Film – Les duellistes (1977)

Les Duellistes est un film de 1977 réalisé par Ridley Scott dont ce fut le premier long métrage. Le film remporta de nombreux prix, dont le prix du meilleur premier film au Festival de Cannes de 1977. L’histoire est inspirée de la nouvelle de Joseph Conrad intitulée « Le Duel », édité en 1908.

Le film relate un malentendu entre deux officiers hussards français, Armand d’Hubert (Keith Carradine) et Gabriel Féraud (Harvey Keitel) au sujet d’un incident initialement mineur qui dégénère et se transforme en une querelle amère et prolongée au cours des quinze années suivantes, avec en fond les guerres napoléoniennes. Au début, Féraud est celui qui veut préserver jalousement son honneur et exige à plusieurs reprises satisfaction quand une rencontre de duel ne se termine pas. Il profite énergiquement de toutes les occasions pour localiser et provoquer en duel son ennemi. Au fur et à mesure que l’histoire progresse, d’Hubert se trouve pris au piège. Il est incapable de refuser les défis répétés de Féraud ou de se retirer en raison du code de l’honneur rigide des officiers. La querelle persiste à travers les différentes campagnes de la guerre napoléonienne, et sur la période de la restauration des Bourbons qui suit.

Lorsque l’histoire commence, les deux hommes sont tous deux lieutenants, et au fil du temps, les deux militaires progressent en grade pour atteindre le rang de général. Parfois, Feraud et d’Hubert se rencontrent, mais sont d’un rang différent dans l’armée, ce qui les empêche de se battre, mais chaque fois qu’ils ont le même rang et se retrouvent au même endroit, Feraud renouvelle immédiatement son défi. Lors de leur nouveau duel à l’épée, d’Hubert est sérieusement blessé. Recouvrant ses forces, il s’entraîne aux armes pour se préparer pour le prochain combat où les deux officiers combattent au sabre jusqu’à l’épuisement mutuel. Peu après, d’Hubert est promu capitaine. Pendant la retraite de Moscou, un autre duel (cette fois avec des pistolets) a presque lieu, mais les deux doivent agir ensemble pour survivre lorsqu’ils sont attaqués par des cosaques.

Après la chute de Napoléon, d’Hubert se marie avec Adèle devenant un membre respecté de l’aristocratie restaurée et général de brigade dans la nouvelle armée française, alors que Féraud est un membre du parti anti-monarchiste. Pauvre et méprisé, il rejoint Napoléon après que l’empereur se soit échappé de l’île d’Elbe (alors que Hubert refuse de prendre part au retour de Napoléon), mais ses espoirs sont déchirés après la bataille de Waterloo et l’exil final de Napoléon à Sainte-Hélène. D’Hubert rejoint les armées de Louis XVIII. Il apprend que Féraud a été arrêté et sera exécuté pour son ralliement à Napoléon, et convainc le ministre de la police Joseph Fouché d’épargner Féraud, mais souhaite que son intervention en sa faveur reste secrète.

Dans le duel final encore provoqué par Féraud, chacun des protagonistes est armé d’une paire de pistolets de duel. Lorsque Féraud manque son deuxième tir, d’Hubert saisit immédiatement l’occasion et met en joue Féraud. Celui-ci est totalement sans défense, sans espoir d’évasion. Cependant, au lieu de tirer, d’Hubert informe froidement Féraud qu’il a décidé d’épargner sa vie, mais que désormais, selon les règles du combat unique, sa vie lui appartient, et qu’il doit se comporter à l’avenir comme « mort » et ne plus jamais avoir d’autre contact avec lui. Féraud n’a d’autre choix que de se soumettre à ces termes et il disparait enfin de sa vie.

La nouvelle de Conrad : 

La nouvelle de Conrad a évidemment sa genèse dans d’authentiques duels entre deux officiers hussards français ayant combattus pendant l’ère napoléonienne. Leurs noms étaient Pierre Dupont de l’Étang et François Fournier-Sarlovèze (qui deviendra le général comte François Louis Fournier Sarlovèze), que Conrad a déguisé en changeant Dupont en D’Hubert et Fournier en Féraud. Dans l’Encyclopédie de l’épée, Nick Evangelista a écrit:

« En tant que jeune officier de l’armée de Napoléon, Dupont reçut l’ordre de délivrer un message désagréable à un autre officier, Fournier, un homme querelleur et duelliste enragé. Fournier, portant sa rage subséquente sur le messager, défia Dupont en duel. Cela suscita une succession de rencontres, menées à l’épée et au pistolet, qui durèrent des décennies. Ces affrontements prirent fin lorsque Dupont put surmonter Fournier dans un duel au pistolet, le forçant à promettre de ne plus le déranger.

Ils ont fait leur premier duel en 1794 à partir duquel Fournier a réclamé une revanche. Cette revanche a entraîné au moins 30 autres duels au cours des 19 prochaines années dans lesquelles les deux officiers se sont battus avec des épées, des rapières, des sabres et des pistolets ».

Réception du film par la critique :

Le film a été comparé à Barry Lyndon de Stanley Kubrick. Dans les deux films, les duels jouent un rôle essentiel. Dans son commentaire pour la sortie DVD de son film, Scott affirme qu’il a essayé d’imiter la cinématographie luxuriante du film de Kubrick, qui évoquait les peintures naturalistes de l’époque représentée.

Le film fut loué pour sa représentation historiquement authentique des uniformes et de la conduite militaire napoléonienne, ainsi que pour ses techniques d’escrime se référent précisément à celles en vigueur au début du XIXe siècle, telles que reconstruites par le chorégraphe de combat William Hobbs. Les principaux sites utilisés pour le tournage du film se situaient autour de Sarlat-la-Canéda dans le département de la Corrèze.

La bande son :

La bande sonore fut composée par Howard Blake. La bande sonore a ensuite été rééditée en 2001. Elle est actuellement épuisée et est considérée par beaucoup de collectionneurs de bandes sonores comme une pièce rare.

Voir sur YouTube : « Les Duellistes de Ridley Scott avec Harvey Keitel (Bande-annonce) » par SolarisDistribution

Film – Mon cousin Vinny (1992)

Mon Cousin Vinny est un film comédie américain de 1992 écrit par Dale Launer et réalisé par Jonathan Lynn. Le film met en vedette Joe Pesci, Ralph Macchio, Marisa Tomei, Mitchell Whitfield, Lane Smith, Bruce McGill et Fred Gwynne. Ce fut le dernier film de Fred Gwynne avant sa mort le 2 juillet 1993.

Le film relate les mésaventures de deux jeunes New-Yorkais qui voyagent à travers l’Alabama rural et se retrouvent arrêtés puis jugés pour un meurtre qu’ils n’ont pas commis. Il s’en suit les tentatives comiques d’un cousin, Vincent Gambini, avocat tout juste sorti de l’école de droit, pour les défendre. Une grande partie de l’humour provient du contraste entre les personnalités extraverties des new-yorkais d’origine italienne, (Vinny et sa fiancée Mona Lisa) contrastant avec celles beaucoup plus réservées des personnes du Sud rural.

Les avocats ont fait l’éloge de la représentation réaliste de la procédure d’audience et des plaidoiries présentées dans le film. Pesci, Gwynne et Tomei ont tous reçu des éloges critiques pour leurs performances, et Tomei a remporté un Oscar pour la meilleure actrice dans un second rôle.

L’histoire :

Conduisant à travers l’Alabama dans leur Buick Skylark décapotable verte de 1964, Billy Gambini (Ralph Macchio) et Stan Rothenstein (Mitchell Whitfield), des étudiants de New York qui viennent d’obtenir des bourses d’études à l’UCLA, s’arrêtent par hasard dans une épicerie pour faire des courses. Après leur départ, le magasin est braqué et le caissier abattu. En raison de preuves circonstancielles mal interprétées, Billy est accusé de meurtre, et Stan de complicité. La mère de Billy informe son fils par téléphone qu’il y a un avocat dans la famille : son cousin Vinny. Vincent LaGuardia Gambini (Joe Pesci) se rend sur place, accompagné de sa fiancée, Mona Lisa Vito (Marisa Tomei). Bien qu’il soit disposé à accepter l’affaire, Vinny est un avocat inexpérimenté de Brooklyn, New York, récemment admis au barreau lors de sa sixième tentative et dont les plaidoiries se sont bornées jusqu’alors aux dommages corporels.

Vinny parvient à convaincre le juge de première instance, Chamberlain Haller (Fred Gwynne), qu’il est assez expérimenté pour plaider dans cette affaire. Mais son ignorance des procédures de base des tribunaux, du code vestimentaire et son attitude irrespectueuse, font que le juge le remet en place à plusieurs reprises. À la grande consternation de ses clients, Vinny ne fait aucun contre interrogatoire des témoins pendant l’audition. À l’exception de l’absence de l’arme du crime, il semble que le procureur de district, Jim Trotter III (Lane Smith), ait un cas facile à juger qui mènera à coup sûr à la condamnation des accusés. Après la mauvaise prestation de Vinny à l’audience, Stan le vire et demande un avocat commis d’office, John Gibbons (Austin Pendleton), et il convainc presque Billy de faire de même.

En dépit de quelques fautes dans le procès, Vinny montre qu’il est capable de compenser son ignorance et son inexpérience grâce à son style d’interrogatoire à la fois agressif et original. L’avocat commis d’office se trouve quant à lui être passif et plus ou moins bègue, tandis que Vinny discrédite rapidement le témoignage du premier témoin. La foi de Billy est restaurée, et Stan le reprend comme défenseur…

Une comédie devenue culte aux Etats-Unis, avec un duo Pesci-Tomei vraiment génial, des quiproquos et des situations souvent cocasses. Les dialogues sont hilarants.

Voir sur YouTube : « Mon cousin Vinny – Bande-annonce VF » par Arthur Moloko

Livre SF et Film – Arthur C. Clarke – 2010 : Odyssée deux (1982)

« 2010: Odyssée deux » est un livre hybride dans lequel Arthur C. Clarke tente de connecter son roman, « 2001 : l’Odyssée de l’Espace » datant de 1968, avec le film de Stanley Kubrick sorti la même année. Ce roman de science-fiction fut écrit par Clarke parallèlement au tournage du film mais l’histoire est basée sur une de ses nouvelles intitulée « La Sentinelle » parue en 1951.

La quatrième de couverture :

L’auteur : Arthur C. Clarke : Né en 1917 en Angleterre, ancien président de l’Association interplanétaire anglaise, il est membre de l’Académie astronautique et vit à Ceylan où il peut se livrer à sa passion pour l’exploration sous-marine.

2001 : l’odyssée de l’espace – roman et film – , ce fut l’épique exploration spatiale qui passionna le monde et provoqua un jaillissement de questions : comment Dave Bowman s’est-il transformé en Enfant des Etoiles ? Pourquoi Hal, l’ordinateur plein de science et de sagesse, a-t-il assassiné l’équipage du Discovery ?
2010 : odyssée deux, c’est une nouvelle aventure, celle des hommes qui, neuf ans après, vont se lancer dans l’espace, bien décidés à rapporter à la Terre les réponses attendues. L’équipage composé de Russes et d’Américains s’embarquera à bord du vaisseau Alexeï Leonov, sous le commandement du capitaine Tatiana Orlov. Quand la navette s’arrache du terrain de Cap Canaveral, commence une mission qui peut décider du sort de l’humanité…

Le roman :

Clarke a choisi de baser « 2010 : Odyssée deux » plus sur le film de Kubrick que sur son précédent roman, probablement parce que le film avait atteint un public considérable, gagnant rapidement le statut d’œuvre culte. Dans son premier opus 2001, le vaisseau « Discovery » avait pour destination Japet, la plus énigmatiques des nombreuses lunes de Saturne. Le système de Saturne était atteint via Jupiter : « Discovery » s’approchait très près de la planète géante, se servant de son énorme champ gravifique pour produire un effet de fronde et se catapulter vers la seconde étape de son voyage. Les sondes spatiales « Voyager » ont fait exactement la même manœuvre en 1979, lors de la première reconnaissance détaillée des géantes extérieures. Dans le film, par contre, Stanley Kubrick, pour éviter toute confusion, situe à juste titre la troisième confrontation entre l’homme et le monolithe parmi les lunes de Jupiter… Ainsi, au lieu d’un voyage à la découverte de Saturne, le vaisseau spatial doit se mettre en orbite autour de Jupiter. Au lieu d’un monolithe située sur Japet, il orbite autour de Io. En replaçant l’action sur l’orbite de Jupiter au lieu de Saturne dans son deuxième opus 2010, Clarke a également pu profiter de la connaissance beaucoup plus grande que les astronomes ont de Jupiter par rapport à Saturne en 1982.

Sa caractérisation des personnages n’est pas particulièrement profonde, mais les portraits qu’il peint d’eux les rendent sympathiques. Heywood Floyd représente la voix de la raison, ainsi qu’un lien vers le roman précédent. Max Brailovsky et Walter Curnow introduisent de l’humour dans la mission. Le froid Sivasubramanian Chandrasegarampillai (Dr Chandra) est peut-être la seule caricature que Clarke offre dans le livre. Ce scientifique, le créateur de l’ordinateur HAL 9000, est un personnage en contrepoint direct à l’ordinateur. HAL est peut-être le personnage le plus intéressant du roman. Comme Floyd et l’astronaute David Bowman, HAL fournit un lien vers les travaux antérieurs. Contrairement à Floyd, qui doit faire face à ses sentiments de culpabilité pour les astronautes perdus dans la première mission, ou Bowman, qui a dépassé le stade de l’émotion humaine, HAL reste constant, préoccupé par la réussite de la mission.

Exactement à mi-chemin du roman, Clarke détourne son attention de la mission de Heywood Floyd vers Jupiter pour s’intéresser à David Bowman, le seul astronaute survivant de la mission originale de Discovery. Clarke utilise cette partie du roman de 2010 pour réexaminer les chapitres finaux de 2001. Cependant, alors que le livre antérieur contenait une description mystique et confuse des événements qui sont arrivés à Bowman, dans ce roman, la créature qui était autrefois David Bowman a commencé à assimiler de nouveaux concepts et à comprendre sa nouvelle place dans l’univers. Les descriptions de Clarke sont donc plus concrètes et nous commençons à comprendre ce qui est arrivé à Bowman et pourquoi cela s’est produit. Clarke ne donne pas une explication entièrement cohérente, mais il répond à plusieurs des questions laissées ouvertes à la fin du roman : 2001 : l’Odyssée de l’Espace.

Différences entre le 2010 de Clarke et le film de Hyams (1984) :

Tout comme pour le premier opus, on ne peux pas vraiment réfléchir sur ce livre sans le comparer à sa version cinématographique, ici il s’agit du film de Peter Hyams, « 2010 : L’Année du premier contact », sorti deux ans plus tard, en 1984. Dans le livre, il est question d’une tension internationale entre les USA et l’URSS. Dans le film, les deux pays sont sur le point d’entrer en guerre et ont d’ailleurs entamé les hostilités. Alors que Hyams a augmenté la tension entre les Soviétiques et les Américains, chez Clarke, la même tension existe entre l’équipe chinoise du vaisseau Tsien et l’équipe soviétique/américaine du Alexei Leonov. Le vaisseau chinois Tsien dépasse le Leonov avant de se poser sur Europe, où il sera détruit par une créature émergeant de la glace. Dans le film, il n’y a pas de vaisseau chinois ; c’est le Leonov qui envoie une sonde vers Europe, où elle sera détruite par les forces qui manipulent le monolithe. Enfin, dans le livre, les occupants du Leonov font le long voyage vers Jupiter en apesanteur. Dans le film, le vaisseau russe est doté de structures tournantes qui créent une pesanteur artificielle grâce à la force centrifuge, à l’instar du carrousel de Discovery.

Extrait : 

« Certains dangers sont à ce point spectaculaire, si loin des expériences courantes, que l’esprit refuse d’admettre leur réalité et peut contempler une catastrophe imminente sans l’ombre d’une appréhension. L’homme qui regarde un raz de marée, une avalanche qui descend sur lui, ou le cœur vertigineux d’un cyclone, sans essayer de s’enfuir, n’est pas nécessairement paralysé par la peur ou résigné à un sort inéluctable. Il se peut simplement qu’il ne puisse croire que le message transmis par ses yeux le concerne personnellement. Tout cela arrive à quelqu’un d’autre ».

Voir sur YouTube :  « 2010, l’année du premier contact – Bande-annonce [VO] » par Les extraterrestres au cinéma

https://www.youtube.com/watch?v=y_N4stXmVqI

Film & Livre – Blade Runner (1982)

Blade Runner est un film de science-fiction de 1982 réalisé par Ridley Scott, représentant un Los Angeles dystopique en novembre 2019. Le scénario, qui a été écrit par Hampton Fancher et David Peoples, est basé sur le roman « Do Androïds Dream of Electric Sheep? » (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) écrit par Philip K Dick. Le film lui-même comporte les acteurs Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Edward James Olmos, M Emmet Walsh, Daryl Hannah. La musique est de Vangelis.

Le film :

Le film décrit un avenir dans lequel des êtres fabriqués par ingénierie génétique appelés « réplicants » sont utilisés pour des travaux dangereux et dégradants dans les «colonies terrestres d’outre-monde». Construit par la Tyrell Corporation comme «plus humain que l’humain», la génération Nexus-6 semble être physiquement identique aux humains – bien qu’ils aient une force et une agilité supérieures – tout en manquant de réponses émotionnelles et d’empathie comparables. Les réplicants sont devenus illégaux sur Terre après une mutinerie sanglante. Les unités de police spécialisées – les blade runners – cherchent et retirent (c’est à dire tuent) les réplicants échappés sur Terre. Suite à l’arrivée d’un groupe de réplicants particulièrement brutal et rusé à Los Angeles, l’ancien Blade Runner Rick Deckard est rappelé de sa semi-retraite pour les retrouver et les mettre hors d’état de nuire.

La critique : 

Blade Runner a d’abord reçu des critiques très polarisées de la part des journalistes de cinéma, certains confondus et déçus n’avaient pas reçu l’effet stimulant attendu d’un film d’action, tandis que d’autres avaient apprécié sa complexité thématique. Le film n’a pas bien marché dans les cinémas nord-américains alors qu’il remportait un franc succès à l’étranger. Il fut adoré par les amateurs de SF et les universitaires et atteignit rapidement le statut classique de film culte. Il a remporté une popularité encore plus grande en location vidéo, puis il fut par la suite un des premiers films à sortir en DVD. Blade Runner a été largement salué comme un classique moderne pour ses effets spéciaux immersifs et préfigurant des thèmes et préoccupations importants du 21ème siècle. Il a été loué comme l’un des films les plus influents de tous les temps en raison de son cadre détaillé et original, servant de repère visuel postmoderne avec sa représentation réaliste d’un avenir sombre. Blade Runner a mis l’auteur Philip K Dick sous les projecteurs de la scène Hollywoodienne, et de nombreux films ont depuis été inspirés par sa plume. Philip K Dick est mort avant sa sortie, mais il a vu une bobine d’essai de quarante minutes.

Le titre :

Le titre découle du roman d’Alan E. Nourse, The Bladerunner (1974), dont le protagoniste, Billy Gimp, gère des lames chirurgicales et des médicaments pour Doc (Docteur John Long) dans le cadre d’un marché noir illégal de médecine clandestine. Le cadre est une société cauchemardesque où un traitement médical gratuit et complet est disponible, mais seulement pour les personnes qui acceptent de se conformer aux Lois Eugéniques des Trust pharmaceutiques fascisants. En 1979, William Burroughs publie Blade Runner : a Movie où héros et situations sont empruntés au livre de Nouse. Finalement, mis à part le titre, ni le roman de Nourse ni le livre de Burroughs ne furent gardés pour un film.

Le scénario :

Le scénario, écrit par Hampton Fancher, a attiré le producteur Michael Deeley qui a convaincu le réalisateur Ridley Scott de créer son premier film américain. Mais le script ne plaisait pas à Scott. Peoples le persuada de garder l’essentiel de l’œuvre de Dick et il reprit le script de Fancher qui accepta mal les modifications et quitta le projet. Fancher revint néanmoins plus tard pour contribuer à quelques réécritures supplémentaires.

Moebius – The long tomorrow (1976)

Blade Runner doit beaucoup au film de Fritz Lang sorti en 1927, Metropolis. Scott crédite la peinture « Nighthawks » d’Edward Hopper et la bande dessinée « The Long Tomorrow » de proto-cyberpunk (écrite par Dan O’Bannon et dessinée par Moebius) comme sources d’humeur stylistique. Scott engagea Syd Mead en tant qu’artiste conceptuel, tous deux furent influencés par la revue française Métal Hurlant, à laquelle Moebius contribuait. La pré-production de Blade Runner fut proposée a Moebius, mais il déclina cette offre afin de se consacrer au film d’animation de René Laloux (Les Maîtres du temps) qui sortit en 1982, une décision que Moebius regrettera plus tard. Lawrence G. Paull (concepteur de production) et David Snyder (directeur artistique) ont réalisé les croquis de Ridley Scott et Syd Mead. Jim Burns a brièvement travaillé à concevoir les voitures volantes, appelées spinners, qui apparaissent dans le film. Un spinner peut rouler comme un véhicule terrestre et décoller aussi bien dans l’axe vertical qu’horizontal. Douglas Trumbull et Richard Yuricich ont supervisé les effets spéciaux pour le film.

La musique :

La musique originale du film est composée par Vangelis, qui vient alors de remporter l’Oscar de la meilleure musique de film pour Les Chariots de feu de Hugh Hudson. Sa composition pour Blade Runner est un mélange de mélodies sombres, de musique classique et de sons futuristes au synthétiseur qui reflètent l’ambiance voulue par Ridley Scott. Scott s’est également entouré du compositeur et pianiste Peter Skellern pour certains arrangements, de Demis Roussos, qui chante le titre Tales of the Future, et de Don Percival, qui interprète « One More Kiss, Dear », chanson inspirée par « If I Didn’t Care » du groupe The Ink Spots. C’est le saxophoniste de jazz Dick Morrisseyn qui joue le solo du « Love Theme ». Un ensemble traditionnel japonais et un harpiste, Gail Laughton ont également participé à l’enregistrement de la musique originale. La chanteuse Mary Hopkin a participé à la bande-son sur « Rachel’s Song » mais cette contribution est absente du film et n’apparaît que sur le disque audio.

Philip K Dick – Do Androïds Dream of Electric Sheep (1968)

Le livre de Philip K. Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? (1968) :

Philip K. Dick était influencé dans son écriture par les fluctuations de son aisance matérielle, de son entourage affectif et de son état psychique ; c’est ce qu’il nous confie dans une interview évoquant le livre qui a inspiré Blade Runner.

« Ce livre a été écrit alors que je connaissais une période de stabilité exceptionnelle. Nancy et moi avions une maison, un enfant et pas mal d’argent. Tout allait bien. À ce moment-là, j’opposais la chaleur de Nancy et la froideur des gens que j’avais connus auparavant. Je commençais à élaborer ma théorie de l’humain contre l’androïde, cet humanoïde bipède qui n’est pas d’essence humaine. Nancy m’avait révélé pour la première fois quel pouvait être le portrait d’un être humain vrai : tendre, aimant, vulnérable. Et je commençais donc à opposer cela à la façon dont j’avais grandi et été élevé. »

En 1992, la Terre a été dévastée par une guerre nucléaire et n’est plus habitée que par les rares humains qui ont choisi de ne pas émigrer sur Mars. Dans ce monde dévasté, les gens essaient d’oublier le vide de leur existence où cherchent à tout prix un lien d’empathie. Aussi, laisse-t-on allumé son poste de TV en permanence, regardant l’émission de variété de l’ami Wilbur Buster, présentateur toujours impeccable, toujours frais et jovial, ayant toujours quelque chose à dire, inépuisable et pourtant jamais ennuyeux apparemment. Par ailleurs, le mercerisme est une religion où l’individu cherche à ressentir la « Passion » d’un nouveau Christ, appelé Mercer, par le biais d’un appareil appelé boîte à empathie. Lorsqu’on y est connecté, l’on ressent violemment, jusqu’à en être physiquement affecté, le chemin de croix de Mercer, brutalisé et lapidé.

Par ailleurs, la plupart des espèces animales ont disparu dans le cataclysme si bien que leur simple possession est devenue, non seulement un signe de richesse, mais aussi un signe d’empathie, érigée en qualité absolue et réelle source de bien-être pour des Terriens vivant isolés.

Rick Deckard est l’un de ces hommes qui continuent à vivre sur Terre. Chasseur d’androïdes à San Francisco, il rêve de remplacer son mouton électrique par un vrai. Aussi, lorsque son supérieur lui apprend que des androïdes Nexus 6 se sont illégalement enfuis de Mars vers la Terre, il espère aussitôt que la récompense offerte pour leur capture va lui permettre de réaliser son rêve.

À l’aide du test de Voigt-Kampff, basé sur l’empathie, dont les androïdes sont censés être dépourvus, Rick Deckard entreprend alors de démasquer les androïdes fugitifs. Il se rend tout d’abord chez Rosen, le fabricant des androïdes Nexus 6, qui ne croit pas en l’efficacité du test de Voigt-Kampff. Afin de mettre celui-ci en défaut, il demande à Rick Deckard de réaliser le test sur sa nièce, Rachel Rosen. En réalité cette dernière n’est autre qu’un modèle « Nexus 6 », mais Deckard découvre la supercherie grâce à son expérience. Pourtant, il ne retire aucune satisfaction personnelle de cet épisode et s’interroge en voyant la détresse de Rachel. Peu après, celle-ci s’offre à lui, car elle espère, de même que son oncle, que Rick ne pourra plus ainsi tuer d’androïde et qu’il ne s’opposera donc plus au développement de la firme…

Voir sur YouTube : « BLADE RUNNER [The Final Cut] – Bande Annonce Offcielle (VOST) – Harrison Ford / Ridley Scott » par Warner Bros. France

Film – Tykho Moon (1996)

L’histoire :

Dans le futur, quelque part sur la Lune, existe une colonie de deux millions d’humains, confinés dans une cité qui est la réplique d’un Paris délabré et poussiéreux protégé du vide par un dôme. Le Dictateur Mac Bee (Michel Piccoli) règne d’une main de fer sur la ville. Un étrange mal le ronge, lui et sa descendance, les condamnant à une mort certaine. Leur seul espoir, retrouver Anikst Vsoloko alias Tyko Moon (Johan Leysen), le mystérieux donneur potentiel dont les cellules cérébrales peuvent enrayer cette maladie. Malgré les efforts de son chirurgien personnel pour le guérir, cette affection grave qui se manifeste par des tâches cutanées bleues fait peu à peu basculer MacBee de la paranoïa à la schizophrénie. Le Dictateur lance ses troupes à la recherche de Tykho Moon, mais c’est sans compter sur les tueurs implacables qui veulent décimer les MacBee…

Le film :

Le deuxième film d’Enki Bilal après Bunker palace hotel, réalisé sept ans plus tôt, reflète avec talent son univers paradoxalement onirique et kafkaïen. Les prises de vue sont superbes et les décors collent parfaitement à ses BD. Il nous dévoile d’ailleurs ici autant ses talents de cinéaste que de plasticien. Avec bonheur, il pallie à l’absence d’effets spéciaux par la suggestion d’ambiances et réussit à rendre la Lune omniprésente sans la montrer, d’ailleurs cela fonctionne bien puisque pas une fois on ne se sent sur notre planète. Le film est bercé par la mélodie de « Mister Sun » interprété sensuellement par Brigitte Bardot. Les acteurs ont du talent et leur jeu se combine à merveille : Michel Piccoli en dictateur dégénéré, Jean-Louis Trintignan en chirurgien psychopathe, Johan Leysen en artiste amnésique amoureux de la belle et pâle July Delpy qui a un rôle de tueuse, et avec qui il échange des dialogues parfois étonnants (« la sculpture, ça fait mal aux mains, mais ça soulage la tête », ou bien, « je n’ai gardé qu’une toile, un auto-portrait que j’ai donné à un ami. C’est très ressemblant, ça ne ressemble à rien » ou bien encore « j’aime bien comme vous êtes, vous dites n’importe quoi »). Il y a aussi Richard Bohringer, en tueur philosophe qui règle leur compte aux MacBee et Marie Laforêt, en femme de dictateur qui se révèle avoir aidé le héros à échapper à la mort 20 ans plus tôt, alors que son mari voulait l’utiliser comme réservoir de cellules et banque d’organes pour sa survie.

Extrait du scénario du film tiré du livre d’Enki Bilal : Scénario d’un film (Chistian Desbois Edition, 1996) : La scène de début.

« Un homme, Anikst Vsoloko, frappe sur une sculpture. Il est torse nu et couvert de poussière. Le bas de son visage est enroulé dans un foulard. On découvre le lieu dans lequel il se trouve ; une catacombe de pierres grises, grande, fruste, dépourvue de meubles à l’exception d’un fauteuil et d’un grand lit. Des livres traînent un peu partout. Une grosse bombonne d’oxygène repose sur le sol. Anikst continue de frapper. Mais la pierre est trop dure. Il reçoit un éclat sur la joue et porte la main sur son visage. Un mince filet de sang coule sur sa peau. Il abandonne ses outils et s’assied sur le bord de son lit. Il prend un coton, de l’alcool et nettoie la plaie sur sa joue. Il colle dessus un bout de sparadrap. Il se relève et appuie machinalement sur son magnétoscope relié à un antique poste TV. Les paysages du générique se remettent à défiler.  Anikst sort du champs. Les coups reprennent, faisant trembler le téléviseur ».

Voir sur Dailymotion : « Tykho Moon » par bande annonce film

https://www.dailymotion.com/video/x2js9ff_tykho-moon_shortfilms

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