Comme promis, voici donc la suite de l’article consacré aux enceintes haut de gamme des années vintage. Les six autres marques dont je vais parler maintenant sont : Bose, Kenwood, Marantz, Sansui, Tannoy et Technics. La marque Bose est réputée pour son modèle prémium (la 901) qui n’a cessé d’évoluer depuis sa création, en 1969, jusqu’à nos jours. Je n’en reparlerai pas ici puisque je l’ai déjà évoquée sur EchoRetro dans un article qui lui fut entièrement consacré que vous pourrez lire (si ce n’est déjà fait) en cliquant ici.
Kenwood KL-7090 (1973) :
Kenwood est une entreprise japonaise d’électronique grand public fondée en 1947 par Kasuga Nirou, et spécialisée dans le matériel de radiocommunication, les autoradios et la hi-fi. La firme nipone fusionna en 2008 avec JVC pour former la holding JVC KENWOOD Corporation. (NB : Il existe une société britanique homonyme présente sur le marché de l’électroménager, il s’agit de Kenwood Appliances appartenant au groupe italien Delonghi qui n’a strictement rien à voir avec la firme que j’évoque ici).
En 1973, le haut de gamme de la marque dans le domaine des enceintes acoustiques était le modèle KL-7090. C’était un modèle assez compliqué dans sa conception puisqu’il était équipé d’un superbe filtre 5 bandes pour 6 haut-parleurs! Le plus gros transducteur étant un boomer de 38 cm dédié à la restitution des basses. En remontant dans le spectre audio, le son est confié à un HP bas médium de 12 cm de diamètres couvrant de 800 hz à 2 Khz, à un HP à pavillon pour les médium de 2 Khz à 5 Khz, puis à deux HP à pavillon multicellulaire plus petits montés en parallèle de 5 à 10 Khz et enfin à un HP équipé d’une grille de diffraction pour les extrêmes aigus. La 7090 n’est pas exempte de défauts, sûrement liés à la complexité du filtre et la distorsion d’intermodulation qu’il induit. On notera deux crêtes autour de 2 et 8 khz et une baisse de sensibilité dans l’extrême grave (en dessous de 80 hz) et dans l’extrême aigu (10 khz) malgré la présence d’un transducteur bien calibré pour la reproduction de chacune de ces fréquences. L’écoute reste cependant très agréable malgré ce manque de linéarité. On notera la présence d’un réglage de tonalité à quatre crans et d’une superbe grille acoustique que les fans de HP 15′ enlèveront avantageusement pour contempler la bête…
Prix en 1973 : 599$
Prix actuel d’occasion : entre 600 et 800$
Marantz HD-88 (1975) :
Cette enceinte haut de gamme de Marantz fut conçue par Ed May, ancien ingénieur de JBL. Elle était équipée de 3 voies et 5 transducteurs : Un boomer de 30 cm à cône épais moulé sous pression, un HP médium lui aussi moulé sous pression “gaufré” de 12 cm avec un énorme aimant, monté dans un compartiment cloisonné pour éliminer toute coloration par le grave. Un tweeter à dôme radial à film polyester linéaire de 4 cm et deux super tweeters à dôme radial à film polyester linéaire de 3 cm. On dispose en face avant de trois potentiomètres réglables soit sur la position linéaire : “Lab Flat”, ou bien sur une position optimisée par Marantz pour l’écoute en living room dite “Room Eq”. Chaque réglage agit respectivement sur les médiums, les aigus ou les super aigus. A noter la présence d’un plug de réglage des extrêmes graves nommé “Vari-Q Bass”. Ce plug renforce les basses de 3 db entre 50 et 100 hz et les diminue d’autant entre 20 et 50 hz.
La puissance nominale maximale est de 300 watts et la sensibilité de 90 db/1w/1m, ce qui est honnête pour l’époque. Ces grosses enceintes de Marantz ont la capacité de reproduire un son à volume élevé avec une précision cristalline. Des basses ultra-rapides, précises et claires, des médiums très détaillés et des aigus très propres sans stridence ni sur-coloration tout cela sans distorsion audible.
Une paire de SD88 se négocie entre 600 et 800 euros selon l’état. Avant de les acheter d’occasion, il faudra vérifier que les transducteurs sont bien d’origine, surtout les boomers dont les suspensions s’abîment avec le temps…
Sansui SPX-8000 (1978) :
Une enceinte peu commune : pensez donc, une 4 voies de 6 HPs ayant une sensibilité de 98 db/1w/1m, pourvue d’un boomer de 40,6 cm (16 pouces, ce n’est pas courant!), de deux médiums de 13 cm, d’un tweeter équipé d’un pavillon 15,4×5 cm montée verticalement et de deux super-tweeters de 4,5 cm, le tout dans une caisse de 44,9×66,7×28 cm dépassant à peine 20 kg! La face avant est équipée d’un sélecteur de trois ambiances sonores (Soft, Natural et Clear).
L’écoute est surprenante par la qualité de texture de chaque registre sonore. Les mauvaises langues diront qu’elle manque de basse mais c’est faux! J’ai été étonné par leur son, alors que je visitais un troc Toulousain qui en était équipé pour sonoriser son magasin, à la fin des années 90. Le son était tellement exceptionnel que j’ai demandé au patron s’il ne les vendait pas. Il m’a répondu qu’il les avait depuis 20 ans et qu’il comptait bien les garder 20 ans de plus. Je pense d’ailleurs qu’il les possède encore… Esthétiquement, elles ressemblent un peu aux Kenwood KL-7090, surtout sans les grilles acoustiques. Elle sont très rares, surtout avec une caisse en bon état pourvue des HP d’origine. Si vous avez la chance d’en dégoter, 600 $ serait un bon prix en provenance des USA, mais elle peuvent monter plus haut, parfois jusqu’à 1000 Euros depuis l’Allemagne.
Tannoy Arden (1976) :
Sorties au milieu des années 70, les Tannoy Arden se présentent dans un boitier en bois assez imposant d’une contenance de 240 litres (99x66x37cm). Le Haut-parleur est un 15 pouces concentrique Tannoy HPD 385A équipé d’un aimant alnico et d’une compression 2″ pour le tweeter. L’originalité du procédé réside dans le fait que la membrane du boomer prolonge la courbe d’expansion du pavillon d’aigu. Ces derniers sont réglable grâce à deux potentiomètres depuis la face avant : le HP coaxial est filtré comme une deux voies sur la fréquence de 1 khz. Le premier potar gère le “Roll Of” et affecte la courbe de réponse des aigus au delà de 5 khz en la diminuant selon trois paliers de -5 db chacun. L’autre agit sur sur l’entièreté des aigus soit en les bonifiant de 1 à 2 db soit en faisant le contraire. La neutralité peut-être gardée en sélectionnant le cran “Level”.
Le rendement de l’enceinte est plutôt sympathique pour l’époque (90db). L’écoute est très agréable puisque grâce au HP coaxial, la continuité entre grave, médium et aigu est optimisée et exempte d’important accident dans la courbe de réponse ; de même, le son émanant depuis un cercle de 38 cm, il est plus cohérant que sur une enceinte normale, sans nuire aucunement à la spatialisation. Le grave est sobre et rapide, la compression 2″ est un peu trop généreuse dans le médium, mais ce dernier sera avantageusement calmé grâce aux réglages disponibles. Les aigus sont ciselés et cohérents. Les Tannoy Arden ne nécessitent pas de super-tweeters, à moins que vous soyez équipés de super-oreilles sensibles au delà de 20 khz!
Une paire en bon état se négocie à partir de 2000 Euros, mais Tannoy commercialise des répliques neuves (les Tannoy Legacy Arden) pour 7800 Euros.
Technics SB-10000 (1978) :
Finissons dans la démesure avec ces monstres de 140 kg que Technics utilisait souvent lors de démos pour ses séminaires annuels. Des dimension conséquentes (1115 x 1200 x 705mm), 3 voies, 200 Watts, 95 db/1w/1m, le ton est donné d’emblé. L’esthétique elle aussi est étonnante pour l’époque et rappelle un peu ce qui se faisait en discothèque bien que les lignes de la belle soient beaucoup plus sexy. Le développement de la SB-10000 a été lancé et affiné selon un système imparable : les éprouver en live pour pouvoir comparer en direct le message original et celui qui est reproduit.
Les Haut-parleurs :
Le EAS-35HD04SA : Derrière le plus petit pavillon, en haut du château se trouve un tweeter de 3,5 cm en Bore ; son diaphragme est moulé d’une seule pièce, bords compris, pour de meilleures caractéristiques transitoires. Selon Technics, le bore est le métal qui a la meilleure vitesse de conduction du son. Bien que les propres graphiques de réponse de Technics montrent une forte baisse après 22 kHz, la réponse en fréquence s’étendrait jusqu’à 36 kHz…
Le EAS-10HM03-N : Le haut-parleur médium est un 10 cm monté lui aussi sur pavillon ; une partie de la gorge de dispersion est incluse dans la structure du conducteur pour augmenter la stabilité mécanique ; la forme de la corne permet une dispersion verticale du son sur 150°. Une prise de phase verticale divise partiellement le pavillon en deux, faisant environ un tiers de la profondeur de la courbe exponentielle.
Le EAS-46PL01S : Le boomer est un 46cm placé dans un coffret bass reflex constituée de parois de 3 cm d’épaisseur avec de multiples renforts à l’intérieur, c’est à dire un amortissement en mousse complété d’un revêtement en caoutchouc butyle, même sur le dessus des vis.
Les pavillons sont en aluminium moulé sous pression recouvert de caoutchouc butyle afin de ne pas trop interagir avec les vibrations et les résonances engendrées par les HPs. Le filtre passif peut se déconnecter pour permettre une tri-amplification, les connexions étant situées en haut de l’enceinte, juste derrière la section du pavillon médian ; il est constitué de bobines à faible perte et condensateurs haut de gamme à film métallique. Les trois haut-parleurs ont apparemment été développés spécifiquement pour le SB-10000.
Quand on les trouve, et ce n’est pas fréquent, c’est aux U.S.A. ou au Japon, et il faudra s’alléger à minima de 6500$ pour les acquérir, sans compter le port, et les frais de douane…