Film – Tykho Moon (1996)

L’histoire :

Dans le futur, quelque part sur la Lune, existe une colonie de deux millions d’humains, confinés dans une cité qui est la réplique d’un Paris délabré et poussiéreux protégé du vide par un dôme. Le Dictateur Mac Bee (Michel Piccoli) règne d’une main de fer sur la ville. Un étrange mal le ronge, lui et sa descendance, les condamnant à une mort certaine. Leur seul espoir, retrouver Anikst Vsoloko alias Tyko Moon (Johan Leysen), le mystérieux donneur potentiel dont les cellules cérébrales peuvent enrayer cette maladie. Malgré les efforts de son chirurgien personnel pour le guérir, cette affection grave qui se manifeste par des tâches cutanées bleues fait peu à peu basculer MacBee de la paranoïa à la schizophrénie. Le Dictateur lance ses troupes à la recherche de Tykho Moon, mais c’est sans compter sur les tueurs implacables qui veulent décimer les MacBee…

Le film :

Le deuxième film d’Enki Bilal après Bunker palace hotel, réalisé sept ans plus tôt, reflète avec talent son univers paradoxalement onirique et kafkaïen. Les prises de vue sont superbes et les décors collent parfaitement à ses BD. Il nous dévoile d’ailleurs ici autant ses talents de cinéaste que de plasticien. Avec bonheur, il pallie à l’absence d’effets spéciaux par la suggestion d’ambiances et réussit à rendre la Lune omniprésente sans la montrer, d’ailleurs cela fonctionne bien puisque pas une fois on ne se sent sur notre planète. Le film est bercé par la mélodie de “Mister Sun” interprété sensuellement par Brigitte Bardot. Les acteurs ont du talent et leur jeu se combine à merveille : Michel Piccoli en dictateur dégénéré, Jean-Louis Trintignan en chirurgien psychopathe, Johan Leysen en artiste amnésique amoureux de la belle et pâle July Delpy qui a un rôle de tueuse, et avec qui il échange des dialogues parfois étonnants (“la sculpture, ça fait mal aux mains, mais ça soulage la tête”, ou bien, “je n’ai gardé qu’une toile, un auto-portrait que j’ai donné à un ami. C’est très ressemblant, ça ne ressemble à rien” ou bien encore “j’aime bien comme vous êtes, vous dites n’importe quoi”). Il y a aussi Richard Bohringer, en tueur philosophe qui règle leur compte aux MacBee et Marie Laforêt, en femme de dictateur qui se révèle avoir aidé le héros à échapper à la mort 20 ans plus tôt, alors que son mari voulait l’utiliser comme réservoir de cellules et banque d’organes pour sa survie.

Extrait du scénario du film tiré du livre d’Enki Bilal : Scénario d’un film (Chistian Desbois Edition, 1996) : La scène de début.

“Un homme, Anikst Vsoloko, frappe sur une sculpture. Il est torse nu et couvert de poussière. Le bas de son visage est enroulé dans un foulard. On découvre le lieu dans lequel il se trouve ; une catacombe de pierres grises, grande, fruste, dépourvue de meubles à l’exception d’un fauteuil et d’un grand lit. Des livres traînent un peu partout. Une grosse bombonne d’oxygène repose sur le sol. Anikst continue de frapper. Mais la pierre est trop dure. Il reçoit un éclat sur la joue et porte la main sur son visage. Un mince filet de sang coule sur sa peau. Il abandonne ses outils et s’assied sur le bord de son lit. Il prend un coton, de l’alcool et nettoie la plaie sur sa joue. Il colle dessus un bout de sparadrap. Il se relève et appuie machinalement sur son magnétoscope relié à un antique poste TV. Les paysages du générique se remettent à défiler.  Anikst sort du champs. Les coups reprennent, faisant trembler le téléviseur”.

Voir sur Dailymotion : “Tykho Moon” par bande annonce film

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