Film – L’armée des douze singes (1995)

L’ambitieux film “L’armée des 12 singes” de Terry Gilliam a été co-écrit par David Peoples, qui est le scénariste de “Blade Runner”. Ce monde là, où tout est désolation, rouille et ruine, n’est pas sans rappeler le film Brazil du même réalisateur. L’histoire commence dans un futur proche, en 2035 et le protagoniste est un voyageur temporel essayant de sauver le monde d’un virus mortel.

Le voyageur, un certain Cole (Bruce Willis), est un prisonnier qui vit dans des conditions sordides avec une poignée d’autres survivants humains enfermés dans un abri souterrain aux mains de scientifiques sans scrupules. La surface de la planète a été récupérée par les animaux, après la mort de 5 milliards de personnes pendant la grande pandémie virale létale de 1996.

Cole est arraché de sa cage et envoyé en surface par les dirigeants de ce domaine, qui espèrent apprendre assez sur ce virus pour le vaincre. Plus tard, il est choisi pour une mission plus cruciale: il doit voyager dans le temps et rassembler des informations sur le virus avant qu’il n’ait muté, et s’il mène sa mission à bien, il sera libre. Le film ne prévoit aucun espoir qu’il puisse «l’intercepter» avant qu’il ne sévisse: de son point de vue, la maladie est déjà arrivé, et ainsi les scientifiques cherchent le traitement, pas la prévention. Cole débarque trop tôt, en 1990. Il est jeté en prison, interné et on lui assigne une psychiatre, le Dr Kathryn Railly (Madeleine Stowe). L’erreur est corrigée, Il est localisé et ramené dans son présent par l’équipe de savants, puis après une nouvelle erreur d’aiguillage temporel, il se retrouve enfin en 1996, quelques semaines avant que n’éclate l’épidémie qui doit détruire presque toute l’humanité. Là, il kidnappe la psy qui le pense délirant quand il soutient être un visiteur de l’avenir (“Vous comprendrez que je ne suis pas fou quand les gens commenceront à mourir le mois prochain”) parce qu’il a besoin d’aide pour trouver “l’armée des 12 singes” à Philadelphie. Ils sont supposés détenir le virus sous sa forme “pure” avant qu’il ne se transforme, plus tard cette année, en un tueur d’humains .

Cole découvre qu’un des malades mentaux, Jeffrey Goines (Brad Pitt), qu’il a rencontré en 1990, est un activiste des droits des animaux dont le père (Christopher Plummer) possède un laboratoire qui peut potentiellement héberger le virus mortel. Jeffrey veut-il déchaîner le virus sur terre, afin que la terre revienne aux animaux? Il peut aussi s’agir de son père, ou un autre membre de l’équipe, notamment l’adjoint du patron. . .

Tout cela est juste l’assemblage de l’intrigue. Le décor ressemble d’ailleurs à une associations d’éléments épars piochés au 20ème siècle. Les scientifiques travaillent encore dans des laboratoires qui ressemblent à ceux que l’on trouve imprimé sur ces vieilles cartes postales sépias représentant les installations désuètes des premiers inventeurs. Des tueurs sont lancés à la poursuite de Cole et de Railly et il y a beaucoup de combats sanglants. Peu à peu la psychiatre en vient à croire, après la vérifications d’une série de prédictions précises de son patient, qu’il vient réellement du futur.

Ce film n’est pas, un simple thriller d’anticipation. Une grande partie de son intérêt provient de la nature du personnage de Cole. Il est simple, confus, mal informé, épuisé et traversé par des sentiments de trahison. Il y a aussi un autre facteur, une allusion perceptible dès la première image du film et confirmée à sa clôture : Cole a peut-être déjà été témoin de la fin de l’histoire.

L’intrigue de ce film, si vous le suivez de près, implique un paradoxe temporel. Presque tous les films de voyage dans le temps font cela. Mais au fond, c’est peu important. Ce qui est intéressant dans le film, c’est la façon dont Gilliam, ses assistants et ses comédiens créent un univers aliéné et paranoïaque qui est contenu dans seulement 130 minutes d’action. Du Terry Gilliam pur jus.

Le scénario de “L’armée des 12 singes” installe une solide relation entre Cole et Railly qui campe les rares moments de stabilité du film. Mais pour le reste, Gilliam rend la folie contagieuse : Le personnage de Brad Pitt, crachant des visions compulsives de paranoïa et de terreur, a une influence puissante sur l’histoire, suggérant que la logique ne peut pas résoudre les problèmes posés par l’intrigue du film. D’autres personnages – ceux en charge du monde futur souterrain, ainsi que les conspirateurs autour du personnage de Plummer – se comportent comme des êtres émanant d’un récit fantasmé par H.G. Wells. La photographie bizarre avec des plan inclinés et l’utilisation de prise de vues en champ élargi, associées à la confusion ainsi qu’à l’épuisement de Cole finissent par nous gagner et comme lui, nous sommes alors transportés à travers le temps, flirtons avec la folie, et finissons par chuter lourdement sur le béton de la réalité qui est des plus sombre.

Voir sur YouTube : “Armee des 12 Singes – Bande Annonce – VF” par TamalaNeko

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