 incite à franchir la barrière psychologique des 60 watts car au final, on s’y retrouve autant en agrément d’écoute qu’en réserve de dynamique.

Côté cosmétique, les 18 tubes équipant le Delphy 7 sont protégés par un couvercle perforé amovible de couleur noire. Le châssis chromé est du meilleur aspect. Les transformateurs de sortie aux dimensions généreuses sont équipés de borniers permettant d’adapter la charge selon l’impédance des haut-parleurs (au choix entre 4, 8, 16 et 32 Ohms) et d’atteindre ainsi un volume sonore et une qualité maximales. L’accès se fait sous le capot inférieur ; si l’on veut modifier la charge, l’ampli doit être débranché pendant une quinzaine de minutes afin de le laisser refroidir. Le circuit principal est gravé sur une grande carte époxy. La sortie 6,3 V destiné au chauffage des filaments tubes est régulée par un dispositif à boitier TO-3 et les gros condensateurs électrolytiques de 1000µF 500V, sont collés avec du silicone sur la face inférieure du châssis.

Des paires de triodes ECC83 sont utilisées pour l’étage pilote, et en pratique, le signal ne passe que par trois tubes avant d’arriver aux enroulements du transformateur de sortie. Une double triode ECC82 est présente à l’entrée, soit un tube par canal. Deux triodes, leurs cathodes découplées chacune par un condensateur électrolytique, sont utilisées pour chaque phase de l’étage suivant. Chaque étage final qui est polarisé en classe AB et fonctionne en mode « ultra-linéaire », est équipé de trois paires de tétrodes GE 6550 en parallèle, ce qui est un gage de longévité. Cela permet également un courant de pointe plus élevé et, par conséquent, une meilleure tolérance de charge.

Le Delfy 7 produit un son naturel, riche et doux comme tous les amplis à tubes bien nés. En écoute de longue durée, la fatigue auditive reste faible, même à niveau sonore élevé. Le son est plein, généreux et chaleureux, mais en même temps convaincant par son autorité dynamique, sa résolution, sa clarté et sa superbe intégration. C’est une très belle réalisation.

Prix d’occasion : 2300 € environ pour l’ampli et 800 € pour le préampli JPL.

Au début des années 90, 2 CV et 4 L tirent leur révérence

Le 27 juillet 1990, la production de la Citroën 2 CV prend officiellement fin. La dernière « Deudeuche » est une Charleston qui sort de l’usine de Mangualde située à environ 80 km au sud est de Porto. L’arrêt de cette chaîne de montage suit de peu celle de l’usine française de Levallois-Perret qui, devenue trop vétuste avait cessé son activité le 29 février 1988. C’est la fin de deux voitures cultes françaises puisque en décembre 1992, c’est au tour de la Régie de livrer son dernier exemplaire de R4.

La « Deudeuche » (1948-90) : 

Lorsque Michelin prend le contrôle de Citroën en 1935, l’idée d’une petite voiture vraiment populaire est dans l’air chez tous les constructeurs. Les problèmes de la traction ayant été résolus, le directeur de Citroën, Pierre Boulanger, définit un cahier des charges draconien :  quatre places, 50 kg de bagages, 50 km/h et 5 litres aux 100 km. Il spécifie que l’entretient devra être réduit au minimum et à la portée du client. Les suspensions devront être douces et à grand débattement pour passer dans tous les chemins ruraux. L’équipe qui a conçu la traction se remet au travail après une étude de marché méthodique. Prête pour le Salon de 1939 qui n’aura pas lieu, la 2 CV n’apparaitra officiellement qu’après la seconde guerre mondiale.

Très controversée au départ, la 2 CV impose ses qualités sans concurrence jusqu’en 1961, année où apparait la Renault 4. Au salon de Paris de 1960, la 2CV prend des couleurs plus gaies et reçoit un moteur de 12 ch sous un nouveau capot à ouïes latérales. Signe des temps, le moteur original de 375 cm3 est abandonné pour un 425 cm3 et un embrayage centrifuge est offert en option. Bien pratique en ville, la 2 CV n’est plus une voiture de campagnard.

Début 1970, toute la gamme des 2 CV est modifiée et se divise désormais en deux modèles : la 2 CV 4 équipée d’un 435 cm3 de 24 ch (à 6 750 tr/min) n’ayant plus grand-chose à voir avec le 425 cm3 d’antan et la 2 CV 6 équipée d’un 602 cm3 de 29 ch proche de celui des Ami 6, avec plus de couple que le moteur de la 2 CV 4. Ces deux modèles conservent l’appellation 2 CV, bien que la 2 CV 6 ait en fait une puissance fiscale de 3 CV. De nouvelles teintes de carrosserie apparaissent : rouge, vert, jaune, bleu, couleurs plus vives dans l’esprit des années 1970.

En 1975, arrive en plus la 2 CV Spécial, version dépouillée (elle reprend le tableau de bord ancien modèle) de la 2 CV 4, qui perd la 3e glace latérale. Elle sera la seule à conserver des optiques rondes, les 2 CV 4 et 2 CV 6 ayant opté pour des optiques rectangulaires.

Au début des années 1980, la 2CV est boudée dans de nombreux pays à cause de réglementations de plus en plus strictes en matière de sécurité, de résistance et pollution. Citroën connaîtra pourtant un dernier succès avec la 2 CV 6 : la Charleston, qui est une série limitée produite à partir d’octobre 1980 à 8 000 exemplaires en noir et rouge Delage (avec cuvelage des phares en rouge Delage). Citroën la produira ensuite en série (mais le cuvelage des phares deviendra chromé).

En tout,  5.114.961 exemplaires auront été produits.

Caractéristiques Techniques : Voir brochure ci-dessous.

Prix du modèle neuf en 1970 : 2 CV6 : 6.892 F soit 8.000 € avec 661% d’inflation sur la période.

Cote actuelle : à partir de 3.000 €.

La « 4 L » (1961-92) :

La 2 CV poursuivait allègrement sa carrière en ce début des sixties. Renault s’était penché à son tour sur ce segment prometteur, en lançant la 4 CV en 1947 (1.250.000 exemplaires construits) puis la Dauphine en 1956 (sortie à 2.150.000 exemplaires), mais sans arriver à renouveler le succès phénoménal de la « Deudeuche ». En 1961, la production de la 4 CV venait d’être stoppée et la Dauphine était en fin de carrière. La relève était prête. La nouvelle arme de popularisation de l’automobile de la régie s’appelait Reanult 4, même si c’est l’appellation 4 L (pour Luxe) qui s’imposera.

Dans l’histoire de la marque, ce modèle est une révolution, puisque c’est sa première traction, le principe ayant été validé sur l’Estafette. Elle adopte aussi le premier circuit fermé de refroidissement avec un vase d’expansion, ce qui supprime la fastidieuse  vérification du niveau d’eau. D’emblée, la 4L se présente sous un aspect mois frêle et moins simpliste que la 2 CV. Sa forme de mini-break est plus rassurante et offre plus de volume que la vieille Citroën. La 4 L joue la carte de la vraie voiture. Ce sera son principal atout dans la lutte contre la marque aux chevrons. Bien sûr ce n’est pas le grand luxe. La 4L n’a que trois vitesses dont la première n’était même pas synchronisée, et les deux autres rapports mal étagés. Son volant était trop fin et trop vertical. Un simple levier de vitesse à boule noire au tableau de bord, des sièges avec une armature en tubes apparente, de la tôle peinte à tous les étages et des vitres coulissantes à l’avant et fixes à l’arrière. la banquette arrière ne se replie pas, mais s’extrait facilement et le toit en toile s’ouvre. Son moteur, celui de la 4 CV, lui permet d’atteindre 104 km/h en pointe. La tenue de route est globalement satisfaisante, malgré un roulis important.

Durant sa longue carrière, la R4 ne change pas fondamentalement, cependant, plusieurs améliorations sont apportées au fil des ans. Sur les modèles 1964, les pare-chocs à lames sont généralisés, remplaçant avantageusement le fragile modèle tubulaire ; l’aération des passagers arrière est revue grâce à des vitres coulissantes sur les portes arrière entraînant en contrepartie la suppression du pivotement des glaces de custode.

Les modèles 1967 reçoivent une nouvelle planche de bord avec un vide-poches intégré côté passager ainsi qu’une boîte de vitesses à quatre rapports. En 1968, une nouvelle calandre chromée élargie permet à la R4 d’aborder les années 1970 avec une nouvelle physionomie.

Sur le modèle 1975, une calandre en plastique noir remplace la calandre en aluminium montée jusqu’alors. Pour l’année-modèle 1977, la Renault 4 perd également ses petits clignotants ronds à l’avant, ainsi que les feux de position placés sur les ailes avant, au profit de clignotants rectangulaires intégrant les feux de position. Elle adopte une grille d’aération en plastique noir sous le pare-brise.

Sur le millésime 1983 une nouvelle planche de bord accueille un combiné plus grand bien plus lisible (issu de la Renault 5). À l’extérieur, la calandre en plastique gris est généralisée à toute la gamme (auparavant, elle était réservée au seul modèle GTL apparu en 1978). À cette occasion, la R4 perd également son plancher totalement plat.

Les moteurs utilisés sur la Renault 4 au fil des années évoluèrent de 603 cm3 pour une puissance de 23 ch et couple de 4,3 kg/m en 1962, jusqu’à 1.108 cm3 pour une puissance de 34 ch et couple de 7,5 kg/m sur la série la 4 GTL à partir du début 1978. En France, la R4 fut en tête des ventes de 1962 à 1965 (succédant à la Renault Dauphine), puis en 1967 et 1968. Elle est la deuxième voiture française la plus vendue avec 8.135.424 exemplaires derrière la Peugeot 206.

Caractéristiques Techniques : Voir brochure ci-dessous.

Prix du modèle neuf en 1970 : 7.110 F soit 8.253 € avec 661% d’inflation sur la période.

Cote actuelle : à partir de 1.500 €.

Billet d’humeur – 1990, Le début de la fin ?

Il est des institutions qui permettent à un pays de fonctionner correctement et dont la modification ou la disparition apporte plus d’emmerdements que d’avantages à la population. J’aimerais ici parler de changements fondamentaux qui se déroulèrent au début des années 90 et qui se traduisirent souvent cruellement dans notre vie de tous les jours, à tel point qu’ils influencent toujours défavorablement nos existences 30 ans plus tard, ceci allant de mal en pis. Avec ces réformes « faites pour notre bien » nos politiciens firent parfois la une des des JT du début des années 90. Mais de temps en temps, les lois qu’ils votèrent en catimini ne furent évoqués qu’en dernière pages de revues spécialisées alors qu’elles allaient cependant bouleverser nos vies. Ces changements se produisirent avec l’avènement de la prise de contrôle de l’Europe sur les états nations dans le domaine de la politique mais aussi de l’économie. C’est ainsi que la France entama peu à peu la lente perte de ses pouvoirs régaliens au profit de l’Europe, pour se retrouver dans la situation où nous sommes actuellement, c’est a dire gouvernés par des politiciens sans aucun pouvoir d’initiative et aucune volonté d’écoute, qui prennent leurs instructions à Bruxelles ou sur les marchés internationaux (souvent contre nos intérêts d’ailleurs), mais jamais auprès de ceux qui ont voté pour eux et qu’ils sont supposés défendre. La crise des gilets jaunes n’est donc pas un hasard, mais une conséquence des 40 ans de mépris de la classe dirigeante envers un peuple qu’il considère immature voire dangereux.

Politiquement : Cela commence le 7 février 1992 avec la signature du traité de Maastricht qui crée l’Union européenne. Dans ce traité, une citoyenneté européenne est instituée, les pouvoirs du Parlement européen sont renforcés, et l’Union économique et monétaire (UEM) est lancée. Le traité de Maastricht entre en vigueur le 1er novembre 1993. De même le 19 juin 1990, la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et la RFA ratifient les accords de Schengen initialement signés en 1985, prévoyant la suppression progressive des frontières entre ces États et la libre circulation des personnes. Ces derniers n’entrent finalement pas en vigueur avant le 26 mars 1995. Débutant sous des auspices prometteurs en terme de prospérité et de démocratie, notamment avec l’arrivée de l’Euro, on connait la suite, avec le traité de Nice prévoyant un élargissement de l’Europe à 25 en 2004 puis à 27 en 2007 (28 en 2013 avec la Croatie), transformant l’Europe en « machin » politiquement impossible à gouverner. Mais le pouvoir n’est pas perdu pour tout le monde puisque depuis Maastricht en 1992, jusqu’à la ratification par notre parlement du traité de Lisbonne en 2007, (le référendum d’avis négatif sur le TCE de 2005 fut jeté aux oubliettes, ce qui sera vécu par plus de la moitié des français comme une véritable trahison de sa classe politique), la bureaucratie Européenne influencée par les lobbies des multinationales du monde entier soumet ses pays membres à une véritable déferlante de lois liberticides et néolibérales à l’encontre des populations sans aucun contre-pouvoir possible. Les peuples ne s’en rendent pas compte, mais leurs institutions ont perdu la possibilité faire des lois profitable à leur pays (battre sa monnaie, emprunter à sa banque centrale, ajuster le taux d’inflation au mieux des ses intérêts, sauvegarder ses fleurons économiques au lieu de les vendre à la découpe à coup de contrats (parfois vérolés), lever des impôts justes et proportionnés en toute transparence, lever une armée quand et où bon lui semble, assurer la douane et la protection des frontières, assurer la sécurité intérieure, etc…).

Économiquement : C’est la même chose au niveau du financement de la dette de la France, puisque notre pays est pieds et poings liés à cause du dictat de la finance mondiale apatride, et nos politiques n’ont aucune marge de manœuvre pour lâcher du lest en cas de montée des tensions sociales (exemple : les revendications des gilet s jaunes). Comme l’explique si bien Jérôme Canard dans un article du 17 Août 2011 : « Avant les années 80, les citoyens comme les entreprises de l’hexagone pouvaient souscrire aux bons du Trésor en se rendant à la perception ou à la poste de leur quartier avec leur petites économies. Pour faire moderne, et au nom de la libéralisation des marchés, Pierre Bérégovoy, alors ministre de l’économie, décida que tout investissement en bons du Trésor devrait passer par une banque ou par un intermédiaire financier. La France, désormais disposera d’une dette cotée sur les marchés internationaux. Paris allait concurrencer la City et découvrir les charmes des ventes à découvert. Exit le petit épargnant et l’entreprise économe! Banques et assurances applaudirent à cette décision qui leur permettait de bénéficier d’une nouvelle clientèle et, au passage, d’encaisser des commissions. Bercy créa un établissement spécifique, France Trésor, pour placer au mieux la dette Française à l’étranger, et les agences de notation commencèrent à la coter. Devenu Ministre de l’économie, Domique Strauss-Kahn accentua ensuite, par diverses mesures techniques, cette internationalisation. La France jouait enfin dans la cour des grands! Trente ans plus tard, alors que la dette publique française a plus que doublé, les résultats sont là. Les taux auxquels la France emprunte dépendent des agences de notation, et il suffit qu’elles envisagent une dégradation de sa note pour que les actions de ses banques plongent. Conclusion tirée par un banquier parisien : « Finalement, il aurait mieux valu que la France continue à emprunter au paysan corrézien ou à la veuve de Carpentras plutôt qu’à un spéculateur de Wall Street ou a un banquier de Hog-Kong ».

Les fameux 3% de déficit public par rapport au PIB du traité de Maastritch, un bricolage 100% français :

Tout a commencé un soir de mai 1981. Fraîchement élu, François Mitterand hérite d’une forte crise économique et exige auprès de la direction du Budget de lui trouver très vite une règle simple, qui lui permettrait de refuser, argument économique et mathématique à l’appui, les demandes d’argent incessantes de ses ministres. Ainsi la commande express du président de la République tombe-t-elle entre les mains d’un certain Guy Abeille, jeune diplômé de l’ENSAE. L’idée du 3% a été trouvée sur un coin de table, en moins d’une heure, sans aucune réflexion théorique», concède-t-il : «On avait besoin de quelque chose de simple», raconte-t-il. Ils choisissent le produit intérieur brut, le PIB, parce qu’en « économie, tout le monde se réfère au PIB». Va donc aussi pour un chiffre de déficit entier, sans virgule? « On allait vers les 100 milliards de francs de déficit, ça représentait plus de 2% de déficit. 1%? On a éliminé ce chiffre, impossible à atteindre. 2% ? Cela nous mettait trop sous pression. 3%? C’est un bon chiffre, un chiffre qui a traversé les époques, cela faisait penser à la Trinité. » Va donc pour 3% de déficit public. «Mitterrand voulait une norme, on la lui a donnée. On ne pensait pas que ça allait déborder au-delà de 1981», raconte-il. Mais ce «3%» a ensuite fait son bout de chemin. Selon lui, c’est Laurent Fabius, alors ministre des Finances, qui le premier parlera du déficit en pourcentage. «100 milliards de francs, c’était énorme, il a préféré parler de 2,6%», avance Guy Abeille. Quant aux 3% ? «C’est Mitterrand qui le reprendra à son compte, lui donnant sa légitimité. Plus tard, cette référence sera théorisée par des économistes et reprise dans le traité de Maastricht, devenant un des critères pour pouvoir intégrer la zone euro.»

Conclusion de nos élites : Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer :

Certes nous sommes totalement impuissants face à ce mur de pouvoir qui nous maintient sous son joug. Alors que faire (Dur, dur de faire quoi que se soit, même quand un pays défend la décision souveraine de son peuple, regardez le Brexit…) ou plutôt, que dire? N’importe quoi sauf paraphraser nos politiciens, nos industriels et nos économistes institutionnels qui utilisent avec conviction la pensée positive chère à la méthode Coué et les mots qui vont avec, ceux supposés rassurer le bon peuple : « Nos démocraties sont des exemples de liberté pour le monde », « la croissance est solide », « l’Euro est stable », « point de salut hors de l’Europe » ; un peu comme le Coyote qui poursuit sans relâche le facétieux Bip Bip en s’équipant de toutes sortes d’artifices foireux. Il est tellement optimiste et sûr de lui qu’il en oublie les lois de la gravité. On connait la fin : La bestiole finit aplatie au fond d’un canyon.

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