Album – Barclay James Harvest – Best of (1991)

En 1966, deux groupes locaux de Rythm’n’blues situés à Oldham, en Angleterre, fusionnent pour former The Blues Keepers. Grâce au parrainage d’un homme d’affaires local (qui est aussi leur producteur) ils louent une ferme du XVIIIe siècle dans le Lancashire où ils répètent intensivement, et évoluent vers le rock progressif, surfant sur le phénomène musical du moment. En devenant professionnel, le nom Barclay James Harvest (BJH) est  adopté ; le groupe comprend : John Lees (guitares, voix), Les Holroyd (basse, guitare rythmique, voix), Stuart « Woolly » Wolstenholme (claviers, chant) et Mel Pritchard (batterie).

Après avoir sorti leur premier single en avril 1968, le groupe rejoint le légendaire label progressif Harvest, filiale d’EMI, élargissant rapidement leurs horizons musicaux, principalement en expérimentant des structures de chansons et des orchestrations plus évolutives. Au début, il s’agissait de l’utilisation de bois, de cordes et de cuivres avant d’acquérir un Mellotron (instrument de musique polyphonique à clavier fonctionnant comme un échantillonneur, chaque note du clavier contrôlant directement la lecture d’une petite bande magnétique contenant l’enregistrement à restituer. Il a été largement utilisé dans les années 1960 et 1970, notamment par les formations de rock progressif), mais au moment de la sortie de leur premier album «Barclay James Harvest» en 1970, ils employaient un orchestre, le grandiose Orchestre Barclay James Harvest Symphony dirigé par Robert Godfray.

Bien que produisant une partie de leur meilleur travail mélodique à cette époque, l’orchestre s’avère trop coûteux et malheureusement les ventes ne sont pas au rendez-vous. La tournée de promotion est un fiasco de même que les 3 albums qui vont suivre Once Again, Short Stories et Baby James Harvest, aussi EMI lâche le groupe. Mais en 1973, ils signent chez Polydor et le succès arrive enfin au Royaume-Uni avec des albums comme Everyone Is Everybody Else, Octoberon et Gone to Earth, qui permettent au groupe d’être connu en Allemagne avec des ventes dépassant le million d’exemplaires et aussi en Belgique.

Le succès commercial des années 80 : 

Avec le succès commercial croissant, les structures de leurs chansons se simplifièrent avec des arrangements plus forts. En 1979, Woolstenholme quitta le groupe parce qu’il était devenu désabusé de s’être éloigné des racines du rock Progressif. BJH continue dans les années 1980 avec ses trois autres membres fondateur auxquels viennent se joindre des musiciens de session. À cette époque, BJH fait une percée commerciale en Europe, en particulier en Allemagne où ils font plusieurs concerts historiques en plein air, notamment un gratuit sur les marches du Reichstag le 30 août 1980 à l’occasion de la chute du mur de Berlin devant plusieurs centaines de milliers de fans. Les années 1980 permettent à BJH de devenir superstar en Allemagne, Suisse et France avec une série d’albums d’or et de platine et des tournées affichant complet : Eyes of the Universe, Turn of the Tide, A Concert for the People (Berlin), Ring of Changes et Victims of Circumstance.

Années 90, la scission : 

À la fin des années 80, la popularité du groupe commença à diminuer. Dans les années 90, un procès traumatique et l’élargissement des différences musicales entre les membres du groupe crée une scission. En 1998, les deux auteurs-compositeurs Holroyd et Lees se séparent tout en continuant à travailler sous le parapluie de l’ancien nom du groupe. Ainsi sont nées les deux groupes qui restent aujourd’hui: Barclay James Harvest avec Les Holroys persévère dans le style AOR (Album Oriented Rock) de leur travail ultérieur ; tandis que Barclay James Harvest (JLBJH), de John Lees, est retourné au travail plus orienté Rock Progressif des années 1970, y compris en jouant de nouveau avec Woolly Wolstenholme. Le batteur Mel Pritchard décède en 2004 à l’âge de 56 ans.

Discographie : 

1970 : Barclay James Harvest
1971 : Once Again
1971 : Barclay James Harvest & Other Short Stories
1972 : Early Morning Onwards
1972 : Baby James Harvest
1974 : Everyone Is Everybody Else
1974 : Barclay James Harvest Live
1975 : Time Honoured Ghosts
1976 : Octoberon
1977 : Gone to Earth
1978 : Live Tapes
1978 : XII
1979 : Eyes of the Universe
1981 : Turn of the Tide
1982 : A Concert for the People (Berlin)
1983 : Ring of Changes
1984 : Victims of Circumstance
1987 : Face to Face
1988 : Glasnost
1990 : Welcome to the Show
1991 : Best of BJH
1993 : Caught in the Light
1997 : River of Dreams

Voir sur YouTube : « Barclay James Harvest – Victims of circumstances – Thommys Popshow – 1984 » par PetersPopShow ; « Barclay James Harvest – The Ultimate Anthology (2004) » par john chen

https://www.youtube.com/watch?v=8HAXoxcI3VA

Album – R.E.M. – Out of Time (1991)

Fondé à Athens, Georgie (U.S.A), en 1980, R.E.M. a été l’un des groupes de rock les plus influents des années 80 et du début des années 90, surfant sur la vague des groupes indépendants «alternatifs» qui émergeaient de partout sur la scène pop-rock de cette époque. Les membres du groupe sont le chanteur Michael Stipe (né le 4 janvier 1960), le guitariste Peter Buck (né le 6 décembre 1958), le bassiste Michael Mills (né le 17 décembre 1958) et le batteur Bill Berry (31 juillet 1958). Leur premier LP, Murmur, a été salué par les critiques comme l’un des meilleurs disques de rock de 1983 ; il inclut le hit « Radio Free Europe », qui établira un modèle pour leur carrière. Leur public n’a cessé de croître, leurs albums ont continué sur la lancée du succès en produisant des hits underground et ils ont parcouru les États-Unis en tournée. Dans les années 90, ils étaient des méga-stars à la radio et sur MTV, et Stipe devint une célébrité pop. Berry s’est retiré du groupe en 1997, mais le groupe a continué à enregistrer et à jouer sur scène et les critiques de rock ont ​​continué à faire l’éloge de leur travail jusqu’en 2011, année de leur séparation.

Murmur (1983) : Au cours de l’été 1981, R.E.M. a enregistré son premier single, « Radio Free Europe », au studio Drive-In de Mitch Easter. Sorti sur le label indie local Hib-Tone, « Radio Free Europe » a été pressé à seulement 1.000 exemplaires, mais la plupart de ces singles sont tombés dans les bonnes mains. En raison du fort bouche à oreille, le single est devenu un succès sur la radio de l’université et est arrivé en tête du sondage de fin d’année de The Village Voice sur Best Independent Singles. Le single a également attiré l’attention de grands labels indépendants, et au début de 1982, le groupe avait signé chez I.R.S. Records, qui sortait « Chronic Town » au printemps. Comme le single, Chronic Town a été bien accueilli, ouvrant la voie à l’album de premier plan pour le groupe, Murmur.

Murmur (1983) : Cet album était sensiblement différent de Chronic Town et il fut accueilli avec des commentaires enthousiastes à sa sortie au printemps ; Rolling Stone l’a désigné comme étant le meilleur album de 1983, battant Thriller de Michael Jackson et Synchronicity de Police. Murmur a également élargi l’audience du groupe de manière significative, en entrant dans le Top 40 américain.

Reckoning (1984) : Le groupe revient à un son plus rugueux avec Reckoning. Cet album contient certaines des chansons les plus populaires de R.E.M. parmi lesquelles So. Central Rain (I’m Sorry) et (Don’t Go Back To) Rockville. L’illustration qui figure sur la pochette est le résultat d’une collaboration entre le chanteur Michael Stipe et un artiste de Géorgie Howard Finster. Reckoning se classe 27e dans le classement des meilleurs ventes d’album américain (certifié or en 1991), et devient le premier album de R.E.M. à entrer dans les charts du Royaume-Uni à la 91ème place.

Fables of the Reconstruction (1984) : Le groupe est entré dans un territoire plus sombre avec son troisième album, Fables of the Reconstruction. Enregistré à Londres avec le producteur Joe Boyd, Fables of the Reconstruction correspond à une période difficile dans l’histoire de R.E.M., car le groupe était chargé de tensions provoquées par des tournées sans fin. L’album reflète les humeurs sombres du groupe, ainsi que son obsession pour le Sud rural, et ces deux fascinations ont surgi dans la tournée de soutien. Stipe, dont le comportement sur scène était toujours un peu étrange, entra dans sa phase la plus bizarre, en prenant du poids, se teignant les cheveux en blond décoloré, et portant d’innombrables vêtements superposés. Aucune des nouvelles bizarreries de la personnalité de R.E.M. n’a empêché Fables of the Reconstruction de devenir leur album le plus réussi à ce jour, en vendant près de 300 000 exemplaires aux Etats-Unis.

Lifes Rich Pageant (1986) : R.E.M. a décidé d’enregistrer leur prochain album avec Don Gehman, qui avait précédemment travaillé avec John Mellencamp. « Lifes Rich Pageant » est une vieille expression Anglaise qui signifie « ça fait partie des grandes choses enrichissantes de la Vie ». Lors de sa sortie de fin d’été en 1986, Lifes Rich Pageant a été accueilli avec les commentaires positifs qui était devenus habituels à chaque nouvel album de R.E.M. Cet album a surpassé les ventes de son prédécesseur.

Document (1987) : R.E.M. avaient jeté les bases d’un grand succès, mais ils ont atteint la gloire avec cet album. Document, est devenu un succès peu de temps après sa sortie de l’automne 1987. Produit par Scott Litt – qui produirait tous leurs disques au cours de la prochaine décennie – Document a grimpé dans le Top Ten des États-Unis et est devenu platine grâce au single « The One I Love », qui est également entré dans le Top 10; Il est également devenu leur plus grand hit en Angleterre à ce jour, atteignant le Top 40 britannique. L’année suivante, le groupe a quitté I.R.S. Records, signant avec Warner Bros. pour un montant de six millions de dollars.

Green (1988) : Le premier album sous le nouveau contrat a été Green, est sorti le jour des élections américaines 1988. Green a continué sur la voie du succès de Document, devenant double platine et générant le Top Ten single « Stand ». R.E.M. est partie en tournée internationale pour Green et ils ont joué leurs premiers concerts dans des stades aux États-Unis.

Out of Time (1990) : R.E.M. Revient en 1990 après une pause, pour enregistrer leur septième album, Out of Time, qui sort au printemps de 1991. Out of Time était un album pop et folk luxuriant, bénéficiant d’un éventail plus large de sons que les disques précédents du groupe et qui entra dans les charts américains et britanniques directement à la 1ère place. Son single principal, « Losing My Religion », est devenu le plus grand single du groupe, atteignant la quatrième place aux États-Unis. Puisque les membres du groupe étaient épuisés de la tournée de Green, ils ont choisi de rester à la maison. Néanmoins, Out of Time est devenu le plus célèbre album du groupe, se vendant à plus de quatre millions d’exemplaires aux États-Unis et passant deux semaines au sommet des charts. Le second single de l’album, Shiny Happy People (sur lequel chante aussi Kate Pierson du groupe originaire d’Athens B-52’s), fut aussi un gros tube, atteignant la dixième place aux États-Unis et la sixième au Royaume-Uni. Out of Time offre à R.E.M. sept nominations lors des Grammy Awards de 1992, le plus grand nombre de nominations pour un seul groupe cette année-là.

Automatic for the People (1991) : R.E.M. retourne en studio en 1991 pour enregistrer l’album Automatic for the People qui est plus tortueux et  introspectif que le précédent. L’album évoque les thèmes de la mort et du deuil. Plusieurs chansons contiennent des arrangements de cordes écrits par le bassiste de Led Zeppelin John Paul Jones. Considéré par de nombreux critiques (ainsi que par Buck et Mills) comme le meilleur album du groupe, Automatic for the People se classe no 1 au Royaume-Uni et no 2 aux États-Unis. Il donne trois nouveaux tubes dans le top 40 américain : « Drive », « Man on the Moon » et « Everybody Hurts ». L’album s’est vendu à près de dix millions d’exemplaires dans le monde.

Monster (1994) : Monster se hisse au sommet des classements de vente d’albums aux États-Unis et au Royaume-Uni et se vend à près de neuf millions d’exemplaires dans le monde. Les singles « What’s the Frequency, Kenneth? » et « Bang and Blame » sont les derniers succès du groupe à entrer dans le Top 40 américain, alors que tous les singles tirés de Monster – y compris « Crush With Eyeliner » et « Tongue » sortis seulement au Royaume-Uni – se placent dans le Top 30 britannique.

New Adventures in Hi-Fi (1996) : R.E.M. signe à nouveau chez Warner Bros. Records en 1996 pour une somme de 80 millions de dollars cette fois, ce qui en fait le plus gros contrat de l’industrie musicale de l’époque. L’album de 1996, New Adventures in Hi-Fi commence par se classer N°2 aux États-Unis et N°1 au Royaume-Uni. Les cinq millions d’exemplaires vendus dans le monde montrent que la tendance du succès commercial du groupe est en train de s’inverser par rapport aux années précédentes.

La séparation : 

Le 21 septembre 2011, le groupe fait savoir officiellement sur son site qu’il se sépare. Cette séparation intervient quelques semaines seulement après la sortie de leur dernier album Collapse into Now, après 31 ans de carrière. L’annonce officielle de la séparation de R.E.M. se conclut sur un communiqué de la Warner Bros : « R.E.M. est unique dans le sens où il s’agit toujours du groupe d’amis d’Athens, en Géorgie, qu’ils étaient depuis la formation du groupe en 1979. Au long de leur carrière, qui regroupe quinze albums studios et un immense succès planétaire, le groupe en lui-même n’a jamais été composé que de ses quatre membres originels ».

« La seule personne à avoir quitté ce groupe soudé a été le batteur Bill Berry, qui est parti deux ans après une rupture d’anévrisme survenue sur scène en 1995 pendant la tournée ‘Monster’. Mais il n’est pas parti sans avoir obtenu la promesse du groupe qu’ils resteraient R.E.M. ‘Bill avait insisté pour rester, si son départ signifiait la fin du groupe’, se souvient Michael Stipe. »

Discographie: 

1983 : Murmur
1984 : Reckoning
1985 : Fables of the Reconstruction
1986 : Lifes Rich Pageant
1987 : Document
1988 : Green
1991 : Out of Time
1992 : Automatic for the People
1994 : Monster
1996 : New Adventures in Hi-Fi
1998 : Up
2001 : Reveal
2004 : Around the Sun
2008 : Accelerate
2011 : Collapse into Now

Voir sur YouTube : « R.E.M. – Losing My Religion (Official Music Video) » et « R.E.M. – Shiny Happy People (Official Music Video) » par remhq « R.E.M. – The One I Love » par emimusic ; « R.E.M. Man On the Moon » par StephenQdoo 

Album – Simple Minds – Real Life (1991)

Simple Minds est un des groupes de pop-rock/new wave les plus prospères du Royaume-Uni. Six de ses albums sont devenus Numéro un en Grande-Bretagne et ils ont atteint le sommet des charts dans d’innombrables autres territoires, dont l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Espagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Voici ce que dit Jim Kerr en parlant de son groupe : « L’une des choses dont je suis le plus fier, c’est quand les gens se demandent quels sont les thèmes abordés par Simple Minds. L’avant-garde, l’art-rock, la pop, l’ambiance, le groupe instrumental, la politique, le folk, le groupe de scène ou de stade? Nous avons fait un voyage infernal. Jouer tous ces styles différents, mais en même temps être quintessentiellement Simple Minds est une chose étonnante ».

Les débuts du groupe :

A la base du groupe, deux copains de classe, Jim Kerr, chanteur (né le 9 juillet 1959 à Glasgow) et Charlie Burchill, guitariste (né le 27 novembre 1959 à Glasgow). Ils ont fait leurs armes dans le punk avec Johnny & The Self Abusers à Glasgow à la fin des années 1970 ; les Self Abusers se sont dissous rapidement, et par la suite Kerr et Burchill ont parcouru l’Europe en auto-stop comme musiciens de rue ; voilà comment l’histoire de Simple Minds a commencé.

Avec un nom tiré des paroles de « The Jean Genie » de David Bowie, la formation originale de Simple Minds est composée de Jim Kerr (chant), Charlie Burchill (guitare), Derek Forbes (basse), Mick McNeil ) et Brian McGee (batterie). Suite à l’échec commercial de leur premier album, Life in a Day en 1979, le groupe s’est fortement inspiré de Roxy Music, Kraftwerk et de David Bowie pour faire leur prochain album Real to Real Cacophony.

Le troisième album du groupe, Empires and Dance avec son influence d’Eurodance a attiré l’attention de Peter Gabriel qui les a emmenés en tournée avec lui en 1980.

« Love Song », sorti en 1981, a été leur premier frémissement de succès dans les charts de singles. L’album Sons and Fascination qui a suivi est sorti simultanément avec un deuxième album, Sister Feelings Call, atteignant la 11ème place dans les charts britanniques.

L’arrivée du succès :

Après une tournée intense, le batteur Brian McGee quitte le groupe et est remplacé par Mel Gaynor. New Gold Dream (81-82-83-84) sort en Septembre 1982 et s’avère être l’album qui les a fait connaître, atteignant la 3ème place dans les charts. « Promised You A Miracle » fut leur premier single à entrer au top 20.

Sparkle in the Rain (1984) est devenu rapidement N°1, et Simple Minds s’est retrouvé à jouer dans des salles et des stades remplis en tournée à travers le monde. Leurs singles «Waterfront/Hunter & Hunted», «Speed ​​Your Love To Me» et «Don’t You Forget About Me» ont tous atteint le top 20, ce dernier devenant numéro 7 au Royaume-Uni et numéro 1 en Amérique grâce à son inclusion dans le film The Breakfast Club. Derek Forbes quitte le groupe peu de temps après.

Au milieu et à la fin des années 80, Simple Minds a connu un succès encore plus grand avec Once Upon a Time. Leur quatrième album consécutif a être classé dans le top fut Street Fighting Years en 1989, suivi de leur seul numéro un, «Belfast Child». La tournée du groupe s’est poursuivie dans le monde entier, en jouant régulièrement des concerts pour Amnesty International. Mais en dépit de la renommée et de la fortune, le groupe était au point de rupture et Michael MacNeil est parti.

Real Life (1991) : le neuvième album de studio du groupe de rock écossais Simple Minds est sorti en avril 1991. C’était le premier album de Simple Minds enregistré sans Mick MacNeil, qui a quitté le groupe après la tournée précédente en 1990. Les membres du groupe ne sont plus que Jim Kerr, Charlie Burchill et Mel Gaynor, le reste de la formation étant des musiciens de session. L’album a atteint la 2ème place au Royaume-Uni, et la 74ème aux États-Unis. Quatre singles de l’album ont été classés au Top 40 au Royaume-Uni, y compris le Top 10 hit « Let There Be Love ». Aux États-Unis, « See The Lights » est entré au Top 40. Plusieurs chansons sont des remaniements de matériel plus ancien ou ont été retravaillés dans de nouvelles chansons sur les versions ultérieures : «Let the Children Speak» est basé sur le thème instrumental de «Thème for Great Cities» tiré de Sister Feelings Call. Une version réenregistrée de ce morceau, appelée « Theme for Great Cities ’91 » apparaissait en face B du single « See the Lights ». « Traveling Man » a une certaine ressemblance avec la chanson de 1983 « Waterfront » de l’album Sparkle in the Rain. 

1998 a vu le bref retour de Derek Forbes et la sortie de Neapolis, considéré par certains à l’époque comme un retour aux sources. Après une compilation mise à jour des plus grands succès et la sortie de Neon Lights, Simple Minds se ressource en sortant Cry en 2002. Kerr et Burchill recrutent de nouveaux membres qui sont maintenant permanents, Eddy Duffy (basse) et Andy Gillespie (claviers) et Mel Gaynor revient à la batterie.

Simple Minds revient en septembre 2005 avec un nouvel album baptisé Black & White 050505. Simple Minds semble revigoré et l’accueil critique est favorable. Cet album souligne plusieurs retours dont celui en studio de Mel Gaynor à la batterie, de l’ingénieur Bob Clearmountain au mixage, et le retour du groupe dans le Top 40 britannique.

L’album suivant, Graffiti Soul, sort en mai 2009, et se veut résolument plus rock et énergique. Ce disque permet au groupe de renouer avec le succès dans les charts et auprès du public (comme en témoignent les tournées 2009/2010) ; se classant directement 10e au Royaume-Uni, dès sa sortie. Graffiti Soul marque ainsi le retour des Simple Minds dans le Top 10 britannique après plus de quatorze ans d’absence. Durant la tournée promotionnelle qui l’accompagne, Eddie Duffy est remplacé par Ged Grimes. Ce dernier devient ainsi le sixième bassiste officiel de la formation.

Après une nouvelle compilation parue en 2013, Celebrate, le groupe revient à l’automne 2014 avec un nouvel album studio intitulé Big Music qui reçoit un bon accueil critique et est classé au Top 20 dans plusieurs pays, dont au Royaume-Uni.

Discographie :

1979 Life in a Day
1979 Real to Real Cacophony
1980 Empires and Dance
1981 Sons and Fascination
1981 Sister Feelings Call
1982 New Gold Dream (81,82,83,84)
1983 Sparkle in the Rain
1985 Once Upon a Time
1987 Live in the City of Light
1989 Street Fighting Years
1991 Real Life
1995 Good News from the Next World
1998 Néapolis
1999 Our Secrets Are the Same
2001 Neon Lights (album de reprises)
2002 Cry
2005 Black & White 050505
2009 Graffiti Soul
2014 Big Music

Voir sur YouTube : « Simple Minds – Let There Be Love » ; « Simple Minds – Don’t You (Forget About Me) » ; « Simple Minds – Alive And Kicking » par SimpleMindsVEVO et « Simple Minds – Big Music » par Reborninoktober

https://www.youtube.com/watch?v=POK-JDPsR2U

Album – Starship – Greatest Hits (1991)

Starship est un groupe de rock américain fondé en 1984. Bien qu’il soit issu du Jefferson Starship, lui-même formé au début des années 1970 par d’anciens membres du groupe culte Jefferson Airplane, des modifications d’orientation dans la direction musicale, le départ de certains membres clés de Jefferson Starship et un changement de nom forcé suite à un procès l’ont finalement amené à devenir une entité distincte du groupe original.

Les débuts :

En juin 1984, Paul Kantner, le dernier membre fondateur de Jefferson Airplane encore présent hormis Grace Slick, quitte le groupe et entame des poursuites judiciaires contre les autres musiciens de la formation. Kantner accepte de signer un accord et ratifie une entente selon laquelle aucune des parties n’utiliserait les noms « Jefferson » ou « Starship » à moins que tous les membres de Jefferson Airplane : (à savoir : Bill Thompson, Paul Kantner, Grace Slick, Jorma Kaukonen et Jack Casady) ne soient d’accord. Le groupe a brièvement changé son nom pour « Starship Jefferson » pendant que les procédures légales se déroulaient, avant de prendre le nom raccourci « Starship ». David Freiberg était resté avec le groupe après le procès et assistait aux premières séances de studio pour le prochain album. Mais il fut frustré car, dans le studio d’enregistrement, les claviers n’était jouées que par Peter Wolf ; aussi il quitta lui aussi le groupe et le prochain album fut terminé avec les cinq membres restants, la chanteuse Grace Slick, le chanteur Mickey Thomas, le guitariste Craig Chaquiço, le bassiste Pete Sears, et le batteur Donny Baldwin. En 1984, Gabriel Katona rejoindra le groupe pour jouer des claviers et du saxophone pour la tournée de 1986.

Knee Deep in the Hoopla (1985) : Leur premier album sort en Septembre 1985 et obtient deux hits numéro un. Le premier est « We Built This City », le second est «Sara». L’album lui-même atteint la 7ème place dans les charts, et obtient le statut de platine. Finalement, deux singles supplémentaires en sont extraits, à savoir : « Tomorrow Does’nt Matter Tonight » (classé 26ème), et « Before I Go » (classé 68ème). Le groupe n’avait pas eu de numéro un classé dans les Hit Parades depuis que Jefferson Starship avait sorti l’album Red Octopus en 1975.

No Protection (1987) : En 1986, le groupe enregistre « Cut You Down to Size » pour le film Youngblood. Au moment où les séances d’enregistrement pour No Protection ont commencé, le bassiste Pete Sears quitte le groupe pour jouer des claviers avec les anciens membres du Jefferson Aiplane Jorma Kaukonen et Jack Casady des Hot Tuna avec qui il restera pendant neuf ans. Au début de 1987, le single « Nothing’s Gonna Stop Us Now » est présenté dans le film Mannequin et devient N ° 1. À cette époque, la chanson permet à Grace Slick, la chanteuse, d’être classée numéro 1 au Billboard Hot 100 à l’âge de 47 ans (elle sera détrônée par Cher en 1999, qui à 52 ans, fera rayonner son tube «Believe» dans le monde entier). No Protection sort en 1987, dont sont extraits également les singles «It’s Not Over» (n ° 9), et «Beat Patrol» (n° 46). « Wild Again » (qui a atteint le n ° 73 sur le Billboard singles chart) a également été utilisé dans le film Cocktail. La dernière chanson de l’album, « Set the Night to Music », deviendra plus tard un hit en 1991, ré-enregistrée en duo par Roberta Flack et Maxi Priest. Après l’achèvement des sessions album en 1987, Brett Bloomfield remplace Pete Sears et Mark Morgan rejoint le groupe pour jouer les claviers.

Grace Slick quitte Starship en 1988, rejoignant Jefferson Airplane pour un album et une tournée en 1989, avant d’annoncer qu’elle se retirait de la musique. Comme Kantner, Sears et Freiberg avaient quitté le groupe, tous les membres nouveaux et restants étaient plus d’une décennie plus jeune qu’elle.

Love Among the Cannibals (1989) Avec Mickey Thomas comme seul chanteur, le groupe remanié sort Love Among the Cannibals en août 1989 et part en tournée pour soutenir l’album ; les chanteuses Christina Marie Saxton et Melisa Kary sont recrutées pour combler le vide laissé par le départ de Grace Slick. Le 24 septembre 1989, alors que le groupe était à Scranton, en Pennsylvanie, pour un spectacle, Donny Baldwin et Mickey Thomas se battent. Thomas est grièvement blessé et Baldwin est exclus du groupe. Dès que Tomas est rétabli, le groupe repart en tournée. Kenny Stavropoulos devient le nouveau batteur du groupe. L’album ne marche pas et Thomas attribue le manque de succès commercial du dernier album à l’interruption de la tournée, entre autres facteurs. Cependant, Cannibals reste son album préféré.

Greatest Hits (Ten Years and Change 1979-1991) : Au début de l’année suivante, RCA sort une compilation de Starship (Greatest Hits (Ten Years and Change 1979-1991), avec deux nouvelles chansons, l’une avec Thomas et Chaquico (avant Craig) et l’autre avec Thomas. Pendant une brève période, on a pensé que Mickey Thomas continuerait Starship, mais le manager Bill Thompson a alors décidé que c’était fini et que le groupe ne sortirait plus d’albums.

Loveless Fascination (2013) : En novembre 2010, Mickey Thomas annonce sur son site Web qu’un nouvel album de Starship, Loveless Fascination, sortirait l’été ou l’automne 2011. L’album est finalement lancé le 17 septembre 2013.

Discographie de Starship : 

1985 : Knee Deep in the Hoopla (Classement Top U.S. N°7)
1987 : No Protection (N°1)
1989 : Love Among the Cannibals
1989 : Greatest Hits (Ten Years and Change 1979-1991)
2013 : Loveless Fascination

Jefferson Airplane :

Formé en 1965 à San Francisco par Maty Balin, le Jefferson Airplane est l’un des groupes majeurs de la côte ouest des U.S.A. avec le Grateful Dead. Dès son deuxième album, la formation se stabilise et comprend : Marty Balin et Grace Slick au chant, Paul Kantner au chant et à la guitare, Jorma Kaukonen à la guitare, Jack Casady à la basse et Spencer Dryden à la batterie. Le succès viendra très vite, en Californie surtout, mais aussi dans le reste des U.S.A., grâce à deux hits : « White Rabbit » et « Somebody to Love ». A partir de 1970, des tensions interne commenceront à se manifester, le leadership passant insensiblement de Marty Balin au couple formé par Paul Kantner et Grace Slick. Marty Balin quittera alors le groupe après l’enregistrement de Volunteers en 1969. Jefferson Airplane sera introduit au Rock & Roll Hall of Fame en 1996.

Discographie de Jefferson Airplane :

1966 : Jefferson Airplane Takes Off
1967 : Surrealistic Pillow
1967 : After Bathing at Baxter’s
1968 : Crown of Creation
1969 : Volunteers
1971 : Bark
1972 : Long John Silver
1989 : Jefferson Airplane

Jefferson Starship :

En 1970, l’album Blows Against the Empire est enregistré sous le nom de Paul Kantner and the Jefferson Strarship, trois ans avant la création officielle du groupe avec notamment David Crosby et Graham Nash, Jerry Garcia (guitariste du Grateful Dead) et Peter Kaukonen. C’est un album concept aux intentions politiques exprimées de manière plus détournée que dans Volunteers. Il contient l’essentiel des idées que le duo Kantner/Slick développera plus tard au cours d’une fructueuse carrière avec le Jefferson Starship. Blows Against the Empire est l’un des nombreux albums que Paul Kantner et Gace Slick enregistreront ensemble ou séparément, pendant la période troublée que traversa le Jefferson Airplane après le départ de Maty Balin. De leur côté, Jorma Kaukonen et Jack Casady jouaient de plus en plus avec le célèbre groupe de Blues Rock Hot Tuna. Enfin, ils se réunirent définitivement au sein de Jefferson Starship qui vit même le retour de Marty Balin, entre autres musiciens. Le Jefferson Starship a atteint par la suite des sommets dans les Hits Américains, grâce à une musique souple et limpide travaillée à l’extrême, notamment en 1975, avec l’album Red Octopus qui deviendra plusieurs fois disque de platine notamment grâce à la ballade travaillée de Balin, « Miracles » et avec les deux albums suivants, Spitfire (1976) et Earth (1978) qui eurent également beaucoup de succès.

Discographie de Jefferson Starship :

1974 : Dragon Fly (Classement Top U.S. N°11)
1975 : Red Octopus (N°1)
1976 : Spitfire (N°3)
1978 : Earth (N°5)
1979 : Freedom at Point Zero (N°10)
1981 : Modern Times (N°26)
1982 : Winds of Change (N°26)
1984 : Nuclear Furniture (N°28)
1995 : Deep Space / Virgin Sky
1999 : Windows of Heaven
2001 : Across the Sea of Suns
2008 : Jefferson’s Tree of Liberty
2014 : Soiled Dove

Voir sur YouTube : « Starship – Nothing’s Gonna Stop Us Now » ; « Starship – We Built This City » et « Jefferson Starship – Find Your Way Back » par StarshipVEVO

 

Disques (Coffrets) – Léo Ferré 1960-1967 (1980) & Léo Ferré 1968-1974 (1980)

Léo Ferré (1916-1993) est un auteur-compositeur-interprète, pianiste et poète franco-monégasque. Ayant réalisé plus d’une quarantaine d’albums originaux couvrant une période d’activité de 46 ans, Léo Ferré est à ce jour le plus prolifique auteur-compositeur-interprète de la chanson française. D’une culture musicale classique, il dirige à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, en public ou à l’occasion d’enregistrements discographiques. Léo Ferré se revendiquait anarchiste ; ce courant de pensée inspire grandement son œuvre.

Léo Ferré est né à Monaco en 1916 où il grandit très entouré dans une famille bourgeoise. Mais cette enfance harmonieuse est brisée lorsque son père l’envoie en pensionnat au collège Saint-Charles de Bordighera tenu par les Frères des Écoles chrétiennes, en Italie. En 1935, il va à Paris pour y faire des études de droit et Sciences Po (section administrative). Peu intéressé par les évènements politiques et leurs enjeux, il peaufine son apprentissage du piano en complet autodidacte en même temps qu’il mûrit son rapport à l’écriture. Il obtient son diplôme juste avant que la guerre l’amène sous les drapeaux. Il est affecté dans l’infanterie et, en mai 1940, devient aspirant à la tête de tirailleurs algériens. Sa vocation de compositeur s’affirme après sa démobilisation en août 1940.

Les débuts :

A Monaco, il rencontre Piaf qui lui conseille de tenter sa chance à Paris. En 1946, il joue au « Boeuf sur le toit » et signe son premier contrat. Commence alors l’époque de Saint-Germain avec Greco, Vian, Sartre, Queneau…, il joue au « Quod Libet », aux « Trois Maillets »… En 1950, il enregistre son premier disque La Vie d’artiste. Mais c’est la chanson « Paris canaille », qui sera son premier tube. En 1953, Il signe chez Odéon, et s’attaque à l’adaptation des poèmes d’Apollinaire, vaste poème de Guillaume Apollinaire, dont le recueil Alcools exerce une influence majeure sur sa propre écriture poétique. C’est enfin le triomphe avec « La Chanson du mal aimé » et « Poète… vos papiers ».

En 1958, il poursuit ses adaptations de poésie avec Baudelaire et Aragon. Il signe aux éditions Barclay.

Les années Barclay (1960-1968) :

En 1960 Léo Ferré rejoint le label florissant d’Eddie Barclay. À l’instar d’un Georges Brassens ou d’un Jacques Brel, Léo Ferré est à présent considéré comme «un grand de la chanson française» et du music-hall, où il maîtrise ses effets. Mettant entre parenthèses les expériences musicales de la précédente décennie, il emploie son énergie et sa verve prolixe à la chanson. Jean-Michel Defaye son orchestrateur, crée le «son Ferré» caractéristique de cette première époque Barclay et donne durant dix ans une cohésion musicale aux créations du poète.

Paname (1960) : (La première publication de Ferré chez Barclay n’est pas son album sur les poésies d’Aragon, prêt depuis 1959, mais un album de chansons se voulant accrocheuses et populaires, selon le souhait d’Eddie Barclay. Intitulé Paname, ce 33 tours 25 cm vaut à l’artiste de remporter de nouveaux succès avec les chansons « Paname » et « Jolie môme » (parallèlement interprétée par Juliette Gréco). Ferré y prolonge sa collaboration avec son ami Jean-Roger Caussimon (Comme à Ostende) et met aussi en musique l’éditeur et écrivain Pierre Seghers (Merde à Vauban), entre autres. L’album paraît à la fin de l’année 1960.

Les Chansons d’Aragon (1961) : Ferré enregistre dans la foulée Les Chansons d’Aragon, en janvier 1961. Ce disque fait date et va s’imposer assez rapidement comme une référence incontournable dans le monde de la chanson. Pour son nouvel album 25 cm sur ses propres textes, Léo Ferré se montre très offensif : « Mon général, Regardez-les » (texte de Francis Claude), « La gueuse », « Pacific Blues », « Les rupins », « Miss Guéguerre », « Thank you Satan », « Les 400 coups ». Le disque est gravé et pressé, mais ne sortira jamais sous cette forme. Plusieurs chansons sont interdites d’antenne ; à cette censure officielle s’ajoute la censure interne de sa maison de disques. Plusieurs chansons sont récupérées en Super 45 tours. Tour à tour, Léo Ferré se fait sarcastique, mordant, moqueur, (« Les rupins », « Les Parisiens »), antimilitariste (« Miss guéguerre »), ironique et sexiste (« Les femmes »), tendre (« Nous deux », « Les chéris », « L’amour »), romantique (« Vingt ans »), anarchiste vitupérant son époque (« Les temps difficiles », « Les 400 coups »).

« Thank you Satan » est une chanson libertaire emblématique de Léo Ferré, publiée en 1961 sur le super 45 tours Les Chansons interdites de Léo Ferré. Elle est interprétée sur scène par Ferré dans son récital à l’Alhambra de Paris, capté et publié la même année sur disque. Sa chute, telle une prémonition, clôt, (provisoirement), cet épisode de censure : «… et que l’on ne me fasse point taire et que je chante pour ton bien, dans ce monde où les muselières ne sont pas faites pour les chiens».

De 1963 à 1968, Léo Ferré vit dans le Lot, où il a acheté une demeure du XVIe siècle, le château de Pechrigal. En sus de sa production de chansons, il y écrit, sans chercher à faire publier quoi que ce soit, des textes de réflexions et de longs poèmes élaborés. Il s’adonne en outre à sa passion de l’imprimerie, en s’y faisant installer du matériel professionnel. Ainsi, il apprend à typographier, à brocher et édite dans le commerce le journal de son épouse, un livre de deux cents pages qui décrit leur quotidien difficile.

En 1967, Barclay censure la chanson « À une chanteuse morte » dédiée à Édith Piaf (tirée de l’album : Cette chanson). Ferré lui intente un procès, qu’il perd. Après l’avoir raillée, et alors qu’il vilipende l’immobilisme et la soumission du peuple dans une France repue et bien-pensante, c’est dans la jeunesse que Léo Ferré place ses derniers espoirs de changement avec « Salut, beatnik! » La même année, à l’occasion du centenaire de la mort de Baudelaire, Ferré consacre un double-album au poète.

Les années Barclay (1968-1974) :

À partir de l’été 68, Léo Ferré se plonge dans la mise en musique de poèmes extraits de son recueil « Poète… vos papiers! ». Ces nouvelles chansons, enregistrées sur les albums L’Été 68 et Amour Anarchie, seront perçues par la critique comme un renouvellement de son inspiration alors que ces textes ont été pour la plupart écrits au début des années 1950.

« C’est Extra » (1969) : Parue sur le 33 tours L’Été 68 et sur 45 tours en 1969. Il s’agit d’un de ses plus gros succès commerciaux. Le succès de cette chanson élargit considérablement son audience, tout particulièrement auprès de la jeunesse. Léo Ferré aurait eu l’idée de « C’est extra » en voiture, entre deux concerts, en écoutant « Nights in White Satin » des Moody Blues sur son autoradio. Il y fait d’ailleurs directement référence dans le corps du texte, respectivement dans la première et dans la dernière strophe. La chanson est composée de quatre strophes de huit octosyllabes, que sépare à chaque fois un «c’est extra !» quatre fois répété en crescendo. Cette expression de langage parlé a été «offerte» à Ferré par sa petite-nièce, qui la sortait à tout bout de champ. Texte et musique sont de Léo Ferré, les arrangements de Jean-Michel Defaye.

La réceptivité de ce nouvel auditoire, qui reconnaît dans le poète le «prophète» de sa propre révolte, amène Ferré à éclater dans certaines de ses chansons les structures traditionnelles au profit de longs monologues discursifs s’apparentant aux arts oratoires. Par un travail très précis sur la voix parlée (rythme, élocution) et une écriture rhétorique inspirée de la prose de Rimbaud, Ferré ritualise sa parole sur un mode incantatoire et dramatique, qui vise à emporter son auditoire (« Le Chien », « La Violence et l’Ennui », « Le Conditionnel de variétés », « La Solitude », « Préface », « Il n’y a plus rien »). Cette recherche ne sera pas toujours bien comprise et Ferré va dorénavant partager le public et la critique comme jamais.

À cela s’ajoute son attirance pour le rock anglo-saxon, qu’il envisage comme un moyen de dépoussiérer les vieilles habitudes du paysage musical français. Ainsi en 1969, il enregistre à New York une version inédite du titre Le Chien avec des musiciens de jazz-rock (John McLaughlin et Billy Cobham, respectivement guitariste et batteur du Mahavishnu Orchestra, et Miroslav Vitouš, bassiste de Weather Report). Initialement ce devait être avec Jimi Hendrix. Pour d’obscures raisons, Ferré n’utilise pas cette version et réenregistre le titre avec un jeune groupe français que sa maison de disques veut mettre en avant : Zoo. La collaboration durera le temps de deux albums : Amour Anarchie (1970) et La Solitude (1971) et d’une tournée en 1971. Toujours en 1969, il rencontre Brel et Brassens lors d’un entretien pour RTL. Ferré s’établit en Italie, entre Florence et Sienne. 

« Avec Le Temps » (1970) : En 1970, sa maison de disques écarte «Avec le temps» du double LP Amour Anarchie. Sortie «à la sauvette» en 45 tours, cette chanson tragique inspirée de ses propres désillusions devient un classique instantané, le plus grand succès de Ferré, qui ne cesse d’être repris en France et à l’étranger. Cette chanson sur l’amour déçu, la fuite des sentiments et la tragique expérience du temps qui efface tout est inspirée de la propre expérience de vie de Léo Ferré. Il compose cette chanson en repensant à sa rupture avec sa deuxième femme, Madeleine, en 1968, après le drame familial suscité par la mort tragique de leur guenon domestique Pépée. Avec le temps s’impose immédiatement comme un «classique». Face à cet engouement Léo Ferré disait, non sans agacement : «Avec le temps, paroles et musique, je l’ai faite en deux heures.» La chanson s’est classé trois semaines dans les meilleures ventes à partir du 15 avril 1971. Elle arrive en 5ème position du Top 100 des meilleures chanson française.

La Solitude (1971) : Jean-Pierre Mocky lui permet de renouer avec ses rêves orchestraux en lui demandant de composer la musique de son film L’Albatros. Ferré écrit et orchestre quarante minutes de musique symphonique. La collaboration se passe mal ; Mocky n’en utilise que cinq minutes. Ferré reprend ce matériau pour créer, l’année suivante, les chansons «Ton style» et «Tu ne dis jamais rien», décidant du même coup de se passer désormais de tout arrangeur.

Après avoir été idolâtré par de nombreux jeunes, Ferré subit en 1971 une contestation virulente d’une minorité du public se disant gauchiste, qui vient régulièrement perturber les concerts. Ces « désordres » reprendront de plus belle en 1973 et en 1974, au point de lui faire un temps envisager d’arrêter la scène.

Le départ de son pianiste Paul Castanier, fidèle accompagnateur depuis 1957, ainsi que la rupture en 1974 avec la maison Barclay, à la suite d’une accumulation de différends vont contraindre juridiquement Léo Ferré au silence pendant plusieurs mois, il se consacre alors principalement à la composition et la direction d’orchestre.

Les années Toscane (1975-1993) : 

En 1976, recouvrant le droit de s’enregistrer, il signe chez CBS. À partir de cette date la majeure partie de ses enregistrements sera réalisée avec l’Orchestre symphonique de la RAI, placé sous sa direction. La major va très vite se débarrasser de Ferré, dont les retombées commerciales pourtant réelles sont jugées trop faibles en regard de l’investissement qu’il représente (son esthétique à contre-courant de toutes les modes rend malaisée sa programmation sur les ondes et complique désormais la possibilité d’un «tube»). Lâché par le «métier», définitivement dégoûté de n’être qu’une « marchandise pour les producteurs», Ferré se résout en 1979 à assurer lui-même la production de ses disques en louant à ses frais studio, musiciens et techniciens, ne signant plus que des contrats de distribution avec les maisons de disques, et cela jusqu’à la fin de sa carrière. En 1991, il enregistre son dernier disque « Une saison en enfer ». Léo Ferré meurt chez lui, à Castellina in Chianti le 14 juillet 1993, à l’âge de 76 ans.

Source

Discographie Barclay (1960-1974) :

1960 : Paname
1961 : Les Chansons d’Aragon
1962 : La Langue française
1964 : Ferré 64
1964 : Verlaine et Rimbaud
1966 : Léo Ferré 1916-19…
1967 : Cette chanson
1967 : Léo Ferré chante Baudelaire
1969 : L’Été 68
1969 : Les Douze Premières Chansons de Léo Ferré
1970 : Amour Anarchie
1971 : La Solitude
1972 : La Chanson du mal-aimé
1972 : La Solitudine
1973 : Il n’y a plus rien
1973 : Et… Basta !
1974 : L’Espoir

Les deux coffrets de disques vinyles sortis en 1980 chez Barclay : 

Coffret 1 : Léo Ferré 1960-1967 (Barclay)

•Vol. I : « Et… Basta ! » 1973
•Vol. II : « Saint-Germain-des-prés » 1969
•Vol. III : « Paname » 1960
•Vol. IV : « Thank you Satan » (Léo Ferré chante en public au Théâtre de l’Alhambra, novembre 1961) 1961
•Vol. V : « T’es rock, coco » 1962
•Vol. VI : « Franco la muerte » 1964
•Vol. VII : « La Complainte de la télé » 1966
•Vol. VIII : « Salut Beatnik » 1967

Coffret 2 : : Léo Ferré 1968-1974 (Barclay)

•Vol. I : « L’été 68 » 1969
•Vol. II : « Amour Anarchie : Poète vos papiers! 1970
•Vol. III : « Amour Anarchie Ferré 70 vol. 2 : La Folie 1970
•Vol. IV : « La Solitude » 1971
•Vol. V : « Il n’y a plus rien » 1973
•Vol. VI : « L’Espoir » 1974
•Vol. VII : Le septième volume est une compilation de titres parus entre 1960 et 1970, uniquement en 45 tours, super 45 tours ou dans des albums en public.

Voir sur YouTube : Avec le temps (enregistrement TRS) » par Universal Music France et « Ton Style » par jose neto

 

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