Cette série en six épisodes réalisée par Jean-Louis Fournier, est inspirée du livre écrit par Jean-Michel Thibau en 1987, le secret de l’abbé Béranger Saunière, un best-seller qui se vendit à plus de 2.000.000 d’exemplaires. La série qui fut diffusée sur FR3 en 1989 et remporta un fort succès d’audience, relate l’histoire de Béranger Saunière depuis sa nomination comme nouveau curé de Rennes-Le-Château en 1885, une petite bourgade audoise, jusqu’à sa mort en 1917. Juste après après avoir entrepris des travaux de rénovation dans son église, ce dernier mena un train de vie fastueux incompatible avec ses origines sociales modestes et sa petite rémunération de prêtre. De nombreux villageois supposèrent qu’il avait découvert un trésor pendant le chantier. Le premier épisode de la série TV commence en 1885 alors qu’il prend en charge la cure de Rennes-Le-Château.
Béranger Saunière, magistralement interprété par l’acteur Jean-François Balmer, est un jeune curé de conviction royaliste qui prend son ministère à l’époque du début de la présidence de Sadi Carnot, quatrième président de la IIIème république instaurée depuis 1870 après les 18 ans de règne du dernier souverain français, Napoléon III. L’empreinte des monarchiste reste encore importante, mais la république forge à nouveau son influence laïque sur le peuple, ce qui est un prélude à la séparation de l’église et de l’état qui sera votée en 1905. L’évocation de ce petit bout de notre histoire n’est là que pour vous aider à mieux comprendre le mauvais accueil qui est réservé à Saunière, un royaliste face à des anticléricaux qu’il affecte sans ménagement du qualificatif péjoratif de “mécréants”.
Le village est pauvre et l’église dont il prend possession est en ruine, le toit éventré, le clocher délabré, alors que les paroissiens ont été remplacés par des poules qui ont investi le maître-autel. Saunière est dévasté par l’ampleur de sa tâche, d’autant plus que le maire ne semble pas favorable au retour d’un prêtre dont la population se passe très bien depuis deux ans.
L’Abbé Boudet (Michel Aumont), curé de Rennes-les-Bains, le village mitoyen nettement plus bourgeois, lui rend visite. C’est un homme cultivé qui s’intéresse à l’archéologie et à l’histoire du coin. Il lui conseille de restaurer l’église délabrée de Rennes-le-Château (consacrée à Sainte Marie Madeleine) qui se dresse sur l’emplacement d’un ancien palais fortifié des Wisigoths. Les legs de l’évêque de Carcassonne (Mr Billard) et d’un mystérieux personnage qui se dit représenter la maison de France (Mr Guillaume) lui permettent de commencer les travaux en 1891. Sur recommandation de l’abbé Boudet, Saunière prend la jeune et jolie Marie Denarnaud (Laura Favali), pour gouvernante. Il résiste à ses avances, mais il finit par céder et leur relation va devenir rapidement plus intime.
Le mystérieux Mr Guillaume lui recommande de changer l’autel. C’est une épaisse dalle de pierre, soutenue par deux colonnes sculptées par les Wisigoths. Aidé de deux maçons il déplace la dalle et découvre qu’une des colonnes creuse contient quelques tubes de bois scellés à la cire renfermant quatre parchemins rédigées en langage codé ; à la demande de Boudet, Saunière se rend à Paris, au grand séminaire de St Sulpice où on le présente à un certain Emile Hoffet, un jeune séminariste féru d’occultisme et de sociétés secrètes, membre du prieuré de Sion. En visite chez son grand Maître (Claude Debussy), il rencontre Pierre Louis, Jules Bois mais aussi la célèbre cantatrice Emma Calvé (Arielle Dombasle), belle diva au sommet de sa gloire, ce qui est un peu déstabilisant pour un curé de campagne totalement inconnu. Après l’avoir séduite, il revient en Province avec les documents traduits.
Grâce à ces documents et à d’autres indices rassemblés par Boudet, Saunière finit par découvrir la cache contenant l’or des Wisigoths. Il conclu un accord avec le prieuré de Sion par l’intermédiaire de Boudet : le prieuré prend livraison des barres d’or, à charge pour lui de reverser à Saulnières la part qui lui revient sur des comptes ouverts sous de faux noms dans différentes banques.
Quelques temps plus tard, il entreprend des travaux considérables, rebâtit l’église, achète des terrains, construit une villa et une tour médiévale. Il mène grand train, voyage, fréquente le monde politique et les artistes. Il offre même un château à Emma Calvet qui est aussi sont amante. Mais le vent de la réussite finit par tourner et l’église décide d’enquêter sur l’origine de sa fortune…
Vous l’aurez compris, le film reprend la thèse sulfureuse défendue en 1982 par trois journalistes britanniques, Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh, dans leur essai controversé, L’Énigme sacrée, qui donna un retentissement international à l’affaire de Rennes-le-Château, reliant la prétendue ancienneté médiévale du Prieuré de Sion, l’histoire des Templiers, celles des Cathares, de la dynastie des Mérovingiens, du Saint-Graal et des origines du christianisme, et affirmant que Marie-Madeleine serait venue en France avec un enfant de Jésus, voire avec Jésus lui-même. Cette thèse est elle-même inspirée de “L’or de Rennes” écrit en 1967 par Gérard de Sède qui popularisa la légende des parchemins, en fait des faux fabriqués par Philippe de Chérisey pour son complice Pierre Plantard. Ce livre au succès national sera un jalon important dans la littérature pléthorique autour de Rennes-le-Château et servira de base à d’autres ouvrages publiés en France mais aussi dans des pays étrangers, notamment anglo-saxons (Le plus célèbre d’entre eux étant le roman de Dan Brown : DaVinci Code).
Voir sur YouTube : “Rennes le Château, “L’or du diable” “Les 6 épisodes en 1 film” (Aude 11, France)” par MysteriousChannel
Le Trésor de Rennes-Le-Château et le Pieuré de Sion, mythes ou réalités ?
Selon les documents qui ont été déposés par Pierre Plantard à la Bibliothèque nationale de France dans les années 1960 intitulés “Archives du Prieuré de Sion”, le Prieuré de Sion serait une organisation secrète prestigieuse fondée en 1099 à l’issue de la Première croisade, qui aurait compté parmi ses membres un grand nombre de personnages qui figurent parmi les plus illustres de l’histoire et de la civilisation occidentale comme Guillaume de Chanaleilles (1153-1154), Sandro Botticelli (1483-1510), Leonard de Vinci (1510-1519), Charles III (Duc de Bourbon-Montpensier) (1519-1527), Isaac Newton (1691-1727), Victor Hugo (1844-1885), Claude Debussy (1862-1918) ou encore Jean Cocteau (1918-1963). En 1993 Pierre Plantard admit cependant que cette liste n’était que le fruit de son imagination.
Dans les années 60, Pierre Plantard effectue des fouilles à Rennes-le-Château, et finit par rencontrer Noël Corbu, alors propriétaire de la villa Bétania construite par Saunière, selon qui : “l’abbé est tombé par hasard sur un trésor enfoui en 1249 sous son église par Blanche de Castille pour mettre la cassette royale à l’abri de l’avidité de vassaux opprimés ou de la révolte des Pastoureaux alors que le roi est parti en croisade”.
Plantard publie dans des conditions assez rocambolesques en 1965 le 2e document des Dossiers secrets d’Henri Lobineau («Les descendants mérovingiens ou l’énigme du Razès Wisigoth») qui suggère que la monarchie française descend de rois mérovingiens liés aux mystères du pays de Razès qu’il situe dans la région de Rennes-les-Bains et de Rennes-le-Château. Plantard, lui-même associé à Philippe de Chérisey, contacte Gérard de Sède, leur rencontre aboutissant à la rédaction en 1967 de “L’or de Rennes”, ouvrage qui crée notamment la légende des parchemins (fabriqués par Philippe de Chérisey) et popularise les mythes du trésor de Rennes-le-Château. Ce livre au succès national sera un jalon important dans la littérature pléthorique autour de Rennes-le-Château et servira de base à d’autres ouvrages publiés en France mais aussi dans des pays étrangers, notamment anglo-saxons.
Alors, d’où vient la fortune de l’abbé Saulnière ?
Le Traffic de messe : La piste officielle reposerait sur un substantiel trafic de messes (messe pour la guérison de maladie, messe aux défunts), consistant à détourner à des fins personnelles l’argent expédié par les congrégations et fidèles avec qui l’abbé est en contact à travers toute l’Europe. Il est d’ailleurs historiquement reconnu que l’abbé fut accusé par l’Église de trafic de messes par Mgr Paul-Félix Beuvain de Beauséjour, nouvel évêque de Carcassonne qui lui intentera en 1910 un procès canonique. Procès qui entraînera la déchéance des fonctions sacerdotales de Bérenger Saunière en 1911. Mais le calcul est vite fait : Environ 100.000 intentions de messes, rémunérées de 1 à 5 francs chacune, auraient été vendues par Saulnières entre 1893 et 1915. Ces 500.000 F sont largement insuffisant pour assurer le train de vie qu’il mena pendant des années, supérieur à 5.000.000 de Francs or! Cette hypothèse est donc sûrement erronée.
La collecte de fonds pour les royalistes : Selon le livre «Les grands mystères de l’Histoire de France» écrit par l’historien Renaud Thomazo, l’abbé Bérenger Saunière, ainsi que son frère Alfred, étaient très proches des cercles royalistes légitimistes, dont le cercle de Narbonne. Soit les frères Saunière collectaient des fonds pour ces organisations auprès de leurs ouailles, soit ils servaient d’intermédiaires propagandistes auprès des populations locales à des fins purement politiques, afin de lutter contre la montée en puissance du Mouvement républicain à la fin du XIXe siècle dans le cadre de la IIIème République qui succéda au Second Empire. Selon ces milieux catholiques, les politiciens liés à cette nouvelle organisation de la France étaient considérés comme des hommes sans Dieu. Bérenger Saunière a ainsi pu bénéficier d’aides pécuniaires en liaison avec cette activité, mais seulement au début de son ministère à Rennes-le-Château. Cette action politique est d’ailleurs attestée par la suspension de Bérenger Saunière par René Goblet, ministre des Cultes en 1885, durant six mois car le maire de Rennes-le-Château s’était plaint auprès du préfet des agissements de l’abbé en raison de son action propagandiste auprès des paroissiens de la commune. Donc là aussi, le compte n’y est pas dans la durée.
La Découverte antérieure d’un trésor par l’abbé Boudet : L’abbé Henri Boudet, curé de la commune voisine Rennes-les-bains, homme érudit et fort charitable, offrit en 1887 à Saunière de financer la restauration de l’église Sainte Marie-Madeleine à condition d’en rester le maître d’œuvre absolu mais occulte. C’est lui qui verse au nom de Marie Denarnaud, en quinze ans (et encore les comptes des années 1891 à 1894 ont disparu) 4.500.000 Francs-or ! En 1903 il cesse les paiements pour des raisons inconnues. Saunière est alors sans argent et une brouille entre les deux curés s’installe qui durera douze ans. Boudet, avant de mourir révéla à Saunière le secret de sa fortune. Dès lors les projets extravagants de Saunière reprirent. Sa mort devait les interrompre en 1917.
La Découverte fortuite d’un trésor par l’abbé Saunière : et si toutes ces histoires de parchemins secrets n’étaient que de l’enfumage et que Saunière avait en fait découvert accidentellement un trésor caché en faisant les travaux dans son église? Après tout, Marie, la servante du prêtre déclara sur son lit de mort : “Les gens d’ici marchent sur de l’or mais ils ne le savent pas !”. Voici une liste non exhaustive de trésors possiblement localisés à Rennes-Le-Château ou dans ses environs :
Le trésor de l’abbé Bigou : qui était l’abbé de Rennes-le-Château durant la Révolution française. Selon l’historien régional René Descailledas, en 1789, cet ancien curé de Rennes-le-Château, craignant que les révolutionnaires s’emparent des biens de sa paroisse, aurait pu cacher dans son église quelques pièces en or. En revanche, compte tenu du niveau de vie de la paroisse, l’éventuel «trésor» ne pouvait que se limiter à un petit magot.
Le trésor des Wisigoths (ou Trésor de Jérusalem) : En 410, le roi des Wisigoths Alaric I assiège Rome et, sans doute aidé par des complices qui lui ouvrent une porte, il investit la ville. Tout l’or de Rome est raflé, avec une mise à sac durant 3 jours qui sera immortalisée dans divers tableaux dans le futur. Puis Alaric s’en va vers le Sud de l’Italie actuelle. Il veut désormais conquérir l’Afrique du nord, le grenier à blé de l’Empire. Il descend vers la Sicile, mais, alors qu’il est sur le point d’embarquer, une violente tempête coule une partie de sa flotte et disperse le reste. Il doit renoncer à son projet. En rebroussant chemin, au cœur de la Calabre marécageuse, il contracte des fièvres qui l’emportent en quelques jours. Il est âgé de 40 ans. Selon l’historien Jordanès, Alaric mort, ses soldats, aidés de nombreux esclaves, détournent le cours du Busento, petit fleuve côtier, près de la ville de Cosenza, enterrent leur chef et son cheval, ainsi que son trésor, et rétablissent le cours du fleuve. Les esclaves qui ont participé à l’affaire sont passés par le fil de l’épée. Aussitôt désigné, le successeur d’Alaric, Athaulf, repart vers le nord et gagne la Gaule où il s’empare de la Provence et de l’Aquitaine. Les Wisigoths ne reviendront plus en Italie. Plus personne ne sait où se trouve le tombeau d’Alaric 1er.
Cependant, le trésor de Renne-Le-Château serait celui d’Alaric II, que 70 ans et une généalogie complexe séparent de son aïeul Alaric Ier. On pense que les guerriers Wisigoths n’ont pas enterré tout l’or de leur chef avec lui et qu’ils l’ont au contraire emporté avec eux, ou du moins une partie. Si l’on suit ce raisonnement, le trésor se trouve donc vraisemblablement en Aquitaine, ou en Occitanie. Ce sera donc, en l’occurrence, dans les Monts du Razès, aux portes de Rennes-le-Château. Cette légende, et d’autres encore, nées de celle-ci, ont inspiré le best-seller L’Or de Rennes de Gérard de Sède qui en vendit des milliers au début des années 1960.
Le trésor de Blanche de Castille : à la suite de la Croisade des pastoureaux en 1251, survenue sous le règne de son fils Louis IX, comme évoqué par Noël Corbu, un trésor fut enfoui en 1249 sous l’église de Rennes-Le-Château par Blanche de Castille pour mettre la cassette royale à l’abri de l’avidité de vassaux opprimés ou de la révolte des Pastoureaux alors que le roi était parti en croisade. Elle mourut avant d’avoir pu lui révéler l’emplacement du magot.
Le trésor des Templiers : caché là à la suite du Procès de l’Ordre du Temple effectué contre cette communauté religieuse par Philippe IV Le Bel entre 1307 et 1314 (cette hypothèse a été défendue par l’écrivain Gérard de Sède. L’ordre possédait, en effet, des templeries dans la région).
Le trésor des faux monnayeurs du château du Bézu : affaire datant du XIVième siècle. En 1307, Othon d’Aure fut accusé de fabrication de fausse monnaie qui était cependant réalisée à partir d’or véritable ; à nouveau, en 1344, un certain Guillaume de Cathala, fut surpris en train de fabriquer de la fausse monnaie avec ce même métal précieux dans le château. Fait surprenant : alors qu’à cette époque les faux monnayeurs étaient condamnés à mort, lui et ses complices furent épargnés en 1347. On notera que la falaise du Bézu et son château apparaissent dans le tableau des Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin, de là à dire qu’ils fondaient un magot découvert dans une cache du château afin de l’écouler en (fausse) monnaie sonante et trébuchante…
Le trésor des Cathares : Un récit historique attesterait que lors de la prise du château de Montségur par les croisés en 1244, quatre Cathares s’en seraient échappés avec un trésor. Cette piste enflamma d’ailleurs l’imagination des nazis qui malgré leurs fouilles acharnées revinrent en Allemagne les poches vides…