Film TV & Livre – La route inconnue (1983)

Un Film TV inspiré du livre d’André Dhôtel :

“La route inconnue” est un téléfilm en deux épisodes réalisé par Jean Dewever et inspiré du roman d’André Dhôtel sorti en 1980. André Dhôtel est un écrivain français né le 1er septembre 1900 à Attigny (Ardennes) et mort le 22 juillet 1991 à Paris. Lorsque le film sort en 1983, André Dhôtel a 82 ans et est auteur d’une cinquantaine d’ouvrages publiés, dont 40 romans. Cet auteur surprend par la jeunesse de son esprit. Rien d’étonnant cependant lorsque l’on sait que ce jeune homme de l’âme que François Mauriac considérait comme “le créateur le plus étrange de nos univers romanesque”, n’a cessé vivre auprès des jeunes et de la nature. Enfant à Autun et dans les Ardennes, collectionneur de pierres et de journées d’écoles buissonnières, il a appris à quadriller de l’œil et de l’esprit une campagne vivante et parlante. Plus tard, la bicyclette et la moto lui feront découvrir des routes inconnues sur lesquelles il se grise de vitesse. Par la suite professeur de philosophie à Athènes, puis à Coulommiers, il est très proche de ses élèves mais établit une règle de conduite: “Chacun a son âge. Les adultes doivent rester eux-mêmes. Il ne faut pas qu’ils soient des copains. Il faut laisser les jeunes vivre selon eux”. Respecter le moment privilégié de l’adolescence et préserver ses idéaux, protéger discrètement cette parenthèse unique entre l’enfance et l’âge d’homme, voilà ce qu’exprime André Dhôtel dans son œuvre “La route inconnue”. “Ce sont des jeunes qui s’amusent et qui regardent  le monde”. André Dhôtel était un homme qui défendait avant tout la liberté, même celle du regard. “Un jour en entrant en classe, on s’est aperçu que les peintres avaient barbouillé les vitres de peinture. Eh bien je n’ai pas commencé mon cours tant qu’on n’eut pas fini de les gratter avec des lames de rasoir, pour que les élèves puissent voir à l’extérieur…”

Le Film TV :

Filmé dans les beaux paysages des Ardennes, cette histoire d’amour entre deux adolescents, Valentin et Angèle, se déroule entre rêve et réalité. Valentin, 19 ans, fils d’un quincailler aime Angèle, mais il est trop timide pour le lui avouer… C’est alors que surgit dans les forêts brumeuses, sur les routes pleines de brouillard, un mystérieux groupe de cyclistes conduit par une jeune femme, Agathe. Est-ce elle qui a commis un vol dans le château? Qui est-elle? Comment fait-elle pour disparaître puis apparaître comme par magie? Pourquoi semble-t-elle fuir? Valentin croit tomber amoureux d’elle. Angèle est persuadée qu’Agathe est sa sœur, morte à 6 ans dans un tremblement de terre. La vérité se dévoile lentement.

Le Film TV est interprété par de jeunes comédiens peu connus à l’époque (Grégoire Ingold, Pascale Raynaud, Sophie Edmond) mais on y voit aussi apparaître Jean-Pierre Mocky dans le rôle du châtelain. La musique du générique est composée par Pierre Perret. Le premier épisode diffusé sur TF1 le 25 Août 1983 s’appelle “L’épine-vinette” (nom d’un arbuste au fleurs jaunes et aux fruits rouges et acidulés dont on peut faire des confitures). Le second épisode diffusé une semaine plus tard se nomme “Agathe”.

Pour pouvez vous laisser imprégner par les atmosphères magiques d’André Dhôtel en lisant son livre. Malheureusement, j’ai été dans l’impossibilité de mettre la main sur les films TV, même en consultant les archives de l’INA. Seul un extrait du second épisode est disponible sur YouTube.

François

Voir sur YouTube : “Extrait du téléfilm “La route inconnue” (1983)” mis en ligne par Harmoniica62

Livres SF – Raphaël Lafferty – Deux romans des années 80

Raphaël Aloysius Lafferty est né le 7 novembre 1914 à Neola en Iowa et mort le 18 mars 2002 (à 87 ans) à Broken Arrow en Oklahoma. A l’Université de Tulsa, il étudie les mathématiques et l’allemand. Sa première expérience professionnelle fut celle d’électricien pour la compagnie Clark Electric. Il poursuivit des études de journalisme de 1939 à 1942 à l’International Correspondance School .
Lafferty s’engage en 1942 dans l’US Army pendant la Seconde guerre mondiale.  Ce n’est qu’aux environs de 35 ans, qu’il prend la plume pour se consacrer à l’écriture de fiction. Sa première publication remonte à 1959 avec la nouvelle “The Wagons” dans le “New Mexico Quaterly Review”. Et son premier texte de science-fiction publié paraît en 1960 sous le titre “Day of the Glacier” dans “The original science-fiction stories”. Il faut attendre huit ans pour que soit édité son premier roman “Le maître du passé”. Roger Zelazny, Samuel R. Delany et Harlan Ellison saluent son talent. Théodore Sturgeon dit de lui: « Lafferty est le plus fou, le plus pittoresque, le plus imprévisile des écrivains ». Les publications de nouvelles et de romans s’enchaînent d’autant plus qu’il arrête son métier d’électricien en 1971 pour exercer sa passion. “Eurema’s dam” (La Mère d’Eurema) lui vaut le prix Hugo de la nouvelle en 1972.

Lafferty est un écrivain atypique dont l’œuvre est “inclassable”; il a bousculé les frontières de la science-fiction, osant le non-sens absolu, et le délire le plus gratuit. Son univers est déjanté ce qui fait de lui une voix à part dans le genre, qui ne peut laisser personne indifférent : certains l’adorent, beaucoup le détestent. En 1960, à l’âge de 45 ans, et alors qu’il a derrière lui une carrière bien remplie d’ingénieur, Raphaël Aloysius Lafferty prend deux décisions : ne plus s’arrêter de boire et ne plus s’arrêter d’écrire. Il a tenu parole. Ce qui le conduit vingt ans plus tard à 32 romans, 240 nouvelles et une série d’accidents cardiaques.

Voici la présentation de l’Anthologie sur Lafferty par Patrice Duvic :

“Est-ce qu’il se fout du monde? Bien sûr! Mais son humour secret nous prend au dépourvu. […] Il a attendu longtemps avant de publier; il s’est décidé en 1960, et du coup il s’est retrouvé doyen de la nouvelle vague; en même temps, il est pratiquement devenu le rigolo. Mais on ne s’en aperçoit pas toujours, parce qu’il adore mystifier son monde. D’un côté, il pousse l’art de la conversation de bistro à des hauteurs inégalées; d’autre part, il fait la nique à Borges, à Boris Vian, à Bechett. Il a publié des grands romans comme “Tous à Estrevin” (où une machine raconte ses mémoires) ou “le maître du passé”, mais c’est dans l’art de la nouvelle qu’il est inégalé – ce qui est logique pour un humoriste. Quand on a lu trop de S.F., il garde toute sa saveur. C’est le nectar des toxicomanes”.

Autobiographie d’une machine ktistèque (1971) réédité sous le titre : Tous à Estrevin (1981) :

Mille milliards de shizopodes ! Ceci est la première autobiographie écrite par une machine. Il fallait faire vite : je peux très bien tomber en morceaux d’ici deux cents ans.
C’est à cause de l’Institut des Sciences Impures. Je suis leur dernière trouvaille depuis la création de l’eau fluide, qui manqua les faire lyncher. Très vite, j’ai dû prendre en main mon propre assemblage. Je me demande à quoi j’aurais ressemblé si je n’étais arrivé à temps.
Une machine ? Si on veut. Mon cellogel contient le précis d’Aloysius Shiplap, l’inventeur du cellogel. Et le précis de Glasser, l’inventeur du précis. Et tous les autres. Lewis Carroll, Jorge Luis Borges, Groucho Marx, et j’en passe. Des gens qui savent que ce monde est aussi vrai qu’une coupure de trois dollars. Mais ils m’ont demandé qui serait le meilleur chef possible. Quelle question ! Moi, évidemment. Ils n’ont pas eu l’air contents. Ces gens-là ignorent que le passé ne peut pas exister. Mes banques mémorielles n’en parlent pas. Où en étais-je ? Ah oui……

Annales de Klepsis (1985) :

Voici le récit des aventures de Long John Tyrone, historien affligé d’une jambe de bois, sur la planète Klepsis dont les habitants, hommes et bêtes, vivent en permanence sous l’effet hallucinogène de leur nourriture. Résultat : la réalité n’est pas ce qu’on croit, les illusions non plus d’ailleurs. Comment dans ces conditions calculer le jour de l’Apocalypse ?

     Des princesses, des fantômes, des pirates, des ivrognes et des oiseaux philosophes, des trésors cachés, des chansons à boire et des formules magiques, une réflexion sur le sens de la vie, la relativité des choses, l’amour et la mort et le poids des fantômes.
Un trip inferno-paradisiaque.

Livres SF – Philip K.Dick – Cinq romans des Années 70

L’auteur :

Philip Kindred Dick est l’auteur d’une série de chef d’œuvres comme “Ubik” ou “Le Dieu venu du Centaure”. Né en 1928 à Chicago et mort le 2 mars 1982 à Santa Ana, Dick déploie dans ses livres une qualité de vision quasi hallucinatoire digne des plus grands peintres de l’imaginaire. Sa première nouvelle sort aux Etats-Unis en 1952 dans la revue Planet. Sa première récompense littéraire vient dix ans plus tard avec “Le Maître du Haut-Château” qui remporte le Hugo à la convention mondiale de SF. La France le consacrera définitivement après 1968.

Nombre de ses œuvres ont été adaptées au cinéma pour devenir des films cultes : tels Blade runner, Total recall, Planète hurlante, Minority report, A scanner darkly, Next, L’Agence, The man in the high castle (série TV).

Philip K. Dick au début des années 70 :

Pour mieux comprendre l’état psychique de l’auteur quand il a écrit ces livres, il faut savoir qu’en 1969, sa vie s’écroulait. Couvert de dettes, il voit sa seconde femme partir avec l’enfant (répétition d’un traumatisme connu), mais cette fois le somatique fait défaut à son tour: l’organisme miné par les amphétamines, le foie en mauvais état, la tension trop élevée, il doit entrer à l’hôpital en proie à des fantasmes de morcellement: “J’avais l’impression que mon corps partait en morceaux, que le gouvernement voulait ma mort. Alors je me suis fait soigner, puis j’ai décidé  de m’enfuir des U.S.A. sans espoir de retour et d’aller mourir au Canada”.

Ubik (1969-70) “Une pulvérisation invisible d’Ubik et vous bannirez la crainte obsédante, irrésistible, de voir le monde entier se transformer en lait tourné”.
Qu’est-ce qu’Ubik? Une marque de bière? Une sauce salade? Une variété de café? Un médicament? Peut-être… Et quel est donc ce monde où les portes et les douches parlent et n’obéissent aux ordres qu’en retour de monnaie sonnante et trébuchante? Un monde où les morts vivent en animation suspendue et communiquent avec les vivants dans les “moratoriums”. C’est dans cet univers que Glen Runciter a créé un organisme de protection contre les intrusions mentales : télépathie, précognition, para-kinésie. Joe Chip, un de ses employés, est chargé de monter un groupe de “neutraliseurs” de pouvoirs “psy”, afin de lutter contre ce qui semble être une menace de grande envergure.
Dick, récompensé par le prix Hugo en 1963 pour “Le Maître du haut-château” atteint ici le sommet de son art : la peinture de mondes illusoires, paradoxaux, voir schizophrènes et psychédéliques comme dans “Le Dieu venu du centaure”.

Au bout du labyrinthe (1970) : Après huit ans d’attente, Seth Morley reçoit son autorisation de transfert sur la planète Delmak-O. Il s’y retrouve en compagnie d’une douzaine d’autres personnes originaires de tous les points de la galaxie. Chacune représente une discipline scientifique différente mais nul n’est là pour recevoir ni pour leur dire quel genre de travail on attend d’eux. Qui plus est, la planète est changeante et le paysage se déforme sans arrêt. Les colons aperçoivent parfois un édifice qui, à d’autres moments, s’évanouit. Ailleurs, ils croisent de grosses coccinelles portant des caméras sur leur dos ! Mais la situation devient véritablement dramatique lorsqu’une sorte de folie homicide s’empare de certains membres de la communauté. N’ont-ils pas été envoyés sur Delmak-O que pour y périr ?

Message de Frolix 8 (1970) : Sur Terre, en l’an 2135, ce sont les Exceptionnels et les Hommes nouveaux qui gouvernent — surdoués, technocrates et tyranniques. Et les Ordinaires obéissent, sans désespérer tout à fait…
Ils se souviennent, en effet, de Thors Provoni, un Ordinaire comme eux, mais rebelle. A bord d’un vaisseau, il s’est échappé dans la galaxie, à la recherche d’alliés qui libéreront la Terre de l’oppression. Où est-il ? Vit-il encore ?
Oui, un messager clandestin circule : Provoni revient, mission réussie. Ce que le message ne dit pas, c’est que l’aide qu’il a obtenue est celle des Frolixiens, des créatures non humaines…
Va-t-il avec eux sauver la Terre, ou la perdre ?

Coulez mes larmes dit le policier (1974) : est l’histoire d’un homme dont tout le monde semble avoir oublié l’existence et l’identité. La veille encore, il était Jason Taverner, producteur de télévision respecté, chanteur à ses heures et idole d’au moins trente millions de téléspectateurs.
Mais lorsqu’il s’éveille dans une chambre d’hôtel sordide un matin, il semble être le seul être humain au monde à savoir qui avait été— Jason Taverner. Ses amis, ses collaborateurs, et même Heather, sa maîtresse et complice de toujours, affirment ne jamais l’avoir rencontré.
Une situation pour le moins inconfortable dans Etat ultra policier où les campus sont assiégés depuis vingt ans et où le défaut de papiers d’identité suffit à vous envoyer au bagne. Seulement voilà, ce n’est pas un homme comme les autres. Produit d’une expérience secrète, Taverner est un “Six”, un mutant aux nerfs d’acier qui mènera une lutte sans merci, sous les yeux d’un “Pol” sentimental, contre la folie où il vient de basculer.

Deus Irae (1975) : Après l’holocauste qui a mis fin à la Troisième Guerre mondiale, les rares survivants devenus méconnaissables à force de mutations sont l’enjeu d’une lutte sans merci entre deux Églises : celle du Bien et celle du Mal, qui vénère Deus irae, le Dieu de la Colère, celui qui a lâché sur le monde l’horreur atomique.
Chargé de réaliser un portrait de cette funeste divinité pour ranimer la foi de ses fidèles, Tibor McMasters, un peintre sans bras ni jambes, part à sa recherche à travers une Terre dévastée, en proie aux stigmates d’un monde devenu fou. Un monde où se dissipe la frontière entre l’humain et le divin…

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